Défaite de famille [ Stray Kids ]


Pairing : minchan
Genre : sad / fluff / romance
Avertissement : présence d'homophobie

Bonjour bonjour ✨ En ce 25 décembre je voulais vous faire un petit cadeau avec un one-shot de Noël ! Je suis partie sur un minchan parce que c'est mon otp (voilà y'a pas d'autres raisons 💀). J'espère qu'il vous plaira !
Prenez soin de vous 💜

•••

Minho appréhendait ce repas en famille depuis des semaines. Il savait que pas mal de sujets seraient évoqués à table au cours de la soirée, et surtout des sujets tabous qui provoqueraient des débats, voire des conflits. De la politique en passant par la religion, ou même la façon d'untel d'éduquer ses enfants, ou encore le racisme et l'homosexualité, Minho allait encore une fois devoir subir les divergences d'opinions qui pouvaient s'avérer assez houleuses avec les verres d'alcool accumulés. Et chaque année il restait de marbre, en retrait de tous ces débats qu'il ne comprenait pas. Il ne pouvait pas comprendre qu'on puisse oser s'immiscer dans la vie et dans le choix des autres. Il n'y avait pas de débat à avoir sur de simples questions de respect. Pour lui, il était naturel d'accepter tout le monde tant que leur comportement n'était pas répréhensible ou qu'il ne mettait personne en danger.

Il en avait assez d'entendre son père se plaindre du voisin du dessus qui revenait chaque semaine avec une femme différente. Il ne supportait plus son oncle un peu beauf râler sur tel parti politique et ses idées qu'il jugeait stupides. Il était épuisé des discussions qui engendraient des disputes et des incompréhensions au sein de sa famille, surtout pendant un dîner qui devait être jovial et agréable. Mais le pire à ses yeux était sans aucun doute toutes les conversations qui tournaient autour de l'orientation sexuelle. Il cherchait toujours à se faire tout petit, avec cette envie irrépressible de disparaître soudainement. En tant que jeune homme gay, il avait bien des difficultés à encaisser toutes les remarques qu'il subissait indirectement. Personne ne savait, personne à part ses quelques amis proches. Mais jamais ô grand jamais il n'en avait discuté avec ses parents.

Cependant, ce soir, il avait décidé qu'il ne subirait plus. Si l'occasion se présentait, il prendrait position. Pas parce qu'il voulait s'opposer à sa famille et faire du remue-ménage, mais parce qu'il n'en pouvait plus d'être enfermé dans le mutisme, obligé de se taire alors que leurs paroles pouvaient profondément le blesser. Il en avait assez d'être le gentil petit garçon qui ne disait rien, qui se laissait insulter gratuitement. Et avec un peu de chance, peut-être que dévoiler son secret aiderait sa famille à mieux le comprendre ? Peut-être qu'elle serait plus ouverte d'esprit ?

Face au miroir de la salle de bain, Minho soupira longuement. Ce n'était pas gagné, mais la pression qu'il ressentait au quotidien commençait sérieusement à l'étouffer. Il voulait que ça change. Il ne voulait plus se cacher de la sorte et ne pas assumer qui il était, qui il aimait. Il ne faisait rien de mal, il était un être humain comme tout le monde, et son orientation sexuelle ne faisait pas de lui quelqu'un de moins bien ou de moins respectable. Il montrerait à tous qu'il n'avait pas à avoir honte, qu'il avait le droit d'être bien considéré et que les remarques déplacées devaient cesser. Il ne supporterait plus un repas de famille supplémentaire en étant forcé de faire bonne figure alors que sa communauté se faisait insulter. Ils l'insultaient lui.

Il laissa le dernier bouton de sa chemise ouvert et s'assura que ses cheveux tenaient bien en place. Il consulta son téléphone et un sourire illumina son visage lorsqu'il vit une notification de la part de Chan. Il ouvrit le message, ce dernier l'encourageait pour cette soirée qui ne s'annonçait pas facile. Minho le remercia et n'oublia pas d'ajouter un « Je t'aime » pour clôturer sa phrase.

Les deux jeunes hommes entretenaient une relation depuis quelques mois. Elle était secrète, parfaitement gardée par le peu de personnes qui en avaient connaissance. Elles se comptaient sur les doigts d'une main, seuls leurs meilleurs amis respectifs savaient ce qui se tramait entre eux, comme ils étaient les seuls à les savoir attirés par les hommes. Minho n'en avait parlé qu'à Hyunjin avec qui il s'entendait bien depuis le lycée. Ils avaient pris des chemins différents à leur entrée à l'université, mais ils étaient toujours restés en contact. Il avait eu de la chance de tomber sur quelqu'un aussi ouvert d'esprit que lui, qui ne le jugeait pas et le soutenait dans ce qu'il entreprenait. Quand il avait parlé de son histoire d'amour naissante avec Chan, Hyunjin avait aussitôt exprimé son enthousiasme. Si Minho était heureux, il l'était aussi.

Si seulement tout le monde pouvait penser comme lui, se dit-il.

Il avait peur de la réaction de ses proches, mais surtout de celle de ses parents. S'ils prenaient mal la nouvelle, que ferait-il ? Il n'en savait strictement rien. Il se préparait à ce cas de figure sans vraiment s'y préparer. Il avait toujours espoir que son coming-out se déroule de manière idyllique, que ses parents l'acceptent sans remettre en cause l'amour qu'ils lui portaient. Il voulait leur montrer qu'il était heureux dans sa relation, qu'il assumait pleinement qui il était. S'il s'acceptait, les autres pouvaient en faire tout autant.

Mais dans un coin de son esprit, il gardait une certaine crainte de voir toute sa vie voler en éclat. Il avait vingt-deux ans, était encore étudiant, et s'il venait à se retrouver dehors, il ignorait ce qu'il ferait. Il ne pouvait pas se payer un appartement, il ne pouvait pas vivre décemment si ses parents n'étaient pas derrière lui. Il avait beaucoup à perdre d'un point de vue matériel, mais il savait aussi ô combien il gagnerait en liberté et en sérénité, surtout vis-à-vis de lui-même. Être en totale adéquation avec sa personne, c'était devenu primordial à ses yeux. Il était arrivé à un stade de sa vie et de sa relation où il devait se montrer honnête avec sa famille, et aussi avec lui.

Il se parfuma légèrement lorsque la sonnette retentit dans tout l'appartement. Ses oncles et tantes devaient être arrivés et étrangement, une horrible sensation de mal-être l'envahit. Il se rendait compte que la soirée s'annonçait plus compliquée qu'il ne l'avait imaginé. Peut-être aurait-il dû se contenter de passer son tour cette fois, de prétexter une petite virée entre amis pour échapper à ce dîner. Il aurait dû être dans les bras de Chan, bien installé sous un plaid devant un film niais à souhait. Il aurait dû passer la soirée avec son petit ami, comme il le lui avait initialement proposé. Et à la place il serait là, assis à cette table avec la boule au ventre, prêt à révéler à tous le secret qu'il gardait depuis longtemps.

Il ne reviendrait pas en arrière. Hors de question de se dégonfler ainsi. Il le faisait pour lui, mais aussi pour Chan. Pour leur couple. Et cette optique l'empêchait de fuir.

Il sortit de la salle de bain et rejoignit la grande pièce à vivre, là où les invités étaient regroupés avec ses parents. Il salua tout le monde et constata avec étonnement qu'ils s'étaient amenés avec des cadeaux. Le réveillon de Noël était l'occasion de se revoir, mais ils n'étaient pas très à cheval sur les traditions. Pas de sapins, juste quelques décorations hivernales sur la table, et le tour était joué. Mais cette année, sa famille semblait d'humeur généreuse. Lui n'avait rien prévu pour qui que ce soit, il n'avait pas de revenus et ses parents ne lui donnaient que très peu d'argent de poche. Ils n'étaient pas pauvres, mais ils ne roulaient pas sur l'or non plus. Certes, Minho ne manquait de rien, mais il ne faisait pas d'extras. S'il avait de quoi s'acheter un sandwich à la cafétéria, c'était déjà pas mal.

Rapidement, ils prirent place autour de la table et le champagne coula à flots. Minho en but une seule et unique coupe, peu friand des boissons alcoolisées qui le rendaient plus malade qu'autre chose. Il ne passa pas au travers d'une remarque de la part d'un de ses oncles. Ce dernier l'avait qualifié de « petite nature », ajoutant qu'il était étrange pour un homme de la famille de ne pas aimer l'alcool. Minho faisait parfois tache au milieu de ces pseudo-mâles alphas. L'alcool, les voitures, le sport et les femmes n'étaient pas ses principaux sujets de conversation. Il était loin du cliché de l'homme soi-disant viril. Lui, son truc, c'était plutôt le chocolat chaud, les romans à l'eau de rose et les soirées cocooning. Mais personne n'avait envie de l'entendre parler du dernier film de Noël niais qu'il avait vu à la télévision. Alors il ne participait pas aux échanges qui l'intéressaient peu. Il se contenta de picorer des petits fours çà et là tout en pensant au fait qu'il aurait pu être ailleurs.

Ailleurs avec Chan.

— Et sinon Minho, est-ce que tu comptes nous présenter une copine un jour ?

Il se figea, droit comme un piquet, un mini-toast au saumon entre les doigts. Il déglutit lorsqu'il constata que la tablée s'était arrêtée pour porter toute l'attention sur lui.

— Euh, je…

L'homme qui venait de lui poser la question s'esclaffa bruyamment. Une sensation d'inconfort grimpa en lui, et il tenta tant bien que mal de se repositionner sur sa chaise pour paraître moins crispé. Impossible.

— Bah alors ! T'es tout rouge !

Toutes ces paires d'yeux tournés dans sa direction lui donnèrent encore plus chaud. Il aurait aimé être en mesure de se volatiliser d'un battement de cils pour échapper à ce malaise, mais que pouvait-il faire ? Se lever et fuir ? Non, ce n'était plus une solution. Il avait prévu que ce soir, il ne serait plus quelqu'un d'autre. Ce soir, il se dévoilerait enfin pour commencer à vivre la vie qu'il souhaitait.

— Oh mais fais pas cette tête ! s'amusa son père. On aimerait juste voir la fille pour qui tu pars le week-end.

— Est-ce qu'elle est bien foutue ? Non mais parce que dans la famille on est réputés pour se taper que des canons, va pas nous ramener un laideron !

Ils rirent de plus belle, ne faisant qu'ajouter un peu plus d'embarras chez Minho.

— Il manquerait plus qu'elle ait une gueule de mec, comme l'ex de Jaehwan, et alors là ce serait le pompon !

Il serra les poings sous la table, froissant par la même occasion son pantalon. Il trouvait leurs remarques déplacées et totalement inutiles. Ils se fichaient bien de savoir s'il était en couple et heureux, il voulait seulement juger les autres comme ils adoraient toujours le faire. Ils ne pouvaient pas garder leurs remarques pour eux, ils avaient toujours quelque chose à dire de négatif. Ils étaient trop occupés à ça pour se remettre en question.

D'un coup, Minho posa les mains à plat sur la table, faisant vaciller les verres. Cette fois, tout le monde cessa de rire.

— Mais qu'est-ce qui te prend ? demanda sa mère en posant une main sur son avant-bras.

— J'en ai marre ! dit-il d'un ton ferme.

— Qu'est-ce que tu dis ?

— C'est quoi le problème si ma soi-disant copine avait une gueule de mec ? Et même si c'était un mec ?

La pièce fut plongée dans le silence tandis que des regards interrogateurs s'échangeaient. La respiration folle, le cœur battant la chamade, Minho observa les convives autour de la table avant de poser les yeux sur son père qui fronçait les sourcils. Ils semblaient se défier, un duel qu'aucun d'eux ne souhaitait perdre. Il aurait préféré que cette annonce se passe autrement, mais il n'en pouvait plus. Il en avait assez de leurs idées archaïques et de leurs jugements constants.

— Ne dis pas de bêtises, lança l'homme.

— Et si c'était pas des bêtises ?

— Minho…

Il repoussa la main de sa mère.

— Ça vous ferez quoi de savoir que j'aime les hommes ?

— La question ne se pose pas puisque ce n'est pas le cas.

À nouveau, il fixa son père avec détermination. Il allait lui balancer toute la vérité, peu importe les conséquences désormais, il ne pouvait pas revenir en arrière. Il était trop avancé pour reculer et regretter quoi que ce soit. Il voulait que tout cesse, il voulait enfin être lui-même dans tous les aspects de sa vie. Il voulait assumer. Se cacher ne devait plus faire partie de son quotidien.

— J'aime les hommes.

L'annonce jeta un froid. Minho se sentait toujours aussi observé, mais d'une manière encore différente. Là, il avait la sensation de n'être qu'une bête de foire, une curiosité qui soulevait en ses spectateurs un certain dégoût. Les lèvres de son père, déformées en une grimace, furent suffisantes pour le laisser imaginer que cette nouvelle n'était pas la bienvenue.

— Pourquoi tu fais ça ? Ça t'amuse de te rendre intéressant ?

— C'est pas pour me rendre intéressant. C'est la vérité.

— Minho, mon chéri, ne dis pas n'importe quoi.

Il admirait sa mère pour rester si douce à son égard, mais il ne supportait pas de la voir autant dans le déni.

— T'aimes vraiment ça ? Les bites ?

Le ton moqueur d'un de ses oncles le rendit fou de rage. Il avait envie d'envoyer valser tout ce qu'il y avait sur la table et de s'en aller au plus vite, mais il devait faire front. Il devait garder son calme, le plus possible.

— Ne dis plus jamais des choses pareilles.

Minho reporta son attention sur son père.

— Pourquoi ? Parce que ça t'embête de savoir que j'aime les hommes, et que maintenant toute la famille va être au courant ?

— Ce n'est pas comme ça que je t'ai éduqué. Si tu as besoin de te calmer, va dans ta chambre et reviens pour t'excuser. Tu gâches notre soirée.

— C'est pas une question d'éducation, c'est une question de préférence. J'aime les hommes et tu ne pourras rien y changer. Et puis j'ai un petit ami qui me rend heureux.

L'homme se leva d'un bond et son poing s'abattit sur la table dans une violence inouïe. Minho sursauta, les jambes serrées entre elles et les épaules contractées. Le regard qu'il posait sur lui transpirait la haine et la déception. Mais ce n'était pas ça qui l'empêcherait d'être qui il était.

— Sors d'ici.

Il se leva à son tour, sa mère le saisit par le poignet pour l'interpeller, mais Minho se défit de son emprise.

— J'avais pas l'intention de rester avec des personnes aussi fermées d'esprit.

Il recula sa chaise dans un crissement désagréable, puis quitta la table. Alors qu'il rejoignait le hall d'entrée, il entendit des insultes sortir de la bouche de son père. Des mots qu'il aurait souhaité ne jamais devoir affronter de la part d'un parent. Il savait qu'il avait sans doute un peu trop bu, mais ça n'excusait pas sa réaction ou ses paroles. Il enfila ses chaussures et, lorsqu'il se releva, tomba nez à nez avec sa mère. Elle le regardait, peinée, les mains jointes au niveau de son ventre.

— Minho, va t'excuser auprès de ton père et de la famille, s'il te plaît.

Sa voix douce contrastait avec celle rustre de son père. Elle était toujours gentille avec lui, toujours aux petits soins même s'il était un adulte désormais.

— Ce n'est pas à moi de m'excuser.

— Tu n'aurais pas dû lui parler comme ça.

— Et lui il devrait peut-être ? Je ne me fais pas respecter depuis des années sans jamais rien dire, maintenant c'est terminé.

— Tu n'es pas… Enfin…

Minho s'arrêta avant de mettre sa veste qui traînait sur le porte-manteau.

— Si maman. Je suis gay, et ça changera pas.

Elle ne dit rien et se contenta de baisser la tête. Minho sentit son cœur se fissurer, une horrible douleur le saisit et il se dépêcha d'enfiler sa veste.

— Je suis désolé, c'est comme ça. Pardon si je te déçois.

Sans un mot de plus, il quitta l'appartement. Au fur et à mesure qu'il dévalait les marches, un sentiment irrépressible comprima sa poitrine et les larmes furent de plus en plus menaçantes. Alors, quand il arriva dans le hall d'entrée et qu'il croisa son reflet dans le grand miroir, il craqua. Il fondit en sanglots, comme s'il relâchait enfin toute la pression qui s'était accumulée depuis des années de cache-cache. Il n'en pouvait plus. Il était affaibli par tous les efforts qu'il avait fournis pour dissimuler qui il était réellement. Un voisin de palier passa à côté avec un grand sac en papier duquel un son très net de cannettes de et de bouteilles qui s'entrechoquaient sortait. Il observa Minho d'un regard curieux, mais ne s'attarda pas. Il n'avait sans doute pas le temps, ou pas le courage. Sûrement d'autres choses plus intéressantes à faire en cette soirée.

D'un revers de la manche, Minho s'essuya les yeux et sortit de l'immeuble. Le sol était recouvert d'un léger manteau blanc, la neige ne cessait de tomber. Les températures négatives le firent frissonner, il tenta de rentrer les mains dans les manches de sa veste, et il regretta de ne pas avoir pris le temps de mieux s'armer face au froid. Il ne ferait pas long feu avec ce qu'il avait sur le dos. Mais fort heureusement, il pouvait compter sur son petit ami. Il ne l'abandonnerait pas.

Il saisit son portable dans la poche de son pantalon et appela Chan. Ses doigts étaient déjà congelés, à tel point qu'il eut du mal à appuyer sur l'écran. Son petit ami répondit en quelques secondes, sa voix paniquée résonna de l'autre côté.

— Désolé de t'appeler comme ça mais…

— Minho, dis-moi que t'es en sécurité.

Le jeune homme déglutit, la gorge nouée, prêt à de nouveau se laisser aller à des sanglots incontrôlés. Il renifla et une petite plainte involontaire quitta sa bouche.

— T'es où ? s'inquiéta Chan.

— Devant mon immeuble… Ça s'est pas bien passé et…

— Trouve un endroit pour t'abriter, reste pas dehors sous la neige ou tu vas attraper la mort. J'arrive dans quelques minutes, d'accord ?

Il répondit d'un faible « Oui » et Chan raccrocha. Il tenta de serrer la veste contre son torse, mais elle était si fine que l'air passait à travers. Il observa les alentours pour trouver un abri et se dirigea vers la devanture d'un café où il put prendre refuge à la porte d'entrée. Il aurait pu retourner dans son immeuble, mais il craignait de voir débarquer son père ou sa mère, et il n'avait aucune envie de les affronter une nouvelle fois. Il serait bien assez tôt forcé de retourner chez lui. Il se serra contre le coin de la porte, la tête baissée dans l'espoir de ne pas geler sur place.

Chan arriva quelques minutes plus tard, minutes qui lui avaient semblé interminables. Il n'avait pas pu faire grand chose contre la neige et le vent glacial qui s'étaient abattus sur lui. Ses cheveux étaient trempés, tout comme ses vêtements, et son petit ami fonça vers lui dès lors qu'il l'eut repéré. Il ôta sans tarder son écharpe pour l'enrouler autour du cou de Minho et il sortit un paquet de mouchoir de sa poche pour tenter de lui essuyer le visage et d'éponger l'humidité glaçante de ses cheveux.

— Putain, j'ai eu si peur…

Minho manqua de s'effondrer lorsque Chan l'enlaça avec force. Il l'incita à venir poser la tête contre son épaule, le serra dans ses bras et lui répéta qu'il l'aimait à la folie. Ils restèrent ainsi un moment, jusqu'à ce que Minho calme ses sanglots qui avaient repris de plus belle. Les mains rougies par le froid, il se cramponna au manteau de son partenaire, comme s'il cherchait à se convaincre qu'il était bel et bien là. Comme s'il avait peur de ne vivre qu'un rêve.

— C'est tout, calme-toi.

— Merci… Merci d'être venu… balbutia-t-il. Je…

— Attends.

Chan se détacha de lui pour retirer son manteau et le lui passer sur les épaules. Minho chercha à refuser son offre, mais il ne lui en laissa pas le choix.

— Tu vas mourir de froid, ça fait combien de temps que tu traînes dehors ? Tu prends ce manteau, point final.

Devant l'insistance de son petit ami, Minho acquiesça d'un petit mouvement de tête. Il resserra le vêtement, il était lourd mais agréable à porter. Il l'avait réchauffé en quelques secondes, peut-être parce qu'il appartenait à Chan.

— Allez, on va chez moi.

Minho ne broncha pas et il le suivit jusqu'à la station de métro à proximité. Chan vivait dans un autre quartier à quelques minutes de là, il ne leur fallut pas beaucoup de temps pour arriver face à la petite résidence étudiante où il louait son studio. Ils montèrent au deuxième étage et ôtèrent leurs chaussures une fois dans le hall. Chan reprit son manteau pour l'accrocher, puis il emmena Minho dans la salle de bain.

— Je vais te ramener des habits secs. Tu peux mettre ceux-là sur le côté du panier, je me chargerai de les laver.

Minho hocha la tête et obtempéra. Nu comme au premier jour, il se rapprocha du radiateur pour retrouver un peu de chaleur, puis Chan revint avec des vêtements qu'il déposa sur le meuble du lavabo. Les mains libres, il s'approcha de son petit ami et glissa une main sur sa joue pour la lui caresser. Il voyait parfaitement à quel point il avait pu pleurer, à quel point son cœur était en miettes. Il ne l'avait jamais vu aussi abattu. Minho était toujours souriant, toujours avenant et jovial. Même s'il avait parfois des craintes ou des doutes, il prenait tout de manière positive.

— Je peux prendre une douche ? demanda-t-il d'une voix basse.

— Bien sûr ! Tu veux que je t'aide ou ça va aller ?

— Hm, ça ira.

— D'accord. En attendant je vais te préparer un thé et commander quelque chose à manger.

Chan quitta la salle de bain et Minho se glissa sous la douche. Il y resta une bonne dizaine de minutes, sans pour autant se savonner. Il laissa l'eau couler sur son crâne et dévaler son corps. Les yeux clos, il repassa en boucle ces quelques minutes qui avaient suffi à faire voler sa vie en éclats. Il ne savait même pas comment il oserait revenir chez lui après ça. Il espérait un signe de sa mère, un message, un appel, mais il n'était même pas certain d'en recevoir. Il savait qu'il avait déçu ses parents, mais après tout, il n'avait fait que dire la vérité. S'ils étaient déçus de qui il était, alors peut-être ne devait-il pas autant s'en faire. Peut-être était-ce la preuve qu'ils ne l'aimaient pas assez pour l'accepter, peu importe ses choix.

Il sortit de la douche, se sécha rapidement et enfila les vêtements que Chan lui avait apportés. Ils étaient un peu trop larges pour sa carrure, mais ils portaient l'odeur de son petit ami et étaient confortables. Vêtu d'un jogging gris et d'un gros sweat, il rejoignit la pièce principale et découvrit Chan, installé dans le canapé. Il s'en leva précipitamment et prit une de ses mains dans les siennes.

— Comment tu te sens ?

— Hm, ça va.

— T'es sûr ? Si tu as besoin de quelque chose, tu n'hésites pas à me le dire.

Minho hocha la tête et ils allèrent prendre place sur le sofa. Chan déplia un plaid sur les genoux de son petit ami et se pencha pour saisir son mug de thé encore fumant.

— Bois ça, ça te fera du bien.

Il obtempéra et laissa le liquide réconfortant glisser le long de son œsophage. C'était agréable, et le doux parfum de pomme et de cannelle lui rappelait ô combien il se sentait chez lui lorsqu'il était avec son petit ami. Chan était toujours doux envers lui, toujours consciencieux et désireux de le combler. Il n'avait à rougir de rien, il pouvait lui parler, se confier, se sentir en sécurité. Il pouvait se reposer sur son épaule et tout oublier en sa présence. Il le remercia et vint se blottir contre lui.

— J'aurais pas dû faire ça, marmonna Minho.

— C'est-à-dire ?

— J'aurais dû passer cette soirée avec toi dès le départ plutôt que d'essayer de me faire accepter par ma famille. C'était stupide de ma part, j'ai tout gâché.

Chan le serra contre lui et lui assura qu'il ne lui en voulait pas. En effet, quelques semaines auparavant, il avait proposé à Minho de passer Noël ensemble, mais il avait refusé. Il voulait profiter de l'occasion pour annoncer à sa famille qu'il aimait les hommes et que, de surcroît, il avait un petit ami génial. Chan n'avait pas tenté de l'en dissuader puisqu'il s'agissait de son choix. Mais il lui avait dit qu'au moindre problème, il devait l'appeler. Il ne laisserait jamais son petit ami dans une situation indélicate.

— Tu n'as rien gâché d'accord ?

Chan déposa un baiser dans ses cheveux et l'étreignit un peu plus fort.

— Si, tu aurais pu rentrer en Australie dans ta famille. Au lieu de devoir t'occuper de moi comme ça.

— Minho, dit-il en le prenant par les épaules. Tu es mon petit ami, et je t'aime de tout mon cœur. Je suis resté parce que je le voulais. Je voulais prendre soin de toi, même si j'aurais pu passer cette soirée seul. J'aurais même préféré la passer seul et savoir que tes parents acceptaient. Ça m'aurait vraiment fait plaisir.

Minho déglutit. Chan était vraiment le meilleur petit ami qui soit, et il en était reconnaissant. Il souhaitait toujours le meilleur pour lui, et cela le confortait dans l'idée qu'il avait fait le bon choix.

— Merci d'être là.

— Je serai toujours là, d'accord ? Et si il faut trouver des solutions pour qu'on puisse vivre ensemble, on trouvera des solutions.

— Tu me supporteras tous les jours ?

— Sans hésitation. Tu es l'homme que j'aime le plus au monde, et tu es merveilleux, n'en doute jamais. Les personnes qui ne sont pas capables de le voir ne te méritent pas.

Ils échangèrent un sourire, puis leurs lèvres se retrouvèrent tendrement afin de partager un long et langoureux baiser. Minho avait envie de pleurer, de tristesse et de joie, tant les sensations que son petit ami lui faisait ressentir étaient divines. Il aimait avoir ses mains sur son corps, sa bouche sur la sienne, entendre sa voix douce lui susurrer des mots d'amour. Il aimait cette façon si pure qu'il avait de le considérer et de l'aimer.

Minho enroula les bras autour de son cou et le tira davantage vers lui, il avait ce besoin irrépressible de sentir qu'il était proche, qu'il était là. Il entrouvrit les lèvres lorsque la sonnette retentit dans l'appartement.

— Ça doit être le poulet frit ! s'exclama Chan.

— Hm, t'as commandé ça ?

— Oui, je savais que ça te plairait. Je reviens.

Il se leva et répondit à l'interphone pour prévenir le livreur qu'il arrivait. Il revint dans le salon deux minutes plus tard, un sac en papier à la main, et le déposa sur la table basse. Il en sortit une grande boîte pour l'ouvrir et ainsi dévoiler les nombreux morceaux de poulet qui embaumèrent la pièce d'une délicieuse odeur.

— Joyeux Noël, lança Chan en les désignant d'une main.

Minho lâcha un rire et lui saisit la main pour l'inciter à revenir s'asseoir à ses côtés. Il ne perdit pas une seconde pour l'enlacer et l'embrasser.

— J'ai rien pour toi mais…

— J'ai déjà tout ce que je veux, l'interrompit Chan.

— Vraiment ?

— Toi comme petit ami, c'est tout ce que je veux.

Minho alla se blottir dans ses bras, malgré tout heureux, même s'il avait une peine immense au fond de lui. Mais lorsqu'il était avec Chan, il se sentait capable d'affronter les pires tempêtes. Il savait qu'il n'était pas seul, qu'il était soutenu, et même si Noël ne se passait pas comme il l'avait souhaité, il savait que la vie le lui rendrait bien. Il avait Chan dans celle-ci, et c'était sans doute le plus beau cadeau qu'il pouvait avoir. Un cadeau de tous les jours.

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