21 - V / Jamie Dornan
U comme Utopie
Utopie nf
1. PHILOS Construction imaginaire et rigoureuse d'une société idéale.
2. Projet chimérique dont la réalisation est impossible.
Jamie était quelqu'un de très important, à sa façon. Non qu'il déplaçait des montagnes ou se combattait contre toute la justice du monde. Non, rien de tout cela et autre connerie encore. C'était pour autre chose qu'il était important. Il était utopique. Il croyait en toutes ces choses que la plupart du monde qualifiait « d'impossible » et pour y croire, il y croyait vraiment dur comme fer. Il était utopique et croyait en tout ce qui demeurait impossible aux yeux des humains. Il y croyait parce qu'il se disait que si personne n'y croyait, le mot n'aurait plus lieu d'être et le monde n'aurait plus lieu d'être non plus parce qu'il faut l'avouer, il faut de tout pour faire un monde. Il faut vraiment de tout, autant des génies que des cons, autant des manipulateurs que des naïfs, autant des connards que des innocents, autant des psychopathes que des victimes.
Jamie ne faisait pas que croire non plus en l'impossible. Il l'imaginait aussi. Il imaginait aussi une société idéale, parfaite au millimètre près. Une société où tout serait séparé et mélangé parfaitement, que rien ne se confondrait, où il n'y aurait jamais de manifestation ou de révolte, où il n'y règnerait pas de chaos, que plus rien ne poserait de problème, où il n'y aurait plus que des problèmes sans importances et que tout le monde peut gérer et arranger lui-même, où la justice serait maître et qu'ainsi le monde tournerait constamment rond. Sauf qu'il s'avait qu'il avait beau l'imaginé, rien ne serait parfait. Rien, car déjà la perfection n'existe pas et puis, il est techniquement impossible de mettre tout le monde d'accord. Il le savait, mais il adorait s'imaginer la perfection.
Jamie n'était pas devenu ainsi du jour au lendemain, bien évidemment. Ce n'était né comme ça en lui, avec le temps. Il avait certes ce pouvoir en lui, mais il est survenu de son corps à cause d'un événement. Parce que pour être honnête, tout le monde sait imaginer un monde parfait, tout le monde peut croire que l'impossible. Tout le monde, et chacun aura imaginé un monde parfait différent, bien évidemment parce qu'on n'a pas tous la même vision du monde parfait. Pour certains, il se proche de l'apocalypse, pour d'autre du monde des ours en peluche. Tout dépend, et Jamie était comme tout le monde et savait imaginer cela. Sauf qu'il avait cela en plus poussé et cette chose-là, l'utopie, s'était manifestée chez lui à cause de quelque chose.
Jamie était devenu ainsi parce qu'il avait assisté à l'une des injustices les plus dures, les plus acerbes, les plus perfides, les plus dégueulasses, les plus immondes, les plus méchantes, les plus honteuses, les plus humiliantes, les plus dégoûtantes, les plus douloureuses surtout. Il avait assisté à cette scène qui lui a retourné le cœur, qui a comprimé cet organe d'à peine 300 grammes qui détient toute la vie d'une personne, qui lui a secoué l'estomac mais aussi, qui lui a martelé le crâne pendant des jours et des jours entier.
Jamie était plus jeune à cette époque, on pouvait même dire qu'il n'avait pas encore de pilosité faciale. Il avait déjà commencé sa puberté, il était déjà adolescent mais n'avait même pas encore l'âge pour faire un job d'étudiant et commencer à gagner de l'argent à la sueur de son front. Maintenant il était adulte, mais un événement qui s'était déroulé alors qu'il ne devait avoir que 12 à 13 ans maximum, à tout casser, l'avait totalement marqué et avait fait de lui ce qu'il était. Cet événement avait relevé cette utopie fascinante qu'il avait dans le cœur, dans l'âme, dans l'esprit et que si elle n'était pas capable de façonner à nouveau le monde, elle y était presque.
Il avait 12 à 13 ans et marchait dans les rues de sa ville en compagnie de trois amis. Ils faisaient un peu les cons, comme toujours. Ils formaient une belle bande de cons et de bras cassés, toujours à faire les quatre cents coups en ne se faisant prendre que très rarement. Mais souvent, aussi, ils faisaient des petits coups sans réelle importance. Ils ne braquaient pas des banques, ne jouaient pas avec la vie, ne jouaient pas avec la nourriture, ne jouaient pas avec la mort, ne jouaient pas avec l'argent, ne jouaient pas avec des armes. Ils étaient des adolescents qui commençaient doucement à apprendre la vie, vraiment doucement. Parce qu'il valait mieux ne surtout pas les brusqués.
Jamie marchait avec ces trois amis et il vit un SDF sur le col, qui faisait l'aumône. Il voulait de l'argent pour avoir de quoi s'acheter un peu de nourriture et de boisson, comme tous les sens sans-abris du coin et de tous les autres coins du monde. Il était salé et avait une belle tête de con. Une tête de turc, si on préfère. Il essayait de récolter un peu de sous et alors que Jamie passait avec ces amis, il baissa sa main parce qu'il n'avait pas envie de demander de l'argent à des adolescents par respect pour cette jeunesse qui ne connaît pratiquement rien, surtout rien à rien. Parce qu'on apprend sur les bancs n'est pas forcément apprendre la vie. C'est apprendre à apprendre, avoir une logique et un esprit critique. C'est ça, leur but, avec leurs formules compliqués et leurs définitions à deux balles. Et le SDF, qui s'appelait Jackie, il l'avait bien comprit.
Sauf que malgré qu'il ait baissé la main, Jamie avait quand même déposé deux pièces à ce vieux monsieur. Qui en retour, lui sourit. Jamie sourit à son tour, content d'avoir quand même illuminé la journée de cette personne. Content d'avoir illuminé la journée d'une personne dont la vie n'est pas forcément très belle. Sauf qu'un incident arriva et l'un de ces « amis » s'approcha du vieux monsieur qui lui sourit, croyant que ce dernier allait suivre l'exemple de son ami. Surtout qu'il approchait dangereusement sa main du petit pot –une vieille boite de conserve vide-, mais il n'y déposa aucune pièce. Il prit même la conserve et s'en alla en courant. Tous les autres rigolaient et alors qu'il regardait le vieux monsieur s'éloigner et disparaître de son champ de vision parce que ces amis le tiraient en arrière avec eux, il crut ne jamais le voir.
Puis quelques jours plus tard, il marchait dans la rue, seul. Totalement seul. Il n'avait pas accepté ce qu'avait fait son ami et était, en froid avec lui. Et les deux autres avaient suivit la voix de son pote, et non de Jamie. Et ça, il comprenait, même s'il avait du mal à le cautionner. Alors il marchait et puis, il revit le vieux monsieur exactement à la même place qu'avant. Sauf qu'il ne faisait pas l'aumône, et qu'il avait un teint tellement pâle tel un fantôme ou un cadavre dans les séries policières que sa mère le laisse voir. Il se dirigea vers le monsieur dont il ne connaissait même pas le nom et comprit à la tête des policiers et des personnes expertes en tout soins médicaux que peuvent être les ambulanciers, qu'il était trop tard. Le vieil homme, sans-abri, était mort de faim parce qu'il n'avait pas eu assez de sous pour acheter de la nourriture. Et depuis lors, Jamie s'en veut et depuis lors, il a un esprit utopique pour s'échapper de cet événement douloureux.
***
Musique ; Little More (Royalty) - Chris Brown
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