chapitre 4

Lorsque mes yeux s'étaient ouverts, une vive lumière blanche m'éblouissait me forçant à cligner des yeux. Il fallait vraiment arrêter ces changements de luminosité qui commençaient à me provoquer des maux de têtes. Une fois mes yeux habitués je réalisais que je me trouvais dans une pièce inconnue, allongée sur un lit, des câbles branchés un peu partout sur mon corps. Je n'entendais que ma propre respiration mélangée aux bruits des machines médicales. Puis la mémoire m'était revenue. Je me rappelais que j'étais en train de passer le test de la génétique et qu'il ne s'était pas déroulé comme prévu. Du moins j'en avais conclu à cette hypothèse lorsque j'avais vu le terme échec sur les ordinateurs. J'avais voulu me redresser sur mon lit mais ma migraine m'empêchait de faire le moindre mouvement. Mon corps était également douloureux, comme si on m'avait écrasé en entier. Mais plus encore, je ressentais une telle fatigue que je replongeais alors très vite dans un profond sommeil.

J'entendais des voix... elles étaient loin pourtant j'arrivais à entendre ce qu'elles disaient. On aurait dit des murmures. Je ne savais pas d'où elles provenaient ni même qui parlait. Mes yeux étaient encore fermés, comme si les ouvrir me demandais un trop gros effort.

- Ce n'est pas normal Docteur.

Une femme... la même que le haut parleur. Elle reprenait alors.

-Ses parents commencent à poser des questions et je ne pourrai pas éviter le sujet plus longtemps.

-Je sais, nous faisons tout ce qui est en notre pouvoir pour la sortir de cet état. Mais je ne comprend pas pourquoi elle a réagis comme cela. Nous sommes en train de faire des analyses plus approfondies.

C'était le même médecin qui m'avait injecté le sérum. Celui qui m'avait menti en prétendant que c'était pour me détendre.

- Et bien vous avez intérêt à vite trouver une solution. Nous ne pouvons nous permettre d'annoncer que le test a plongé une jeune femme dans le coma. Ce serait très mauvais pour nous tous.

Les voix avaient disparues et bientôt je replongeais dans le sommeil.

Lorsque j'émergeais, j'avais l'impression d'avoir rêvé tout le long pourtant je me trouvais toujours au même endroit. Cependant cette fois ci je ne ressentais plus aucune douleur et j'arrivais à me redresser sur mon lit. Immédiatement un des moniteurs relié à mon corps se mit à émettre un son strident qui alerta des infirmières. Ces dernières ne pouvaient cacher leur étonnement et bientôt d'autres personnes apparurent.

Personne ne me parlait, aucune ne me demandait si j'allais bien. Elles se contentaient de vérifier des données sur les moniteurs, d'écrire sur leurs calepins puis se précipitèrent hors de ma chambre en me laissant de nouveau seule.

Énervée par tout cela, je m'apprêtais à me lever lorsqu'une nouvelle fois le Docteur apparaissait.

-Ambre, je suis content de vous savoir réveillée.

- Ne m'approchez pas ! Vous m'avez menti et administré du poison.

Le Docteur marqua un pas de recul avant de lever les mains.

-Enfin voyons Ambre. Je réalise que vous devez être perturbée mais je ne suis en rien responsable. En toute honnêteté votre cas est unique. Je suis navré de ce qu'il vous ait arrivé mais les infirmières sont confiantes. Elles disent que vous êtes en très bonne santé à présent.

Il espérait me rassurer mais il n'y parvenait pas.

-Combien de temps j'ai dormi ?

- Deux jours entiers. Votre famille était morte d'inquiétude.

Je ne pouvais que le croire. J'imaginais déjà ma mère en panique, criant sur les médecins et mon père essayer de la raisonner sans toutefois y parvenir.

-Ils sont là ?

-Votre famille ? Non je suis désolé Ambre. L'établissement est interdit au public et de toute façon vous n'étiez pas en état. Mais ils appellent au moins dix fois par jours. Vous aurez le droit de les appeler bien évidemment. Je vais vous laisser vous reposer Mlle Ambre. On attendait que votre état se stabilise pour retirer votre mémoire à court terme. Oh... je...

Il maqua un temps d'arrêt, gêné.

-Je suis désolé Mlle Ambre, c'est vrai qu'avec tout ce qui s'est passé vous n'êtes pas au courant. Vous avez échoué au test. J'en suis navré.

Je revoyais le terme échec sur les ordinateurs.

-Vous vous souvenez de quelque chose?

Je me souvenais de tout le test et j'avais compris que j'étais censée voir ce qu'il y avait sur les ordinateurs. Mais j'étais arrivée trop tard.

- On m'avait demandé de regarder ce qu'il y avait sur les ordinateurs.

-Oui c'est exact. Les positifs parviennent à le savoir en faisant appel à diverses zones du cerveau. Cette concentration extrême leur permet d'apercevoir plus des choses qu'un cerveau normal. Nous, êtres humains normaux, ne nous concentrons que sur l'essentiel et notre cerceau trie les informations superflues.Cependant pour un positif cela est différent. Même la donnée la moins importante est analysée. Ce serait trop compliqué à expliquer mais en gros ils parviennent à savoir ce qu'il y a sur un ordinateur en faisant appel à une plus grande concentration et analyse. Et les négatifs ne parviennent qu'à voir du noir. Normalement cet état n'entraîne pas de réaction comme la votre mais le principal est que vous alliez bien.

-Juste du noir?

-Comment ça?

Je gardai mon silence me contentant de regarder droit devant moi, pensive. Je n'avais pas vu noir pendant mon test. Au contraire tout me paraissait d'une clarté presque parfaite. J'avais tout vu, même mon propre corps. Ce que le docteur disait n'avait aucun sens. A moins...

-Je vais chercher le sérum. Après vous n'aurez plus aucun souvenir de ce qu'il s'est passé et on vous ramènera chez vous.

Ils pensaient que j'avais échoué au test et cela me convenait. Je n'avais jamais eu envie de le réussir. J'avais toujours considéré que je serai maître de mon destin et que mon avenir ne se destinait pas à travailler pour le Bureau. On allait me retirer de la mémoire le test. Tout ce dont je me souviendrais serait que j'étais négative et ma vie reprendrait son cours. J'irai réviser pour mes examens de fin d'année. Avec un peu de chance j'obtiendrais une bourse. Mais une voix au fond de moi me disais que j'étais égoïste. Même si je désirais reprendre ma vie comme elle était, je ne devais pas penser qu'à moi. Si le gouvernement avait mis au point le système c'était pour une bonne raison. Les positifs oeuvraient pour le bien de la population. Je possédais un don et je savais que c'était égoïste si je ne m'en servais pas pour le bien de tous. Et puis mes parents... je ne pouvais pas leur faire ça. Si un enfant est positif, ses parents percevaient de l'argent en compensation de la formation. Chaque positif était obligé de quitter sa famille et de confier sa vie au Bureau. La famille, les amis, tout cela devenait accessoire. Révéler être positive c'était ainsi accorder une source de revenu à ma famille. De l'argent non négligeable. Cela permettrait à mes parents de ne plus travailler soixante dix heures par semaines et se ruiner la santé. Cela permettrait aussi à ma soeur d'obtenir une bourse pour l'université. Mais cela signifiait tirer un trait sur mes envies. Pendant que je voyais le médecin s'en aller j'avais envie de remettre dans mon lit et d'oublier tout cela mais je n'y arrivais pas.

Sans m'en rendre compte une larme venait de couler sur ma joue. Je trouvais mon comportement puéril. Des gens tueraient pour être à ma place et moi je pleurais comme si j'avais à faire à un dilemme de vie ou de mort. En déclarant être positive je dirai adieu à ma vie et je n'avais pas envie de le faire.

Le docteur revenait avec une seringue et ne prêta même pas attention à la larme qui coulait sur ma joue. Il était à deux doigts de injecter le sérum. J'étais à deux doigts de retrouver ma vie.

-Attendez!

Surpris par mon cri, le médecin recula de peur de m'avoir fait mal.

-Attendez je vous prie. Je suis positive.

Je ne m'étais pas rendue compte que j'avais crié mais c'était le cas.

-Ambre... Je sais que c'est dur mais il faut accepter le fait d'être négative. Ce n'est pas grave d'avoir échoué.

Le médecin ne me croyait pas et me prenait pour une folle prête à mentir pour être positive. Si seulement il savait à quel point il était loin de la vérité.

-Je me souviens du test. Je ne me suis pas connectée à un ordinateur comme vous dites et je n'ai pas non plus vu ce que vous vouliez que je voie mais j'étais là. J'étais dans la salle et elle était lumineuse. Mais personne ne me voyais. Je vous ai vu rentrer dans la pièce et j'ai aperçu sur les écrans que j'avais échoué. C'est juste que je n'arrivais pas à parler.

Le docteur me regardait sans dire un mot. Je n'arrivais pas à deviner ses pensées. Me prenait-il pour une folle? Oui probablement. J'en avais tout l'air en tout cas.

-Je ne suis pas folle.

Ou peut-être que je l'étais en fait ? Après un instant de silence qui me paru durer une éternité, le medecin pris la parole.

-Vous étiez dans la salle. Qu'entendez-vous par là?

Surprise par sa question, j'avais mis quelques secondes avant de répondre.

- Je n'en sais rien c'était étrange. J'avais juste l'impression d'être en dehors de mon corps mais je ne pouvais rien contrôler. Je vous voyais tous. J'ai vu échec en gros sur tous les ordinateurs.

Je préférais ne pas révéler que j'avais pu apercevoir deux pages de mon dossier. Il était inutile de mentionner ce petit élément sans importance. Passé la surprise, le docteur me fixait comme pour voir si je mentais. Cet instant dura de longues secondes et finalement, sans me dire un mot, il tourna les talons et sortis de la pièce.

Son départ me laissa sans voix. Je ne comprenais pas ce qu'il se passait. Me prenait-il pour une menteuse prête à tout pour être déclarer positive ou m'avait-il cru? Aurais-je droit à un second test ? J'espérais que non car la première tentative m'avait assez perturbée comme ça.

Pendant de longues minutes je restais sur mon lit à attendre sans savoir réellement ce qui allait se passer. J'avais même fini par croire que le Docteur ne reviendrait pas. Si c'est le cas au moins j'aurai tout tenté et je rentrerai chez moi l'esprit serein.

A ma grande surprise la porte s'était de nouveau ouverte pour laisser entrer le Président du Bureau de la Génétique. Son air jovial ainsi que le sourire qu'il avait abordé lors des test avaient disparus. Cette fois il me fixait d'un air grave. J'avais même l'impression qu'il était énervé. Étais-ce contre moi? Je n'avais rien fait . Justement il devrait être content de savoir qu'il existait un autre individu positif.

Le Président était venu seul et sa présence dans la même pièce que moi me mettait mal à l'aise. Du haut de son mètre quatre vingt, il me transperçait le regard de ses yeux bleus vifs. Agé d'environ cinquante ans, il était président du Bureau depuis les dernières élections soit depuis maintenant trois ans. Il ne faisait pas l'unanimité. Il était connu pour son franc parlé, son regard hautain, et son air énervé qu'il abordait constamment. J'avais l'impression d'être redevenue une enfant qui avait peur de se faire gronder mais cet individu parvenait facilement à inspirer une certaine crainte.

-Mlle Miller c'est bien ça?

Je hochais la tête, incapable de prononcer un mot.

-Vous êtes bien la fille de Jonathan Miller, demeurant au 5 place de Londlade dans la ville de Missiope ?

Nouvel hochement de tête de ma part. Qu'il sache qui était mon père ne m'étonnait pas vu le dossier qu'il avait sur moi. En revanche, qu'il me pose des questions sur mon père m'inquiétais.

Le président se contentait de faire un «hum» désapprobateur en secouant la tête.

-On m'a rapporté que vous avez réussis le test d'une manière peu ordinaire c'est bien ça?

Peu ordinaire ? C'était donc ça qui le contrariait ? Que je ne fasse pas comme tout le monde?

Mais le Président n'attendis même pas ma réponse.

-Très bien. Je vais demander aux médecins de débrancher tous ces appareils ridicules qui sont collés à vous et ensuite un van viendra vous chercher.

- Pour aller où?

- A l'académie voyons. Vous êtes positive, vous allez donc suivre la formation dès maintenant.

Il me jeta un dernier regard. Il me scrutait de la tête au pied et je comprenais que quelque chose ne le satisfaisait pas. J'aurai voulu demander ce qui n'allait pas mais de nouveau je me retrouvais seule dans ma chambre d'hôpital. Je venais de révéler que j'étais positive et on m'avait immédiatement cru sans poser de questions. Je ne comprenais pas pourquoi la façon dont j'avais réussis était si dérangeante et surtout pourquoi le Président semblait contrarier par cette nouvelle. Je n'avais cependant pas le temps de me poser de question. J'allais bientôt partir pour une formation de six mois, loin de ma famille. J'allais vers l'inconnu le plus total et cela ne me rassurait pas.



____

Fin du chapitre :)


Désolée pour la longueur du chapitre. Jai hésité à la diviser en deux puis je me suis dis que ce n'était pas nécessaire.

J'espère que vous avez apprécié la lecture :)

N'hésitez pas à commenter à à mettre une petite étoile !! On se retrouve très vite pour le prochain chapitre !!! :) 

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