Chapitre 29
Quatre mois. Cela ne faisait que quatre mois que j'étais à l'Académie et à présent je devais encore y rester deux mois de plus. Notre test Bravo avait marqué un tournant décisif dans ma vie. Ivy n'était plus avec moi et son absence me pesait. De nouveaux élèves positifs avaient également fait leur entrée, remplis d'espoir. Et nous étions à présent sept à entamer la dernière formation de l'académie: celle de Bravo. Ces derniers avaient toujours représenté un mystère pas seulement pour moi mais pour tout le monde car personne ne savait réellement de quoi ils étaient capables. Je ressentais même une certaine curiosité à l'idée de commencer ma formation. J'allais devenir ce que tous rêvaient d'être. J'allais être au sommet de la pyramide des positifs. Mais je ne ressentais pas la même excitation que mes camarades.
Devenir un Bravo impliquait une plus grande présence du Bureau. Nous étions leurs vedettes, leurs plus précieux investissements et le Bureau comptait bien nous garder à l'oeil. Il n'était pas rare de voir un membre de l'organisation faire son apparition à l'un de nos cours. Lors de ces instants il ne disait rien, se contentant de nous regarder en silence en prenant des notes. Étions-nous encore notés lors de cette phase? Je me doutais que la réponse était positive.
La présence du Bureau n'était pas le seul changement car mes visites médicales s'étaient multipliées depuis que j'étais une Bravo. Je passais à l'infirmerie trois fois par jour afin de prendre de nouveaux traitements mais je n'étais plus la seule à présent. Tous les Bravo suivaient le même régime de médicament ce qui était loin d'être rassurant. En feuilletant mon dossier médical fourni par Roman, j'avais appris que ma dépense d'énergie était supérieure à la moyenne ce qui affaiblissait mon organisme. Est-ce que les six autres positifs étaient également dans le même cas que moi? Roman m'avait assuré qu'il n'avait vu aucune différence au niveau de sa santé et qu'il ne comprenait pas la nécessité d'ingurgiter autant de médicaments. Mais après tout ici on ne posait pas de question, on exécutait tout simplement comme de braves petits soldats bien obéissant.
Nos cours avaient également bien changés. Nous ne passions plus notre temps assis en salle de classe à apprendre des schémas, à prendre des notes ou à écouter notre professeur. Nous ne faisions que des exercices pratiques censés améliorer notre don de bravo et on s'était tous rendu compte très vite que nos capacités étaient incroyables. Nos sens s'étaient développés, nos capacités de réaction également. Les yeux bandées, nous étions capables d'anticiper l'action d'une personne. Si cette dernière s'approchait de moi, j'étais capable deviner son intention et de contrer son attaque. Même plongée dans le noir et dans une salle où un haut-parleur diffusait une musique extrêmement forte, j'arrivais à me concentrer uniquement sur un son et dissocier tous les éléments. J'avais l'impression que mon cerveau était capable de faire le tri parmi toutes les informations reçues, sans que je fournisse le moindre effort. Ces nouvelles capacités m'effrayaient plus qu'autre chose alors que Roman en avait l'air ravi. Mais c'était sa personnalité et il ne changerait pas. Malgré toute sa haine contre le Bureau il ne pouvait s'empêcher de développer au mieux ses capacités et n'arrêtait pas de s'extasier à chaque fois qu'il accomplissait une nouvelle prouesse. Il disait même que c'était moi qui étais ronchon et qu'on devait se réjouir d'avoir ses dons, même si cela provenait du Bureau. Dans ces moments-là je n'essayais même pas de le raisonner et je me contentais de secouer la tête d'un air navré.
Malgré tout, mes rapports avec Roman n'avaient jamais été aussi forts. Nous passions tout notre temps ensemble et pour une fois nous ne parlions plus de la résistance et du Bureau mais simplement de nous. Pendant une semaine tout avait presque était parfait jusqu'à ce fameux jour au réfectoire.
Alors que j'étais attablée avec Roman j'avais aperçu deux patrouilleurs postés à l'entrée, à une trentaine de mètres de nous en train de discuter en chuchotant. Deux semaines auparavant je n'aurai jamais réussi à entendre leurs paroles dans ce brouhaha mais à présent j'en étais capable... Leur discussion était à peine audible mais lisant sur leurs lèves j'arrivais très bien à comprendre ce qu'ils disaient. J'étais tellement concentrée que je n'avais même pas entendu Roman qui me demandait ce que je faisais. La conversation des patrouilleurs n'était pas très intéressante car ils se contentaient de parler de leurs plannings de la journée en se plaignant de ne pas avoir assez de repos.
"Heureusement qu'on se fait relayer ce soir. J'avais pas du tout envie de participer à cette action.
- Pourtant déssouiler deux ou trois résistants t'aurai faits du bien je pense. Tu es trop stressé en ce moment.
-Je n'ai absolument pas envie d'aller faire deux heures de route alors qu'on est même pas sûr que ce soit le bon endroit.
- C'est la bonne adresse. Le mec qui a été interrogé lors du test avait dans sa tête l'emplacement exact.
-Et comment le Bureau peut être sûr que ce n'est pas une fausse adresse dans sa tête? Et puis l'élève a très bien pu se tromper.
- Ce mec c'était le bras droit de la résistance donc c'est sur qu'il avait la bonne adresse. Et ce n'est pas n'importe qui qui l'a interrogé, C'est Miller et elle est douée cette gamine."
Alors que les deux patrouilleurs tournaient la tête vers moi, j'avais vite plongé mon regard dans mon assiette afin de ne pas me faire remarquer.
-Ambre?
Roman me regardait d'un air inquiet et il y avait de quoi. J'avais alors rapproché ma tête vers Roman afin d'être certaine de ne pas être entendue.
- 48.858053, 2.294289 ça te dit quelque chose?
Il s'agissait du code que j'avais trouvé dans l'esprit du sois disant volontaire. Bien évidemment je venais d'avoir la confirmation qu'il n'avait jamais été volontaire et qu'il était le bras droit de la résistance.
- On dirait des coordonnées Gps. M'avait dit Roman.
Devant mon air surpris, il enchaina.
- Ce sont des données qui localisent un endroit donné sur une carte. C'est comme ça qu'ils se repéraient à l'époque. Et oui je suis assez calé dans tout ce qui est technologie de l'avant-guerre. Mais je ne sais pas à quoi ces points correspondent. Pourquoi cette question?
J'avais alors expliqué à Roman la conversation que j'avais entendue entre les patrouilleurs et la réaction de mon ami m'avait laissé sans voix. Sans rien m'expliquer il était de suite parti du réfectoire en me laissant planter là comme une imbécile. J'avais alors immédiatement tenté de le suivre sans succès, ce dernier s'étant volatilisé. Il n'y avait pas de trace de Roman ni dans sa chambre, ni à la bibliothèque ni dehors et après deux heures de recherches vaines, j'avais dû me résoudre à me rendre à mon prochain cours. De toute façon Roman j'étais certaine de le retrouver là-bas et ce fut le cas. Sauf qu'ils nous étaient impossible de parler de ça pendant les cours alors j'avais dû prendre sur moi toute l'après-midi. J'avais bien senti que quelque chose n'allait pas car Roman était occupé et regardait sa montre sans arrêt. Si ces coordonnées permettaient de trouver l'adresse des résistants et qu'une attaque était prévue ce soir je comprenais parfaitement l'inquiétude de Roman. Durant quatre heures il était totalement impuissant et ne pouvait pas agir pour aider sa famille.
À la fin des cours ce fut la même chose. Roman s'était empressé de partir et il était de nouveau introuvable. Je m'étais ainsi résiliée à aller dans ma chambre, en espérant le voir venir à un moment ou un autre. J'avais attendu de longues heures en vain et vers deux heures du matin j'avais fini par sombrer dans un profond sommeil qui fut couper lorsque j'avais entendu quelque frapper à ma porte. En regardant l'heure j'avais réalisé qu'il était presque cinq heures du matin. Je m'étais ainsi levée, inquiète en me demandant qui pouvait venir frapper à ma porte à cette heure. En l'ouvrant j'étais rassurée de voir que ce n'était que Roman, qui semblait exténuait et qui donnait l'impression de ne pas avoir dormi depuis deux jours. Avant même que je dise quoi que ce soit, ce dernier était parti s'assoir sur mon lit en mettant sa tête entre ses mains. Inquiète, je m'étais dirigée lentement vers lui et j'avais fini par m'assoir à ses côtés. J'avais alors simplement attendu qu'il s'exprime, lui laissant le temps dont il avait besoin. Sa réaction m'inquiétait. Avait-il réussi à prévenir la résistance? Étaient-ils sains et saufs ? Finalement, n'y tenant plus j'avais pris la parole.
-Roman?
Ce dernier releva alors la tête pour me fixer.
- Ils sont sains et saufs mais c'était moins une. Les coordonnées que tu as données étaient bien une localisation d'une des bases de la résistance. J'ai réussi à les prévenir à temps et ils ont pu s'échapper de justesse. Il y avait des femmes et des enfants là-bas. Le Bureau allait s'en prendre à eux.
Un sentiment de culpabilité m'avait envahi car c'était moi qui avais fourni au Bureau l'adresse de la résistance.
-Je suis désolé Roman. Je m'en veux pour ce code. Je ne savais pas.
- Personne ne t'en veut Ambre au contraire. Tu les as sauvé et la résistance t'en est reconnaissante. Mais ce n'est pas la seule chose. Celui que tu as interrogé il s'appelait Ethan...
- S'appelait?
- Son cadavre a été retrouvé il y a une semaine. Il serait mort d'une hémorragie au cerveau.
Roman n'avait pas besoin d'en dire davantage car j'avais compris. J'étais alors restée incroyablement silencieuse.
- Je n'ai pas parlé de ton test à la résistance. Personne à part nous ne le sait.
Il essayait de me protéger et j'aurai dû le remercier, pourtant je restais toujours aussi silencieuse, essayant d'encaisser le choc. Une personne était mort. J'avais tué quelqu'un. Il n'y avait rien à dire. Aucune justification n'était possible.
Roman alors passé presque une heure à me rassurer et à me dire que je n'y étais pour rien. Il m'avait expliqué que je ne savais pas ce que je faisais et que je ne pouvais pas deviner que mon action allait le tuer. Le dénommé Ethan avait tenté de résister lorsque j'étais entrée dans sa tête mais j'avais lutté et j'y étais parvenue. C'était pour ça qu'il était mort. Forcer l'esprit d'une personne de manière trop profonde avait entrainé son décès et tout cela était de ma faute.J'avais fini par m'allonger dans mon lit toujours sans prononcer un mot, les yeux fixés droit devant moi. J'avais l'impression de me trouver dans un état second où je n'avais plus aucun contact avec la réalité. Au bout d'un moment j'avais senti mon ami s'allonger à côté de moi, probablement car il avait peur de me laisser seule dans cet état. Puis mes yeux s'étaient alors fermés et j'avais de nouveau sombré dans un sommeil.
_______
Fin du chapitre
Me tapez pas svp !! Je sais que je suis TRES en retard ! Je m'en excuse mais ces deux dernières semaines je n'ai vraiment pas eu le temps :/
A part ça je n'ai pas grand chose à dire. Certains avaient devinés que le code était une adresse GPS alors bravo ! D'autres s'étaient doutés que le cobaye n'était pas volontaire et qu'il allait mourir et malheureusement c'est bien le cas.
La formation des Bravo a enfin commencé et je vous ai expliqué un peu ceux qu'étaient leurs dons ainsi que les conséquences que cela peut avoir.
N'hésitez pas à commenter et à mettre une étoile !
A très vite pour le prochain chapitre :) !!
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