Chapitre 8.

Une semaine s'est déjà écoulée depuis l'incident. Une semaine pendant laquelle je n'ai pas revu Damien, donc je n'ai pas eu l'occasion de lui dire ma façon de penser. Il est cinq heures du matin, et je compte bien lui parler avant qu'il ne décide de décamper pour m'éviter. Je me lève et à proximité de sa porte de chambre, je tends l'oreille. Il est occupé de ronfler paisiblement. Parfait. J'appuie en douceur sur la poignée pour éviter un maximum de bruit et entre à pas de loup. Il me faut quelques secondes pour m'habituer à l'obscurité de la chambre et lorsque je le repère, il est en étoile sur toute la surface du lit ! J'en profite quelques instants pour l'étudier. Il est incroyablement mignon lorsqu'il dort... Et j'ai une vue imprenable sur ses pectoraux et abdominaux qui m'ont l'air d'être travaillé tous les jours. Aussitôt je l'imagine faire divers exercices de musculation et une bouffé de chaleur me prend. Emilie, ça suffit on se reprend ! Je chasse ces pensées de mon esprit et le surprend en train de me regarder, les yeux grands ouverts. Merde. Prise en flagrant délit.

— Emilie ? Il y a un problème ? demande-t-il, inquiet.

Quelle idiote ! Je ne me suis même pas rendue compte de son réveil, trop occupée à avoir des images de lui en train de travailler son corps plus que bien taillé... Argh, et voilà que je recommence !

— Non, non... Enfin si. Si, il y a un problème dont je voulais te parler depuis longtemps, mais tu fais tout pour m'éviter ces temps-ci.

— Je ne t'évite pas, il y a un problème au Conseil des Alphas et je dois...

— Arrête avec ce mensonge, j'ai demandé à mon père et il m'a assuré qu'il n'y avait aucun problème ! je le coupe, hargneuse. Alors maintenant, tu vas écouter ce que j'ai à te dire. Je trouve ignoble ce que tu as fait pour ce pauvre loup. Il ne méritait pas d'être tué ! Il ignorait qui j'étais, il voulait simplement défendre le territoire de son Alpha et toi tu l'as puni en lui ôtant la vie ! Il n'a même pas eu droit à des funérailles, sa famille n'avait pas le droit de montrer la tristesse qu'elle ressentait. C'est injuste ! C'est ainsi que tu traites les membres de ta meute ? En punissant le moindre écart par la mort ?

Je reprends mon souffle pour tenter de calmer ma colère. Damien me regarde, ahuri. Soudain, il se met à rire.

— Ha ha ha ! Tu penses que je suis ce genre d'Alpha ? Certes je ne veux pas que les membres de la meute parlent des morts, mais ils ont droit à des funérailles bien plus que convenables ! Je vais te montrer, suis-moi.

Il sort du lit quand je sens mes joues s'empourprer de façon inhabituelle, je détourne le regard mais le mal est fait. J'ai malencontreusement fait la connaissance de son sexe. Je sors au plus vite de la chambre pour le laisser s'habiller et pour calmer les rougeurs qui refusent de quitter mes joues. Pourquoi diable est-il aussi bien fait ? Je pars enfiler un jogging, étant donné l'heure matinale il ne risque pas d'y avoir grand monde dehors, si ce n'est les loups chargés de surveiller le territoire. J'ai tout juste le temps de m'habiller lorsqu'il entre dans ma chambre pour voir si j'étais prête.

— Eh ! On ne t'a jamais appris de frapper avant d'entrer ? Imagine si j'étais nue !

— Je t'ai déjà vu nue je te rappelle, me dit Damien. Tu es prête ?

— Ce n'est pas une raison, je lui réponds gênée. Oui, allons-y.

J'ai presque oublié cet incident. Nous quittons la maison et nous dirigeons vers le garage, situé derrière la maison. Damien me demande de l'attendre le temps qu'il sorte la voiture, quelques minutes plus tard je le vois sortir avec un pick-up. Je monte sur le siège passager et il conduit environ plus d'une demie heure avant de s'arrêter près d'un sentier reculé de la forêt. Nous descendons et après une petite marche, nous tombons sur un cimetière où une vingtaine de pierres tombales sont dressées.

— Voilà où mes loups reposent, me dit Damien, la voix grave. La famille peut venir se recueillir quand elle le souhaite pour pleurer le défunt, ainsi que les amis. Je refuse qu'ils parlent des morts au sein de la meute car c'est une période de grande souffrance où chacun souhaite rester seul, le temps de faire son deuil. J'ai donc instauré cette règle. Je n'interdis rien à mes loups Emilie, c'est ma façon de les protéger.

J'ai honte. Je me suis emballée, et j'ai jugé trop vite.

— Cela dit, tu n'as pas tord sur un point, Pierre ne méritait pas la mort. Je ne pensais pas l'avoir envoyé aussi violemment contre l'arbre... C'est pour ça que je me suis isolé. J'avais honte. En allant m'expliquer avec sa famille, j'ai su que ses parents l'avaient renié. Il avait tenté d'abuser d'une louve solitaire pendant une partie de chasse, et son père l'a surpris. Pour eux, il mérite ce qui est arrivé. Apparemment, il était réputé pour être violent avec les autres.

Nous avons marché pendant notre discussion, et le hasard a fait que nous nous sommes arrêtés devant sa tombe. Pierre était âgé de vingt ans. Malgré ses actes, je ressens un léger pincement au cœur à l'idée que sa vie se soit terminée aussi rapidement. Il n'a pas eu l'occasion de se racheter et de réparer ses erreurs.

— Je suis désolée Damien, j'ai jugé sans savoir. Je te dois des excuses.

— À ta place, j'aurais agi de la même façon, tu n'as pas à t'en faire pour ça. Je ne t'ai pas expliqué comment la meute fonctionne, alors il est normal que tu aies fait tes propres conclusions.

Je suis agréablement surprise par sa maturité. Je suis rassurée qu'il soit capable d'agir de cette façon, de faire la part des choses et même si les actions de ce loup n'étaient pas louables, il a eu droit à un enterrement.

— Rentrons maintenant, je vais te présenter officiellement à la meute. Mais tout d'abord, j'ai une surprise qui t'attend.

Avant que je n'ai le temps de réagir, il part en direction de la voiture et démarre le moteur. D'accord, il semble que ça ne peut pas attendre. Nous approchons de l'entrée et j'aperçois sur le perron plusieurs valises qui me paraissent bien remplies à première vue. Je sens une odeur familière et souri.

— Papa ! Maman !

Les deux loups sortent de la maison et me prennent dans leurs bras. Qu'est-ce que je suis heureuse de les revoir ! Damien regarde la scène, quelques mètres plus loin et sourit en nous observant. Je le remercie silencieusement et profite de ma famille.

— Mais qu'est-ce que vous faîtes ici ? je leur demande.

— Tu nous manquais tellement qu'on a décidé de prendre quelques jours de vacances ta mère et moi. Et puis, on ne pouvait pas refuser l'invitation de ce cher Alpha, me glisse-t-il à l'oreille.

Je suis reconnaissante envers Damien d'avoir fait venir mes parents. Bien que ça ne fait qu'une semaine que je suis partie, ils commençaient à terriblement me manquer. Leur présence me rassure, d'autant plus qu'il souhaite me présenter officiellement à sa meute. D'ailleurs, sous quel titre va-t-il me présenter ? Comme sa potentielle future femelle Alpha ? Une invitée ? Je fais entrer mes parents dans la maison de Damien et me transforme en agent immobilier le temps de leur faire visiter toute la maison. Une partie de leurs bagages étaient déjà disposés dans une chambre d'ami, le Bêta de Damien s'est chargé de monter les autres. Nous discutons un peu tous les quatre quand Simon me prévient que les loups ont organisé une fête en mon honneur au lieu d'une simple réception. Je pars donc me préparer et sors mes plus beaux vêtements. Une magnifique petite robe noire en mousseline avec un décolleté plongeant sans pour autant être trop provocateur, qui s'arrête juste au-dessus du genou. J'enfile une paire de bottines noires à talons et me maquille légèrement. Quelques bijoux, une coiffure soignée et je suis fin prête.

Il est déjà dix-huit heures lorsque je quitte la demeure avec mes parents et Damien. Dès qu'il nous a rejoint au salon, mon cœur s'est arrêté de battre une demie seconde avant de s'emballer. Pour l'occasion il s'est apprêté d'un splendide costume bleu marine, une chemise blanche toute simple et un nœud papillon noir. Je ne serai pas étonnée que plusieurs louves de sa meute tentent de lui faire du charme ce soir. À cette idée, je ressens une sensation bien étrange.

— Madame, s'incline Damien en m'ouvrant la portière de la voiture.

— Tu es ravissante, me glisse-t-il à l'oreille.

Je sens mes joues s'enflammer à ces mots. Moi qui veux lui donner du fil à retordre, si je me mets à rougir au moindre compliment c'est mal parti !

— Taches d'être à ma hauteur, je lui réponds d'un air taquin.

Il rit et ferme délicatement la portière avant de partir s'installer à l'avant. Mes yeux brillent de mille feux en voyant le lieu de réception. La fête se déroule à l'extérieur, sous un immense chapiteau. Pleins de décorations sont installées tout autour, ainsi qu'à l'intérieur. De magnifiques bouquets sont mis au centre de toutes les tables, ce qui donne rend l'air très pur et parfumé, les couverts en argent brillent de mille feux et tous les habitants présents se sont mis sur leur trente et un, autant les plus âgés que les plus jeunes.

— C'est splendide, lâche ma mère, ébahie.

Même mon père qui ne fait pas très attention à la déco observe les lieux. Il y a un immense buffet qui longe les côtés du chapiteau, les enfants chahutent et jouent tous ensembles, certains adolescents s'observent discrètement les uns les autres, les mâles font des sourires charmeurs aux femelles qui n'y sont pas toutes réceptives, au plus grand malheur de certains. Il y a une musique de fond très agréable aux oreilles qui donne une petite ambiance cosy à la réception. L'ambiance est plus proche de celle d'un mariage, plutôt que d'une réception officielle, et ça me met beaucoup plus à l'aise.

— Suivez-moi, je vais vous présenter un peu à tout le monde.

Nous suivons docilement Damien et saluons les membres de la meute, un à un. Je reconnais le vieux couple que j'avais interrogé à propos de Pierre, ils me saluent chaleureusement. Nous bavardons avec eux quelques minutes et slalomons entre les enfants qui courent et les personnes qui se racontent les dernières nouvelles.

— Quelle splendide réception, n'est-ce pas ? Tout aussi splendide que vous, très chère.

Je me tourne vers l'homme qui s'est adressé à moi. Il est grand et ressemble à une montagne tant il est musclé ! Une coupe à la militaire, des yeux marrons ordinaires et un sourire pas très attrayant. Ce type ne me plaît pas beaucoup.

— Oui c'est magnifique, je lui réponds poliment. Je n'ose imaginer tout le temps et le travail que ça a dû prendre pour faire tout ça. Merci du compliment, vous êtes très élégant vous aussi.

Et c'est vrai, il ne porte qu'un simple costume noir, avec une chemise noire et une cravate noire, mais ça le rend élégant. Cependant, je n'aime absolument pas la façon dont il me regarde, comme si je ne suis qu'un beau morceau de viande à ses yeux.

— Vous êtes seule ce soir ? me demande-t-il, aguicheur.

— Jeune homme, je vous suis au regret de vous dire que c'est la dernière fois de votre vie que vous lui parlez, intervient mon père.

Oh oh, ce type va passer un très mauvais quart d'heure. Mon père est à côté de moi, et son aura puissante m'écrase. Le gars le regarde, l'air mauvais.

— Ah oui, et pourquoi ça papy ? Tu comptes m'empêcher de parler à cette magnifique créature qui va partager mon lit ce soir ?

— Tu d'adresses à un Alpha, et cette magnifique créature comme tu dis est ma fille, alors dégages d'ici avant que je ne casse ta petite gueule de chiot devant tout le monde ! menace mon père.

Le loup hésite et nous regarde tour à tour. Il remballe sa fierté et sort du chapiteau, furieux. Je remercie mon père du regard et il met un bras sur mes épaules pour me tenir contre lui. J'ai failli oublier son instinct surprotecteur. Je me souviens que, adolescente, lorsqu'un garçon osait s'approcher ne serait-ce qu'un peu trop près de moi, mon père surgissait de nulle part et le garçon passait un très mauvais quart d'heure, ce qui explique que j'ai été célibataire jusqu'à mes dix-huit ans, âge auquel Jérémy et moi avons commencé à sortir ensemble.

— Il y a un problème ? demande Damien, inquiet. Je vous ai entendu hausser la voix et...

— Tu devrais faire attention à tes loups petit, gronde mon père. J'ai dû repousser un mec pas très clair qui faisait du rentre dedans à Emilie.

Surpris, Damien reste immobile quelques secondes et tout son corps se met à trembler. Instinctivement, nous nous reculons tous de plusieurs mètres tandis que le magnifique costume de Damien se retrouve en lambeaux et qu'un gigantesque loup noir le remplace. Il hume l'air et quitte le chapiteau en un éclair. J'échange un regard avec mon père et nous partons à sa poursuite, tout en gardant nos vêtements. L'air est lourd, je peux ressentir la colère de Damien à travers mes pores. Pourvu qu'il ne fasse aucune bêtise, sa meute ne supporterait pas la perte d'un second loup. Lorsque nous le trouvons, le type de tout à l'heure est à genoux, complètement apeuré par les crocs qui se trouvent à quelques centimètres à peine de sa tête.

— ARRETE ! je hurle à pleins poumons.

Sa grosse tête se tourne vers moi, avec des yeux surpris. Je crois n'avoir jamais été autant soulagée de toute mon existence ! Lorsqu'une transformation est enclenchée à cause d'une émotion forte, telle que la colère, il est très difficile d'attirer l'attention du loup qui prend le dessus sur l'humain. Seul un Alpha ou l'âme-sœur du loup peuvent lui faire entendre raison et le calmer. Il regarde l'homme, qui est proche de faire une crise cardiaque, et s'éloigne de lui pour me rejoindre. 

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Voici la suite que vous deviez tous attendre avec impatience... Désolée de ne pas avoir posté plus rapidement. J'espère que la suite vous a plu, et que vous attendez la prochaine ^^ 

N'hésitez pas à donner votre avis surtout, c'est très important pour moi. 

Kiss kiss mes petits loups, 

Amandine

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