Chapitre 1
Je fermais les yeux et m'enfonçais dans mon siège.
J'avais envie de me laisser aller et de tout laisser tomber. Les responsabilités, ce n'était pas mon truc, je n'en pouvais plus, elles m'étouffaient.
Je n'arrivai vraiment pas à comprendre les gens qui étaient à la tête d'une immense meute mais qui en voulaient toujours plus. Le pouvoir corrompait quel que soit son origine !
Ces derniers temps l'envie de fuir et de tout abandonner ne me quittait plus.
J'avais réellement besoin d'un exutoire finis-je par dire à haute voix.
De toute façon fuir et abandonner ma meute frôlait le non-sens.
Et puis où est-ce que j'aurais pu aller ?
J'avais déjà eu de la chance d'avoir ce territoire. Je n'allais pas non plus trop en demander.
Je finis par soupirer et laissais mon regard errer sur mon bureau jusqu'à tomber sur une photo. Un sourire vint effleurer mes lèvres, c'était l'alpha du territoire voisin qui me l'avait offerte, en gage de bonne foi. Il m'avait offert son aide et bien plus encore. Mais j'avais refusé.
Il m'avait d'ailleurs demandé pourquoi.
Je lui avais répondu qu'il devait se préserver pour son âme sœur et moi pour le mien. Un fin sourire revint effleurer mes lèvres, c'était devenu tellement simple de jouer avec les mots.
Chez les alphas le mot indépendance n'existait pas. J'aurais peut-être dû lui faire part de mon état d'âme, mais non, c'était impossible, tout ça parce que j'étais ALPHA. Toujours obligée de contrôler mes paroles, mes actes: absolument tout.
Certains diraient que je n'en faisais rien mais ils avaient totalement tort. Je me retenais énormément !
Je faisais en sorte de rentrer un tant soit peu dans le moule mais je n'y arrivais pas totalement.
Eux, qui avaient toujours vécu entourés, en meute, n'avaient jamais eu ce problème mais pensaient-ils aux loups solitaires ?
Non, bien sur que non, déjà penser à leur propre personne était suffisant. Pourquoi penser aux autres ?
Ils s'imaginent que je suis faible. Mais ils ne me connaissent pas.
Ils ne m'ont jamais vu me battre, ne connaissent pas mes alliés, ni mes partenaires. Ils ne comprennent pas qu'à chaque fois que j'ai l'impression qu'ils se sentent supérieurs à moi, une envie de les dépecer me submerge.
Maintenant que j'y repensais, je me demandais bien comment est-ce que j'avais fait pour ne pas causer d'accident malencontreux. Le contrôle sur soi probablement.
D'ailleurs, j'avais remarqué que je l'avais transmis à la meute, à travers notre lien. Désormais, quand ils se battaient ils ne montraient même plus leur aura. Un nouveau sourire plein de fierté surgit sur mon visage. Très rares sont ceux qui arrivaient à camoufler leur aura, une nouvelle singularité à inscrire dans ma meute.
Pour en revenir aux codes de la société lupine, dans les rares réunions auxquelles j'avais assisté, il y régnait une impression de supériorité à mon égard.
Après peut-être que je m'étais tout inventé, mais c'était assez dur de s'inventer des vies quand leurs auras parlaient pour eux.
J'avais eu envie de leur hurler dessus "Je suis une luna mais pourtant J'AI UNE MEUTE. "
Mais je n'y aurais rien gagné puisqu'ils n'avaient pas dit un mot sur le sujet, ils me rappelaient les politiciens humains, bourrés de non-dits et de condescendance.
Et dire que même en quittant ces réunions, je n'étais pas à l'abri de leurs petits airs hautains.
Alpha était synonyme de responsabilité, je l'avais appris à mes dépens.
Ayant la plus petite meute aux alentours c'était à moi d'aller les visiter, de faire le tour de leur meute et de subir cette condescendance puisque j'étais une LUNA et que j'avais la plus petite meute.
J'étais sûre que ces visites étaient un moyen de garder leur emprise sur nous, histoire de bien dire qui était le plus fort.
Je voudrais me défaire de cette emprise. Elle me mettait à bout et me tuait à petit feu.
Rendez moi ma liberté, finis-je par murmurer. Mais non ! J'étais pieds et poings liés, tout ça à cause de ma meute. Qu'est ce qui m'avais pris ? Pourquoi est-ce que je les avais accueilli ?
Il est vrai que la plupart étaient venus à moi parce qu'ils étaient au pied du mur et j'en étais bien consciente. J'avais été incapable de dire non.
Mais est-ce que cela voulait dire que j'étais faible ?
Enfin bon, inutile de ressasser le passé, désormais on était lié jusqu'à ma mort ou bien... Ma fuite. Le mariage n'étant vraiment pas une option envisageable.
Même si cette idée commençait à me tenter, juste pour dire à quel point j'étais à bout. Tout ça pour laisser quelqu'un d'autre donner les ordres et aller rendre visite aux autres meutes. Je ne demandais pas grand chose, qu'un peu de liberté. Finalement j'aurais peut-être dû lui dire oui.
Mais bon, lui donner ma liberté et ma meute juste pour avoir un peu de paix ? Il ne faut pas rêver non plus. Il faut se battre dans ce monde rien n'est gratuit ou presque.
Je sentis mes yeux changer de couleur et cette envie de chasse me sauta à la gorge lorsque j'entendis quelqu'un arriver, je laissais échapper un grognement, quoi encore !?
Il toqua, je fermais les yeux et me tournai vers la fenêtre quand je sentis la porte s'ouvrir.
-Princesse, je suis désolé de vous déranger mais j'ai senti que des troupes arrivaient par le nord. Il me semble qu'ils se dirigent vers notre territoire et qu'ils arriveront ce lundi...
Un silence s'installa.
-Maitresse ?
Je pris une inspiration et répondit "J'ai entendu, je te remercie."
Je rouvris les yeux dès qu'il quitta mon bureau.
Je laissais échapper un nouveau grognement.
Qu'est ce qu'il lui prenait d'entrer et de sortir comme s'il était chez lui ?
Il fallait que je lui apprenne les bonnes manières!
Bon après comment connaîtrait-il les règles qui régissaient les meutes alors que tu ne lui en avais jamais parlé ? Me susurra ma "gentille" voix intérieure.
Je réprimais un grognement.
Pourquoi est-ce que j'avais cette impression constante de ne jamais être seule dans mon esprit, toujours accompagnée d'une gentille et d'une méchante. Peut-être que je devrais en parler à des gens de la meute ?
Mais non impossible car j'étais l'Alpha, toujours forte, jamais faible et surtout pas doutant d'elle même.
Même face à sa propre meute, il ne faudrait pas qu'ils s'imaginent qu'ils peuvent me prendre ma place. Un frisson me parcourut : s'ils commençaient à avoir cette impression, les relations entre membres iront en se dégradant.
Je refermais les yeux et songeais à ce qu'il venait de me dire. Je laissais échapper un soupir et me demandais comment j'allais faire passer cette information à mes bêtas sans pour autant révéler que j'avais des amis sorciers.
J'aviserais le moment venu me dis-je en me levant.
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