Chapitre 8: Un jeu dangereux reste un jeu
~Canada~Toronto~Septembre 2024~
J'enlève rapidement mon bras de son emprise pour l'empêcher de voir plus.
Ça n'a aucun intérêt, c'est déjà trop tard.
- T'en fais pas c'est juste... je suis juste tombée et je me suis cognée l'avant bras.
Il me dévisage puis alterne son regard entre mon visage et mon bras.
Le silence qu'il garde devient malaisant.
- Je peux comprendre que tu veuilles pas m'en parler mais j'aime pas qu'on me prenne pour un imbécile.
Déglutissant, mon expression terrifiée reste figée.
- Je te prends pas pour un imbécile. J'ai juste... pas envie d'en parler, mais surtout, commence pas à te faire des idées.
Mon avertissement n'a pas vraiment de sens, nous savons tous les deux qu'il en sait désormais bien trop sur cette partie de ma vie.
- On rentre.
Mais je sais qu'il ressortira le sujet un jour ou l'autre.
Il m'attrape cette fois-ci par le bras gauche et m'emmène dans la salle principale qui est maintenant vide.
Les autres ont du commencer la partie.
Ils ne sont pas venu nous chercher.
Noa fonce en direction de la sortie, près à rentrer chez lui. Il oublie sans doute que je suis censée le ramener.
- Tu vas où là ? On peut toujours les rejoindre pour la partie.
Ses pieds freinent pour qu'il puisse me scruter avec incompréhension. Son visage dit « T'es conne ou quoi ? ».
- T'as vraiment cru que j'allais te laisser jouer alors que tu viens de faire une crise d'angoisse ?
Ça commence à me taper sur le système.
Il se prend pour mon garde du corps alors qu'on dépasse à peine la barrière d'une simple amitié.
Il me traite comme un animal blessé, ma hantise.
- Putain mais arrête de te prendre pour mon père ! Je suis pas fragile merde ! N'essaie plus de m'aider pour gratifier ton ego à la con.
Il me scrute avec stupéfaction comme si je venais de lui annoncer la mort de toute sa famille.
Je sens les regards intrigués des serveurs sur nous, leur curiosité en devient pesante.
- Pour mon ego ?! T'es sacrément culotté Lola.
Cette conversation n'a plus lieu d'être, je dois rentrer chez moi, je ne suis pas en état de me disputer.
- Tu sais quoi ? Va te faire foutre Noa.
Son visage se décompose alors que je tourne rapidement les talons et sors du bâtiment à grands pas, le laissant là, seul, au milieu de la salle vide.
J'essuie des larmes de colère qui dévalent sur ma joue avec le revers de ma manche quand Thomas apparaît dans mon champ de vision, adossé sur la paroi de l'arrêt de bus.
Qu'est ce qu'il fout encore là lui ?
- Bah alors bouffone, tu pleures ?
Il rit à sa propre blague alors que je lui lance un regard qui se veut le plus noir possible.
Adossée à la paroi près de lui, je peux constater qu'il me contemple du coin de l'œil après avoir levé le nez de son portable.
- Il est où Noa ?
- C'est ton pote, pas le mien.
Il fait quelques pas vers moi, sa cigarette dans la main. Je frissonne à l'idée qu'il s'approche plus et que la nicotine m'envahisse une nouvelle fois.
- T'es marrante toi.
- Laisse moi tranquille.
Il s'approche alors à cinq centimètres de moi pour à nouveau me souffler l'air de sa cigarette dans le visage.
Je m'éloigne à toute vitesse pour tousser à genoux sur le trottoir, les yeux brûlants pour cause sa fumée toxique.
- Bordel mais tu vas finir par me tuer !
-J'aimerais voir ça.
Je hais cette odeur.
Elle caractérise l'être que je déteste le plus sur cette terre.
- T'es vraiment un gamin ! M'exclamé-je avant de prendre place dans le bus.
Il se dépêche de rentrer à son tour pour s'assoir juste à côté de moi.
- Il y a une dizaine de places libres, pourquoi si près de moi ?
- Ça te fais chier, alors ça me plaît.
Il baisse la tête sur son téléphone pour texter à une personne dont je n'arrive pas à percevoir le prénom.
- C'est qui cette fille ?
J'ai dis que c'était une fille au hasard mais d'après sa réaction de surprise, j'ai raison.
- Jalouse ?
C'est vrai que d'après ma réaction soudaine, ça peut laisser place aux soupçons.
- Simplement curieuse.
Mon corps s'adosse sur le siège quand je repense aux paroles que j'ai balancé à Noa.
Je regrette déjà mon impulsivité qui m'a poussé à être aussi ingrate.
Je réouvre finalement les yeux, laissant couler cet événement du passé pour lequel je ne peux plus y changer quoi que ce soit.
Mon regard croise celui d'un homme de la quarantaine.
Il a l'air d'un détraqué, sa barbe est aussi sale que ses cheveux décoiffés.
Ses traits du visages sont durs mais vu comment il vacille sur son siège, il doit avoir bu.
Ses yeux ne me lâchent pas et descendent tout le long de mon corps en s'arrêtant par moment.
Cela me met hyper mal à l'aise et même si j'essaie de détourner le regard, mes yeux se posent sans cesse sur lui pour vérifier s'il m'observe encore.
Je ne me sens absolument pas en sécurité.
J'aimerais disparaître.
- Thomas...
- Quoi ?
Il ne lève même pas la tête de son portable.
- Y'a un gars bizarre qui... qui arrête pas de me fixer depuis tout à l'heure.
- Rien à foutre.
Super.
Ma lèvre tremble, il me fixe toujours mais cette fois je sens encore plus de mal-être dans ses iris.
Tous mes sens se mettent en alerte quand il s'agrippe à la rambarde et se lève lentement sans me lâcher du regard.
J'attrape le bras de Thomas dans la peur qu'il s'approche plus de nous.
- Putain Thomas, sérieux.
- Lâche moi !
- Thomas je rigole pas là.
Il souffle puis soulève finalement sa tête en direction de l'homme étrange qui fait quelques pas dans notre direction.
- Merde. Il souffle, constatant que je ne blaguais pas.
- J-je fais quoi ? Je l'interroge sans lâcher du regard le quarantenaire.
- Pose ta tête sur moi.
- Hein ?
- Fais ce que j'te dis !
Mon corps est tétanisé mais je m'exécute et pose ma tête sur son épaule, assez réticente.
Il lève doucement la main et la pose sur mon crâne avant de caresser mes cheveux d'un mouvement lent.
- J'ai l'air d'un caniche, c'est ridicule.
- Boucle la.
Mes joues chauffent au contact de sa paume sur moi.
L'homme est maintenant assez près de nous pour que son odeur nauséabonde envahisse l'air.
- Eh ma jolie.
Sa voix est cassée mais ce qui me dégoûte le plus c'est sa manière de scruter mon corps du moindre détail.
- C'est ma copine connard, casse un tour.
J'espérais que ça pourrait l'éloigner mais il pose sa main sur ma cuisse et la serre tout en s'humidifiant les lèvres.
Une envie de vomir me prend directement aux tripes.
Mon cœur se serre, des mauvais souvenirs refont surface.
- Viens t'asseoir avec moi beauté.
L'autre bras de Thomas se lève brusquement pour attraper sa main posée sur ma cuisse.
Il la retire violemment puis se lève pour le plaquer sur la porte du bus.
Ses traits s'accentuent, dans cette posture il pourrait faire du mal à n'importe qui. Il m'effraie.
La mâchoire de l'homme entre ses mains, il lui murmure au visage:
- La prochaine fois que tu poses une main sur elle ou même que tu la regardes, j'te broie les os un par un.
Le quarantenaire a l'air effrayé par la version de Thomas qui s'affiche devant moi et lève les mains en signe de paix.
Les portes s'ouvrent alors il en profite pour le pousser hors du bus.
- Va crever sale con !
Assit par terre, l'inconnu insulte Thomas de tous les noms pendant que le bus redémarre.
Je n'ai pas bougé durant le spectacle qui vient de se dresser face à moi.
Aucun des passagers n'a protesté non plus.
Il reprend ses esprits et se rassoit comme si de rien était.
- Ta copine hein ?
- C'était juste pour l'éloigner, te fais pas d'idées.
- Moi ? Me faire des idées ? Avec toi ?
J'éclate d'un rire jaune que je ne cache pas.
- Tu finiras par me désirer, comme toutes les autres. Ça prendra le temps qu'il faudra.
J'hausse un sourcil interrogateur.
J'ai presque envie d'en rire encore, il est d'un égocentrisme pas croyable.
- En attendant c'est toi qui menace les hommes qui posent les yeux sur moi et qui me porte quand je ne peux plus marcher. Je me demande qui désire qui.
Thomas range son téléphone dans sa poche arrière pour me faire face.
Ses yeux gris scrutent mon visage avec attention, il semble vouloir me déstabiliser.
- J'ai simplement eu pitié de toi. Mais si tu y tiens, on peut jouer à un jeu. Le premier qui succombe à l'autre a perdu.
Un sourire s'affiche sur mon visage alors que ça ne devrait pas être le cas.
- J'ai hâte de te voir ramper à mes pieds. Je murmure dans le creux de son oreille.
Il se moque délibérément de moi après avoir passé ses doigts dans ses cheveux.
J'ai l'impression qu'il n'y a plus aucun bruit autour de nous, seulement nos deux visages beaucoup trop proches.
Ses yeux descendent jusque mes lèvres avant de s'y arrêter pendant un temps qui me paraît bien trop long.
- Qu'est ce que tu regardes ?
- Mes yeux ont glissé.
- Qui est-ce que tu essaies de convaincre ?
Il ouvre la bouche pour riposter mais je me retourne subitement et descend du bus à mon arrêt sans lui adresser un dernier regard.
{ La suite dans le prochain chapitre ✨}
( Encore un chapitre très cours, sorry )
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top