Chapitre 32: Remake

Je déteste m'amuser.

Mes poignets ainsi que mes chevilles sont ligotés depuis une éternité maintenant.

Mais ce n'est rien comparé à la chaîne invisible qui a pris possession de mon cœur pour l'emprisonner dans ma cage thoracique.

L'odeur qui plane dans la pièce me donne la nausée, je pourrais vomir si je n'avais pas ce scotch épais collé à mes lèvres.

Mes yeux sont bandés d'un tissu noir, je n'ai donc aucune idée de là où je me trouve mais les bruits de la fête ne sont plus qu'un simple écho lointain, l'homme m'a trimbalé plus loin que je ne l'aurais imaginé.

Il a d'ailleurs disparu depuis bien quinze minutes, je vais peut-être devenir folle à force de rester attachée.

J'essaie de me lever à plusieurs reprises mais mes efforts sont vains.

Des pas lourds m'indiquent que le vieillard est revenu, je ne sais pas si je dois m'extasier ou pleurer.

- Alors ma jolie, ses gros doigts viennent se poser sur mes joues, tu sais ce qui t'attend ?

À quoi bon me poser des questions s'ii sait pertinemment que je ne pourrais pas y répondre ?

Il déroule le bandeau de mes paupières que j'ouvre enfin pour visualiser le décors.

Tout est noir, il n'y a pratiquement aucun meuble et la seule source de lumière est la rangée de bougie posée derrière la silhouette imposante du mec.

- Mme. Park m'a chargé de te tuer une bonne fois pour toute.

Ce n'est pas mon cœur mais tout mon corps qui fait un bon sur lui même à la seconde où il achève sa phrase.

Une nouvelle fois je suis en danger de mort à cause de cette folle.

-Mais avant, elle m'a précisé que je pouvais faire ce que je voulais de toi.

En d'autres termes, « je vais te violer, sois prête ».

Qu'espérer de plus ?

J'ai beau penser que ça va passer vite, que je l'ai déjà vécu plusieurs fois avec Brad, mes yeux s'humidifient plus vite que je ne l'aurais voulu et une larme dévale déjà sur ma joue recouverte de maquillage.

Je renifle à multiples reprises en attendant mon sort.

- Ça va bien se passer, ne t'inquiète pas ma Lola.

Le surnom qu'il a utilisé envers moi me donne subitement un gigantesque haut le coeur.

Je n'ose pas le regarder dans les yeux tant il me répugne.

C'est probablement mes derniers instants, les passer avec cet homme me donne envie de me suicider sur le champ.

Il commence à me détacher les mains pour avoir accès à mes vêtements lorsque la porte s'ouvre lentement.

- Alex, t'es là ?

C'est une voix féminine, mais étonnamment ce n'est pas celle de Malicia.

Elle appuie sur l'interrupteur pour y voir plus clair et son visage est finalement perceptible.

Elle est tétanisée, mais jamais plus que moi actuellement.

Comment aurais-je pu deviner que ma meilleure amie était elle aussi impliquée dans ce plan ?

Josie se trouve face à moi, immobile, elle m'observe avec attention me faire déshabiller par un inconnu.

Elle a changé.

Ses cheveux blonds ont été teint en rouge bordeaux, ça enlève son côté angélique.

Ses yeux sont maquillés grossièrement et un énorme trait noir est tracé dans sa muqueuse inférieure.

Ses lèvres gonflées ont du rouge à lèvre étalé de partout comme si elle venait d'embrasser quelqu'un à pleine bouche.

- Salut...

Mon regard est vide, mon âme s'est extrait de celui-ci pour s'effondrer à mes pieds.

Je n'ai aucune idée de si j'ai l'envie de comprendre ce qu'elle fout ici ou non.

Je suis maintenant en soutien gorge et l'homme devant mes yeux a un rictus pervers qui se dessine sur ses lèvres gercées.

J'aimerais m'évaporer pour ne plus avoir à supporter son toucher sur ma peau.

- Josie qu'est ce que t'es venue foutre ici ? Retourne à la soirée avant que Mme.Park ne s'énerve.

- Je venais vérifier où t'étais. Elle lui répond à voix si basse qu'on pourrait croire que la honte a finalement pris possession d'elle.

Je retire de moi même le scotch d'un coup sec.

- C'est donc ça que tu faisais pendant que je m'inquiétais pour toi. J'annonce finalement après avoir pris deux profondes inspirations.

- Tu ne sais rien de ce que je faisais et de où j'étais. Ne t'imagine pas n'importe qu-

- Ce que je sais, je la coupe immédiatement, c'est que tu es probablement impliquée dans ce qui va m'arriver dans l'heure qui suit.

Sa main qui est encore posée sur la poignée se met à trembler légèrement.

Elle a essayé de changer son apparence et j'applaudis ses efforts pour se créer une image de femme déterminée qui n'a peur de rien mais la vraie Josie fragile et apeurée est toujours là au fond.

Mes jambes ont été dénoués pour qu'il puisse faire glisser ma robe jusqu'en bat, des frissons font hérisser mes poils.

- Eh bien, tu n'as pas non plus pris de nouvelles de moi durant mon absence. Je suppose que tu ne t'inquiétais pas plus que ça.

- Quel rapport ? Un homme de la soixantaine est sur le point d'utiliser mon corps pour se vider avant de me tuer. Je pense qu'il y a une différence entre ça, et le simple fait de ne pas prendre de tes nouvelles.

- Petite salope, j'ai seulement quarante-sept ans !

Le mec me gifle sèchement à la volée, mécontent que je lui ai rajouté une quinzaine d'années.

Je me mords les lèvres pour garder mon sang froid mais c'est difficile étant déjà à moitié dénudé.

- Tu fais encore ta victime, c'est vraiment chiant.

Elle accompagne cette réplique d'un roulement des yeux très long.

- C'est Malicia ?

- De quoi tu parles ?

- C'est Malicia qui t'as demandé de participer à son plan n'est ce pas ?

Elle se met soudainement à applaudir avec un sourire maléfique.

Le même sourire que l'autre sorcière, elles ont l'air si similaires maintenant.

- Bravo Lola, tu es si intelligente ! Malicia m'a gentiment appelé en me demandant de pourrir ton existence et j'ai accepté.

J'aimerais dire que ça ne m'étonne pas mais ce serait mentir parce qu'en fait si, ça me choque tellement qu'une nouvelle larme coule de mes yeux et je secoue la tête comme pour me persuader que tout ça n'est que le fruit de mon imagination.

- Tu t'imagines bien que je n'allais pas refuser cinq cent mille dollars.

J'en écarquille les yeux, l'homme fait de même et se retourne, stupéfait.

- T'es sérieuse ?! Pourquoi moi j'ai beaucoup moins alors que je me charge de tout ?!

Josie lève les épaules avec un air innocent, ça en sort du pathétique.

- Je peux au moins savoir une chose ?

- Dis moi ?

- Quand est-ce que tu as commencé à travailler pour elle ?

- La veille du jour où les toilettes ont brûlé.

Une vague me submerge de l'intérieur, je pourrais vomir mais je me retiens.

Je sers les dents de toutes mes forces pour ne pas crier histoire d'évacuer ce qui consume mon être.

Le jour où elle a embrassé Noa, c'était prévu, c'est Malicia qui lui a demandé de faire ça.

Son père n'a aucun problème, il n'est absolument pas au bord de la mort, elle lui a raconté n'importe quoi pour lui sauter dessus au moment où je rentrais avec Thomas.

Ou bien peut-être que... peut-être que Noa aussi est inclu dans le plan ?

Non, non impossible...

- Au fait, j'ai embrassé Johnson à l'instant. Je pense qu'on devrait se remettre ensemble, tu trouves pas ?

La garce.

Je ne trouve pas quoi riposter à ces provocations, j'avale ma salive lentement en attendant que ça se termine.

- Bien, si tu n'as pas d'autres questions...

- Tu vas vraiment me laisser là ?

Pour toute réponse, Josie disparaît derrière la porte après m'avoir lâché un dernier regard de pitié.

- Non pitié... s'il vous plaît je...

- Tais toi ou je recolle ce scotch sur ta putain de bouche de suceuse.

Je pâlis plus encore que jamais, chaque particule de mon corps tremble.

Je suis toujours en sous-vêtements mais mon sort arrive bien plus vite que je ne l'espère.

J'ai la sensation que chaque fois qu'il pose une main sur moi, cela laisse une empreinte indélébile sur mon épiderme.

- T'as des bleus de partout, c'est vraiment dégueulasse.

Merci, j'étais pas au courant.

Je me retiens de laisser échapper un sanglot et me mords les gencives à la place.

J'hésite à lui donner un coup de pieds dans les couilles, avec espoir il aura peut-être trop mal pour s'en servir aujourd'hui.

Je me ravise lorsque je me souviens qu'il a littéralement ma vie entre ses mains.

Ses mains passent sous mes aisselles et me soulèvent avec tant de simplicité qu'on pourrait croire que je pèse dix kilos.

Une balle.

Une balle a percuté la porte et l'a transpercé avant d'atterrir dans le mur juste derrière moi.

Est ce que quelqu'un nous fait un remake de l'attentat lors du concert ?

- C'était quoi cette merde ?

- Quelqu'un a tiré. Je me permets de déclarer dans un souffle.

Je me demande ce qu'il se passe dans la tente.

Une deuxième balle transperce la porte et vient percuter la chaise sur laquelle j'étais assise il y'a encore deux minutes.

Cette fois si, Alex s'agite et se précipite vers son portable.

- Allô... Quelqu'un sait ce qu'il se passe ?... Quoi ?!...Vous avez prévenu Mme.Park ?... Bien... il raccroche et s'adresse à moi, on doit rapidement sortir d'ici.

- Je peux au moins m'habiller ?

- Non ! Dépêche toi !

Il est hors de question que je sors en petite culotte avec ma peau à la vue de tous devant la ville entière.

J'attrape un long châle qui doit appartenir à Malicia et l'enroule autour de moi comme une robe de chambre.

Alex me tire le bras avec une puissance que je n'aurais jamais imaginé.

Mes tempes me font terriblement souffrir et ma tête est en feu, je crois même voir flou.

Mon ouïe est probablement mon seul sens actif puisque j'entends parfaitement les coups de feux qui continuent de se faire entendre en continue.

Pourquoi toutes les soirées auxquelles j'assiste doivent toujours tourner au désastre ?

Une tête rousse se cache derrière un mur, je suis d'abord persuadée qu'il s'agit de Josie mais c'est finalement le visage de Clémence qui surgit face à nous.

Elle a une arme à la main, des larmes séchées sur le visage avec son mascara qui bave et le visage pétrifié.

C'est donc ça le multiverse ?

- Alors c'est toi la sale conne qui tire depuis toute à l'heure ?!

Clémence fond en larmes avant de lâcher le pistolet qui tombe à nos pieds.

Alex s'empresse de le ramasser et le positionne sur la tempe de celle-ci qui continue de pleurer à chaudes larmes.

- Non s'il vous plaît !

- C'est quoi ce bordel ?! Qu'est ce que tu foutais avec ça gamine ?

- C'est pas moi je vous le jure ! Elle s'égosille en écartant les mèches de son visage.

Est ce que Clémence est impliquée dans toute cette merde ?

Sacha et les autres aussi ?

Peut-être même que Waterfalls tout entier est complice de Malicia en fin de compte.

- Qui t'as envoyé ?

Son emprise sur mon avant-bras me fait davantage souffrir maintenant qu'il est hors de lui.

Ses lèvres tremblent mais ne formulent aucune réponse, ce qui déplaît énormément Alex qui positionne son doigt sur le guichet de l'arme à feux.

Soudainement, sa main me lâche et tout son corps est emporté en arrière par un autre homme qui l'égorge avec son bras musclé.

- Salut toi.

Celui qui vient probablement de sauver la vie de Clémence a son visage dissimulé par une cagoule noir qui ne laisse percevoir que ses yeux.

- Les filles, allez vous cachez dans les toilettes le temps qu'on arrange ça.

-Mais t'es qui ? On va pas suivre les ordres d'un inconnu.

J'effectue tout de même un pas de sécurité en arrière au cas où je l'aurais mis en colère.

Il soulève donc légèrement sa cagoule d'une seule main avant d'avouer.

- C'est Ethan beauté, maintenant va te cacher s'il te plaît.

Je souffle un « Hein » à peine perceptible par les autres avant de m'enfuir vers les W-C quand Alex commence à se débattre.

Je savais qu'Ethan était ici avec toute sa bande pour dealer mais qu'est ce qu'il fout avec une cagoule en train de kidnapper les alliés de Malicia ?

Nous arrivons dans une cabine dans laquelle on s'enferme à toute vitesse.

- Ça va ?

- Ça pourrait aller mieux. Je plaisante doucement dans le but de détendre l'atmosphère.

Elle attache ses cheveux longs en une queue de cheval haute et essuies ses yeux à l'aide d'un bout de papier toilette.

- Je ne pensais pas que tu serais celle qui viendrait me sauver.

- Je suis vraiment désolée Lola. Pour tout, quand je t'ai abandonné puis fais la misère je... je voulais seulement me faire une place parmi le clan de Sacha et j'avais aucune idée du mal qu'on te causait.

Je l'écoute attentivement citer toutes les misères qu'elle m'a fait avec Sacha et les autres.

Elle regrette, et c'est du passé, mais je ne pourrais jamais l'oublier même si j'essaie de toutes mes forces, ça restera gravé quelque part.

Mais elle m'a sauvé d'une mort certaine, je peux bien accepter ses excuses.

- C'est bon, je comprends. Tu voulais juste être populaire au fond.

- Ouais...

Nous crions au même moment quand une autre balle surgit dans notre cabine et vient s'enfoncer dans le mur à quelques centimètres de moi.

On se tient les mains si fort qu'elles blanchissent.

- Il y a quelqu'un ?

Clémence place rapidement un doigt sur ma bouche comme si j'étais une grosse débile qui allait crier.

Je ferme les yeux en priant pour que ce ne soit pas Alex qui a réussit à se débarrasser d'Ethan.

- Allô la terre ?

Je ne sais pas si je dois répondre, et si c'était quelqu'un venu pour nous mettre en sécurité ?

- Enola !

- Oh putain, c'est Marcus. Je lui chuchote.

- Qu'est ce que t'en sais ?

- Il n'y a que lui qui m'appelle par mon deuxième prénom.

- D'accord, je te fais confiance.

Son visage n'a pas l'air d'affirmer ce qu'elle dit mais elle ouvre tout de même la porte très lentement.

- Marc-

Elle tire.

Ce n'était pas Marcus, mais Josie.

Heureusement, ses compétences en matière de tir sont très mauvaises, la balle arrive donc dans la cuvette.

Elle savait qu'en m'appelant comme ça, je serais persuadée qu'il s'agirait de Marcus, elle est maligne.

- Salut les filles.

Son rire n'a jamais été autant effrayant qu'à l'instant, il résonne dans l'entièreté des toilettes.

Mon cœur ne bat plus.

Noa, il est là, il se trouve juste derrière elle et ne bouge pas d'un centimètre.

Elle sent une présence et se retourne, son arme pointé droit devant elle.

- Josie... pose ce flingue s'il te plaît.

- Ah Noa... dans tes rêves !

Son doigt appuie sur le guichet et cette fois, elle ne loupe pas.

La balle vient s'enfoncer dans la poitrine de Noa a une vitesse fulgurante.

Ma vision est si floutée que je n'ai pas bien vu la scène.

Le temps a arrêté d'avancer et le monde de bouger.

- NOA ! Je m'écrie comme je n'ai jamais crié dans ma vie.

J'accours vers lui en pleurnichant telle une enfant.

Il s'est écroulé sur le sol et du sang git de son torse.

Il cligne doucement des yeux, sa bouche est ouverte mais il ne prononce pas un seul mot.

- Reste avec moi. Reste avec moi Noa je t'en supplie.

J'essuie mes yeux bouffis d'un geste furtif mais ça ne sert à rien puisque je continue de déverser mes larmes sur lui.

Clémence me rejoint et s'agenouille près de moi, ses mains posées sur la blessure profonde.

- Bon, je n'ai pas eu l'ordre de vous tirez dessus donc sur ce...

Je ne regarde même pas Josie nous saluer, j'aurais préféré qu'elle me tire dessus à la place.

Je n'arrive pas à savoir si c'est un simple rêve ou si Noa est réellement au bord de la mort.

- Réveille toi !

Je le secoue de toutes mes forces mais désormais, ses paupières ne s'ouvrent même plus.

Josie vient à peine de disparaître et c'est Ethan qui refait son entrée cette fois.

- Qu'est ce qu'il s'est passé ?!

- C'est Noa ! Braille Clémence à ma place.

Il se jette au sol pour analyser la situation et l'état dans lequel il se trouve.

- Merde, merde, merde. Elle a vraiment bien visé. J'appelle une ambulance. Rejoignez les autres, ils vont vous mettre en sécurité.

Clémence se lève et suit rapidement ses ordres mais pour moi il est hors de question que je lâche Noa de l'œil ne serait-ce qu'une milliseconde.

Je m'écroule à ses côtés, mes mains recouvrant mon visage honteux.

C'est ma faute.

Si Noa n'était pas venu me chercher il n'en serait pas là.

- Allez beauté, je te jure qu'il va s'en sortir mais là faut vraiment qu'on évacue.

Mon cœur ne m'a jamais fait autant souffrir, c'est insupportable, j'aimerais me l'arracher pour ne plus ressentir cette douleur.

- J'ai peur. C'est tout ce que j'arrive à articuler.

- Je sais, les autres ne devraient pas tarder.

Il a l'air si posé pour une situation comme celle dans laquelle on se trouve.

- Ah ! Vous êtes là !

Marcus, le vrai, est finalement arrivé accompagné de tout son groupe.

Johnson bouscule tous ses amis avec force pour passer rapidement à l'avant.

Il croise mon regard dépité, puis le corps de Noa puis à nouveau moi.

- Oh le bordel !

Il se penche à toute vitesse pour inspecter son meilleur ami qui respire extrêmement difficilement.

- Mec ! Mec, ouvre les yeux s'il te plaît !

- Est-ce qu'il... est-ce qu'il est mort ?

- Non, ce bâtard a pas intérêt à crever.

Il le secoue de toutes ses forces mais ça ne change rien, il n'ouvre pas un œil.

- J'ai appelé une ambulance, elle devrait vite arriver. Nous informe le latino dont je ne connais plus le nom.

Ethan se lève avec Noa dans les bras, je le regarde partir avec son corps tandis que je suis incapable de bouger un seul de mes membres.

- J'peux porter Enola ? S'extasie Marcus les bras en l'air pour montrer ses biceps.

- Non tire toi de là abruti, je m'en occupe.

Il me détaille de haut en bas avant de me toucher, j'ai sûrement l'air d'une alcoolique après une soirée chaotique.

- Retire cette merde.

Il tire sur le châle noir mais je m'accroche au tissus avec mes ongles.

- Non ! Je... je suis en sous vêtements en dessous.

- Qu'est ce qu'on s'en branle Davis, je t'ai déjà vu à poil. Retire ce truc qui appartient à cette coréenne de mes couilles.

Il me dévisage durement, j'ai l'impression qu'il est encore énervé à cause de la dispute et ça m'horrifie.

Je me demande ce qu'il se dit à cet instant, en me voyant, pathétique comme je suis.

- Les autres verrons mes bleus. Je finis par murmurer pour le dissuader.

- Tu leur diras que t'es tombée dans les escaliers, comme t'as l'habitude de faire.

Sur ce, il arrache le seul tissus qui me couvrait et le jette derrière lui pour mieux me soulever à l'aide de ses bras.

Je couvre ma poitrine mais ça ne change rien au fait que je me sente complètement nue.

- Allez les gars, on se casse.

- Putain c'est pas juste, c'est toujours toi qui soulève les plus belles nanas.

- Active toi imbécile !

Ils se mettent donc tous à cavaler, mise à part moi qui sanglote dans les bras de Johnson comme une idiote.

Il fait noir, je me demande comment font-ils pour se repérer.

Les rires, les bruits des verres qui s'entrechoquent et la musique refait surface, on ne doit plus être bien loin.

Mes pieds frôlent et cognent quelques tables lorsque nous arrivons enfin à la tente où se déroule la soirée.

Soirée qui a d'ailleurs l'air de bien se passer contrairement au chaos qui a eu lieu derrière.

On emprunte un petit raccourci caché histoire de ne pas se retrouver devant toute la foule qui s'amuse.

Ma respiration reprend une allure à peu près normal mais ce n'est pas le cas des battements de mon cœur qui accélèrent.

- Il va s'en sortir Davis, je te le promets.

Même si c'était dans le but de me rassurer, ça fait l'effet inverse.

L'air frais rentre enfin dans mes narines, le dehors m'avait terriblement manqué au point où je ne sens même pas le froid qui congèle ma peau.

Johnson me dépose délicatement sur un muret en pierre et Marcus pose Noa près de moi.

- Il respire encore... enfin je crois.

Je place un doigt sous son nez pour vérifier de moi même et suis rassurée de sentir un petit courant d'air s'en échapper.

Il ne reste plus qu'à attendre l'ambulance à présent.

Eliott, le blond, retire sa grosse doudoune pour me la donner.

- Merci. Je murmure, complètement gelée.

Je pousse un soupir lorsque la chaleur prend peu à peu possession de moi.

- Tout le monde est là ?

Johnson tourne sur lui même pour vérifier et s'assurer qu'on a perdu personne sur le chemin.

- Ok parfait. J'ai vu Clémence rejoindre ses amis dans la tente. Normalement tout va bien. Ceux qui veulent retourner à le fête peuvent y aller. Je vous appelle si j'ai besoin de vous.

Eliott et les trois autres s'éloignent donc en discutant comme si cette soirée avait était d'un banal absolu pour eux.

Marcus est le seul a rester, il saute sur le muret pour s'asseoir à côté de moi.

- Est ce que le vieux t'as violé ?

J'ouvre de grands yeux, j'ai finalement cessé de pleurer mais ma gorge est toujours nouée.

- Marcus, disparaît avant que je te brise la nuque.

- Bah je m'inquiète pour Enola.

- Tu veux que j'te fasse bouffer tes cheveux oranges abruti ?

Il affiche une moue triste et descend du muret en faisant mine d'être profondément touché.

- Mes cheveux ils sont roux, pas oranges déjà.

Je glousse bêtement, probablement pour la première fois depuis le début de cette soirée.

Marcus s'en va et rejoint ses amis pour continuer la fête tandis que je secoue mes pieds dans le vide en réalisant que je vais devoir confronter Johnson seul à seul.

- J'aurais pas dû dire que t'étais un connard sans avenir. Je me lance sans réfléchir.

- Ouais, t'aurais vraiment pas dû.

- Et j'ai été stupide de mépriser tes problèmes au lieu de t'écouter.

- Ouais, t'as vraiment été stupide sur ce coup là.

- Bon j'essaie de m'excuser là ! Je craque en frappant contre la pierre avec la paume de ma main.

Il éclate de rire sans se retenir, je le comprendrais jamais.

- T'es pas si moche quand tu t'énerves, tu le sais ça ?

- Wahou, merci !

Il saute pour me rejoindre et balance ses pieds au même rythme que moi.

- J'aurais pas dû te foutre à la porte.

- Non, t'aurais vraiment pas dû. Je l'imite fièrement, un petit sourire aux lèvres.

J'admire longuement les étoiles dans le ciel, ça me détend le temps d'un instant.

- Je hais les soirées.

- Et moi je hais cette coréenne qui essaie de te tuer chaque jour de son existence.

- Ça nous fait un point commun.

On entend les autres s'amuser à l'intérieur et pendant un instant je me demande ce que ça ferait d'être une lycénne normale qui s'amuse comme les autres jeunes de mon âge.

- T'as réfléchis par rapport à ce que je t'ai dis sur les services sociaux ?

Mon cœur fait un bon sur lui même.

À vrai dire, ça m'était complètement sorti de la tête avec tout ce qu'il s'est passé.

J'osais espérée qu'il allait lui aussi oublier.

- Je ne ferais rien, et toi non plus.

Le silence se fait interrompre par l'ambulance qui se gare dans le parking d'en face.

Deux hommes sortent précipitamment du véhicule en se donnant des ordres mutuellement.

- Où est le blessé ?

Johnson leur fait signe de venir à nous avec son bras.

L'un deux tire un lit portable jusqu'à nos pieds pour transporter Noa qui semble endormi pour toujours.

Ils emportent son corps dans le camion et j'accours pour les supplier de m'emmener avec eux.

Je veux absolument garder un œil sur lui et prendre soin de lui comme il l'aurait fait si j'aurais été à sa place.

Le docteur fini donc par céder en voyant mon état pitoyable.

Je monte donc à l'arrière du camion en compagnie de Thomas qui pense que j'ai besoin de sa présence partout où je vais.

- S'il meurt par ma faute, je te jure que je me jette du sixième.

- T'es capable de te jeter du sixième peu importe les circonstances donc je vois pas la différence.

- Tu te crois drôle ?

- Très. Il conclut en s'étalant par terre à cause du manque de place.

Le trajet s'est fait en un clin d'œil et nous voilà déjà à l'hôpital.

Moi et Johnson sommes assis dans la salle d'attente, pendant que notre ami se fait retirer cette saloperie de balle.

- Au fait, qui a tiré ?

- Ton ex.

- J'ai un sacré paquet d'ex.

- Mon ex meilleure amie. Je refuse absolument de prononcer son prénom.

- Ah Josie. Ça ne m'étonne pas vraiment d'elle.

Je fronce un sourcil et incline ma tête dans sa direction.

Ce qu'il dit n'a pas de sens, à part si je suis la seule à ne pas avoir vu son mauvais côté jusqu'ici.

- Tu sais ce qui m'étonne moi ? C'est que tu roules une pelle à ton ex durant une soirée où se trouve tout Waterfalls. C'était quoi ton but en fait ?

J'avais complètement oublié ce détail mais maintenant que je m'en souviens je veux bien des explications concrètes.

- Elle m'a dragué, on s'est embrassé, elle est partie, fin de l'histoire. C'était qu'un bisous, fais pas ta reloue.

- T'es sérieux là ? La tension monte déjà entre nous.

- Quoi ? Tu veux que je t'embrasse aussi pour que vous soyez à égalité ?

- T'es vraiment un connard c'est pas possible !

Je me lève subitement et sors un instant prendre l'air, je ne me voyais pas rester un instant de plus à ses côtés.

Sérieusement est ce que c'est lui qui a un problème ou c'est moi qui suis folle ?

La doudoune n'arrive qu'à mes genoux, j'ai donc les mollets à l'air ce qui est très bizarre pour un mois de mars à minuit.

La scène dans les toilettes se repasse en boucle dans ma tête, c'est insoutenable, j'ai envie de m'exploser le cerveau sur le gravier.

Comment je suis sensée faire un choix quand l'un n'est même pas sûr de survivre et l'autre est un enfoiré qui baise tout ce qui bouge ?

Une fois que je pense avoir retrouvé un rythme cardiaque normal, je me redirige à l'intérieur et rejoins Thomas qui n'a pas bougé, ses mains dans les poches.

Je m'assois à ma place quand il se lève à son tour pour sortir.

- Je pue ou quoi ?

- Non, je vais fumer.

Il ne changera donc jamais ses habitudes.

Je me demande qui mourra en premier entre Noa qui s'est pris une balle, moi qui suis suicidaire et Johnson qui pourrit ses poumons.

Le docteur de toute à l'heure sort de la chambre de Noa avec un visage qui n'annonce rien de bon.

Je sers les dents et me lève pour lui demander des nouvelles.

- Alors ?

- La balle a touché une partie de son cœur. On va faire de notre possible pour l'extraire mais si ses organes vitaux sont trop impactés, nous ne pourrons rien faire.

Je crois m'évanouir, ou plutôt je me sens partir.

Je ne pensais pas que le fait de l'entendre à voix haute me causerait cet effet là.

Noa est plus proche de la mort que de la vie.

{ La suite dans le prochain chapitre ✨️}

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