Chapitre 24: Plus violent que prévu
- Oh mon dieu, j'ai si hâte !
Tu es seule dans ce cas.
- Je vais le voir en action, se battre, frapper une personne. S'enthousiasme mon amie, des éclats dans les yeux.
- Tu te rends compte... de ce que tu dis ?
Josie incline sa tête avec interrogation.
Je suis probablement la seule à qui la violence donne la nausée alors.
- Pourquoi... je dois venir ? C'est ton copain, pas le mien. Je m'exaspère dans un long soupir.
Elle se lève soudainement et attrape mes mains avec énergie pour me mettre sur pieds.
- Parce que je veux y assister avec toi.
J'aimerais lui dire que ces derniers jours elle m'a laissé de côté, que j'avais besoin d'elle, qu'elle m'a oublié.
Mais c'est si dur d'en vouloir à cette gueule d'ange.
Ses pupilles nordiques m'observent si longuement que j'en suis presque effrayée. Les yeux bleus m'ont toujours mise mal à l'aise.
- Je te maquille aussi ?
Elle pointe du doigt ses paupières recouvertes de fard rouge, couleur préférée de son nouveau copain dont elle est si fière.
- Non merci, déjà que tu m'as forcé à porter ce stupide noeud dans les cheveux. Je me plains en repositionnant l'objet qui s'emmêle dans mes ondulations.
- Ça te donne un côté plus féminin, et comme ça on est assorties.
Josie sourit de toutes ses dents, elle a l'air si heureuse que j'accepte finalement de le garder pour lui faire plaisir.
Son bras entoure le mien lorsque Noa apparaît dans le salon.
- On y va ? Il fait tournoyer les clés autour de son index, les yeux rivés sur nous.
- Si je pouvais rester ancrée dans ce canapé, je le ferais. Soufflé-je avec ennui.
- Allez, tu vas t'amuser. Ils essaient tous deux de me motiver.
- M'amuser ? Rester là à regarder douze rounds de trois minutes où Thomas frappe des gens.
- On dirait que tu t'es informée. Dit-il avec d'un ton suspicieux.
Noa finit par m'attraper le bras pour me tirer et m'emmener dehors malgré mes râlements.
Josie joue des sourcils quand il passe un casque sur ma tête pour m'équiper.
Elle ne se doute probablement pas de tout ce qu'il s'est passé entre nous.
Tant mieux, elle m'aurait sûrement engueulé pour le choix que j'ai fais.
- Cette moto... commence Josie, le visage tiré, elle n'appartient pas à Thomas ?
Mon regard croise celui de Noa et je dois me pincer les lèvres pour ne pas m'étouffer de rire.
- Hum, si... il me l'a prêté pour qu'on ai pas à prendre le bus. Il prétend à toutes vitesse.
Son mensonge fonctionne et Josie acquiesce finalement, soulagée.
Si elle était un peu plus attentive elle aurait tout de même remarqué le « Lee » inscrit sur la devanture.
Assise à l'arrière du scooter, j'admire les branches nues ainsi que les restes de neige fondue qui marque la deuxième moitié de l'hiver.
Le vent souffle toujours aussi fort et fait voltiger mon tee shirt à manches longues amples.
Je regrette aussitôt de ne pas m'être couverte plus avant de sortir.
Pendant que Josie enfile son casque à son tour, Noa aperçoit la mine congelée de mon visage et retire subitement sa veste en cuir.
Il passe derrière moi avant de me l'enfiler avec simplicité, son souffle chaud effleure ma peau au passage.
- Qu'est ce que tu fous ? On était censé s'éloigner. Je profite de notre proximité pour lui chuchoter.
- Non, moi je suis censé te faire changer d'avis mio fiore, tu as déjà oublié ? Il murmure tout près de mon oreille, confiant.
- Noa Lee, arrête ça ou-
- Je préférais Sherlock. déclare-t-il pensif.
Je lui donne un coup de coude dans la côte, il pousse un cri étouffé avant de s'éloigner en grimaçant de douleur.
Je garde tout de même la veste sur mes épaules à cause du froid qui ne fait qu'augmenter et les arbres qui menacent de tomber.
Noa nous informe qu'il s'en va récupérer quelque chose à l'intérieur alors Josie en profite pour me faire son interrogatoire habituel.
- Oh mon dieu, c'était si romantique ! Il t'as fait sa décla' ? Il t'aime ? Vous êtes ensemble ? Vous avez déjà mélangé vos salives ?
J'affiche une mine dégoûtée face à sa dernière question.
Je garde le contact visuel durant une éternité, incapable d'articuler un mot.
- Attends, elle devient soudainement toute pâle, vous... vous l'avez fait ?
- Non ! T'es vraiment une dégénérée Josie !
Ce qu'elle ne sait pas, c'est qu'on a bien faillis le faire pendant le réveillon.
Quand j'y pense, le timing aurait était romantique.
- Eh bah quoi ? On l'a bien fait avec Thomas.
- Erk, je grimace en imitant un geste vomitif, je voulais pas savoir.
Elle roule des yeux avec amusement puis reprend un ton sérieux.
- Lola Davis, réponds moi, maintenant !
- Rien, il n'y a rien, je ne pense pas qu'il m'aime. Finis-je par avouer. Je ne veux pas romantiser des gestes ou des paroles quelconques.
- Mais-
- C'est bon ! La coupe Noa qui réapparaît pour mon plus grand plaisir.
Il s'équipe rapidement et enfourche le véhicule devant Josie qui est placée entre nous.
Nous sommes déjà à la moitié du trajet quand une vague de jalousie me submerge.
Rien que d'imaginer que les bras de Josie sont enroulés autour de la taille de Noa a le don de me déranger.
D'habitude ce sont mes mains qui pressent ses abdos, maintenant c'est celles Josie.
Mon subconscient se rassure avec l'idée qu'elle a déjà un mec et que leur proximité ne signifie rien.
Les virages se font de plus en plus dangereux mais il continue d'accélérer malgré le poids de nos trois corps accumulés.
Nous arrivons bien plus rapidement que je ne l'aurais espéré, la devanture affiche en gros et lumineux « Toronto's Fights ».
La moto freine et s'arrête sur une place de parking pour mon plus grand regret.
Je dois avouer que j'ai pris goût à ce moyen de transport.
Noa descend rapidement le premier et se précipite pour me tendre sa main afin de m'aider.
Je fronce les sourcils avant de l'ignorer et de sortir de l'autre côté, un sourire mesquin collé sur mes lèvres.
Il soupire, les yeux aux ciel, ce qui accentue mon amusement.
Josie passe ses deux bras sur nos épaules avec difficulté à cause de sa petite taille puis nous emmène à l'intérieur en sautillant d'impatience.
- Noa, elle tourne légèrement sa tête dans la direction de notre ami, tu l'as déjà vu en action toi ?
- Je l'ai déjà vu se battre, mais pas dans un ring. C'est toujours très... sanglant.
Je resserre la mâchoire brusquement, se bat-il régulièrement ?
Des scènes de lui en train d'abattre son ennemi jusqu'au sang passent dans ma tête et me donnent un haut le coeur.
Le hall d'entrée est plus chaleureux que je ne l'imaginais, de petites lumières jaunâtres illuminent la pièce et des posters de boxeurs reconnus ornent l'entièreté des murs beiges.
Un long bureau en hauteur et arrondi est placé au milieu, une secrétaire prends place juste derrière avec un sourire accueillant.
Noa lui tend son portable sur lequel sont affichés les trois billets que Thomas nous a procuré gratuitement.
La jeune femme scanne chaque QR code puis nous indique dans quelle salle nous diriger et dans combien de temps le premier duel débutera.
Nos pas résonnent dans le couloir sombre, les acclamations du public atteignent déjà mes oreilles.
Deux hommes de notre tranche d'âge se dirigent droit sur nous, un sourire agaçant aux lèvres.
Arrivés face à nous, ils détaillent sans subtilité la silhouette de Josie qui rougit brusquement.
- Ça va ? On vous dérange pas ? Intervient finalement Noa qui passe un bras sur l'épaule de Josie et l'attire contre lui.
- T'as un snap à nous donner princesse ? Demande finalement le plus courageux des deux.
Mon amie en reste tétanisée, sans savoir quoi répondre.
Mes yeux restent figés sur la main de Noa qui presse son bras pour la rassurer.
- C'est ma copine, donc tirez vous.
J'ai beau savoir que c'est un mensonge, c'est quand même perturbant.
Mon coeur se resserre de nouveau avec insistance.
Ce n'est pas seulement douloureux, c'est surtout désagréable.
L'un se décourage et s'apprêtait à partir mais son ami le repousse à l'aide de sa paume et réduit l'espace de sécurité entre nous.
Avant qu'elle ne put réagir, sa main attrape le poignet de Josie fermement à une vitesse folle.
Il ramène alors ses doigts sur son torse de façon à ce qu'elle lui caresse les pectoraux de force et descends jusque le haut de son pantalon.
- Allez beauté, je suis un dieu au lit.
Je grince des dents, dégoûtée par cette homme.
Josie essaie de se débattre mais en vain, il est bien plus fort et resserre son emprise.
Noa tente de s'éloigner avec elle mais le gars garde le contact visuel, toujours munis de ce petit sourire pervers.
J'aurais préférée me tenir éloigner de ces deux créatures répugnantes mais mon instinct me dis d'intervenir.
Je sépare mes deux amis pour mon plus grand plaisir et passe à l'avant pour confronter l'inconnu.
Il me toise avec interrogation jusqu'à ce que j'accroche mes deux mains sur son avant-bras pour enfoncer profondément mes ongles dans sa chair.
Son épiderme est teinté de sang et de plusieurs traces lorsque je le lâche finalement.
- Casse un tour, sale porc. Répliqué-je, mon regard noir plongé dans ses iris.
Il me répond par un long cri de douleur tandis que ma meilleure amie secoue son poignet et reprends ses esprits.
Son ami prend alors les devants et fait un grand pas dans notre direction, déterminé à le venger.
- Vous n'êtes que des sales pu-
Il n'a pas le temps de finir sa phrase qu'une main s'attarde avec force sur sa gorge pour le repousser jusqu'au mur.
Thomas est apparu de nulle part, le faisant taire.
Il surplombe l'inconnu de sa large corpulence puis lui murmure tout près:
- C'est qui que tu traites de pute petit con ?!
Son emprise se fait plus puissante d'après les hurlements étouffés de l'homme qui en a presque les larmes aux yeux.
- Ok, j-je m'excuse. Il bégaie, apeuré. Pardon.
- J'm'en branle de tes excuses ! Braille alors Thomas, la colère déformant ses traits. Je vais désarticuler chacun de vos membres, toi et ton putain de pote.
Mes pieds reculent d'eux-mêmes et je suis interceptée par Noa avant de tomber.
Des larmes dévalent désormais sur le visage du mec.
Son ami est en retrait, tenant son bras comme s'il avait était amputé.
C'est à l'instant où Thomas lève son poing que Josie accourt vers lui, les yeux brillants.
- Arrête !
- Non, je veux le voir chialer pendant que je frapperai son précieux visage. Il refuse, hors de lui.
- C'est bon là ! Regarde il chiale déjà sa race, laisse le tranquille ! Lui gueule Noa dans mon dos.
Josie retient son poing et le tire en arrière avec son peu de force.
C'est un sanglot de sa part qui fait revenir Thomas à la réalité, lâchant finalement sa proie.
Un souffle rassuré s'échappe de ma bouche.
Je sens que je vais devoir me cacher les yeux durant tout le tournoi si ce peu de violence m'effraie déjà.
J'avance pour mieux analyser la réaction de mon amie.
Ses joues sont toujours aussi pourpres, son teint reprend peu à peu de ses couleurs tandis que les deux hommes se sont déjà enfuis.
- C'est bon, c'est rien. On y va ! Elle rétorque finalement après avoir secoué sa tête.
Je fronce les sourcils examinant son bras qui contient toujours une trace rouge des doigts de cet abruti.
Elle ressent immédiatement mon regard posé sur elle et ajoute:
- J'ai la peau qui marque rapidement, pas d'inquiétude.
Thomas se précipite vers elle avec un semblant d'inquiétude.
Le voir la prendre dans ses bras me rappelle que c'est elle qu'il a choisi.
Il l'aime réellement, je n'étais qu'un jeu.
Thomas aime Josie.
Je n'étais qu'un jouet.
Je m'oblige à faire ancrer ces phrases à l'intérieur de mon esprit, histoire de ne pas rester dans le déni pour toujours.
- Thomas, Noa interrompt leur petite retrouvaille, ton premier combat va commencer.
Le concerné relève la tête puis passe ses doigts dans ses mèches brunes avant d'acquiescer.
- Je vous ai pris des places à l'avant. Déclare-t-il, la détermination s'installant dans ses iris métalliques.
J'évite son regard et baisse mes yeux lorsque qu'il me bouscule pour atteindre les vestiaires.
Vaut mieux jouer profil bas avec quelqu'un sui connaît votre plus grand secret.
Josie reprend les devants comme si de rien était mais son visage évoque sa préoccupation et son angoisse.
Je me sens soudainement si mal, j'aurais préféré être à sa place.
J'aurais préféré être abordée plutôt qu'elle.
Je suis habituée à tout ça, être sexualisée mais jamais aimée.
Ça ne m'aurait rien provoqué, elle si.
Si je pouvais actuellement arracher son tourment pour le mettre en moi, je le ferais sans hésiter.
Ses pupilles réfléchissent la lumière et me brisent le cœur parce que je sais exactement ce qu'elle ressent actuellement.
Je me force à lui adresser un sourire rassurant et attrape doucement sa main.
- Noa, on te rejoint plus tard. On va au toilette.
Je sais déjà qu'elle ressent le besoin de se laver la main pour enlever ce sentiment de saleté sur ses doigts.
Il hausse un sourcil mais nous laisse tout de même pour rejoindre la grande salle du tournoi.
Sans perdre une minute, je commence à courir en direction des W-C, Josie m'emboîtant le pas.
Arrivée en face des robinets, elle s'admire devant le miroir avec une mine affaiblie.
Nos regards se croisent dans la glace alors elle baisse directement la tête pour allumer l'eau.
L'eau froide s'écoule lentement sur son épiderme tandis qu'elle frotte sa paume avec du savon.
Encore et encore et encore.
Elle frotte de plus en plus fort, tellement qu'elle pourrait s'en enlever la peau.
Son expression passe de la colère au chagrin puis à l'épuisement.
Je prends finalement l'initiative de fermer l'eau pour qu'elle arrête de s'affliger ce calvaire.
Josie lève son visage à une lenteur inconsidérable, c'est seulement maintenant que je peux apercevoir les larmes qui ont dévalé sur ses joues à répétition.
Mes bras s'enroulent autour de ses épaules instinctivement, et je ne tarde pas à pleurer à mon tour, comme l'hypersensible que je suis.
- Je hais les mecs. Chuchote-t-elle dans un sanglot.
- Je sais, je les hais aussi.
Sauf peut-être un.
J'ai l'impression que nous restons dans cette position éternellement.
Ce n'est pas désagréable, seulement, j'ai peur que Noa s'inquiète.
- En attendant, il un garçon que tu ne hais pas qui attend que tu assistes à son duel. Je murmure alors pour la dissuader.
Nous nous détachons finalement de notre étreinte, conscientes de notre retard considérable.
Son sourire lumineux réapparaît sur ses lèvres roses.
- Et celui que tu ne hais pas se préoccupe probablement pour nous. Elle répond en passant son bras sur mon épaule.
C'est en courant à toute allure dans le couloir lugubre et interminable que nous rejoignons enfin la salle principale.
Oh wow.
C'est magnifique, je ne m'attendais pas à ça.
C'est gigantesque et sombre, mais ils y ont remédié en installant une centaine de projecteurs dans tous les côtés.
J'observe les gradins divisés en quatre partis qui montent jusqu'à l'infini.
Ça va être compliqué de retrouver Noa dans toute cette foule.
Un énorme ring bleu en hauteur est placé au centre, accaparant l'attention de tous les spectateurs.
Deux boxeurs ont déjà débutés leur combat, plusieurs lumières et leds rouges circulaires projetés sur eux.
À mesure que j'avance, le public poussent des cris d'encouragements de plus en plus stridents.
J'aperçois un grand écran qui affiche le score ainsi que « Tournoi national de boxe thaïlandaise ».
L'adversaire de Thomas mène de quatre points pour l'instant, et d'après le conteur, il ne reste que quarante-cinq secondes pour qu'il rattrape son désavantage.
Il nous faut une éternité pour retrouver Noa qui est adossé à son siège, les yeux rivés sur le ring.
On s'empresse de le rejoindre, à moitié plié en deux pour ne pas gêner la vue des autres spectateurs.
- Je pensais que la cuvette vous avait aspiré. Il déclare quand nous nous asseyons enfin près de lui.
- Et tu n'es même pas venu nous sauver ? Je rétorque, un petit sourire aux lèvres.
- Un super héros a parfois ses priorités.
- Super héros en carton. Ricane Josie à ma gauche.
La revoir dans son état normal me fait chaud au cœur, mais ça ne dure que quelques secondes avant qu'elle ne m'explose les tympans en hurlant le prénom de son copain.
Elle tape dans ses mains avec force et braille des encouragements à peine compréhensibles.
- Tu ferais une très bonne pom-pom girl Josie.
Elle se tourne vers Noa qui la scrute à l'attente d'une réaction de sa part.
- Mais je sais. Affirme-t-elle avec sûreté.
Je me rétracte dans mon siège, me sentant de trop dans leur petite conversation.
Josie se reconcentre finalement sur le duel, ses ondulations blondes me frôlant au passage.
J'ai toujours envié Josie, mais depuis qu'elle est devenu amie avec Noa, s'en est presque maladive pour moi.
- Ta jalousie sature l'air principessa. Chuchote Noa à mon oreille ce qui me fait sursauter. ( *princesse )
- Arrête d'apprendre de nouveaux mots en italien, ton accent fait saigner mes oreilles. Lui avoué en pinçant mes lèvres recouvertes de gloss.
Il place violemment une main sur sa poitrine pour mimer un violent coup dans le cœur.
- Ma vérité te blesse autant Sherlock ?
- Rien ne me blesse plus que devoir constamment me retenir en ta présence. Murmure-t-il contre ma peau ce qui me fait légèrement frémir.
- Tu es vraiment...
- Canon ?
- Un beau-parleur de première. Rectifié-je pour conclure ma phrase.
Un long coup de sifflet recouvre son rire et marque la fin du premier combat.
Thomas a perdu sa première manche, c'est si triste.
J'espère qu'il perdra tout le championnat.
On se tourne face à Josie qui baisse la tête comme si toute la mélancolie du monde venait de s'abattre sur sa tête.
- T'abuse, il lui reste onze parties encore.
- C'est pas ton copain, tu ne sais pas ce que ça fait de le voir déçu ! Elle éclate ce qui attire le regard de certains.
Je sais.
Merci Josie, grâce à cette phrase, je peux finalement sortir du déni.
Même si c'était un peu douloureux.
- Je voulais simplement te réconforter. Soupiré-je si bas que je suis étonnée qu'elle m'ai entendu.
- Excuse moi, je me suis emportée pour rien.
Elle se gratte la tête, gênée par son acte.
Mais parfois, quelqu'un a beau s'excuser maintes et maintes fois, les mots restent.
Les gens ont raison, ce qui blesse le plus est souvent la vérité.
Je passe malgré tout une main réconfortante sur son épaule pour qu'elle ne culpabilise pas plus que ça.
*
- Ce dernier duel annoncera l'heureux vainqueur du championnat national du Canada de boxe thaïlandaise ! Braille le commentateur dans son micro.
Thomas a remporté six manches tandis que son adversaire en a gagné cinq, ils se battent actuellement pour remporter le grand prix.
Même si je n'en laisse rien paraître, je prie intérieurement pour qu'il perde.
J'aimerais le voir pleurer pour une fois, ça a l'air amusant de voir Thomas Johnson pleurer.
J'ai la sensation d'avoir fusionné avec le siège, cela fait si longtemps que nous sommes assis ici, j'ai hâte d'en sortir.
Je n'ai pas levé la tête une seule fois pour jeter un œil aux manches, mes chaussures sont devenus étrangement jolis à regarder aujourd'hui.
Ce serait dommage que la violence crée une crise d'angoisse en moi devant tout ce monde.
Je zieute tout de même le chronomètre qui marque « 30 secondes » pour mon plus grand bonheur.
Le volume dans la salle s'amplifie pour cause: l'adrénaline du combat qui s'achève bientôt.
J'ignore du mieux que je peux les cris de mes amis qui sont eux, à fond dedans.
Les yeux clos, j'essaie de ne pas reproduire la scène qui se joue ici dans ma tête.
Les leds transpercent mes paupières quand trois coups de sifflets retentissent et signent l'arrêt de cet enfer.
J'ouvre les yeux et il ne me faut qu'un seul coup d'œil dans la direction de Josie pour connaître le gagnant de ce championnat.
Thomas a gagné.
Je le déteste encore plus et j'appréhende le moment où il va se vanter délibérément à plusieurs reprises.
Mes traits du visage sont si fatigués que je n'arrive même plus à afficher un faux sourire à ma meilleure amie qui ne remarque même pas ma réaction.
- J'étais sûre qu'il gagnerait, c'est le meilleur !
Pourquoi voir Josie aussi heureuse ne me procure plus autant de bonheur qu'avant ?
Mon amour envers elle se transforme peu à peu en jalousie toxique.
Le public se lève, certains heureux, d'autres en colère ou dévastés.
C'est à notre tour de s'en aller pendant que Thomas reçoit sa coupe.
C'est dans le couloir que nous l'attendons, eux avec impatience, moi avec appréhension.
Je me tourne les pouces et me triture les doigts, patientant comme un piquet aux côtés de mes amis.
Après de longues minutes dans un silence pesant, l'heureux élu arrive enfin.
Mon visage se brise à l'instant où il s'empresse d'accourir vers Josie pour l'embrasser à pleine bouche.
Encore une fois, je devrais être enjouée, mais ce qu'il se passe à l'intérieur de moi prouve tout le contraire.
Je baisse à nouveau la tête, mal à l'aise.
Noa passe son doigt sous mon menton pour croiser mes yeux.
- Thomas n'est pas expérimenté, je pourrais mieux faire avec toi.
Je me mords les joues d'un telle force que le goût du sang se propage dans ma bouche.
Si tu savais comme j'ai envie que tu me montres tes capacités Sherlock.
- Non merci. Je refuse en faisant un pas en croisant les bras. Et puis, comment tu peux savoir à quel point il est expérimenté, tu as déjà essayé de l'embrasser ?
- Bien évidemment, une centaine de fois.
Je mime une grimace qui le fait sourire.
Je ne m'attendais pas à cette réponse.
- Comment veux-tu qu'on soit doué avec les filles sinon ?
Je lève les yeux aux ciel en pinçant les lèvres pour dissimuler mon amusement et leur demande de m'attendre le temps que je passe au toilette.
Les cabinets sont vraiment dégueulasses, j'hésite longuement avant de m'asseoir.
Après en être sortie, mes yeux rencontrent mon reflet dans la glace.
Ne pas manger me donne vraiment un teint fatigué, j'ai l'air d'un zombie.
Mais ce n'est pas si compliqué que ça en a l'air, je garde en tête que mes efforts payeront.
Même si ça veut dire m'affamer durant des jours pour que le regard de ma mère auprès de moi change.
Arrivée au milieu du couloir, je ne croise pas les autres, ils ont disparu.
Sympa.
Je perçois des voix familière dans mon dos et m'approche en toutes discrétion des vestiaires.
Cela me mène à un petit cul-de-sac où je rencontre alors Thomas et Noa de dos.
Ils ne m'ont pas vu, j'en profite donc pour me cacher derrière le mur pour écouter leur conversation qui a l'air sérieuse.
- Je vois pas de quoi tu parles Lee, il n'y a jamais rien eu entre nous deux.
- Alors pourquoi elle stresse quand tu es dans les parages ? Son angoisse se ressent à mille kilomètres !
Oh.
Est ce qu'ils parlent de moi ?
Probablement.
Je suis la seule qui me chie dessus en présence de Thomas, mais pourquoi est-ce le sujet de leur discussion ?
Thomas a les mains enfoncées dans ses manches d'un air nonchalant et son dos est appuyé contre le mur.
Noa n'est qu'à un millimètre de lui, ses traits tirés me prouvent qu'il n'a pas l'air très content..
- Si tu l'as baisé, je te bute. Il articule en déglutissant difficilement.
- Non, cette fille n'est pas baisable. Répond son ami avec simplicité.
Il a à peine achevé sa phrase que Noa lui assène un puissant coup de poing dans le visage.
Un coup.
Noa lui a donné un coup.
Noa est violent, lui aussi.
Est ce qu'il y a un seul putain d'homme qui n'est pas violent sur cette terre bordel ?
Ma gorge se noue en un seul coup me coupant le souffle.
J'aurais préféré ne pas assister à ce moment mais à présent, je suis clouée sur place.
- Mec, Thomas passe son doigt sur sa lèvre ensanglantée, je viens de me battre jusqu'au sang, à quoi tu joues bordel ?
- Dis moi... dis moi ce que tu lui as fait ! S'écrie Noa, les poings si resserrés que ses phalanges blanchissent.
- Rien, fais moi confiance Sherlock.
Thomas joue avec sa patience, il veut le pousser à bout, il veut que Noa craque sous ses yeux.
- Ne prononce plus jamais ce mot.
- Pourtant quand c'est elle tu bandes, non ?
Sa main se plaque juste à côté du visage de Thomas puis Noa lui redonne un grand coup mais cette fois dans le ventre.
Celui-là était plus fort.
Celui-là c'est comme si je l'avais ressenti aussi.
Celui-là m'a donné envie de vomir mes tripes.
Je plaque une main sur ma bouche et l'autre sur mon estomac que je sens lâcher.
Ma vision est désormais flouté et je ne perçois plus le son de leur voix.
J'entends seulement le bruit de ses coups en répétition.
Encore et encore et encore.
Je les ressens, ils sont douloureux.
Mais ce qui est plus douloureux, c'est de se dire, qu'il serait probablement capable de s'en prendre à moi aussi s'il est capable de s'en prendre à son meilleur ami.
Les mots de ma mère me reviennent pour enchaîner mon esprit, comme une emprise infernale.
Elle a raison, l'amour détruit.
Mais je ne pensais pas qu'il pouvait détruire même hors relation.
Voir Noa se transformer en monstre le temps d'un instant suffit à me terroriser.
Je fais l'erreur de lâcher un sanglot bien trop bruyant et les deux se retournent vers moi.
Je suis trop abasourdie pour fuir, de toute façon ils m'ont déjà vue.
Thomas reste plié en deux, presque à genoux et Noa accourt vers moi, la panique s'installant dans ses yeux.
Son bras se lève à une vitesse folle et pendant un instant j'ai l'impression qu'un autre de ses coups va s'abattre sur moi.
J'ai donc le réflexe de me reculer précipitamment et de fermer les yeux avec force, ma main levée devant mon visage pour me protéger.
Il est capable de frapper.
Il peut me frapper.
Il va me frapper.
J'attends quelques secondes mais le coup ne vient toujours pas alors j'ouvre les yeux et me rends finalement compte de l'erreur que j'ai faite.
- Tu pensais... tu pensais réellement que je serais capable de te frapper ? Il m'interroge, les yeux brillants de déception.
Ma bouche s'ouvre et se referme à plusieurs reprises mais les mots sont bloqués au fond de ma gorge.
J'ai peur.
Voilà ce que j'aimerais lui dire.
D'une jambe tremblante, j'effectue un nouveau pas en arrière pour agrandir l'espace de sécurité entre nous.
Il n'insiste pas et reste à cette distance.
- Tu as... tu as peur de moi ?
Ma réponse se brise en deux, incapable de choisir entre « oui » et « non ».
J'ai peur mais je ne veux pas avoir peur de lui.
- Il... il le méritait c'est tout, mais jamais je-
- Personne ne mérite réellement d'être frappé. Le coupé-je finalement en fuyant son regard
Les paroles de Thomas avaient beau m'avoir blessé, ce n'est pas un coup de poing qui lui fera ravaler ses mots.
Ils ont été dit, c'est tout.
J'ai tellement reculé que je me retrouve maintenant plaquée contre le mur.
- S'il te plaît, n'ai pas peur de moi. Je ne te toucherais jamais de cette manière.
J'essaie moi même de me rassurer, mais jamais je ne pourrais oublier cette scène maudite et le son de ce coup.
- Qu'est ce que t'en sais, tu pourrais facilement franchir tes limites sous le coup de la colère. Balbutié-je plongeant finalement mes yeux dans les siens.
Il s'est approché sans que je ne m'en rendre compte et est assez près de moi pour m'attraper doucement la main.
- Mais pas avec toi.
Je relâche brusquement son emprise, écoutant à moitié ce qu'il a à dire.
Thomas observe la scène silencieusement, déjà remis de ces blessures.
- Noa, il se décide à intervenir, soulève ses manches.
Mes yeux s'écarquillent au même moment que mon ventre se retourne complètement.
Non pas ça.
Je pense que je n'ai jamais autant détesté quelqu'un que maintenant.
J'adresse un regard haineux à Thomas puis un regard suppliant à Noa qui a l'air mitigé.
Mes doigts se resserrent contre le tissu de mon tee shirt, il est hors de question que ma peau soit à la vue de tous.
Mon sang bout et m'enveloppe dans une chaleur désagréable.
- Fais le ! Il répète plus fort.
- Je peux ? Me demande Noa ses doigts à un centimètre de moi.
- Non ! Ne me touche pas ! Je hurle les yeux fermés.
Il ne fait donc pas un mouvement de plus mais Thomas n'est pas du genre à lâcher l'affaire malheureusement et s'empresse de me rejoindre d'un pas décidé.
Je n'ai pas le temps de réagir qu'il bloque mon corps contre le mur de sa carrure imposante.
- Maintenant ! Ordonne-t-il à son meilleur ami.
- Non je... refuse Noa, sa voix se brisant dans la dernière syllabe.
Il secoue la tête avec énervement et attrape le bas de ma manche prêt à lui dévoiler mon bras rempli d'horribles d'hématomes.
Puis tout ce passe extrêmement lentement, je crie, je pleure, je me débats, mais rien.
Il ne change pas d'avis au dernier moment et remonte mon vêtement d'un geste sec et brusque.
Mon bras est à découvert.
C'est fini.
Il sait.
Lui aussi.
Ma tête est tournée sur le côté pour ne pas voir sa réaction.
Je n'en peux plus de voir la pitié qu'éprouvent constamment les gens envers moi.
À cet instant je ne saurais pas dire si mon cœur bat la chamade ou s'il s'est tout simplement arrêté.
Je sais seulement que j'aurais préféré être six pieds sous terre que ici, plaquée contre ce mur.
J'ai arrêté de me débattre, les yeux fermés, je retiens ma respiration qui se faisait bien trop saccadée et bruyante.
- Maintenant tu sais tout.
C'était la phrase de trop.
La phrase qui me met dans un état paranormal.
Mon sang se refroidit en un claquement de doigt et devient même glacial.
Il circule a une allure surprenante, tandis que mon cerveau s'allume et s'éteint.
Tout est en bug chez moi et je peine à réouvrir les yeux.
Je suis enfin relâchée et retombe sur mes genoux qui s'entrechoquent dans ma chute.
- Ta peau... elle est tachée par l'océan. Qui a tâché ta si belle peau ? Prononce Noa comme une phrase interdite.
C'est la première fois que j'entends cette comparaison vis à vis de mes bleus.
Il sait à quel point j'aime l'océan et le compare à ma peau, pourtant elle, je ne l'aime pas.
Ça rend mes blessures poétiques, pourtant des blessures ne devraient pas être romantisées.
Relever la tête vers lui me vaut un effort surdimensionné mais croiser son regard m'en vaut un encore plus difficile.
D'habitude, je lis en lui comme dans un livre ouvert.
Mais aujourd'hui c'est différent, aujourd'hui ses émotions sont poussées et enfouies au plus profond de son âme.
J'arrive tout de même à y lire de la désolation mais l'émotion que je pensais voir, je ne la trouve pas.
La surprise.
- Tu étais au courant. J'en conclus d'un ton accusateur.
- J'avais... beaucoup de doutes.
Sa réponse retourne le couteau qu'il avait déjà enfoncé au centre de mon être.
Il le savait.
Il le savait depuis tout ce temps.
Il me regardait mentir comme une idiote alors qu'il s'en doutait déjà.
Est-ce pour cette raison qu'il prenait si bien soin de moi ?
Pensait-il que j'étais trop sensible et trop brisée pour me débrouiller par mes propres moyens ?
C'est comme si mon monde se brisait en mille et une pièce pour s'émietter dans le creux de ma paume.
- Réponds moi. Il répète, me sortant du tourment de sentiments qui prennent possession de moi.
Mes lèvres sont liées, impossible de les entrouvrir pour répondre à sa demande.
Pourtant, j'ai un tas de questions à lui poser qui me démangent.
- Pourquoi tu compares l'océan à ma peau ? L'océan est beau, ma peau est nauséabonde.
- Et pourtant, c'est ce à quoi j'ai pensé en premier en la voyant.
Je renifle à répétition, sûre d'être simplement bloquée dans un très mauvais rêve.
Ce n'est pas possible, ce n'est pas en train d'arriver.
Pénétrer mes ongles dans le plus profond de ma chair n'est pas la solution, mais au moins je sais que je me trouve belle et bien dans la réalité.
Pour ne pas enfoncer ma dignité plus profondément encore, je me relève avec difficulté pour m'adresser à Thomas.
- C'est quoi ton problème ? Ça t'amuses de jouer avec les faiblesses des autres ?
- J'ai fait ça pour t'aider.
- M'AIDER ?
Je n'en peux plus, c'était physiquement impossible de retenir la haine en moi une seconde de plus.
- Depuis le DÉBUT tu me prends pour un putain de jouet ! J'ai rien dit, je t'ai laissé tranquille comme tu me l'as demandé, QU'EST CE QUE TU VEUX DE PLUS ?! Je m'époumone à n'en plus pouvoir respirer.
- Tu sais, je pensais vraiment qu'il y avait un peu de bon en chaque personne. Continué-je sur ma lancée.
- Ravi d'être l'exception. Il rétorque, toujours avec son insupportable sourire taquin.
Est ce qu'il sait être sérieux parfois ?!
- Et là, il mériterait toujours pas un coup ? Demande la voix écaillée de Noa derrière moi.
- Vos gueules, laissez moi tranquille et arrêtez de vous immiscer dans ma vie !
Mes baskets tapent contre le sol à mesure que je fuis ce cauchemar qui vient de se dérouler.
Je n'aurais jamais dû être là.
Comme je m'en doutais, des pas résonnent dans mon dos.
Sans jamais m'arrêter, je continue donc à courir ne savant même pas où aller.
Les couloirs sont toujours plus sombres, toujours plus vides, toujours plus effrayants.
J'essuie les gouttes qui tombent de mon menton du revers de ma main.
Malgré mes efforts pour fuir, je fais face à un nouveau cul-de-sac et suis prise au piège.
- Pourquoi ne m'avoir rien dit ? Sa voix essoufflée me parvient tandis que je reprends mon souffle aussi.
- Parce que tu penses que c'est facile ?! Si c'est le cas, alors vas-y, balance moi tout ton passé et tes plus grands secrets.
Le temps s'écoule à une lenteur indescriptible et le silence est troublant.
- Je ne peux pas. Il finit par répondre à voix basse.
- Tu vois ! C'est comme... une barrière instaurée par le cerveau qui est infranchissable par la parole.
- Et si, je te tends ma main pour t'aider à franchir cette barrière ?
- Alors je la refuserai, parce que toutes les mains qu'on m'a tendu m'ont toujours lâchée.
- Je ne te lâcherai jamais.
- C'est la phrase préférée des menteurs.
{ La suite dans le prochain chapitre ✨}
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