Chapitre 19: Concert terrorisant
Soudain, un son surpuissant se déclenche.
Le large mur arrière s'ouvre pour laisser place à la star de la soirée.
Josie s'avance au devant de la scène telle une mannequin.
Ses talons claquent majestueusement sur le sol.
On ne peut toujours pas distinguer son visage quand elle arrive au centre.
Des néons violets se mettent à bouger dans tous les sens et une lumière se braque sur sa tête.
Un silence s'installe dans le stade quand elle approche enfin son micro devant sa bouche.
Je garde mon visage rivé sur son sourire quand il se transforme subitement en une moue de dégoût et qu'elle commence à chanter.
Son premier son s'intitule « Please, shut up », elle prend donc une apparence de bad bitch avec les manières qui vont avec.
Ses pas se déplacent à travers la scène tandis qu'elle prononce chaque parole avec puissance.
Elle gesticule de partout et se met parfaitement dans la peau d'un autre personnage.
Sa musique parle d'une fille qui s'est faite trompée par son copain.
Elle exprime son dégoût envers cet homme et ses excuses, elle lui demande donc de se taire.
J'aime beaucoup ce son parce qu'il démontre à quel point les paroles d'un mec sont pathétiques et le rythme est si entraînant qu'il donne envie de se lever pour danser.
Le refrain arrive rapidement, la foule se met alors à hurler les paroles.
Elle a su mettre le feu au concert avec sa première musique.
Mes yeux ne la quittent pas une seule seconde.
Je n'arrive pas à croire que c'est Josie, ma Josie qui est sur scène à cet instant précis.
Sa peau bronzée reflète la lumière mauve, ses cheveux suivent le mouvement quand elle saute, une main en l'air.
La musique se fait de plus en plus basse puis s'arrête complètement.
Tout le monde applaudit avec force.
Je fais de même et tape fortement dans mes mains en l'observant sourire à son public.
Quand je me tourne sur ma gauche, j'aperçois le regard de Thomas posé sur Josie.
La façon dont il la regarde, il m'a l'air émerveillé.
Peut-être qu'il l'aime vraiment, elle.
Je tape discrètement sur l'épaule de Noa pour l'interpeller.
- Ton pote est vraiment tombé amoureux j'ai l'impression.
- Non, c'est juste un dragueur professionnel. Il rectifie, désintéressé.
Mais même si ça me fait mal de l'admettre, Thomas ne m'a jamais regardé comme il la regarde actuellement, ça me semble réel.
J'ai envie d'espérer qu'il se comportera bien avec elle.
Josie en est déjà au deuxième refrain de sa seconde musique.
Les gens qui m'entourent m'explosent les oreilles à crier « Because i can't love you ».
Elle a beau être douce, elle se transforme complètement lorsqu'elle chante.
On peut ressentir le bonheur qui émane d'elle rien qu'en la regardant.
Je l'envie, elle a l'air si heureuse.
En tournant la tête, je suis impressionnée de son nombre de fans et de leur engouement.
Je m'en veux de ne pas être venue la voir plus tôt seulement pour rester seule chez moi.
Sa douce voix ensorcèle mes oreilles même si je ne suis pas habituée à écouter ce genre de mélodie.
Elle se déplace au fond de l'estrade lentement puis revient en criant la dernière phrase avant que la seconde musique ne s'arrête.
Une vague d'applaudissements refait surface ce qui explose mes tympans au passage.
J'examine une nouvelle fois l'expression de Thomas qui a l'air hypnotisé par mon amie.
Je n'arrive pas à savoir s'il l'apprécie vraiment ou s'il choisit seulement sa prochaine proie.
Je repense soudainement à Malicia.
Pourquoi n'est-elle toujours pas arrivée ?
J'ai un très mauvais pressentiment, elle aurait déjà du appeler Noa.
- T'as des nouvelles de Malicia ? Je l'interroge alors suspicieuse.
- Tu t'inquiètes pour ton amie ? Comme c'est mignon.
Je ferme les yeux une seconde pour me calmer ce qui lui vaut un ricanement.
- Répond juste à ma question.
- Non, c'est bizarre. Finit-il par répondre après avoir vérifié son téléphone.
Je scrute alors la gigantesque salle en quête d'une tête familière.
Aucune trace de Malicia ou de Sacha.
Honnêtement c'est pas plus mal, mais j'ai toujours cette impression que quelque chose de mal va se passer.
Mon ventre se retourne à cette simple idée.
J'hausse finalement les épaules en soupirant et me morfonds sur mon siège.
Josie replace une mèche de ses cheveux et défile devant sa foule endiablé en attendant le son de sa prochaine chanson.
Celle qui arrive se nomme « Family issues », c'est probablement ma préférée car je me retrouve dans les paroles.
Sa voix s'adoucit encore plus mais son visage se crispe comme si elle ressentait la douleur à travers les mots qu'elle prononce.
Les gens se mettent à lever leurs bras pour les bouger lentement de droite à gauche en rythme.
Nous faisons de même avec des néons violet dans les mains pour illuminer le stade.
Toutes ces lumières sont magnifiques à regarder d'en haut.
Mon bras droit se pose sur l'accoudoir quand un grand bruit retentit faisant résonner tout mon corps au passage.
J'ai d'abord pensé que c'était le début de la prochaine musique mais Josie à l'air tétanisée et le monde autour de nous s'agite.
Je lance un regard inquiet à Noa qui n'a pas l'air plus rassuré que moi.
Mes yeux parcourent la salle avec attention mais un second bruit encore plus fort me fait sursauter.
Cette fois, les gens se lèvent rapidement de leurs places pour allez inspecter d'où vient ce son explosif.
- C'était quoi... ça ? Nous demande Thomas, la mâchoire resserrée.
- J'en sais rien, on aurait dit... une explosion. S'enquière Noa en examinant tout autour de lui.
Une... explosion ?
Un grand fracas fait vibrer mes oreilles.
En me baissant, je remarque la grande porte principale qui vient d'être cassée avec force.
Une cinquantaine d'hommes habillés en noirs font leur apparition, tous munis d'une arme sans exception.
Mes yeux s'écarquillent, mon coeur bat si fort qu'il pourrait sortir de ma poitrine.
Le public se met à crier et court dans tous les sens.
- Merde, merde, merde. Souffle Thomas entre ses dents. Levez-vous, vite !
Je m'exécute le souffle coupé.
Des coups de fusils se font entendre de partout.
Je suis si terrifiée que j'aimerais m'écrouler par terre mais je suis le mouvement de la foule qui se pousse dans tous les sens.
- Ne lâche jamais ma main quoiqu'il arrive. M'ordonne Noa après avoir serré ma paume avec force.
Je secoue la tête pour acquiescer mais en réalité je n'ai plus conscience des mots qui sortent de sa bouche, j'ai simplement peur.
Mes pas m'entraînent dans le sens inverse des hommes aux cagoules.
- Noa, mets toi ici. Essaie de faire évacuer le max d'enfants.
- Mais t'es con ou quoi ?! On n'a pas le temps de faire évacuer les autres, on doit déjà penser à notre gueule !
Je n'ai jamais vu Noa aussi excité, il a l'air dans tous ses états, lui qui est souvent si calme.
Je suis tout de même d'accord avec lui, c'est idiot de jouer les agents de sécurité alors que nous somme aussi en danger.
Je me contente de les regarder chahuter alors que les bruits de fusils et les engueulades se rapprochent dangereusement de nous.
Un micro fait siffler nos tympans et arrête leur stupide dispute.
- Bonsoir jeunes gens, commence la voix grave qui stoppe tout mouvement des personnes qui m'entourent. Tout d'abord, ne vous fatiguez pas à trouver la sortie, nous avons bloqué toutes les issues.
Je manque de m'évanouir en écoutant ces mots.
Tout espoir de s'échapper s'envole en un clin d'oeil.
- Vous serez autorisés à quitter les lieux une fois que vous nous aurez versé la somme de cent mille dollars.
Sur ce, il coupe son micro et le chaos reprend aussitôt.
- Oh bordel. Chuchote Thomas près de moi.
Nous sommes tous collés, la sueur se sent énormément.
J'ai une soudaine envie de vomir mais je me retiens comme je peux.
- Petit rappel, tout contact avec la police ou les urgences a était coupé, n'essayez même pas de vous sauver.
Ces enfoirés ont vraiment pensé à tout.
Certaines personnes se déplacent avec désespoir en direction des hommes armés.
Ils sont vraiment près à payer cette somme pour sortir.
- Qu'est ce qu'on fait ? C'est l'argent ou la mort.
Je déglutis en silence, le regard abaissé sur mes pieds.
Même si j'appelais mes parents pour leur demander cent mille dollars, ils refuseraient.
Ce serait la parfaite occasion pour eux d'enfin se débarrasser de moi.
Ma main tient toujours fermement celle de Noa.
- On a pas tout ce fric, on doit trouver un moyen de sortir sans payer. Proteste la voix rauque de Thomas.
De plus en plus d'adultes choisissent de payer pour partir mais la majorité des jeunes comme nous, n'ont pas cet argent.
- Dépêchez-vous, il y a une bombe installée sous la scène. Tic...tac...tic...tac.
La voix insupportable de cet inconnu me donne des envies meurtrières.
Une petit fille se laisse tomber par terre à mes pieds en sanglotant.
- On va mourir, j'ai pas envie de mourir.
De petites larmes perlent sur son visage silencieusement.
J'ai de la peine pour tous les enfants qui se trouvent ici.
Ils doivent être accablés par la scène qui se déroule devant eux.
Je me sens comme une enfant pendant un instant.
Il n'y a désormais plus aucune lumière.
- Vous ne voulez donc pas payer ?
L'humain à la voix grave émet alors un sifflement comme signal.
Ses hommes vêtus de noir tirent alors dans un mur pour nous prévenir.
La foule se remet à bouger et à se bousculer.
J'aperçois un fusil bien trop proche de moi, prenant peur, mes jambes s'écroulent.
Ma main lâche celle de Noa qui continue de courir sans se rendre compte de ma chute.
Les gens m'écrasent de partout sans réfléchir.
Ils se précipitent tous en ne pensant qu'à leur survie.
Mes mains sont pratiquement en sang et je ne sens plus mes articulations.
Mon téléphone a voltigé je ne sais où, je n'ai plus de moyen de communication.
Les fans pleurent, hurlent, frappent, poussent.
C'est insupportable, j'aimerais pleurer à mon tour mais ça ne servirait à rien.
Une balle arrive pile devant mon pied.
Mon regard reste figé devant ce trou qui aurait pu être dans ma jambe.
Je prends subitement conscience du danger qui m'entoure et me motive.
À quatre pattes, j'avance doucement et avec subtilité à la recherche de mon portable.
Si je le retrouve, je pourrais contacter Noa qui s'est enfuit en m'oubliant.
Mes mains parcourent le sol avec détermination mais ma tête me fait de plus en plus souffrir.
Je rêverais d'être chez moi en ce moment même.
À la place, je me situe entre la vie et la mort.
Une mère m'insulte de traîner par terre et de bloquer le passage.
Son pied tape contre mon crâne au passage.
Je l'injure de tout les noms dans ma tête.
Quelle garce.
Désespérée, je finis par m'écraser sur les fesses en essuyant une larme de désespoir qui coule sur ma joue.
Je n'en peux plus, ils n'ont qu'à me tirer dessus.
Alors que j'étais sur le point de m'allonger pour en finir, un bras musclé m'attrape par la hanche.
Il m'entraîne jusqu'à lui.
Je suis persuadée d'avoir étais prise par un terroriste mais suis étonnement rassurée de reconnaître le visage angoissé de Thomas.
- Qu'est ce que tu foutais ? Grouille toi !
- Mon... téléphone, j'ai perdu mon téléphone. Je bégaie à voix basse.
- Putain il est où ?! L'intonation de sa voix me terrifie sur place.
- J-je sais pas...
- Tes parents sont riches n'est ce pas ? Ils t'en repaieront un, maintenant magne toi !
J'entrouvre la bouche mais riposter serait prendre le risque de l'énerver encore plus.
Sa main entoure mon bras et me tire vers lui pour ne pas me perdre une nouvelle fois.
- Où est... où est Noa ? Je me surprends à murmurer à son oreille.
- Ton prince charmant a pris la sage décision de mettre en sécurité les plus jeunes comme je l'avais demandé.
- Comment ça mais... et s'il se faisait tirer dessus ?
- Il est pas débile, il fera attention.
Son ton rassurant ne suffit pas à faire évacuer mon angoisse surdimensionnée.
Une seconde balle passe à un millimètre de son visage pétrifié.
- Merde ! Cours !
La peur prend emprise de mon corps et mes jambes se mettent à avancer instantanément.
Je bouscule des personnes âgées, marche sur des mains par inadvertance.
Nous courons, main dans la main, seul notre instinct de survie nous fait désormais avancer.
Ma spécialité c'est courir, fuir pour me sauver la peau.
Aujourd'hui je dois m'enfuir, une nouvelle fois.
Mes yeux analysent le sol qui défile sous mes pieds.
Certains corps gisent par terre, touchés par les armes des terroristes en noir.
Le stade est si grand, je n'en vois jamais la fin.
Mon coeur ne s'arrête jamais d'accélérer, j'ai l'impression qu'il ne va pas tarder à exploser.
- Pourquoi courez-vous jeunes gens ? La mort vous attend déjà.
Ferme la !
J'ai envie de lui faire bouffer son micro.
Je cherche Noa de tous les côtés mais ne le perçois toujours pas.
Et s'il avait était touché ?
Je chasse cette idée de ma tête, je ne veux pas y penser.
- Baisse toi ! S'écrie la voix Thomas qui venait de se retourner vers moi.
Je me baisse brusquement en ouvrant les yeux en grand.
Il fait de même et se met à ramper sans jamais me lâcher.
Les cris se font toujours de plus en plus fort et ne s'arrêtent jamais.
Mes genoux râpent contre le carrelage qui entourent la sortie.
Comme prévu, elle a été barricadé de l'extérieur, impossible de sortir.
Nous sommes toujours pratiquement allongés, les pleurs insistants des enfants commencent à me saouler sérieusement.
Mais, avec l'adrénaline, j'ai oublié une personne qui doit probablement être en grand danger.
J'attrape brutalement l'épaule de Thomas pour le secouer.
- Où est Josie ?!
- On a pas le temps d'aller récupérer ton amie, les terroristes ne sont plus qu'à quelques mètres.
- Enfoiré ! Je m'écrie devant son visage avant de faire demi tour, toujours à quatre pattes.
Au moins j'ai la confirmation qu'il n'en a rien à faire d'elle.
Je passe entre des jambes avec agilité même si je ne sens pratiquement plus mes mains qui ont du être écrabouillées une bonne centaine de fois.
Mes yeux repèrent directement l'estrade qui mène à la large scène.
Si elle est encore là-bas, elle est dans la merde.
Il faut vite la retrouver, l'homme ne nous a pas averti du décompte de la bombe.
J'essaie de me mettre dans sa tête pour savoir là où elle aurait pu se cacher.
Rien ne me vient, mes sens s'agitent.
Je me dois de la retrouver saine et sauve.
- Noa ! Je suis si rassurée de le voir en vie.
Il est entouré d'enfants qui pleurnichent, derrière un rideau.
Ils ne seront pas protégés pour très longtemps.
- Lola ! J'ai cru... j'ai cru que t'étais déjà morte. Je te jure, j'ai pas senti ta main me lâcher et-
- C'est pas grave, je le coupe essoufflée par l'effort que je viens de produire pour venir jusqu'ici. On doit trouver Josie !
- Où est Thomas ?
- Il est resté près de la sortie, appelle le. J'ai perdu mon téléphone après ma chute.
Il ne discute pas une minute de plus et sort son portable de sa poche.
- Les enfants, restez là ok ? Je reviendrais vous chercher. Il clôt le rideau puis s'abaisse pour être à mon niveau.
Je suis touchée de la façon dont il s'occupe des plus jeunes même dans cette situation.
Le répondeur sonne cinq fois avant que Thomas ne décroche enfin.
- T'es où ?!
- Calme toi Noa, je suis vers la sortie.
- Me dit pas de me calmer abruti !
On entend Thomas pouffer à l'autre bout du fil.
J'ai presque aussi envie de rire en les voyant s'engueuler devant mes yeux.
- J'ai...plan...stade, je vais... mon possible pour... une issue non bouchée. On se... sous... scène.
Les cris sont trop bruyants, on entend à peine ce qu'il dit.
Noa raccroche subitement.
- Ok, on retrouve Josie pendant que Thomas cherche une sortie cachée. Ensuite, on se retrouve sous la scène pour faire évacuer le maximum de monde.
J'hoche de la tête mais mon corps est pétrifié.
Mon ventre se rétracte, la sensation est si horrible que j'amène une main à mon estomac.
- Aïe... je souffle en baissant ma tête en avant.
- On va bientôt s'en sortir, promis. Mais la faut vraiment qu'on se dé-
Une balle file devant mes yeux et atterrit dans son bras.
Mon coeur s'arrête une nouvelle fois, il a subit trop de choses en quelques minutes.
Un cris apeuré sort de ma bouche.
Mes mains se précipitent pour se poser sur le trou qui vient de se former sur le bas de son épaule.
- Bordel, ça fait un mal de chien.
Il grimace si fort qu'on peut ressentir la souffrance à travers son visage.
Mes yeux scintillent à la vue de sa douleur.
- J-je peux plus avancer...sur mon bras. Va chercher Josie, je vais m'occuper de ma blessure.
- Mais-
- Va retrouver Josie !
Je sursaute mais obéis tout de même.
Mes genoux me font trop souffrir, je suis dans l'obligation de me mettre accroupie pour continuer mes recherches.
Je laisse Noa malgré moi après un dernier regard en arrière.
Mon corps se faufile entre des pieds constamment en mouvement.
Je choisis d'abord d'aller dans les coulisses, Josie m'a toujours dit qu'elle aimait s'y réfugier quand elle sentait la panique monter.
Je zieute les alentours avant de pénétrer dans la partie « interdite au public ».
Une fois dans la petite pièce, je peux enfin me redresser et tendre mes longues jambes qui n'attendaient que ça.
J'ouvre plusieurs rideaux, j'inspecte derrière chaque porte et armoire, je soulève tous les vêtements.
Aucune trace de Josie.
Je me résous donc d'aller voir ailleurs après un dernier coup d'œil.
Ma main sur la poignée, je sursaute au son d'un grand coup sur la porte.
Un projectile vient de transpercer la porte avant que je ne puisse l'ouvrir.
Je me remercie intérieurement de ne pas avoir bougé, autrement c'est dans mon crâne qu'elle aurait atterrit.
Le trou m'est bien utile pour observer la situation et éviter me faire choper en sortant.
Deux hommes, dos contre dos, tirent au hasard autour d'eux en se faisant des signes en continu.
Je m'abaisse à l'instant où l'un se retourne dans ma direction.
J'entends leurs pas se précipiter vers moi puis de grands fracas sur la porte à laquelle je suis adossée.
C'est insupportable, je les reçois dans le dos mais j'essaie de bouger le moins possible.
- Ouvrez ! On sait qu'il y a quelqu'un !
Mon souffle se coupe brusquement mais la seconde d'après, s'accélère.
S'ils ouvrent je suis morte.
Je suis... morte.
Je pousse avec mon dos de toutes mes forces mais un flashback désagréable me subvient.
Je suis à nouveau dans ma chambre, à pousser à l'aide de mon dos contre ma porte en espérant que mon père cesse de hurler.
Toujours obligée de me protéger.
Ma vie se résume aussi à ça.
Fuir et me protéger.
Comme d'habitude, la fatigue mentale me rattrape et l'envie d'abandonner me tend la main.
Les bruits incessants se stoppent avant même que je n'arrête de me battre pour les empêcher d'entrer.
Leurs pas s'éloignent pendant que je reprends mes esprits.
Cet endroit est probablement le moins sûr mais je ne peux pas sortir sans savoir s'ils sont réellement partis.
J'examine alors une nouvelle fois chaque recoin dans l'espoir de trouver une autre sortie.
Je fais les cent pas en massant mes tempes, je dois rapidement trouver une idée ou une issue.
Mes membres tremblent toujours à chaque cri strident qui se fait entendre.
Soudain, mon pied s'arrête sur un dalle du sol après qu'elle ai grincé.
Mes yeux se plissent difficilement à la vue d'une minuscule ouverture.
Mes genoux s'entrechoquent et je tombe au sol avec violence.
C'est une ouverture !
Je me précipite pour l'ouvrir et vérifier ce qui se trouve en dessous.
La trape donne sur un étrange sous-sol.
Je gonfle ma poitrine en prenant une puissante inspiration puis y passe les deux jambes.
Mes hanches passent de justesse dans ce trou étroit.
Je m'écrase sur la côte gauche, une joue contre le parquet poussiéreux.
Je me surprends à fermer les yeux quelques seconde, épuisée, mais les hurlements de personnes terrifiées reviennent à mes oreilles.
Je creuse dans mes dernières forces pour me remettre sur pieds.
Cet endroit est si sale que j'éternue plus d'une fois.
Au moins, je devrais être en sécurité ici.
Mes baskets trainent pas terre tandis que je cherche une trace du passage de Josie.
Le léger son d'un sanglot atteint mes oreilles.
Je fais la statue en pensant qu'il s'agit d'un terroriste mais fronce les sourcils quand le son se répète.
J'essaie de me rapprocher avec hésitation même si la peur glace mon sang actuellement.
Je grimace au touché d'une toile d'araignée qui me répugne.
Mon dos râpe le mur rugueux et ma robe se déchire au passage.
Mes pas se font de plus en plus lents.
Il me suffit d'un minuscule regard pour reconnaître ses mèches blondes.
Je m'empresse d'accourir vers elle pour lui sauter dans les bras.
- Oh putain Josie !
Elle retire les mains de son visage pour me reluquer avec détresse.
- L-lola... Oh mon dieu !
Josie bondit du seau sur lequel elle était assise pour me prendre dans ses bras.
- Je pensais que tout le monde était mort là dehors. Ses pleurs cessent difficilement. Je pensais qu'il ne restait plus que moi.
Mon sang se remet à circuler normalement et mon inquiétude redescend.
Je ne suis plus seule.
- Pour l'instant, nous sommes vivants mais Noa a été touché au bras.
Son expression change du tout au tout.
Elle n'a plus l'air rassurée mais tétanisée.
- Comment... comment il va s'en sortir ? Elle bégaie sans bouger.
- Aucune idée, le plus important c'est de se barrer d'ici.
J'attrape sa main pour l'emmener en direction de la sortie mais je m'aperçois rapidement qu'il n'y en a pas.
- Où est ce qu'on est ? Je demande toujours angoissée à l'idée que quelqu'un débarque de nulle part.
- En dessous de la scène.
Il me faut quelques instants pour réaliser de l'endroit exact où nous sommes.
On est vraiment sous l'endroit où Josie chantait il y a même pas une heure ?
J'ai le réflexe de toquer au plafond avec mon poing.
Aucune réponse, je ne sais pas à quoi je m'attendais.
Cela fait un moment que nous sommes assises par terre à attendre les garçons quand une pensée terrible me revient à l'esprit.
La bombe.
- Merde Josie, lève toi vite ! Je m'agite dans tous les sens sous le regard inquiet de mon amie. Une bombe a été placé sous la scène !
- Quoi ?!
- Il faut la retrouver et-
- Jamais de la vie ! Il faut surtout sortir d'ici. Elle refuse catégoriquement en s'attrapant les cheveux.
- Si on la trouve, on pourra savoir combien de temps il nous reste avant qu'elle n'explose ou même la jeter par la fenêtre.
Quelle conne, il n'y a même pas de fenêtres.
- Hors de question.
Je l'arrête alors qu'elle s'apprêtait à remonter dans les coulisses.
- Si tu sors de cette pièce, c'est la mort assurée.
- Mais... je veux pas crever dans un sous-sol moisi. Sa voix se casse dans la dernière syllabe.
Des larmes recommencent à goutter jusque son menton.
- Alors aide moi à trouver la bombe.
Ses mains se posent sur le haut de sa tête après qu'elle ai lâché un long soupir d'exaspération.
Je lui fais un signe pour lui indiquer de chercher chacune de notre côté.
Je m'embarque une nouvelle fois dans une fouille intensive.
Tout est dégueulasse ici, ça ne m'étonnerais pas de croiser un rat et sa famille.
Il y a de vieux costumes ainsi qu'un micro tout poisseux.
J'ai un haut le cœur à chaque tiroir que j'ouvre.
Un gémissement dégoûté de Josie suffit à me faire sourire le temps d'une nanoseconde.
Mon pied donne un coup dans une boîte en carton sous l'effet d'adrénaline et de colère.
C'est étonnement dur, tellement que mes doigts de pieds me font désormais souffrir.
En m'accroupissant derrière, mon coeur effectue un salto de terreur.
17:58
La bombe indique 17:58.
Je m'éloigne en courant comme si ça augmenterait le temps.
- T'as vu un truc ?
Je reste statique devant Josie, incapable de prononcer un seul mot.
Elle me secoue, ses paumes posées sur mes épaules en me braillant de parler.
- Dix-sept minutes...
- De quoi dix-sept minutes ?
- C'est le temps qu'il nous reste.
Sa main me lâche pour s'écraser sur sa bouche avec stupeur.
Malgré ça, un petit hurlement en sort.
Je la regarde tourner partout en pleurnichant.
Mes yeux sont toujours dirigés sur le sol.
Alors c'est fini ?
Je vais enfin mourir ?
Ici et maintenant ?
Je suis au bord de la crise cardiaque quand deux corps apparaissent de la trape avant de s'écraser devant mes pieds.
Je n'en peux plus de ces montagnes russes de sentiments qui se mélangent à chaque événement.
Ma lèvre inférieure tremble à la vue de ces gars qui viennent de sortir du plafond.
- Enfin, vous êtes là.
- On vous a cherché partout.
Oh merde.
C'est eux, c'est Thomas et Noa, ils nous ont retrouvé.
Je ne peux pas m'empêcher de poser un poing sur mon coeur pour reprendre mes esprits.
Josie réapparaît comme par magie à l'instant où Thomas se relève en ébouriffant ses cheveux.
J'aide Noa à se relever qui galère à cause de sa profonde plaie.
Le bandage qui entoure son bras suffit à calmer mon angoisse débordante.
- T'as réussi à enlever la balle de ton épaule ?
- Ouais, c'était putain de douloureux.
Sa voix me rassure tant que je lâche un léger gloussement.
- Les gars, Josie nous rassemble tous en rond, on a trouvé la bombe, seulement... il nous reste environ quinze minutes maintenant.
Ils en restent bouchées bées pendant que je continue de bouger dans tous les sens pour trouver une solution.
Nous nous asseyons en cercle même si le temps manque cruellement.
La mort approche tellement, elle nous tend la main à présent.
Les lumières clignotent plusieurs fois avant de s'éteindre complètement.
Manquait plus que ça.
Je reconnais la voix de Josie qui pousse un cri apeuré.
- L-les gars... j'ai peur du noir. Elle avoue tout bas.
- Viens sur moi, j'te rassurerais. Propose Thomas pour plaisanter.
Mes dents s'enfoncent dans ma lèvre tandis que j'essaie de faire abstraction de cette remarque.
Si la lumière était allumée je n'aurais pas hésité à lui en mettre une.
- C'est pas... le moment,Thomas. Je lui ordonne d'une petite voix.
- Jalouse ? Il m'interroge d'un air suspicieux.
- Non, saoulée. Je réponds avec froideur. On doit trouver un moyen de-
- Attends, tais toi. Exige une voix que je ne reconnais pas.
Je suis sur le point de protester mais des pas se font entendre à l'étage d'au dessus.
Quelqu'un.
Il y a quelqu'un.
Mes yeux s'écarquillent si fort que j'en ai mal aux globes oculaires.
- C'est qui ? Je chuchote inquiète.
Les pas se rapprochent dangereusement de nous et la trape est encore ouverte.
- Qu'est ce qu'on fait ? Je continue en sentant mes membres me lâcher un par un.
- Et si-
Je suis stoppée dans ma phrase à l'instant où des lèvres brûlantes s'écrasent sur les miennes avec ardeur.
Mon corps ne réagit pas, il est sous le choc.
Un frisson parcourt le long de ma colonne vertébrale.
Ce n'est pas... désagréable.
Une main se pose sur mon flanc pour approfondir le baiser.
Le temps et les cris s'arrêtent pendant un instant.
Mais je comprends assez tard à qui cette bouche appartient, simplement parce que j'ai déjà eu à goûter à ses lèvres.
Je pose mes paumes sur son torse pour le repousser violemment.
- Pourquoi t'as fait ça ? Je m'exclame à voix basse pour que les autres ne se doutent de rien.
- Pour que tu la fermes. Murmure Thomas essoufflé.
Je n'ai même pas le temps de répondre qu'un bruit de porte qui claque retentit.
Je me lève subitement sous prétexte que je dois vérifier le temps sur la bombe.
En réalité je fuis simplement la proximité entre moi et Thomas qui est toujours assit calmement.
6:48
Oh putain.
- Vite ! Il faut trouver un endroit où jeter la bombe ou elle va exploser sur nous. Je m'excite en prévenant les autres.
Les deux garçons accourent pour porter le lourd objet de malheur.
Avec Josie, on se contente de chercher pour une énième fois une issue.
- Tic...tac...tic...tac. Recommence la voix insupportable de l'homme au micro.
J'ai envie de rester en vie seulement pour l'énerver.
Mes mains en sang continuent de soulever des boîtes avec désespoir.
- Là ! S'écrie Josie qui me fait sursauter.
Nous nous empressons tous les trois vers elle.
- Il y a une petite issue derrière ce seau, on peut y passer un par un.
Elle pointe du doigt une minuscule ouverture qui donne directement sur l'extérieur.
- Mais... je passerais jamais là dedans. Je m'enquière désespérément.
- On s'en fout, t'essaies. S'agite Thomas, la bombe dans les mains.
4:33
Josie passe en première très facilement grâce à sa petite silhouette fine.
Une fois de l'autre côté, elle nous indique de faire attention car il neige.
- Allez. M'oblige Noa en me poussant légèrement.
Dans un soufflement, je m'accroupis et entre d'abord mes pieds dans l'ouverture étroite.
Je compte jusqu'à trois dans ma tête puis me laisse tomber.
Je suis surprise de m'apercevoir que je suis bel et bien dehors.
Ça fait tellement du bien de respirer un nouvel air.
Cela fait si longtemps que j'attendais de sortir de ce stupide endroit.
Noa jette d'abord la bombe qui atterrit à nos pieds.
Je l'entends clignoter au même rythme que ma respiration.
- Dépêchez-vous !
Ils ne tardent pas à descendre à leur tour.
Josie referme la trape avec la dalle abîmée qui servait de plafond au cas ou quelqu'un nous suivrait.
- On la met où ?! Ils braillent en même temps que nous courons à toute allure.
Par chance, quelques hommes ne surveillaient que l'entrée mais pas l'arrière du stade.
J'hausse les épaules sans m'arrêter d'accélérer.
- Il y a un lac pas loin ! Josie indique un point à quelques mètres de nous.
- Ok, faut se grouiller.
Noa et Thomas la tiennent fermement en avançant toujours plus vite.
La peur se voit sur leurs visages.
Je me demande comment mes jambes arrivent à progresser alors qu'elles sont tétanisées par la panique.
Je jette un coup d'oeil au décompte même si ça ne fait qu'empirer ma détresse.
2:25
Plus que deux petites minutes et c'est la fin.
- Ici ! Aboie Josie avec agitation.
Ils freinent juste en face de l'eau avant que leurs bras musclés se balancent d'en avant en arrière.
Ils comptent jusqu'à trois puis lancent la bombe le plus loin possible dans le lac se qui vaut de grosses éclaboussures.
- Maintenant, il faut s'enfuir le plus loin possible.
Ça, je sais faire.
- Noa, prend ce scooter avec Lola. Thomas lui indique un véhicule abandonné. Je prends le mien avec Josie.
J'arque un sourcil mais attrape la main que Noa me tend.
Je m'empresse de le rejoindre sur la moto et il démarre si rapidement que j'en tombe pratiquement.
J'enroule mes bras autour de ses abdominaux pour m'accrocher tandis qu'il roule à pleine vitesse.
On ne sait même pas à qui cette moto appartient.
Thomas et Josie sont juste derrière nous, ils filent aussi à une vitesse folle.
- Pourquoi Thomas a ton scooter ? J'interroge suspicieuse après avoir remarqué la signature « Lee » sur la devanture du véhicule que Thomas conduit actuellement.
- Je le lui ai prêté pour qu'il impressionne des filles. Il répond simplement en gardant un œil sue la route.
J'aurais du m'en douter.
Mes cheveux volent derrière moi, je n'ai pas eu le temps d'enfiler un casque.
Le vent frappe mon visage alors que je prie intérieurement pour que nous soyons assez loin de la bombe.
- Thomas, accélère.
Il s'exécute et atteint notre niveau sur la route enneigée.
Je tourne la tête pour contempler Josie mais un grand vacarme explose dans nos tympans.
Je ferme les yeux en pensant que c'est notre heure mais les réouvre juste après.
L'explosion a eu lieu, et nous sommes toujours vivants.
Ma tête se tourne pour constater les dégâts.
Du feu ainsi que des débris surplombent toute la surface de l'eau.
Le stade est à moitié détruit et certaines flammes en ont pris possession.
Je fixe la scène en me rappelant que j'aurais pu être là bas à ce moment précis.
- J'ai vraiment cru qu'on allait y rester ! Souffle Noa sans ralentir.
Moi aussi.
J'ai vraiment cru qu'on allait y rester.
{ La suite dans le prochain chapitre ✨}
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