Chapitre 05: Se perdre n'est pas toujours une erreur

~Canada~Toronto~Septembre 2024~

Mes baskets abîmés trainent sur le gravier tandis que mes doigts tripotent une feuille qui était préalablement par terre.

La pluie a fait gonfler mes cheveux et je suis trempée jusqu'aux os.

Mes yeux se lèvent en direction du ciel orangé si longtemps que j'en oublie de regarder devant moi quand mes pieds s'enfoncent dans la boue.

Une voiture m'éclabousse d'un grand jet d'eau en prenant un virage.

J'essore le coin de mon tee shirt en reniflant, les cahiers dans mon sac doivent être désormais ruinés.

Je vais sûrement être malade et tant mieux. Avec un peu de chance je pourrais rester chez moi demain.

Mes jambes m'ont mené dans un endroit de mon quartier que je ne reconnais pas.

En empruntant un passage piéton, je suis tellement noyée dans mes pensées que j'en oublie de regarder autour de moi.

Quand je tourne enfin ma tête vers la gauche, une voiture s'approche dangereusement de moi.

Mes pieds sont figés, ils ne bougent pas d'un centimètre, comme encrés dans le goudron.

La voiture est maintenant a un mètre de moi, je ferme les yeux pour enfin me laisser porter de l'autre côté mais me fais bousculer et tombe à la renverse au dernier moment.

Le véhicule passe à côté et continue son chemin tandis que je suis à moitié allongée par terre avec un homme qui pensait bien faire en me sauvant la vie.

Un casque noir est posé sur ses épaules, des cheveux bruns légèrement bouclés dépassent de sa capuche.

- Ne t'attends pas à des remerciements de ma part.

Il passe une main dans ses cheveux trempés et secoue son sweat rempli de feuilles collantes.

- Tu m'es redevable maintenant.

- Dans tes rêves.

Thomas me détaille de haut en bas pendant que je tente péniblement de me remettre sur pieds.

Il ne semble pas s'intéresser au fait que ma jambe droite soit dans un état trop misérable pour me permettre de remarcher convenablement.

Mes vêtements sont devenus marrons et des morceaux de brindilles se cachent sûrement dans mes boucles.

Je m'apprête à tourner les talons mais je retombe au sol en m'appuyant sur ma jambe gauche.

- Qu'est ce que tu fous ? Il m'interroge, les sourcils arqués.

J'essaie de nouveau d'avancer mais les plais de ma cuisse se sont réouvert et ma cheville a reçu un coup lors de ma chute.

- Aïe...

Bien évidemment, mes fesses retombent par terre sous le rire de cet enfoiré.

Mes membres sont à bouts, les fourmillements qui les traversent n'a jamais été aussi désagréable.

Il roule longuement des yeux avec une expression qui m'inspire la pitié. Ce n'est que par la suite qu'il me tend sa main, un rictus diabolique scotché aux lèvres.

- Monte, tu fais pitié.

- Monter où ?

- Tu veux monter où à part sur mon dos bouffonne ?

Le temps s'écoule et je n'attrape toujours sa main qu'il me tend depuis une éternité. Je ne veux pas lui être redevable.

- Bon vas-y tu me fais chier, je te laisse pourrir ici.
Il tourne les talons puis enfonce probablement ses mains dans ses poches avec nonchalance.

- Non... attends.

Ça m'énerve de devoir le supplier mais je ne peux pas rester ici indéfiniment.

- Alors, on a besoin de moi ?

- Tais toi. Lui ordonné-je en attrapant sa main.

Mon cœur s'arrête soudainement juste avant de grimper sur son dos.

Il aura tout mon poids sur ses épaules et risque probablement de s'en plaindre.

Je ne suis pas prête à revivre des lamentations concernant ma morphologie.

-Je... je suis très lourde.

- Putain monte.

- Tu vas jamais réussir à supporter mon poids.

- Je vais à la salle tous les jours.

- C'est impossible que t'y aille chaque jour de la semaine puisque-

- Ta gueule et monte, j'ai pas toute la journée. Finit-il par m'interrompre en soufflant bruyamment.

Je cède au bout d'une minute, constatant qu'il est la seule solution qu'il me reste.

Mes abdos se contractent, espérant que ça allégera ma masse.

- Tu vois que-

- Ferme la. Il crache sans me laisser finir ma phrase.

Il marche lentement jusqu'au bout de la rue dans un silence complet quand un croisement s'impose devant lui.

Un dilemme s'impose à mon cerveau qui ne perçoit toujours pas dans quel lieu il se trouve.

- T'habites où ?

- Je sais pas, j'me suis perdue.

- T'es sérieuse là ? Descends, tu vas te démerder.

- Non, s'il te plait je peux vraiment pas marcher. Le supplié-je en m'accrochant un peu plus à ses épaules.

- J'en ai rien à foutre. Tu descends.

Il me lâche brutalement sans se préoccuper de ma chute, heureusement un poteau me permet de ne pas retomber sur cette même jambe.

Des larmes de froid dévalent à toute vitesse sur mes tempes tandis que Thomas me fixe encore, son casque sur ses oreilles.

- Casse toi maintenant !

Mes larmes se mêlent à la pluie qui débute lentement pour empirer ma situation.

Je n'aime pas la façon dont ses yeux me scrutent chaque instant où je me trouve dans une situation plus que misérable.

- T'es vraiment une gamine à pleurer pour tout et n'importe quoi.

- Va te faire foutre. Grincé-je entre mes dents.

Il marmonne un truc incompréhensible et attrape son téléphone d'un geste rapide en soupirant.

- Ton adresse ?

- 6 rue Garcia.

Le vent frappe sur nos visage frigorifiés, mes lèvres gercées se mettent à saigner doucement.

Sa main tape quelque chose sur son portable avant de m'attraper par le bras pour me remettre debout.

- Aïe !

- Mais ferme ta gueule !
Il me fait à nouveau grimper sur son dos mais fait plus attention cette fois.

J'agrippe ses épaules et enfonce mes longs ongles dans sa nuque jusqu'à en laisser une démarcation.

Il pousse un grand cri de douleur telle une fillette ce qui me vaut un gloussement qu'il n'apprécie pas du tout.

- Tu sais que je peux te lâcher à n'importe quel moment ?

J'arrête subitement de rire, consciente qu'il a parfaitement raison.

Son odeur se fraie un chemin dans mes narines, ça n'a rien de désagréable comparé à son comportement.

Un appel de « Diane » apparaît sur son téléphone mais il l'ignore d'un coup sec.

- T'ignore les filles avec qui t'as couché ?

- Tu ferais mieux de la fermer, c'est ma daronne.

- T'appelle ta mère par son prénom ?

- Tu veux pas te mêler de ta vie ? Tu me les brise là.

Je mords ma lèvre inférieur pour contenir mon envie de lui cracher à la gueule.

Thomas suit attentivement le GPS et emprunte chacune des rues qu'il lui dit de prendre.

- Pourquoi tu marches aussi lentement ?

- Pourquoi tu la boucle pas ?

Je fais claquer ma langue contre mon palais pour montrer mon agacement envers son attitude.

Ses doigts pressent la cuisse qui me fait souffrir dans le but de m'obliger à l'obéir.

Ma bouche doit se contenir pour ne pas hurler de douleur.

Par pur ennuie, j'attrape quelques unes de ses mèches pour en faire des petites tresses.

- Touche pas, c'est précieux.

- Tes cheveux dégueulasses là ?

Sa patience menace d'exploser mais le pousser à bout est ma seule occupation pour le moment.

J'enlève son casque pour le mettre sur mes oreilles quand une musique dans un langage que je ne connais pas pénètre mes tympans.

- C'est quoi cette musique de cons ?

Il m'arrache le casque et le replace sur ses oreilles d'un geste furieux. Pour l'instant il se contient encore mais ça ne risque pas de durer longtemps.

- Respecte PNL. T'écoute quoi toi ? Que je puisse me marrer.

- Souvent The Neighbourhood, Lana Del Rey, Billie Eilish-

Il éclate de rire.
Je ne vois absolument pas ce qu'il y a de drôle.

- Et tu te permets de juger ?

La tranche de ma main lui donne un coup sec dans la colonne vertébrale mais il continue de ricaner sans s'en soucier une seconde.

Les rues commencent à me sembler familières, il se pourrait que notre insupportable voyage se termine maintenant.

- C'est là. Je pointe du doigt ma maison qu'on peut apercevoir au loin.

Il traverse sans jeter de coup d'œils à gauche et s'approche à grands pas de chez moi.

- Je suis lourde hein ? L'interrogé-je à l'écoute des soufflements qu'il lâche régulièrement.

- Je porte le double de ton poids à la salle.

J'hausse les sourcils, peu convaincu par ce qu'il avance.

La porte s'ouvre sur mon père, je saute rapidement de son dos même si cela me vaut une horrible douleur dans la cuisse.

- C'est qui ? Aboie mon père, les bras croisés.

- Un ami, j'avais mal à la jambe alors il m'a raccompagné.

- On est pas ami. Me chuchote Thomas en gardant le regard rivé sur mon géniteur.

Je lui donne un coup de coude discret en appréhendant la réaction de mon père.

- Ne rentre plus jamais avec un garçon, tu aurais pu nous appeler.

Il ne serait jamais venu me chercher.

- Oui, désolée.

Le brun fait déjà demi tour, près à s'en aller, il se penche pour me murmurer une dernière chose:

- Il fait putain de badder ton daron.

Mon expression se froisse, je fais mine d'être touchée par la remarque dont il me fait part.

- Juste parce qu'il est noir ? Serais-tu raciste ?

- Tu sais très bien que ça n'a rien à voir. Il suffit de regarder à quel point tu te chies dessus quand il est là.

Il disparaît sans me laisser prononcer un mot de plus, me laissant face à mon cauchemars humain.

Le regard insistant de mon père ne se fait pas discret, il semblerait même vouloir me faire passer un message.

- C'était qui ?

- Un ami, je te l'ai dis.

- Ne le fréquente plus, on dirait un délinquant.

- Pourquoi ? Parce qu'il porte un sweat noir ? C'est sûr que c'est vraiment digne d'un voyou. Je proteste ironiquement, le défiant des yeux.

Mon père n'a sûrement pas la force de discuter, il attrape une bouteille de bière puis s'en va dans le jardin.

Je ne comptais pas le fréquenter de toute manière.

***

Le paysage défile sous mes yeux tandis que mon esprit est occupé par les multiples leçons qui m'encombrent mentalement.

Une boule se forme dans mon ventre quand je m'aperçois que quatre interros m'attendent cette semaine.

Je me vois déjà en train d'angoisser à cause du temps qui me manquera et ma procrastination qui ne fait qu'augmenter de jours en jours.

De toute façon, peu importe le résultat ça ne sera jamais assez pour mon père.

Je ne serais jamais assez pour lui.

Assise sur mon siège, une main me tapote doucement l'épaule, attendant que je retire mon casque pour lui prêter attention.

Ma surprise est grande quand ma mémoire percute finalement qui sont ces personnes.

- C'est vraiment toi Lola ?

Tout mon être tremble sur lui même, je suis dans l'incapacité de prononcer une parole ou bien de reprendre mon souffle.

- T'as pas vraiment changé, toujours à faire ta victime pas vrai ? Pouffe l'une d'entre elles.

- Tu regretteras de nous avoir fait virer de ce collège.

Mes yeux se remplissent de larmes rien qu'en constatant qu'elles sont réellement là, face à moi, venues du passé pour me hanter à nouveau.

Je n'imaginais pas revoir mes anciennes harceleuses du collège un jour.

- Je pensais que tu serais devenue un peu mieux physiquement mais apparemment c'est pas vraiment ça. Me crache Leyla, la pire des trois.

Elles éclatent toutes de rire, je profite de leur manque d'attention pour me précipiter en direction de la porte qui vient de s'ouvrir.

Une fois hors du bus, la paume de ma main se place sur mon cœur comme pour vérifier s'il est encore en état de fonctionner.

Les souvenirs qui ont ressurgit ont la même sensation qu'une remontée acide.

Je pensais m'en être remise, être passée à autre chose. Mais apparemment leur présence me fera toujours le même effet.

L'endroit est paumé et je ne reconnais rien, m'assoir sur un banc et craquer mes doigts est la seule option qu'il me reste pour l'instant.

Je sais que Toronto est très vaste mais je ne pensais pas qu'il y avait des endroits déserts dans ce genre.

En zieutant les alentours, je remarque qu'il n'y a pratiquement aucune habitation et pas une seule personne dans le coin.

Je me suis encore perdue.

Cette fois ma jambe va un peu mieux mais je ne pense pas pouvoir marcher une éternité.

Je tape rapidement mon adresse sur Google Maps avec une lueur d'espoir.

Elle s'efface tout de suite quand je tombe sur le temps de trajet. Une heure et demi.

Avant de ranger mon téléphone, une notification attise ma curiosité.

De Numéro Inconnu
> Tu m'as l'air un peu... perdu, j'ai raison ?

Le message est si terrifiant que j'en lâche mon portable qui retombe sur mes genoux.

Pourquoi fallait-il que quelqu'un me trace de la sorte ? Je n'ai pas la tête à ça en ce moment.

Mes doigts ne parviennent pas à taper une réponse, mon indexe l'éteint inconsciemment avant de l'enfoncer dans ma poche arrière.

Mon corps commence à surchauffer quand j'entends une voix m'interpeler.

Je tourne sur moi même pour voir s'il y a quelqu'un et suis étonnée de constater que Noa se trouve bel et bien dans mon dos, son sac de cours sur une épaule.

- Salut.

- Qu'est ce que tu fais dans ce trou paumé ?

- J'habite ici.

- Ah... merde. Balbutié-je, honteuse.

Je regrette ma remarque mais il me sourit comme pour dire qu'il ne m'en veut pas.

Ses cheveux se balancent au gré du vent contrairement aux miens qui sont attachés en une longue et épaisse tresse aujourd'hui.

-  Je sais que c'est pas ouf. Mais la vraie question c'est qu'est ce que toi tu fais ici ?

Ma situation est plus que gênante, j'ai l'air d'une gamine qui a pris la fuite à cause de la peur sans réfléchir aux conséquences.

- Hum, disons que... j'ai vu... des gens et j'ai paniqué. Du coup je suis sortie du bus précipitamment. Admet-je en détournant le regard.

- J'aurais fais la même chose.

Oh.
Je ne m'attendais pas à cette réaction.

Son sourire me distrait et le temps d'un instant j'arrive à me détendre complètement sans penser à toutes les emmerdes qui me collent au cul.

Il fait demi-tour en me laissant sur le banc avant de revenir sur ses pas pour me scruter avec attention.

- Bah viens.

Je ne suis pas sûre de bien comprendre.

- J'habite pas loin, viens chez moi en attendant le prochain bus.

Le prochain est dans quarante cinq minutes, c'est vrai que ça m'arrangerais mais je le connais depuis seulement quelques jours.

- Ton invitation ressemble vraiment à celle d'un kidnappeur.

- Mais si tu préfères rester pourrir dans ce trou paumé alors...

La phrase qu'il vient de sortir ressemble étonnement à celle que Thomas m'a dit l'autre fois.

Je ne prends pas compte de cette étrange coïncidence et accepte sa proposition.

Il m'a tout de même l'air bien trop gentil, c'est presque effrayant.

Peu importe ce qui arrivera c'est ma destinée et je ne peux rien y changer alors autant y aller.

Je commence vaguement à flipper quand il emprunte des chemins qui mènent à la forêt mais décide quand même de lui donner ma confiance pour cette fois.

Rapidement, il disparaît derrière des buissons, l'inquiétude prend subitement place dans mes tripes.

- Noa ! T'es où ?!

Je l'entends ricaner derrière des arbres mais ne l'aperçoit toujours pas.

- Marche plus vite.

Mes chaussures évitent des racines, de la gadoue et un tas de feuillages dangereux jusqu'à ce que des épines effilent mon collant.

- T'habite dans un terrier ou bien ? M'impatienté-je, exténuée par l'effort que je dois produire alors que je pourrais déjà être chez moi.

- Encore quelques mètres, tu vas tenir ou il faut que je vienne de porter ?

Il s'amuse en me voyant rouler les yeux mais tout ça n'a rien d'amusant.

Son rire m'insupporte quelques fois, il fait mine d'être l'homme le plus heureux du monde alors qu'il suffit de contempler ses yeux pour percevoir tout l'inverse.

Finalement, une maisonnette se trouve face à nous une fois que nous nous extrayons de cette forêt cauchemardesque.

Elle est noircie par la saleté et on peut distinguer des traces d'humidité sur les murs beiges.

Je suis juste derrière son dos quand il enfonce ses clés dans la serrure.

Son trousseau est rempli de petits portes-clés en forme de ballons de basket.

La porte s'ouvre sur un parquet endommagé et deux petits fauteuils remplis de trous.

Le salon donne sur une cuisine ouverte.
Des boîtes de conserves sont éparpillées sur la table et une odeur de sauce tomate plane dans l'air.

Je me tourne vers lui mais ses yeux sont situés en direction des escaliers, là où deux adultes déambulent.

- Va te faire foutre ! Tu sers à rien dans cette baraque ! S'écrie la femme, ce qui me fait sursauter.

Elle est très chic et bien apprêtée avec des talons exagérément hauts. Ses cheveux bruns ondulés retombent sur ses épaules, une robe bleu marine sculpte son corps.

Sa ressemblance avec ma mère est flagrante, mise à part qu'elle n'est pas blanche mais asiatique.

L'homme, qui fait très négligé à côté, se contente de ramener une bouteille de bière à sa bouche avant de la balancer par terre.

Pourquoi ses parents ressemblent étrangement aux miens ?

La femme se masse les tempes, essayant de garder son calme.

Ils ont l'air jeunes, beaucoup trop jeunes pour avoir un fils de seize ans.

Elle bouscule Noa d'un geste brusque. Ça avait presque l'air d'être fait exprès.

On entend ses talons claquer contre le sol puis la porte se fermer dans un grand bruit fracassant.

Noa pousse un long soupir et me fait signe de le suivre à l'étage.

Je monte les escaliers en m'éloignant le plus possible de son père qui pue autant l'alcool que le mien.

Une fois dans sa chambre, je me permets enfin de poser toutes les questions qui m'habitent.

- C'est... tes parents ?

- Malheureusement.

L'interrogation peinte sur mon visage le pousse à continuer:

- Ils se gueulent dessus à longueur de journée sans se préoccuper de moi.

Il marque un temps d'arrêt puis reprend:

- Mon père boit comme il respire et ma mère est une garce. Ses talons sont plus hauts que sa dignité et son rouge à lèvres est aussi dégueulasse que sa mentalité.

- Futur poète que tu es. Déclaré-je avec amusement pour détendre l'atmosphère.

Je ne sais pas pourquoi il me raconte tout ça ni ce que je dois répondre et la situation devient de plus en plus malaisante chaque seconde qui passe.

J'explore sa chambre du regard.

C'est très sombre.
Tous les murs et les meubles sont noirs et le ciel qui rentre par la fenêtre est la seule source de luminosité.

Des tas de feuilles sont éparpillées sur son bureau, il y a des stylos un peu partout sur le sol.

Je m'assois sur son lit étroit en redirigeant mes yeux dans sa direction.

- Ils ont quel âge, tes parents ?

- Vingt-neuf et trente ans.

Sous le choc, je m'en étouffe pratiquement avec ma salive.

Cela veut dire qu'ils étaient encore au collège quand ils l'ont eu.

- J'étais un accident. Finit-t-il par m'avouer.

-Ça doit être douloureux de savoir qu'à la base tes parents ne voulaient pas de toi.

Noa ne répond rien.

Le ton froid que j'ai inconsciemment employé lui a peut-être fait penser que je me foutais de sa gueule.

Il se tourne en direction de la fenêtre, admirant le soleil qui se couche.

- Tu connais beaucoup de trucs sur moi maintenant.

- Et donc ?

- Et moi rien à ton sujet.

J'aimerais lui dire que je suis comme lui, que j'ai aussi des parents merdiques.

Mais je ne veux pas faire à nouveau la même erreur.

Me confier aux gens.

{ La suite dans le prochain chapitre }

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