Seule ?

Voici ma nouvelle sur le thème Distance pour la deuxième partie du concours de @M_et_E. Longueur : 1432.

Bordeaux, 2019 :

- Non Arthur ! Tu ne peux pas me faire ça à moi ! hurlait la pauvre Amélia à son téléphone faisant les cent pas devant la fenêtre de sa chambre.

- Amélia, je suis sincèrement désolé. J'ai essayé de les convaincre de ne pas partir. Ils sont décidés. s'excusa tristement Arthur, son petit ami.

Amélia s'effondra en larmes dans son lit. Elle avait reçu 20 minutes auparavant un message venant d'Arthur indiquant qu'il allait déménager à Chamonix, à 776 kilomètres de là. Amélia l'avait appelé, demandant des explications.

Arthur, entendant ses larmes, s'excusa, la voix brisée.

- Je suis désolée Amélia. Tu veux qu'on se voit ?

- Non... J'ai besoin d'être seule.

- D'accord. Mais sache que peut importera la distance qui nous séparera, je t'aimerais toujours Lia. lui dit-il, utilisant le surnom préféré de la brune, avant de raccrocher.

Amélia enfouit sa tête dans ses couvertures, ne pouvant calmer ses sanglots. Lorsque son petit frère, Adrien, voulut entrer dans sa chambre, elle lui lança un coussin à la tête en lui hurlant de la laisser tranquille. N'étant pas idiot, Adrien ne préféra pas énerver d'avantage sa sœur et ferma doucement la porte.

Amélia se retourna sur le dos, le corps secoué de spasmes. Elle leva les yeux sur les murs peints en bordeaux de sa chambre. Mais leur vue n'arrangea rien : elle avait scotché sur ses murs les photos des meilleurs moments qu'elle avait passé avec Arthur. Sur l'une d'elle, on les voyait tous les deux sortant du cinéma en riant aux éclats. Sur une autre, on voyait Arthur faisant une grimace et derrière, on pouvait remarquer uniquement les cheveux d'Amélia, qui s'était cachée derrière lui.

Ils étaient ensemble depuis leur entrée en 6ème, 2 années auparavant. A leur début, beaucoup de personnes les voyaient comme blanc et noir, autrement dit, ils ne se ressemblaient pas du tout. Amélia avait de longs cheveux bruns foncés ondulés avec des yeux verts olives et autour de ses iris, on pouvait distinguer de légers pigments jaunes. Ses cils recourbés lui faisaient des yeux de biches. Elle était svelte et de taille normale pour son âge. Arthur, lui, avait des cheveux blonds comme le soleil et ses yeux étaient d'un brun chaleureux. Il était un peu plus grand qu'Amélia. C'est vrai que, physiquement, ils ne se ressemblaient pas beaucoup, mais à l'intérieur, ils étaient identiques. Même dévouement pour les personnes dans le besoin, même lucidité, même raisonnement. C'est pourquoi penser qu'elle ne le reverrait peut-être jamais lui fendait le cœur. Elle avait l'impression que ce ne serait pas seulement lui qui partirait, mais également une part de son âme et de son cœur .

La veille du départ, une semaine après le coup de fil, Amélia retrouva Arthur dans leur endroit préféré. C'était un petit coin de verdure au bord de la Garonne, ombragé par un immense saule pleureur. Ils s'étaient retrouvés là pour profiter de leur dernier moment ensemble. Elle avait le tête appuyé contre son torse et lui avait entouré ses frêles épaules de ses bras chaleureux. N'osant briser ce moment magique, aucun d'eux ne parlait. Amélia écoutait sa respiration afin de graver ce son dans sa mémoire et Arthur respirait l'odeur de ses cheveux une dernière fois. Aux alentours de 18 heures, le soleil se couchant sur l'eau miroitante de la Garonne, ils se levèrent, main dans la main et appuyèrent leur front l'un contre l'autre, chacun fermant les yeux. Puis, avant de partir, ils échangèrent un long baiser et se dirent au revoir dans un ultime "je t'aime".

La famille d'Arthur était parti très tôt le lendemain matin et Amélia n'avait pas put le voir.

Une semaine après son départ, Amélia se morfondait dans son lit, regardant toutes leurs photos. Elle appelait Arthur tous les soirs et ils s'échangeaient des messages très fréquemment mais Amélia avait peur, très peur, d'une chose : et si leur amour ne survivait pas à la distance qui les séparait ? Et si Arthur tombait en pâmoison devant une autre fille ? Cet incident était bien la pire des choses qu'il pouvait lui faire.

Plus les mois passaient, plus Amélia sombrait dans une semi-dépression. Avant le départ d'Arthur, il lui avait dit qu'elle n'avait qu'à regarder la Lune pour qu'elle le croit auprès d'elle. Mais regarder la Lune ne faisait qu'aggraver son malaise car justement, elle pensait à lui.

Elle n'était plus la même. Ses amies l'avaient très clairement remarqué et faisaient tout pour lui remonter le moral, tout comme ses parents. Adrien rentrait souvent dans sa chambre avec un nez rouge et en faisant le pitre, espérant la faire sourire. Mais à la place, elle éclatait en sanglots en pensant aux pitreries que faisait Arthur pour la faire rire lorsqu'elle était triste. Physiquement aussi elle avait changé. Elle s'était amaigrie et ses cheveux autrefois brillants étaient maintenant ternes et ses petites boucles encadraient tristement son visage pâle comme si l'on avait oublié des serpentins trop longtemps en plein soleil.

Si on avait dit à quelqu'un que la distance pouvait briser une personne et qu'elle ne nous croirais pas, il aurait suffit de lui présenter Amélia et elle aurait vite retiré ce qu'elle avait put dire.

Arthur constatait à chaque appel, chaque message, les changements de sa petite amie, s'inquiétant énormément pour elle. Il avait plusieurs fois essayé de convaincre ses parents de retourner à Bordeaux, au moins pour les vacances, mais ces derniers étaient beaucoup trop préoccupés par leur travail.

Il avait donc pris une décision. Bien qu'il détestait cette alternative, elle pouvait libérer Amélia de sa dépression car il voyait très bien qu'elle souffrait à cause de cette distance qui les séparait. Il s'agissait de 776 kilomètres qui les séparaient l'un de l'autre, qui creusaient un vide immense que rien excepté des retrouvailles ne pourrait combler.

Cela faisait bientôt un an qu'Amélia n'avait pas revu Arthur quand celui-ci l'appela pour son coup de fil quotidien.

- Allô ? fit Amélia d'une petite voix.

- Oui bonjour petit cœur, comment vas-tu ?

- Aussi bien qu'hier et avant-hier. Arthur, pourquoi me pose tu cette question ? Depuis ton départ, c'est comme si on m'avait isolé du reste du monde. Tu me manque, tu n'imagine pas à quel point.

Face à la voix déchirante d'Amélia, Arthur baissa la tête, honteux de l'avoir abandonné, bien que ce n'était pas lui qui avait choisi. C'est ainsi qu'il se jeta à l'eau.

- Ecoute Amélia, j'ai pris une décision. Ça me fend le cœur de dire ça mais c'est peut-être la bonne solution. Peut-être devrions nous pour le moment nous séparer et lorsque nous pourrons à nouveau être réunis, réapprendre à se connaître, tout reprendre à zéro et tomber amoureux l'un de l'autre une seconde fois. Nous garderons contact, resterons amis et le moment venu, nous repartirons de zéro. récapitula Arthur.

Amélia, dès la première phrase, avait faillit fondre en larme. Puis elle avait regardé sa proposition objectivement et sa réponse vint.

- C'est d'accord, mais je te promet une chose, je ne sortirais avec aucun autre garçon.

- Et moi avec aucune autre fille, je te le jure. Mais bon, sinon à plus !

- A plus ! répondit-elle d'un faussement enjoué.

Amélia raccrocha, le coeur lourd, mais elle savait qu'au fond il avait raison. Avant de faire ses bagages pour la nuit, elle s'appuya sur le rebord de sa fenêtre, regardant la lune. Elle ferma les yeux. Ce devait être les meilleures années de ma vie mais c'est fini, réglé, terminé songea-t-elle très fort, se persuadant elle même. Après s'être répété cette phrase une dizaine de fois, elle alla se couchait, le cœur un peu plus léger qu'il ne l'avait été pendant longtemps.

Au fil du temps, Amélia finit par considérer Arthur plus que comme un ami, bien que cela prit du temps. Ils continuaient de s'appeler tous les soirs, riants de leur journées et Amélia retrouva sa joie de vivre.

Des années après, peu de temps après leur passage du bac, Arthur revint à Bordeaux. Il devait retrouver Amélia dans leur endroit favori, près de la Garonne, après des années d'absence.

Celle-ci l'attendait avec impatience et lorsque celui-ci arriva, ils se placèrent l'un en face de l'autre.

- Bonjour, comment t'appelle tu ? lui demanda-t-il avec nonchalance, comme s'ils étaient de parfaits inconnus.

- Moi c'est Amélia, et toi ? répondit la brune, un sourire aux lèvres.

- Arthur. lui dit-il en lui rendant son sourire.

Amélia était heureuse : Arthur tenait sa promesse; ils recommençaient tout à zéro.

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