Épée, proposition et antidote

$$Chapitre deux fois plus long$$

Retour au point de vue d’Ava :

J’avais suffisamment attendu. Ça faisait plus d’une heure que j’étais étendue dans mon lit à lutter contre le sommeil alors que vu l’état dans lequel j’étais, j'aurais mieux fait de dormir mais il ne le fallait pas. Il fallait que j’aille récupérer l’épée de Heimdall avant qu’il ne soit trop tard. 

Et puis, j’avoue, j’avais peur de m’endormir. Parce que sans médicaments, j’avais peur de ne pas réussir à me réveiller. J’étais terrifiée à l’idée que ce plafond orné d’or et de peinture ne soit la dernière chose que je vois. Je venais de détruire Wanda en tuant son frère, j’avais trahi les Avengers en leur cachant ma maladie et pire encore, à cause de moi, Thor était bloqué sur terre et Loki allait devenir roi. 

Alors, en retirant d’un coup sec la couverture, je me levai de mon lit. Aussitôt, un vertige me prit et je vacillai quelques instants avant de réussir à me calmer. Je sentais bien que j’étais plus faible que d’habitude et j’avais de plus en plus peur de m’écrouler à chaque pas que je faisais. 

Je portais toujours la robe tâchée de sang mais peu importe, il fallait que je me dépêche. 

Discrètement, je poussai la porte de ma chambre et regardai de tous côtés pour vérifier qu’il n’y avait personne. 

Le couloir était désert ce qui était assez bête étant donné que tout le monde pensait que je faisais de la magie noire. Pourtant aucun soldat ne gardait ma porte. 

Je n’y fis pas plus attention et sortit de ma chambre en refermant la porte derrière moi. 

J’étais pieds nus et le sol froid me fit frissonner. 

Quatre portes se dressaient sur le mur si l’on ne comptait pas la mienne. Derrière la première, une faible lumière s’en échappait. C'était sûrement la porte de la chambre de Loki. 

Elle était fermée mais même close, je passais devant sur la pointe des pieds. 

J’arrivai devant la deuxième porte. Toutes les portes étaient identiques alors j’avais dû mal à identifier celle de la reine Frigga. 

Mais je n’eus pas le temps de réfléchir davantage que des éclats de voix se firent entendre. 

Je redressai la tête et aperçus huit gardes qui venaient de pénétrer dans le couloir royal en refermant la porte du corridor derrière eux. 

Je me précipitai sans réfléchir dans la chambre du milieu en poussant la porte en or afin de ne pas faire de bruit. Je me collai à la porte en attendant qu’ils ne passent. A travers l’épaisse couche d’or et de bois, je parvins à écouter leur conversation. 

- Quels sont les ordres ? 

- En plus de patrouiller dans le palais, on doit passer vérifier que tout se passe bien dans le couloir royal. 

- Pourquoi ? On n’y a jamais accès d’habitude. 

- Parce qu’étant donné que notre cher futur roi a eu la merveilleuse idée d’y faire dormir une sorcière, on doit s’assurer qu’elle n’ait rien détruit. rétorqua un des gardes avec ironie. 

- Super. 

Je m’étais bien dit que c’était bizarre. Je les entendis aller jusqu’au bout du couloir et faire ensuite demi-tour en repassant devant la porte derrière laquelle je me cachais. 

- Il est fou notre nouveau roi d’avoir accepté une sorcière ici. Vivement que Thor revienne. 

- Chut ! Pas si fort ! Imagine qu’il ne dorme pas. 

Ils passèrent devant ma porte en sens inverse puis je les entendis fermer la porte du corridor royal derrière eux. Le silence retomba. Je soupire de soulagement en constatant qu’ils ne m’avaient pas trouvés. 

Je me retournai face à la chambre dans laquelle j’étais. La première chose qui me frappa, c’était le bazar. Contrairement à l’entièreté du palais qui était nickel, il régnait dans cette chambre un souk pas possible. 

Le lit n’était pas fait, des livres et des armes gisaient par terre, des vêtements étaient éparpillés sur le sol… 

Je ne sais pas pourquoi mais même si cette chambre était identique à la mienne, j’avais un pressentiment qu’elle appartenait à Thor. 

Je ressortis alors de cette pièce et entrai dans la prochaine qui était aussi l’avant dernière. 

Pas de bazar mais là aussi, le mobilier était identique aux chambres précédentes excepté quelques petits détails. 

Un gigantesque tableau trônait fièrement sur le mur de pierre juste au-dessus de la cheminée éteinte. 

Même à travers l’obscurité, j’arrivais à discerner ce que représentait la peinture : l’air fier et supérieur, un sceptre à la main et un cache-oeil semblable à celui de Nick Fury, Odin était assis sur le trône royal à gauche de la toile. Sa femme, la reine Frigga était sur le côté droit, une main sur l’épaule de son mari, un sourire chaleureux et timide aux lèvres.

Elle était charmante et avait l’air convivial, c’était sûrement une femme très gentille. L’autre main de la reine reposait sur l’épaule de Loki qui se trouvait debout devant elle. Il était beaucoup plus jeune que maintenant et paraissait avoir la quinzaine. Comme à son habitude, il souriait. Mais ce n’était pas le sourire fourbe et amusé de d’habitude, c’était un sourire sincère et empli de joie de vivre. Je ne l’avais jamais vu aussi heureux et détendu que sur ce tableau. Et dire qu’il avait tellement changé maintenant.

Et enfin, sur le côté gauche de la toile, debout devant son père, trônait Thor. Comme son frère, il devait avoir la quinzaine et souriait lui aussi, d’un air heureux et amusé. 

Thor, contrairement à son frère, n’avait pas changé d’un poil. Pourtant, ils avaient connu les mêmes galères et les mêmes crasses. 

Me rendant compte que j’étais figée devant ce tableau depuis trop longtemps, je me détournai vers la penderie. 

A moins qu’Odin ne s’habille en robe à ses heures perdues, je pense que j’étais dans la chambre de la défunte reine Frigga. 

Rien que de savoir le fait que je me trouvais dans la chambre d’une morte, j’en eus des sueurs froides. 

Bon, ne nous laissons pas déconcentrés, il faut que je trouve l’épée de Heimdall. 

Je me figeai soudain en entendant une nouvelle patrouille passer devant la porte une première fois, s’éloigner vers le fond du corridor et repasser une deuxième fois avant de claquer la porte du couloir derrière eux. 

Allez, au travail. 

Je commençai par pousser les robes de la penderie en tâtant le mur du fond pour vérifier s’il n’y avait pas de cachette. Une fois la penderie vérifiée, je m’attaquais à la cheminée, je regardais dans le conduit et touchais tous les murs, je retournais les draps du lit, vérifiais en dessous, retirais les livres de la bibliothèque en les feuilletant à la va-vite… Une fois la chambre faite, je me dirigeais dans la salle de bain, ouvris tous les tiroirs, les placards, cherchais derrière le miroir, soulevais les tapis…

Rien ! Il n’y avait rien ! D'accord, Solveig m’avait dit que c’était une rumeur que l’épée soit cachée ici mais pourtant j’avais le pressentiment qu’elle était vraiment là mais où ?!

Ça faisait plusieurs heures que je cherchais désespérément ! 

Je tournais ma tête en direction de la grande pendule et remarquais qu’il était cinq heures du matin. Déjà ?! J’avais cherché pendant autant de temps ?! Mais où était-elle, merde !

De rage, je laissais couler une larme. Je frottais mes yeux cernés, ça m’arrangeait d’avoir trouver un prétexte pour ne pas dormir mais ça me dérangeait que ce prétexte ait été vain. 

- Ok, bon réfléchissons. Si j’étais Loki, où aurais-je caché cette épée ? Je l’aurais caché dans ma propre chambre mais sachant que celle-ci est régulièrement remise en ordre par les femmes de chambres alors je l’aurais caché dans un endroit secret ou interdit, autrement dit ici ! Puisque les visites des femmes de ménages sont très rares, je l’aurais caché à un endroit qu’on ne nettoie pas… Ou alors inexistant… 

Mes yeux dérivèrent en direction de la table de nuit. Elle n’était pas assez grande pour y accueillir une épée mais peut-être que je trouverais des indices. 

J’ouvris le premier des trois tiroirs, rien. Le deuxième, rien. J’ouvris le troisième et la seule chose qu’il y renfermait était un grand album. 

Je l’extirpais de la commode et le laissais retomber lourdement sur le sol. 

Je le feuilletais et découvris que la reine Frigga avait peint de magnifiques choses sur chacune des pages. Elle avait peint et dessiné, des scènes de la vie quotidienne : des gens ramassant les cueillette, Odin sur son trône, des gens se promenant dans la cour du château, des robes, des gens cuisinant, Thor et Loki jouant entre eux… 

Au fur et à mesure que je défilais les pages, je me rendis compte qu’il y avait beaucoup de peintures de ses deux enfants. 

Voyant que ce livre ne m'apprendrait rien, je le rangeais dans son tiroir mais en le soulevant de terre, une feuille en tomba. Je la ramassais et la dépliais pour en découvrir le contenu. 

Il ne s’agissait certainement pas d’un dessin de Frigga mais plutôt d’un dessin d’un enfant au vu des coups de crayons maladroits. Les couleurs étaient simples et je devinais que cet enfant s’était représenté lui et sa mère se tenant la main. Dessus était marqué en grandes lettres pas vraiment soignées : “Maman, je t’aime”. Et c’était signé Loki. 

Ça n’avait l’air de rien mais c’était tellement simple et enfantin que j’en versai une larme au souvenir de ma mère qui elle, n’avait pas hésité à me manipuler. 

Mon regard se posa sur le tableau de la cheminée. Le tableau… Il était gigantesque ! Il pouvait sans mal cacher l’épée. 

Prise d’un entrain soudain, je me relevai aussitôt, le dessin toujours à la main et attrapa une chaise au passage que je mis devant la cheminée avant de monter dessus. Le tableau était deux fois plus grand que moi que ce soit en longueur ou en largeur. Je posais mes mains sur le côté droit et cherchais une genre d’encoche ou n’importe quoi qui pourrait le faire tomber. 

Soudain le tableau se décolla du mur et pivota sur le côté gauche. 

Je le tirais vers moi et derrière celui-ci se cachait l’épée de Heimdall. Elle devait faire à peine ma taille et reposait contre le mur accroché par la poignée. 

Sans hésiter je m’en emparai et la décrochai mais aussitôt celle-ci délivrée de son entrave, elle m’emporta avec elle vers le sol. Et elle était tellement lourde que je m'écrasais avec elle dans un horrible bruit sourd qui avait certainement averti quelqu’un. 

Je me relevais avec la tête qui tournait et entendis aussitôt des bruits de pas précipités. 

Paniquée, je cherchais vite un endroit où me cacher avant de tirer l’épée avec moi. Purée, pourquoi était-elle aussi lourde ?! 

Je la poussais sous le lit avant de m’engouffrer moi aussi sous le sommier. 

Aussitôt après, la porte s’ouvrit avant de se refermer sur une seule personne. 

- Qui est-ce ? demanda la voix de Loki. 

J’entendis qu’il fermait la porte à clé derrière lui. Merde, il avait les clés ! J’étais bloquée ici. 

- Cet endroit est parfaitement interdit au public ! Sortez de votre cachette, je suis armé. 

La seule chose que je voyais de lui étaient ses pieds et je les vis très clairement se diriger vers la cheminée. 

- Merde. laissa échapper le demi-dieu. Je sais que tu es ici ! Ça ne sert à rien de te cacher. 

Je tournai ma tête vers la fenêtre, je pouvais encore m’enfuir par là. Je vis ses pieds passer devant la fenêtre avant de s’engouffrer dans la salle de bain pour sûrement aller chercher l’intrus de ce côté. Vite, c’était le moment où jamais ! Tout va bien se passer, allez un peu de courage !

Je sortis de ma cachette et, en tirant l’épée qui faisait le poids d’un éléphant derrière moi, je me dépêchais d’aller jusqu’à la grande fenêtre. Une fois devant celle-ci, je risquais un coup d'œil dans la salle de bain juste à côté et découvris le demi-dieu en train de retourner la pièce de fond en comble pour me trouver. 

Bien, il était assez occupé. Discrètement, je tournais la poignée du battant gauche de la fenêtre et tira sur celui-ci mais rien ne se produisit. Fermée !

- Ah tu étais cachée sous le lit ! J’aurais dû m’en douter, c’est une cachette simple mais très efficace. 

Je me retournais vers la voix du demi-dieu et le trouva avachie sur un fauteuil en velours rouge à l’autre bout de la chambre juste à côté de la cheminée. 

Surprise de le voir ici, je tournais mon regard vers la salle de bain où je vis là aussi Loki à la différence qu’il disparut aussitôt. Il m’avait piégée. 

Je dévisageais à présent le vrai Loki. Je n’avais pas peur de lui mais pourtant je ne pouvais pas m’empêcher de me dire que contrairement à moi, il n’hésitera pas à me tuer. Pourtant, il s’était bien gardé de le faire jusqu’à maintenant. 

Le demi-dieu se leva de son siège et sortit une dague de sa poche qu’il se mit à contempler attentivement comme si elle renfermait les plus grands secrets de l’univers. 

Contrairement à moi, il n’était pas en “pyjama” et était vêtu de ses mêmes habits habituelles vert et noir. 

- Tu viens de rompre notre accord. dit-il d’une voix pensive, toujours en fixant sa dague. 

- Ah parce que c’est moi qui l’ai rompu ? Il a pris fin à la seconde même où tu m’as enfermé dans cette prison.

Il leva les mains au-dessus de sa tête comme pour se rendre d’un air amusé face à l'argument que je venais de poser. 

- J’avoue que tu n’as pas complètement tort sur ce point là mais je pensais que par rapport à moi, tu ne serais pas malhonnête. 

- J’essaie simplement de sauver Asgard avant que tu ne deviennes roi ! Parce qu’au cas où tu ne l’aurais pas remarqué, tout le monde te craint ! 

Loki haussa les épaules, la mine dubitative. 

- N’est-ce pas la meilleure façon de se faire respecter ? 

- Parce que ça t'amuse en plus. Des centaines de personnes crèvent de faim sur vos planètes et sont dans la misère totale et toi tu ne fais qu’en rire !

- Eh bien justement, je compte bien réparer les erreurs de mon père. 

- En commençant par tuer tous les détenus de la prison royale ? 

- Parce que tu crois qu’ils méritent de vivre ?!

- Certains ont été emprisonnés injustement ! Et même s’ils sont coupables, tu n’as aucun droit de vie ou de mort sur eux !

- Bien sûr que si, je suis un demi-dieu, trésor. 

- Et tu penses que ça te donne tous les droits ? Admets-le, tu n’es pas fait pour être roi. 

- Au contraire, on m’a appris toute ma vie à être roi, j’ai attendu tellement de temps avant de pouvoir monter sur le trône ! Je suis digne d’être roi d’Asgard !

- Oui, c’est sûr qu’après avoir trahi toute ta famille, c’est totalement légitime que tu accèdes au trône… 

Mais à peine eus-je le temps de terminer ma phrase que Loki se jetta sur moi, dague à la main. En moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, je me retrouvai projeté sur le sol, le souffle coupé sous le choque et la main du demi-dieu tenant la dague au-dessus de ma tête, prêt à me transpercer. 

Le demi-dieu se tenait à genoux au-dessus de moi m’empêchant d’esquisser le moindre geste et le visage défiguré par la colère à quelques centimètres du mien. Il pouvait me découper la gorge à tout moment mais pourtant, il n’en fit rien, se contentant de me dévisager avec une rage et une haine intense. 

- Eh bien vas-y tue moi. soufflais-je pour le provoquer comme il l’avait fait la fois dernière dans ma chambre au QG. 

- Très bien, si tu insistes. me menaça-t-il en plaçant sa dague juste en dessous de ma gorge. 

Pourtant, il ne trancha pas ma peau et je crus voir dans son regard une lueur d’hésitation et… de pitié ? 

- Allez, ce ne serait pas la première fois que tu tues quelqu’un. 

A l’instant où les mots sortirent de ma bouche, il écarquilla les yeux et abaissa sa dague d’un geste vif et violent. Par réflexe, je fermai les yeux mais ne sentant aucune douleur, je les rouvris et découvris la dague à quelques centimètres de mon cou, plantée dans le parquet. 

Le souffle court, Loki se laissa tomber sur le sol en position assise. Il se frotta les yeux avec ses mains comme pour chasser un mauvais souvenir ou un cauchemar. 

Ayant eu la peur de ma vie, je souffle un bon coup. Je m’y attendais mais j’avais quand même eu sacrément peur. 

Je me relevais moi aussi en position assise et scrutais le demi-dieu qui était toujours assis, le visage entre les mains. 

Il ne bougeait pas et j’eus presque de la peine pour lui. On aurait dit qu’il était perdu ou qu’il ne savait pas quoi faire. Comme s’il était en détresse et qu’il attendait juste que quelqu’un l’aide à se relever. Vu comme ça, on ne dirait pas que cet homme ait attaqué New York et soit un véritable psychopathe mais pourtant, je ne pouvais m’empêcher de ressentir une pointe de pitié. 

J’hésite mais voyant qu’il ne bougeait toujours pas, je décidais de prendre la parole. 

- Tout va bien ? demandai-je prudemment en posant ma main sur son avant-bras. 

Il releva subitement la tête et en voyant que j’avais posé ma main sur son bras, il se dégagea brusquement. Mais je ne lui laissai pas le temps de se façonner un visage “normal”. 

- Tu regrettes ? 

Il me toisa du regard comme pour vérifier que j’étais sincère dans ce que je disais et que je n’étais pas devenue douce pour le trahir ensuite. Il se méfiait de moi comme il se méfiait d’à peu près tout le monde. 

- Tu regrettes d’avoir… fait tout ça ? 

- Et toi ? Regrettes-tu d’avoir trahi et tué ? 

- Je regrette d’avoir tué, ça c’est certain mais je ne regrette pas l'entièreté de mes trahisons. 

Il lâcha un rire moqueur avant de se relever d’une traite comme s’il n'avait jamais montré signe de faiblesse. 

- Ne pense pas être aussi pure que tu ne le crois. Je sais que tu viens de trahir les Avengers en leurs mentant, je sais que tu as tué beaucoup de gens et je sais que le pouvoir que tu caches sous tes gants est plus que destructeur. Alors dis-moi, fit-il en approchant son visage du mien avec une mine provocante. Entre nous deux, qui est le véritable monstre ? 

A sa grande surprise, je ne me laissais pas aussi facilement avoir par ses manipulations et je lui souris simplement en me relevant à mon tour. 

- A la différence de ton cas, je n’ai pas choisi de tuer ces gens, je n’ai pas choisi d’avoir ce “pouvoir destructeur” comme tu l’appelle. Je n’ai pas attaqué une planète simplement pour pouvoir régner dessus à défaut de ne pas pouvoir le faire sur la mienne et je n’ai pas trahi tous mes proches. 

Il esquissa un sourire amusé mais je parvenais clairement à voir dans son regard qu’il ne l’était pas du tout. 

- Je t’offre l’hospitalité et voilà comment tu me remercie. 

- Je ne pense pas que tu saches ce qu’implique d’avoir ce pouvoir. 

- Arrête, tu vas me faire pleurer. répliqua-t-il sarcastiquement. 

- Est-ce que tu as déjà eu cette horrible sensation de savoir que tu vas mourir dans peu de temps mais de ne pas savoir exactement quand. Cette ignorance et cette incertitude horrible qui te tiraille à longueur de temps. De se dire tous les jours que ce sera peut-être la dernière fois que je verrai le soleil ou que je verrai les gens qui me sont chers. 

- Tu me fais presque pitié de ton cas. railla-t-il de son habituel ton nonchalant. 

- Non, tu ne peux pas savoir. Tu ne peux pas connaître ça. 

- Tu n’es pas la seule à souffrir, trésor. Alors arrête de te plaindre et de reporter l’attention sur toi. dit-il en se détournant, dos à moi. 

Ses paroles laissaient clairement transparaître sa douleur même s’il faisait tout pour ne pas la montrer. Cependant, à mon grand étonnement, il finit par lâcher après avoir longuement soupiré comme s’il hésitait :

- Tu n’es pas la seule à avoir mal mais si tu souffres autant d’être… dans l’incertitude, je peux peut-être t’aider et te dire exactement quand… quand ce sera fini pour toi. 

Je ne parvenais pas à voir son visage mais je savais que ce qu’il tentait de m’expliquer était en réalité une proposition à laquelle je devais répondre. 

- Comment ? hasardai-je. 

Il se tourna enfin vers moi et je voyais bien qu’il n’avait pas l’habitude d’être… enfin d’avoir un semblant de gentillesse. 

- Eh bien, il se trouve que je suis en mesure d’entrer dans la tête des gens et de leur faire revivre leurs souvenirs passés alors j’en déduis donc que je peux aussi voir ceux du futur et en voyant ton futur, je pourrai sûrement te dire quand ce dernier s’arrêtera. 

Le demi-dieu sembla voir que j’hésitais alors il ajouta. 

- Bien sûr, ce ne sera pas sans douleur et je verrai tous tes souvenirs les plus marquants ainsi que ton futur alors disons que j’ai besoin de ton consentement. 

- Et depuis quand Loki s’inquiète-t-il des bonnes manières ? demandai-je, suspicieuse. 

- Je n'enfreins aucune règle et c’est une des principales lois qui régissent notre monde. Alors ? Tu ferais bien de profiter de cet échantillon de gentillesse qui vient de me traverser. 

Je réfléchis quelques secondes mais si le seul moyen de savoir combien de temps il me restait était qu’un demi-dieu fouille dans mes souvenirs et infiltre ma tête alors d’accord. 

- Dépêche toi avant que ce soudain élan de générosité ne disparaisse. me pressa Loki.

- Ok, ça marche. Je suis d’accord mais… Est-ce que tu auras accès à l’ensemble de ma mémoire ? 

- Non, seulement tes souvenirs les plus marquants. 

- Ce ne serait pas un piège par hasard ? dis-je, méfiante. 

- Crois moi, si ça avait été le cas, je ne me serais pas embêté d’avoir les souvenirs d’une gamine. 

- J’ai dix-sept ans. 

- Et alors ? Tu es clairement une enfant par rapport à moi qui en a mille cinquante et un. 

- Wow t’as mille cinquante et un ans ? Tu ne les fait pas. 

- On s’éloigne un peu du sujet, il me semble. 

- Oui, complètement. 

- Bien, alors si tu es toujours d’accord pour que je m’infiltre dans ta mémoire, tu ferais mieux de t’asseoir. décréta Loki en désignant le fauteuil rouge où il s’était assis il y a quelques instants. 

Je plissai les yeux toujours méfiante mais il répliqua en soupirant :

- Non, je n’ai pas installé de double fonds dans le siège du fauteuil, tu peux aller t’installer sans crainte. 

Je m'assis sur le fauteuil rouge et attendit qu’il me donne les autres instructions. 

- Et maintenant ? 

- Maintenant, je gère. 

Je levai un sourcil interrogateur en appréhendant un peu ce qu’il allait faire mais c’était le seul moyen de ne plus m’inquiéter sur cette incertitude de la mort. Avant que je n’ai pu changer d’avis il s’approcha de moi et posa délicatement la paume de sa main sur mon front comme s’il avait peur de me faire du mal, ses doigts levés au-dessus de mon crâne.

J’eus à peine le temps de le voir fermer les yeux qu’une épouvantable douleur se saisit de mon corps. Mes yeux s’écarquillèrent mais la douleur était telle que je n’arrivais même plus à respirer et que tous mes membres étaient paralysés sous le choc. 

La douleur se saisit de tout mon être et j’avais l’impression que des centaines d’aiguilles déchiraient ma tête. Je ne parvenais même pas à crier, j’étais complètement paralysé. 

Tout ce que je pouvais faire était de scruter le visage du demi-dieu, agenouillé devant moi, les yeux fermés et les traits du visage tirés sous l’effort. Des gouttes de sueur commencèrent même à perler sur son front et sa main contre mon front tremblait de plus en plus comme s’il luttait contre quelque chose. 

Pour lui non plus, ça ne devait pas être une partie de plaisir mais alors pourquoi endurer ça pour moi ? Je n’étais rien de plus qu’un moyen de gouverner Asgard, un obstacle que Loki avait dû se débarrasser mais alors pourquoi vouloir endurer cette douleur qui avait l’air atroce pour “un monstre” comme il m’avait appelé tout à l’heure ? 

Brusquement, alors que je pensais m’évanouir sous le manque d’air et sous la douleur que subissait mon crâne, la main de Loki quitta soudainement ma tête et le demi-dieu fut projeté par une force invisible au mur d’en face. Son corps entra sèchement en collision avec le plâtre du mur avant de retomber mollement sur le sol. 

En tant normal, je me serais immédiatement levé pour vérifier que tout allait bien et qu’il n’était pas mort mais là, j’en étais bien incapable. Ma vision était trouble et même si la douleur avait aussitôt disparu, mes jambes étaient en compote et ma tête avait du mal à rester droite. 

Je me laissai tomber contre le dossier du fauteuil en reprenant ma respiration alors que Loki se redressait difficilement après le choc qu’il venait de subir. 

Je l’entendis tousser et lorsqu’il tenta de se relever, il chancela brusquement sur sa droite mais il se rattrapa à temps sur le pilier du lit à baldaquin. Loki se laissa ensuite tomber sur le lit en se passant les mains sur le visage. 

Je ne pouvais plus voir son visage mais une fois que j’eus totalement reprit mes esprits, je demandai au demi-dieu, toujours allongé sur le lit, les jambes dans le vide et les mains dissimulant son visage trempé de sueur. 

- Alors ? Ça va ? hasardai-je, pas très sûr de moi. 

- Disons que c’était pour le moins… intense. Je ne savais pas que… Enfin bref. 

- Et sinon ? Combien de temps il me reste ? 

Le demi-dieu se mit en position assise sur le matelas, me toisa mais ne répondit pas tout de suite et sembla hésiter. 

- Tu es sûr ? Enfin je veux dire… parfois il vaut peut-être mieux rester dans l'ignorance. 

- Oui, je suis sûr. On n’a pas fait tout ça pour rien. 

Loki baissa le regard sur le sol et finit par articuler, après plusieurs secondes d’attente. 

- Deux ans. 

- Pardon ? demandais-je, pas sûr de bien avoir compris. 

- Deux ans. Si tu continues de prendre le traitement que tu as alors il te reste deux ans avant… avant la fin. Enfin, j’ai exploré toutes les possibilités du futur en ta faveur et la plus grande durée était de deux ans si tout se passe bien. 

Un lourd silence s’installa entre nous deux durant lequel aucun de nous n’osa prendre la parole. Je sentais bien que Loki me considérait mais je ne voulais pas le regarder. Il en savait bien plus que moi sur moi-même, sur ma vie, mon passé et mon avenir. 

Deux ans. Et encore c’était dans le meilleur des cas. Juste deux ans. Dans deux ans j’aurai seulement dix-neuf ans. Mourir à dix-neuf ans. C’était tôt. Beaucoup trop tôt. Je ne pourrais jamais avoir de mari, avoir d’enfants, avoir une maison, un travail… Je ne connaîtrais jamais la vie adulte, la vie de retraité… J’étais condamné et je ne pouvais pas échapper à mon destin. 

Je fermai brièvement les yeux pour ne pas avoir à endurer le regard de Loki qui devait certainement s’en ficher, se moquer ou autre chose dans ce style là. 

Je ramenais mes genoux contre ma poitrine avant d’enserrer mes jambes avec mes bras. Je constatai mes gants et laissai mes pensées divaguer sombrement. 

Je vis à peine Loki se relever du lit et passer ses mains dans ses cheveux avant de lisser ses vêtements et de déclarer : 

- Je vais trouver un moyen de te soigner. Je te guérirai et je n’attends rien en retour. Je n’attends pas de toi que tu me laisse accéder au trône et si tu veux m’en empêcher ou rentrer chez toi afin de prévenir mon frère, je ne t’en empêcherai pas. Je te soignerai quoi qu’il arrive, sans contrepartie. Je ne t’empêche pas de rentrer sur Midgard et de toute façon, tu sais où est caché l’épée. 

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Coucou mes asperges à la banane flambée ! J'espère que vous avez aimé ce chapitre et même si ce n'est pas le cas, laissez une étoile et dîtes moi ce que vous en avez pensé !

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