Engueulade et Cauchemard

$$$ Chapitre un peu plus long que d'habitude c'est-à-dire littéralement deux fois plus long, voilà voilà ! Bonne lecture ! $$$

Et lorsque nous parvînmes à la fin de toutes les attractions et les stands qui nous intéressaient, nous nous posîmes sur un banc au bord d’un lac juste à côté de la fête avec des churros, des barbes à papa et des sandwichs seulement éclairés par la pleine lune. 

- Avoue que c’était bien quand même. lui lançai-je en enfonçant mon visage dans l’épaisse barbe à papa. 

- Ouais, sauf les moments où je suis parti rendre l’âme devant la cuvette des toilettes. me répondit-il d’un ton nonchalant en prenant une frite. 

- Tu veux dire les trois quarts du temps ? demandai-je en riant. 

Il sourit en me frappant l'arrière de la tête. 

- Arrête où je te jettes dans le lac. me menaça-t-il. 

On riait tous les deux mais le réveil de mon téléphone m'interrompit. Je l’arrêtai et grimaçai légèrement en lisant la description qui s’affichait sur mon écran trois fois par jour : Prendre Médicaments. 

Je sortis ladite boîte de la poche de mon manteau et avalai la dose nécessaire avant de boire du soda pour les faire passer. Je me tournai ensuite vers Peter qui avait lui aussi cessé de rire à la vue des médocs. Je ne voulais pas encore gâcher l’ambiance. Même s’il avait l’habitude je savais que ça lui faisait mal à chaque fois. 

- Tu penses que le soda et les médocs vont avoir une réaction chimique dans mon estomac ? Genre ça va faire des bulles et je vais vomir toute la nuit ? Un peu comme toi quoi. dis-je en essayant de changer un peu de sujet ou du moins de le refaire rire. 

Mais il ne ria pas. Et le regard qu’il me lança était pile celui que je ne voulais jamais voir dans les yeux de mes proches. Un regard de pitié, de peur, de tristesse… Un regard de chien battu en fait. 

- Tu en as parlé aux Avengers ? 

- Tu connais déjà la réponse. lui répondis-je en apportant la canette de soda à mes lèvres. 

- Parle leurs en. S’il y a bien des gens qui peuvent t’aider c’est eux. 

- On en a déjà parlé, Peter. 

- Parfois j’ai l'impression que tu veux vraiment mourir.  

- Mais ça n’a rien à voir. Je sais qu’ils ne trouveront rien alors je ne vois pas l’utilité de le leur dire. 

- Peut-être pour qu’il se prépare psychologiquement ? 

Le ton commençait à monter. 

- Et c’est justement ça que je ne veux pas. Je ne veux pas qu’il s’y prépare. Tu te rends compte ? Ils croient tous que je ne suis pas à la hauteur des Avengers et que je les ralentis. Qu’est-ce qu’ils feront lorsqu’ils apprendront que je vais mourir dans peu de temps ? Ça va être encore pire, voilà ce qu’il se passera. Ils me protègeront pour avoir sur la conscience qu’ils ont tout essayé pour me sauver alors que protection ou pas, je vais finir au cimetière dans pas longtemps. 

- Et qu’est-ce qu’ils vont penser quand ils te retrouveront morte dans ta chambre ? Que tu leur a menti ? Que tu les a trahis ? Dis le leur je t’en supplie. 

- Désolée mais ce n’est pas à toi d’en décider, Peter. 

- Mais putain Ava, tu ne comprends pas ! Je ne peux pas me mettre avec quelqu'un qui va peut-être mourir demain ! Je ne peux pas me mettre en couple avec une personne qui va bientôt crever ! Ce n’est tout simplement pas possible. A quoi ça servirait ? Ça m'apportera plus de mal que de bien. De me dire que notre bonheur sera aussi éphémère… Qu’est-ce que ça apporterait à part la dépression quand tu seras parti ? Il n’y a pas d’issue possible à ça. 

Un silence s’installa. Un silence durant lequel j’essayais de digérer tout ce qu’il venait de me dire. 

- Mais… je croyais que tu voulais essayer ? demandais-je en me concentrant pour ne pas laisser ma voix dérailler. 

- J’ai essayé. Mais à chaque fois… A chaque fois je repense à ça et… Je me dis que ce n’est pas possible. De devoir t’encourager à rester forte alors que nous saurons très bien comment ça se terminera. De me dire que la fin est proche. De… On ne pourra même pas se marier, s’installer ensemble, fonder une famille peut-être… On ne pourra rien faire. Et je sais que je ne serai pas assez fort au cimetière. Ça me détruira. Alors dis-moi à quoi ça servirait. 

Il avait les larmes aux yeux et mon coeur venait de se briser un peu plus. 

- Pour moi. A me rendre heureuse avant la fin. Voilà à quoi ça servirait. dis-je la voix tremblante. 

- Je ne pourrai pas faire semblant… Je suis vraiment désolé, Ava. J’ai essayé. Ne crois pas que ça me laisse indifférent de te dire ça. 

Il s'essuya les yeux à côté de moi alors que j’apportai un churros à ma bouche avant de le reposer en sentant son odeur, écoeurée. 

- En réalité, je savais que ça allait se terminer comme ça. 

Je me levai après avoir dit cette phrase. J’ajustai mon manteau alors que Peter se prenait le visage, les coudes posés sur ses genoux. 

- Mais ce n'est pas grave. Je m’y attendais. 

- Je suis vraiment désolé Ava. C’est pas contre toi. 

- Je sais… Bonne soirée. lui dis-je d’une voix neutre. 

- Ava, attends… me lança Peter sans prendre la peine de se lever pour me retenir. 

Je ne le regardai pas et continuai de partir vers la fête foraine et une fois à l’intérieur, d’en ressortir. 

Je marchai sur le trottoir éclairé par les lampadaires. La tête rentrée dans mon long manteau, je ne fis pas attention aux gens et marchai droit devant en bousculant certaines personnes au passage. 

Comment ai-je pu croire que la moindre personne pourrait m’aimer en sachant que j’étais malade ? Et si les Avengers l’apprenaient ? Est-ce qu’ils ne voudraient plus me voir parce que ce serait trop lourd à supporter psychologiquement ? 

Peter ne voulait pas de moi parce qu’il sait que ça ne mènera à rien et que ce sera plus qu’éphémère mais les autres ? Est-ce qu'ils penseraient pareil ? Est-ce qu’ils ne voudront plus de moi parce que ça leur ferait trop mal au cœur de me voir… mourante ?  Parce qu’ils se diront que ça ne servirait à rien de louer un lien avec moi si c’est pour le perdre dans peu de temps ?

Non les Avengers ne feraient pas ça. Pourtant, depuis que Bruce était parti, plus personne ne parlait de lui, tout le monde faisait comme s’il ne s’était rien passé… Comme s'il n’avait jamais existé…

Je pris une grande inspiration en voyant que j’étais déjà arrivé devant le QG. J’entrai dans l’allée principale, les mains dans les poches et la tête fixant mes pieds qui avançaient doucement sur les graviers au clair de la lune. 

Maintenant c’était sûr, il ne fallait plus que personne ne sache que j’étais malade. Pour l’instant il n’y avait que Peter, Wanda et Strange. Ainsi que Pietro mais c’était une autre histoire…

Je soupirai longuement de fatigue en me passant les mains dans mes cheveux bouclés. 

J’atteignis la porte d’entrée de la maison principale du campus où se trouvait la pièce à vivre, les chambres etc. Mais je n’avais pas envie de franchir ces portes. Je n’avais pas envie de faire encore une fois comme si tout allait bien. J’étais trop fatiguée pour ça et je priai intérieurement pour ne pas que cette fatigue surnaturelle ne vienne de ma maladie. 

Soudain, mon téléphone me sortit de mes pensées. Je décrochai en voyant le nom de Ned. 

- Alors, comment ça se passe ? m’interrogea-t-il sitôt que j’eus décroché. 

- Ben là je suis devant chez moi. 

- C’est déjà fini ? Pourtant c’était bien aujourd’hui le date ? 

- Ouais c’était aujourd’hui mais je suis rentré plus tôt. 

- Pourquoi ? Je connais cette voix qu’est-ce qu’il y a ? Ça s’est mal passé ? Qu’est-ce qu’il a fait encore ? 

- Rien. Tout va bien c’était génial mais c’est moi qui ai… Enfin c’est de ma faute. On a parlé de l’éventualité de se mettre en couple et on en a déduit que ce n’était pas possible. Mais ce n’est absolument pas de sa faute, au contraire, c’est de la mienne. 

Et c’était vrai. Je pouvais comprendre ce que ressentait Peter. 

- Mais il ne comprend pas ce que toi, tu ressens. dit une voix qui me fit sursauter. 

Je me tournai d’un coup vers la provenance de la voix et remarquai que la silhouette noire était de nouveau là. Elle m’observait. Ou plutôt la mort m’observait. 

- J’imagine que tu veux pas plus en parler ? me demanda la voix de Ned depuis le téléphone. 

Sans lâcher du regard la silhouette noire, je portai le téléphone à mon oreille. 

- Non c’est vrai. Merci en tout cas de m’écouter. 

- Pff tu rigoles, j’ai pratiquement rien fait. Je vais quand même aller en parler avec Peter. 

- Ok, à plus Ned. 

- Bye. Et si l’envie te prend de parler à quelqu’un, j’suis là. 

- Merci. lui dis-je avant de raccrocher. 

Je rangeais le téléphone et reportai mon attention sur la silhouette noire. 

- Qu’est-ce que tu veux encore ? Tu vois bien que ce n'est pas le moment. 

- Ahh, le premier amour, ça brise toujours autant le cœur. me répondit-elle. 

- Je ne pense pas que ça soit un vrai amour. 

- Sinon, il serait resté avec toi c’est ça ? Malgré le fait que ton âme me suivra bientôt. 

- Dégage. lui dis-je simplement. 

Je la vis hausser les épaules avant de disparaître dans un nuage de fumée noir. Elle me faisait de plus en plus peur. Au tout début, elle ne parlait presque pas et se montrait rarement mais plus le temps passait, plus j’en apprenais sur elle et plus elle parlait avec moi.

Elle venait plus d’une fois par jour me voir et me rappelait à chaque fois qu’elle attendait que je meurs. Et j’avais l’impression que plus ce jour approchait, plus elle était proche de moi. 

Rien que d’y penser, mon corps était parcouru de frissons de peur. Je finis par pousser les portes du bâtiment principal et d’entrer dans le hall d’accueil qui était à cette heure, vide. 

Je montai les escaliers qui menaient à la pièce de vie et remarquai que la seule personne présente était Nath’. 

- Alors, comment ça s’est passé ? Raconte ! me dit Nath’ dès que j’eus franchi le seuil de la salle. 

- C’était… commençai-je en souriant faussement. 

Puis je me ravisai. J’en avais marre de faire comme si tout allait bien. Mon sourire tomba peu à peu et j’inspirai profondément, les larmes aux yeux. 

- En fait… C’était bien au début mais après on a parlé et on s’est rendu compte qu’on ne pouvait pas aller plus loin. Mais ce n'est pas de sa faute. ajoutai-je en voyant l’espionne froncer les sourcils. 

- Il y est forcément pour quelque chose. Je croyais que tu l’aimais bien. 

- Oui mais… C’est compliqué. Quoi qu’il en soit c’est fini alors mieux vaut ne plus en parler. Et puis c’est de ma faute. 

- Pourquoi ? Qu’est-ce que tu as fait ? me demanda-t-elle d’une voix douce en s’approchant de moi. 

Elle ne m’avait pas reproché sa question. 

- Ce serait trop long à expliquer mais il semblerait qu’il ne m’accepte pas entièrement. Ce que je peux comprendre après tout… 

Je m’arrêtai de parler en entendant ma voix se briser. Je ne voulais pas pleurer devant une femme aussi forte que Natasha. A vrai dire, je ne voulais pas pleurer tout court. Ça me rendrait encore plus vulnérable et plus faible que ne le pensaient les Avengers. 

Pourtant, en voyant mon menton trembler, la rousse vint vers moi et m’enlaça de ses bras. Je posai ma tête sur son épaule et la serra également contre moi. Elle me caressait les cheveux de sa main droite alors que l’autre me serrait contre elle. 

Je ne voulais plus la lâcher. Elle me rassurait d’une certaine manière. Elle me rappelait ma mère et pourtant, je ne voulais pas la comparer à la femme qui m’avait élevée. 

- Ça fait toujours cet effet le premier vrai amour. me murmura-t-elle. 

Mais ce n’était pas le vrai amour. Je le sentais. Il manquait quelque chose. 

- Ne dis pas aux autres que ça s’est mal passé, s’il te plait. l’implorai-je. 

- Surtout pas à Steve et Tony où ils seraient capables d'échafauder un plan contre lui. 

Silence. Je profitais de cet instant presque maternelle. 

- Tu ne lui en veux pas ? me questionna Natasha. 

- Non. 

C’était surtout à moi que j’en voulais. 

Alors que je commençais à m’endormir, elle rompit cette étreinte et me fit signe d’aller me coucher ce que je fis sans discuter. 

Mes pas précipités claquaient contre le béton du trottoir. Au loin, le soleil commençait à se lever sur New York mais je me fichais bien de ce magnifique lever de soleil. Tout ce qui m’importait était de suivre la silhouette flou qui courait comme un dératé devant moi.

Je ne savais plus vraiment pourquoi mais il ne fallait pas que je le distance. Je ne le poursuivais pas, je le suivais simplement mais en revanche, d’autres bruits de pas se firent entendre derrière nous. Je tournai légèrement la tête et constatai qu’un homme nous courait après. Il était loin donc je ne pouvais pas distinguer les traits de son visage. Mais il courait vite. Trop vite à mon goût. Il allait finir par nous rattraper. 

Soudainement, la personne que je suivais tourna dans une ruelle sombre et étroite. La ruelle était une impasse et aucune maison ne desservait dessus ce qui en faisait un abri idéal pour les personnes mal intentionnées. 

La personne que je suivais n’a pas dû remarquer qu’elle s’engageait dans une impasse car quand elle le découvrit, elle s’arrêta aussitôt et retourna un visage inquiet vers les pas de course précipité de l’homme de derrière. 

Et c’est à cet instant que je pus distinguer le visage de celui que je suivais. Hassan. 

Il avait un visage que je ne lui avais vu qu’une seule fois dans sa vie, le jour où maman est morte sous nos yeux. Un visage plus qu’inquiet. Il était terrifié et le voir comme ça me faisait stresser encore plus. 

Pourtant, malgré le fait que je sois devant lui, il n’eut pas l’air de me remarquer. Il semblait me regarder comme s’il regardait à travers une vitre. Il fixait derrière moi sans même se rendre compte de ma présence. 

Et c’est alors que je compris. Une vision. Encore. La mort me faisait voir un évènement du passé. Ou peut-être plutôt du futur en cet instant. Car Hassan n’avait pas l’air plus différent que la dernière fois que je l’avais vu. 

Ses yeux se posèrent enfin sur quelque chose. Je me retournai et vit l’homme qui nous poursuivait. Ou plutôt qui le poursuivait.

Mais encore une fois je ne distinguais ni son visage, ni ses habits tellement la rue était sombre. 

- Écoute mon gars, je sais pas ce que tu veux mais ce qui est sûr c'est que tu ne fais pas partie de la police. Alors pourquoi tu me courses ? C’est par rapport à l’argent ? C’est pas moi qui l'ait, c'est Kilian un pote. Si tu veux on peut aller chez lui et on en discute calmement. Pas la peine de m’agresser. lui dit Hassan d’un ton qui se voulait parfaitement calme mais étant sa sœur je voyais bien que ce n’était pas le cas. 

- Je ne te poursuis pas pour l’argent. Ça n’a rien à voir. lui répondit l’homme qui se positionna à plusieurs mètres de lui. 

Il était assez proche de Hassan mais pas assez pour que je puisse distinguer ses traits. 

- Alors pourquoi tu me suis ? 

- Sache que ce qui va se passer n’est absolument pas personnel et que tu n’y es pour rien. Mais elle a besoin d’assimiler les conséquences de ses actes. Si tu dois en vouloir à quelqu’un, c’est à elle et personne d’autre. 

La voix que l’homme empruntait était calme, froide, terrifiante et dénuée de sentiment ou même d’émotion. Comme si cet homme ne vivait plus ou qu’il parlait automatiquement. Sa voix n’avait aucune intonation et ne laissait rien transparaître. 

- Elle ? Mais de quoi tu parles à la fin ? T’es complètement taré ! C’est qui elle ? 

- Tu sais très bien de qui je veux parler. 

Sur cette dernière phrase, l’homme leva une main vers Hassan. Une main qui portait un pistolet. Et avant que je ne me rende compte de quoi que ce soit, une détonnation se fit entendre et tout devint noir. 

Je me redressai en sursaut dans mon lit. La respiration tremblante et le corps transpirant, je soulevai la couette pour me précipiter dans la salle de bain. Dans le miroir, je me rendis compte que j’étais encore habillée de la tenue d’hier. Les souvenirs du date avec Peter refirent surface et je m’empressais de me déshabiller pour me rendre dans la douche. 

Encore dans un état fébrile, je tendis la main vers le robinet de la douche et une eau chaude tomba du haut de celle-ci. 

Je laissais l’eau essayer d’effacer mes souvenirs de la veille et ceux de cette nuit. De mes mains gantées, je pris appui sur le mur pour ne pas tomber sous le coup de l’émotion. 

Qu’est-ce qui venait de se passer au juste ? Une vision ? Pourtant jusque là, la mort ne m’avait fait voir que le passé et le plus surprenant était que si c’était vraiment une vision alors pourquoi la mort ne m’avait pas accueilli à la fin ou au début de celle-ci. 

A chaque fois, elle ne manquait pas de se faire remarquer ou d'apparaître dans un coin de la vision mais là, rien. Peut-être était-ce donc simplement un cauchemar ? Un cauchemar plus que réel. 

Et qu’est-ce qu'ils avaient dit déjà à la fin ? Mince, je savais qu’ils avaient parlé de quelque chose d’important mais impossible de me souvenir exactement quoi. Ça faisait exactement comme un rêve, au début on s’en souvient parfaitement et puis après de moins en moins jusqu’à seulement se rappeler des détails cruciaux. Et là, la seule chose dont je me souvenais était qu’un homme avait tiré sur Hassan. 

J’arrêtais le jet d’eau en me souvenant que si je dépassais trop de dollars de facture d’eau, Tony allait me la faire payer, ladite facture. 

Alors c’était ça ? Ce n’était qu’un cauchemar ? Un cauchemar n’ayant aucun impact sur la réalité ? En tout cas je priais intérieurement pour que ce soit le cas. 

Je me savonnai et au moment de me rincer, le souvenir de Peter se fraya une petite place dans mon esprit et une tristesse profonde s’empara de moi. Il ne voulait pas de moi parce que j’étais malade. 

Il ne voulait pas de cet amour et certainement pas de cette amitié non plus. Il ne me voulait tout simplement pas dans sa vie. Ce qui était compréhensible au fond. Mais me rejetter complètement parce que j’allais bientôt mourir, ça, par contre, ça me restait en travers de la gorge. 

Je sortis de la douche, m'essuyais et m'habillais dans un survêtement de sport gris. Je retournai ensuite dans ma chambre et pris mon téléphone pour regarder l’heure. Aussitôt, des dizaines d’appels manqués de la part de Peter s’affichèrent sur mon écran mais je n’y fis pas attention. Il m’a fait souffrir et ça, je ne pouvais pas le laisser passer. 

5h03. Il était tôt mais je ne voulais pas aller me coucher de peur qu’un autre cauchemar ne s’incruste dans mon sommeil. Ou pire encore, une vision.  

Alors je sortis de ma chambre et entrai dans la cuisine non éclairée compte tenu de l’heure matinale et de vitres qui se teintaient d’une heure précise au soir jusqu’à une autre heure précise du matin. Je ne voyais pratiquement rien mais cela ne me dérangeait pas. 

J’ouvris un placard en hauteur et en sortis un verre que je remplis d’eau à l’évier avant de le poser sur le plan de travail. Puis, je sortis plusieurs plaquettes de médicaments de ma poche. J’en extirpai la dose nécessaire. Les bruits des plaquettes en plastique que l’on craquait résonnaient dans le silence du matin. 

Je rangeai ensuite les médocs dans ma poche et mis les sept pastilles dans ma bouche avant de les avaler à l’aide de gorgées d’eau. Je vidai le verre et m’en resservis même un deuxième avant de le déposer dans l’évier. 

Pile à ce moment, les vitres se déteintèrent et les rayons orangés du soleil de printemps inondaient un peu la cuisine et la salle de vie. 

Cette vision de ce lever de soleil ne fit que me rappeler mon cauchemar de cette nuit. J’avais beau me dire que ce n’était qu’un rêve, je ne pouvais m’empêcher d’avoir un mauvais pressentiment. 

Je me retournai face à la cuisine et, dans un sursaut, me rendis compte que le milliardaire était assis sur la banquette qui entourait la table de la cuisine. 

- Oh purée, tu m’as fait peur ! Depuis quand est-ce-que t’es là ? 

- Hmm… Je crois que je suis là depuis hier soir. En fait, je n'ai pas bougé d’ici. dit-il avec une voix traînante et fatiguée. 

Il se frotta le visage comme s’il avait du mal à s'habituer à la lumière vive du soleil. 

- Ça va pas ? le questionnai-je en m’asseyant en face de lui et en remarquant ses cernes. 

- Et toi ? C’est quoi tous ces médicaments que tu viens de prendre ? 

- Ça c'est rien, j’ai juste mal à la tête. 

- Au point d’en prendre autant ? 

- Et toi ? Qu’est-ce que tu fais là ? j'interrogeai en partie pour détourner la conversation vers lui. 

- Rien. Enfin c’est pas intéressant. 

Je haussai un sourcils, lui faisant comprendre que je voulais savoir et que je ne partirai pas tant que je n’aurai pas eu ma réponse.  

- C’est juste qu’en ce moment, Peppers et moi… C’est compliqué entre nous. 

- Ça l’a toujours été non ?

- Oui mais là, c’est différent. J’ai l’impression… Que c’est fini. 

- Mais non, tu dois certainement te faire des illusions. tentai-je de le rassurer. 

- Et puis, pour ne rien arranger, je n’arrête pas de penser à mes parents. 

Tony avait des parents ? Enfin, bien évidemment qu’il en avait mais je ne m’étais jamais demandé où est-ce qu'ils étaient ni à quoi ils ressemblaient. D’ailleurs ça veut dire qu’ils étaient mes grands-parents ?

- Pourquoi tu penses à eux ? Vous vous êtes engueuler ? 

- Ouais… En fait, ils sont morts dans un accident de voiture juste après.

Ma bouche s’ouvrit légèrement sous le coup de l’information. 

- C’était quand ? 

- Il y a déjà plusieurs années. J’ai eu le temps de faire mon deuil depuis mais le fait d’avoir toujours été en mauvais terme avec mon père même jusqu’à sa mort n’arrange pas les choses. 

- Et ta mère ? 

Je n’avais pas l’habitude que le milliardaire se livre autant à moi et à vrai dire ça me faisait plaisir d’en savoir plus sur lui. On a beau faire partie de la même famille, on ne se connaissait que depuis six mois et c’était pour cette raison que ça avait toujours été plus ou moins bizarre.

Au fond de moi, je savais qu’il tenait à moi ou du moins je l’espérais mais le fait de n’avoir aucun moyen de le vérifier me laissait toujours cette impression de doute s'insinuer dans mon esprit.  

- Ma mère a toujours essayé de nous rapprocher, de réparer les pots cassés. Si elle n’avait pas été là, je serai parti de la maison bien avant mais elle était la seule raison pour laquelle je suis resté. 

- Tu sais… Je pense que ton père t’aimait énormément… Même s’il ne le montre pas. Un père ne peut pas détester son enfant. 

Je savais qu’il avait relevé la tête à l’entente de cette phrase et qu’il me regardait. Moi, je gardais les yeux baissés en pensant à ce que je venais de dire. Est-ce-que j’avais dit ça juste pour le rassurer lui ou est-ce que j’essayais moi-même de me convaincre de ce que je venais de dire ? De me rassurer vis-à-vis du milliardaire ?

Quoi qu’il en soit, Tony n’eut pas le temps de répondre que des voix se firent entendre suivi de Steve et de Sam qui descendaient les escaliers. En nous voyant, les deux hommes se stoppèrent. 

- Et ben dites donc vous êtes matinal, qu’est-ce qu’ils vous arrivent ? nous demanda Steve alors que Sam bayait bruyamment à ses côtés. 

- Il fallait que je travaille sur un truc important alors je me suis levé tôt. répondit immédiatement Tony en se levant de la banquette pour sortir de la cuisine et ensuite prendre l’ascenseur. 

Décidément, il avait vraiment trop de fierté pour oser dire qu’il était mal. 

Alors que Sam s’asseyait à mes côtés en laissant tomber sa tête sur la table dans un bruit sourd, je me tournai vers Steve. 

- On va courir ? lui proposai-je. 

A ces mots, Steve se retourna entièrement devant moi et même Sam tourna légèrement la tête pour me regarder. 

- J’ai bien entendu ce que je viens d’entendre ? demanda ce dernier. 

- J’ai besoin de me dépenser aujourd’hui. leur dis-je en repensant à mon cauchemar. 

- Sans rire ? questionna Steve. 

Soudain, Sam se leva et s'exclama aussitôt :

- Ah mais oui, je suis cent pour cent d’accord ! Va courir avec Steve, ça m’arrange ! Allez bonne nuit !

Il me serra la main et remonta les escaliers précipitamment puis un bruit de porte qui se ferme se fit entendre avant de laisser une nouvelle fois la place au silence. 

Steve haussa les épaules comme s’il était habitué à ce genre de comportement venant de la part de son meilleur ami, ce qui devait sûrement être le cas.

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Coucou mes ananas au coquelicot des champs ! J'espère que vous avez aimé ce chapitre et même si ce n'est pas le cas, laissez une étoile et dîtes moi ce que vous en avez pensé !

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