Strange, Course et Cimetière
On était dehors, dans le froid, sans manteau, avec Sam qui était peut être somnambule vu son état et devant une énorme piscine.
- En vrai, faire un tour de la piscine c’est faisable. je dis en croisant les bras sur mon survêt de sport.
- Alors d’une c’est pas une piscine et de deux on ne va pas faire un tour seulement.
- Hein ? Beh combien alors ?
- Plus d’un.
- Rooooooohhhh. je me lamente.
- On s’est carrément levé avant le soleil, ça va pas là ! se plaint Sam.
- Je croyais que t’avais l’habitude ?
- Seulement quand je suis de bonne humeur ou que j’ai la motivation. Et là, j’ai ni l’un ni l’autre.
- Est ce qu’au moins t’es sur de ne pas être somnambule ? je demande.
- Non, c’est la sixième fois que tu me poses cette question.
- C’est exactement ce que t’aurais dit si tu étais somnambule !
- Roh tu me fatigues encore plus que je ne l’étais déjà… De toute façon les Balances ne sont pas faites pour se lever tôt.
- Là, j’ai qu’une seule envie c’est de te balancer dans la piscine.
- Ce n’est pas une piscine ! me lance Steve.
- Gnagnagnagnagnagnagnagna… je l'imite.
- Je t’ai entendue ! Allez on y va.
Steve commença à courir et Sam et moi fûmes obligés de le suivre. Mais très vite, l’ancien soldat nous distança.
- Il fait exprès pour qu’on se sentes encore plus nuls ou quoi ?
- Je me pose la même question à chaque fois. me répondit Sam d’une voix encore endormie.
Très vite, ma respiration s’accéléra et j’eus déjà un point de côté.
- Ah, j’en peux plus.
- Les Lions s’épuisent très rapidement, à ce qu’il parait. Alors c’était prévisible que tu ne tiennes même pas les dix premiers mètres.
D’un coup, sans prévenir, je le pousse dans la piscine qui n’en était pas une. Endormi, le vétéran tomba dans l’eau avant de vite en ressortir en claquant des dents et en grelottant.
- Et ça c’était prévisible peut être ?! En plus je ne suis même pas Lion !
- Attends un peu que je t’attrape on verra si tu feras encore la maligne !
Il sortit aussitôt du bassin et se lança à ma poursuite. Je cours aussi vite que je le pus.
- Steve !!! Aide moi !!!
Mais bientôt, Sam me rattrapa par le bras avant de me balancer au-dessus de son épaule comme si j’étais un vulgaire sac à patate.
- La vache, t’es lourde !
- Bah pose moi alors !
- Ok ! dit-il en s’approchant du grand bassin.
- Non !!!! Steve !!!! Sam, je t’emmerde !!
Il ria sans m’écouter et me balança dans l’eau. Mon corps entra dans l’eau noir et glacé et lorsque j’ouvris les yeux, elle était là. La silhouette, elle était sous l’eau mais apparaissait comme si l’eau n’avait aucun effet sur elle.
D’un coup, elle disparut pour réapparaître en dessous de mon corps et je sentis des doigts se serrer autour de ma cheville. Aussitôt, je fus tirée vers le fond par cette chose. J'essayais de me débattre mais rien à faire, elle m’emmenait toujours plus profondément.
Alors, je lui assène un coup de pied aussi puissant que je le pus et aussitôt, elle lâche prise. Je me dépêche de remonter à la surface. Merci Natasha d’avoir eu la patience de m’apprendre quelques prises.
Une fois que j’eus atteint la surface, je me précipite pour sortir le reste de mon corps de l’eau. Sam m’aida à revenir sur la terre ferme.
- Ah, j’ai cru que je devais aller te chercher ! me dit le métisse en rigolant.
- Ouais, j’ai cru aussi figure-toi. je répondis en recommençant à tousser du sang dans mon coude.
Je fais de mon mieux pour qu’il ne s’aperçoive de rien. Ce qu’il fait.
- Et donc du coup c’est quoi ton signe astrologique ?
- Tu devrais le savoir puisque c’est en fonction des dates de naissances, non ? je lui répondis, une fois que j’eus terminé de tousser.
- Mais je ne connais pas ta date de naissance, guignol.
- Ah bah tant pis pour toi.
Steve nous dépassa sans s’arrêter en nous criant :
- Allez ! C’est pas encore l’heure de la pause !
On l’ignore royalement tous les deux.
- Non mais sérieusement ? C’est quand ? insiste Sam, une fois que Steve fut loin.
- Sérieusement ? Je ne sais pas.
Il me regarde en souriant mais quand il vit que j’étais très sérieuse il perdit son sourire, attendant que je termine ma phrase.
- Je ne l’ai jamais fêté. Ma mère me disait que ça ne servait à rien et je ne comprenais jamais pourquoi. Mais quand j’ai grandi, j’ai compris que c’était parce que Tony l’avait officiellement quitté ce jour-là et que je n’étais pas vraiment voulu. Ni par Tony… Ni par ma mère en fait. Quand j’y repense, je me demande si ma mère n’aimait pas plus l’homme qui l’avait quitté que sa propre fille.
- Non, bien sûr que non. Elle t’aimait c’est sûr.
- Je sais qu’elle m’aimait. Mais je sais aussi qu’elle préférait Tony. Ma mère n’était pas… La meilleure maman.
- Comment ça ? voulut savoir Sam.
Je redresse ma tête vers lui en souriant avant de lâcher :
- Bref, tout ça pour dire que je ne te dirai pas la date de mon anniversaire et que je n’ai pas envie de la savoir.
- Comme tu voudras. me répondit le métisse qui n’avait pas l’air de vouloir insister.
On se remit à courir et je fis de mon mieux pour essayer d’oublier cette silhouette qui me hantait. Est ce que je devenais folle ? Peut être que oui.
Sam était beaucoup plus loin que moi quand Steve me doubla pour la énième fois avant de courir à reculons devant moi pour me faire face.
- C’est toi qui est de plus en plus lente ou c’est moi qui vais trop vite ? me nargua Steve.
Je lui fais un doigt avant de reprendre :
- Nan mais sérieux, comment fais-tu ?!
- Pour courir ?
Il hausse les épaules avant de reprendre :
- C’est le talent.
- Un talent qui n’a rien de naturel alors.
- Peut être mais autant en profiter, alors !
Je soupire d’épuisement.
- Et bien moi, je n’ai pas de “talent” comme toi… je lui dis en arrêtant de courir.
Il me rejoint en courant sur place tandis que je reprends mon souffle.
- Allez, on s’y remet !
- Nan, pitié !! J’en peux plus, là.
- C’est pas en abandonnant aussi vite que tu vas devenir forte.
- T’as même pas besoin de sport pour entretenir ton corps ! je dis en le désignant d’un geste nonchalant.
- Peut être mais le sport c’est bon pour la santé !
- Bah pas pour la mienne en tout cas !
Il lève les yeux au ciel avant de me prendre le bras en se remettant à courir.
- Nan Steve, s’il te plait j’en ai marre ! je lui crie en courant derrière lui.
Il ne m’écouta pas et continua. Alors, prises d’une idée géniale, je me mets soudain à courir avant de sauter sur son dos en m’accrochant à ses épaules et en calant mes jambes autour de sa taille.
- Redescend tout de suite, c’est d'la triche !
- Et toi, m’obliger à courir à cinq heure du matin juste pour un pari, c’est pas de la triche ?
- Mais ça n’a rien à voir !!
- Non, non, non on ne ralentit pas Rogers, allez on tient jusqu’au bout ! Et puis si t’es capable de courir tout ça alors t’en seras aussi capable avec un poids en plus !
- Oui mais là t’es un peu…
- Bah vas-y, dis le que je suis grosse !!
- J’ai pas dis ça, j’ai juste dit que tu pesais ton poids.
- Continue à courir si tu veux pas que je mette mes mains devant tes yeux !
Il soupira mais courra sans faire d’histoire. On a dû faire quatre ou cinq tours de bassin.
Une fois que le soleil commençait vraiment à se faire voir et que la place commençait à se remplir de monde, Steve arrêta de courir pour retourner au point de départ où nous attendait les gourdes.
- Ah, je suis morte ! je dis en descendant du dos de Steve.
- T’as un sacré culot, toi ! dit Sam qui était assis sur le sol et à deux doigts de mourir.
- Je pense que tu ne te rends pas compte à quel point c’est compliqué de rester accroché au dos d’une personne pendant autant de temps !! Ça fait super mal aux jambes, c’est horrible !
- Moh pauvre bichette, elle ose se plaindre alors que Steve à du supporter ton poids pendant cinq tours !
- Six. rectifia Steve en buvant.
- Six ! T’as pas honte ! me cria Sam.
- Mmh, non. je lui répondis en faisant mine de réfléchir.
Une fois dans la voiture pour rentrer à la tour, j’interpelle Steve qui conduisait.
- Attends, arrête toi.
- Pourquoi ? demande-t-il en se garant sur le trottoir.
Sans prendre la peine de lui répondre, je sors de la voiture pour me diriger vers le cimetière. J’entre à l’intérieur et slalome entre les tombes pour trouver celle de ma mère. Ça faisait longtemps que je n’étais pas venu alors autant y allait maintenant.
J’arrive bientôt devant sa tombe mais quelque chose me stoppa aussitôt et je resta debout dans l'allée en fixant la petite boule de poil blanche qui était posée sur la pierre tombale. Je porte ma main à la bouche en comprenant ce que c’était avant de m’avancer en face de la tombe de ma mère.
C’était un chien. Mais pas un chien au hasard, c’était Everest. Un petit chien qui venait souvent gratter à la fenêtre de notre maison pour réclamer de la nourriture. On en avait déduit qu’il devait être abandonné alors, tous les matins et tous les soirs, on lui laissait une gamelle de reste.
Souvent, on ne le voyait pas venir prendre sa nourriture parce qu’il devait avoir peur de l’homme mais dans les rares fois où on le voyait, on s'empressait de le câliner et de le caresser. On savait qu’il s’appelait comme ça parce qu’il avait un collier avec son nom marqué dessus.
Je m'accroupis devant la pierre tombale où reposait Everest qui était couché en boule. Je le pris délicatement dans mes mains. Il était tout petit, enfin, encore plus que d’habitude. Je le ramène contre moi avant d’ouvrir mon manteau pour le glisser à l’intérieur. Je referme la fermeture en prenant garde à ce que sa tête dépasse de mon manteau.
- Ne me dis pas que tu n’as pas mangé depuis tout ce temps ? je chuchote à l’animal endormi.
Je fus soudain prise d’un terrible doute et mis ma main sur le haut de son ventre. Oui, il respirait encore.
Il a dû venir ici pour remercier ma mère de lui avoir donné à manger et de s’être occupé de lui. Il a veillé sur elle comme elle a veillé sur lui.
On dit qu’un chien est fidèle et qu’il aime plus son maître que lui-même. Il n’était quand même pas prêt à mourir pour la remercier ?!
- Il n’y a personne dans cette tombe… Elle est vide. je murmure tristement.
Je sentais Everest qui remuait sous mon manteau.
- Tu voulais remercier maman pour tout ce qu’elle a fait ? Moi aussi. Mais je préfèrerai la voir en vrai.
Everest commença à couiner.
- Ouais. Ça fait mal hein ? Il y a des études qui démontrent que perdre ses parents fait moins mal que de perdre ses enfants. Parce que ce n’est pas dans l’ordre des choses et que ce n’est pas normal. Tu penses qu’elle aurait réagi comme moi, maman si j’étais parti ?
Le petit chien cacha sa tête dans le manteau.
- Pour moi, c'est la même chose. dit une voix d’homme.
Je me retourne pour apercevoir un grand homme en costume avec des cheveux noirs sillonnant de mèches grises sur les côtés qui regardait la tombe de ma mère.
- Comment ? je lui demande.
- Les douleurs. Ce sont toutes les mêmes. Perdre un enfant ou un parent, ça fait mal mais ce n’est pas une question d’âge ou de génération. Tout dépend de la relation qu’on entretient avec cette personne. C’est tout.
Je regarda ce grand homme aux yeux glacial qui n’avait d’yeux que pour la pierre tombale. Il m'intimidait et je n’osa pas l’interrompre.
- Si on aime la personne, alors quand elle part la tristesse nous noie et on ressent une fissure dans le cœur, comme s’il était fêlé. Mais lorsqu’on perd quelqu’un de vraiment important, notre cœur n’existe plus. Il est vide et à ce moment-là c’est comme si un trou noir nous engloutissait. Le monde devient sombre et obscur puis on ne ressent plus rien à part un vide sans fin.
Puis il tourna brièvement sa tête vers moi pour me dire :
- Mais “perdre” n’est pas forcément en rapport avec la mort.
- Comme une séparation, une dispute, une trahison… j’énumère.
- Les gens croient souvent que la douleur d’avoir perdu quelqu’un est la pire mais il y a pire que la mort. Comme tu dis.
Un silence s’installa durant lequel, les quelques oiseaux qui commençaient à revenir de leur migration chantaient.
- Et vous, pourquoi êtes-vous ici ? je demande.
- J’aime juste me promener.
- Et comment vous appelez-vous ?
- Strange. Stephen Strange. me répondit-il en me serrant la main.
- Enchantée. Je suis…
- Ava Benson. me coupe-t-il.
- Ou-oui. Mais comment… ?
- L’astrologie et tout ça. Je me passionne pour toutes ces choses. me dit-il dans un sourire.
Sam avait-il raison depuis le début ?Je fronce les sourcils mais ne releva pas. Sa tête me disait vaguement quelque chose.
- Bon, eh bien ça a été un réel plaisir de vous rencontrer monsieur mais je dois y aller. je dis en me détournant de la tombe.
- Bonne journée à vous, mademoiselle Stark.
Je me retourne soudain à l’entente de cette phrase mais l’homme avait disparu. Il s’était tout simplement… volatilisé ! Comme s'il n’avait jamais été là.
Confuse, je porte la main à ma poitrine pour y sentir Everest qui remuait doucement sous mon manteau. D'abord la silhouette ensuite ce Strange… Je devenais complètement folle !
Je me frotte les yeux mais il n’y avait toujours personne. Alors, je me détourne et prends le chemin du retour.
Je re-rentre dans la voiture.
- Eh ben, encore un peu et Steve allait partir à ta recherche. me dit Sam.
Je vis l'intéressé lever les yeux au ciel dans le rétroviseur.
- Je suis juste allé au cimetière.
Everest recommença à chouiner.
- C’est quoi ça ? demande Steve en se retournant en même temps que Sam.
- Wouah t’as grossi des seins là nan ? demande Sam.
Steve le frappa aussitôt à la tête tandis que je sortais Everest de mon manteau pour le leur montrer.
- Bon, ils sont où ses propriétaires pour qu’on le rende ?
- Il n'en a plus. C’était maman sa “propriétaire”. Je l’ai retrouvé sur la tombe de ma mère.
- Oh. fit Steve.
- On peut le garder ? je demande à Steve.
- Oui, s’il te plait !! On peut le garder avec nous ? renchérit Sam.
- Euh j’en sais rien. C’est même pas à moi d’en décider.
- De toute façon, on ne peut pas le laisser tout seul dans le froid. Il n'a pratiquement rien mangé depuis un mois. j’insiste.
- Depuis un mois !! répète Sam à Steve.
Ce dernier soupira.
- On va voir à la tour. dit-il en démarrant la voiture qui s’engouffra sur la route.
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Coucou mes petits lutins à la fraise du jardin de mes grands parents ! J'espère que vous avez aimé ce chapitre et même si ce n'est pas le cas, laissez une étoile et dîtes moi ce que vous en avez pensé !
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