Jour 31
En arrivant en cours ce matin, à la pose de dix heures, Nolan et moi sommes allés voir Sara. Il fallait qu'on sache pourquoi elle faisait ça, et ce qu'elle avait en rapport avec le Scientific's Concil of London. Je suis arrivée dans le coin où elle discutait avec trois autres filles de la classe :
- Salut, on peut parler ?
- Oui, bien sûr.
Nolan était resté à l'écart, tandis que j'essayais de parler à Sara. Elle s'est automatiquement éloignée de son groupe d'amies, comme si elle avait compris que la discussion qui allait suivre allait être sérieuse. Dès que l'on a commencé à se mettre dans un autre coin, à l'écart des autres, Nolan nous a rejoint.
- Heu... on voulait te parler à propos du graffiti que tu as fais sur un mur à Couréville.
- De quoi tu parles ?
Elle semblait ne pas comprendre. Nolan a ensuite pris la parole :
- Ne t'en fais pas, on ne dira rien. On voudrait juste savoir pourquoi tu as fais ça.
- Mais de quoi vous parlez enfin ?!
Elle avait pris une voix agacée. J'ai continué :
- Sara, tu peux nous le dire.
- Vous avez du vous tromper de personne.
Nolan a sorti son téléphone et lui a montré la vidéo qu'il avait pris hier soir, où on voyait clairement Sara passer à l'acte. Il lui a tendu le téléphone, et elle l'a regardé tout en plissant les yeux :
- Attendez ! C'est moi ?
Elle semblait totalement choquée.
- Je... je ne comprends pas. La vidéo date de quand ?
- Elle a été filmée le 20 mai sur les caméras de surveillance de l'épicerie située juste à côté. Maintenant, dis nous pourquoi tu as fais ça. - a répondu Nolan.
- Ce n'est pas moi, c'est impossible ! Le 20 mai j'étais chez Lana !
- Pourtant la vidéo date bel et bien du 20 mai au soir.
- Tu avais consommé quelque chose ? - l'ai-je questionnée.
- Non ! Absolument pas, c'était juste une simple soirée entre amie, rien de plus. On était que toutes les deux...
- Tu te souviens de tout ? - ai-je continué.
- Oui, bien sûr que oui ! On s'est endormi vers 2 heures du matin.
- Où habite Lana ? - a dit Nolan.
- A Couréville.
- C'est forcément toi.
- Hé ! Pourquoi tu lâches des accusations aussi rapides ?!
- Nolan, elle a peut-être raison, c'était peut-être quelqu'un d'autre.
- Mais elle était à Couréville !
Il y a ensuite eu une dizaine de secondes de silence, puis elle a repris :
- Je vous jure que ce n'est pas moi. Ou si ça l'est, je ne me souviens de rien. Et pourquoi j'aurai fait ça ? Pourquoi ce symbole ?!
- Je ne sais pas, peut-être parce que tu l'as justement dessiné sur ton poignet ! - a dit Nolan dans un ton mélangeant à la fois ironie et agacement.
- Je ne sais pas du tout pourquoi j'ai ce dessin, ni pourquoi j'étais ici en pleine nuit, ou encore pourquoi j'ai fais ça. Je vous le jure.
Nolan a voulu parler, mais je l'ai coupé :
- D'accord, on te croit ne t'en fais pas.
- Merci.
Elle est repartie vers son groupe d'amies. Nolan s'est tourné vers moi en me lançant un regard de glace :
- Pourquoi tu as fais ça ? Qu'est ce qui te dit qu'elle ne mentait pas ?
- Elle était sincère, ça se voyait.
- N'importe quoi ! Si ça se trouve, elle sait juste bien cacher son jeu !
- Elle semblait aussi perturbée que nous par ce qu'elle venait de voir. Tu as bien vu comment elle a réagi !
- Mais peut-être qu'elle mentait quand même !
- Nolan, fais-moi confiance, je suis sûre qu'elle était sincère.
- OK...
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Le reste de la journée s'est passé de façon tranquille et calme. Malheureusement, nous n'avions pas de temps libre pour continuer les recherches.
Nolan m'a rejoint à la sortie des cours, après avoir dis au revoir à Hugo et Basil. Nous devions nous rendre chez moi pour mettre tous les indices et toutes les dernières preuves au clair, et tout organiser. Sur le trajet, je lui ai demandé :
- Je peux te poser une question ?
- Oui, bien sûr.
- Pourquoi tu restes tout le temps avec moi ?
- Pour t'aider dans les recherches, c'est évident. On est une équipe, non ?
- Oui,oui bien sûr. Mais pourquoi tu ne vas pas un peu avec Basil et Hugo ? Vous êtes amis, non ?
- Je veux t'aider au maximum.
J'ai baissé la tête pendant que je marchais.
- Tu sais, tu n'est pas obligé de faire tout ça pour moi... tu peux aussi rester avec tes autres amis.
- Ce ne sont pas mes amis.
- Pourtant vous rigoliez bien depuis quelque temps...
- On est plus comme des camarades, tu vois ?
J'ai hoché la tête. Il a continué :
- On est pas vraiment dans le même type d'esprit. Eux sont plus le genre de garçons à fumer, boire, faire toutes sortes de conneries et se moquer de tout et n'importe quoi... Moi je suis plus... je suis différent. On a pas les mêmes centres d'intérêt.
J'allais réagir quand il m'a coupé :
- Ils sont drôles, c'est vrai, mais souvent leurs blagues sont faites exclusivement pour rabaisser ou se moquer des autres. Je n'aime pas ce genre d'humour. C'est juste ridicule.
- Je suis d'accord avec toi.
Quelques minutes ont passé, puis j'ai fini par dire :
- Est-ce qu'ils se sont moqués de moi ?
- Non, enfin je ne crois pas...
Il a semblé réfléchir :
- Enfin si, une fois. Le jour où tu as fait ta crise d'angoisse. Ils ont dit que tu étais comment dire...
- Bizarre ?
- Oui, c'est ça.
- On me le dit souvent.
- Je suis désolé. Je n'ai pas rigolé avec eux, ils sont juste cons...
- Pas de problèmes.
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Nous sommes finalement arrivés chez moi. Je me suis dirigée vers la table de salle à manger.
- Bon, maintenant qu'est ce qu'on fait ?
Après avoir trié et ordonné tous les papiers et toutes les preuves, Nolan et moi nous sommes installés dans le canapé. Il a dit :
- Tu sais, par rapport à tout à l'heure, je voulais te dire que je ne te trouve pas bizarre.
Je ne savais pas vraiment comment le prendre mais j'ai répondu :
- Euh... merci.
J'ai fixé le plafond, et Nolan en a fait autant.
- Et puis, au final, être bizarre, c'est pas vraiment un défaut.
- Un peu quand même.
- Non !
Il a tourné la tête vers moi et s'est assis en tailleur. J'en ai fait de même.
- Etre bizarre est un trait de caractère, il te rend unique.
- Mais être bizarre c'est nul.
- Moi j'aimerai bien être bizarre.
Il a à nouveau fixé le plafond et j'ai fais la même chose.
Nolan est reparti chez lui une heure plus tard, après que l'on eu trouvé une nouvelle piste pour nos recherches. On en a finalement conclu que le mieux était de s'informer un peu plus à propos du Conseil des Scientifiques de Londres. Il fallait que l'on aille à la bibliothèque, et que l'on interroge un ami au parents de Nolan, du nom de Monsieur Belereau, qui avaient travaillé pendant vingt ans à Londres. Il fallait qu'on découvre un maximum de choses sur le laboratoire.
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Dès que Nolan est parti, je me suis directement sentie vide. Vide d'émotions, vide d'espoir. Tout simplement vide. Comme si je n'étais plus qu'un corps sans pensées. C'est fou à quel point parfois, sans vraiment s'en rendre compte, la présence d'une personne peut nous changer. Et c'est seulement lorsqu'on est seul, que l'on remarque réellement ce que l'on ressent intérieurement. Toute la tristesse qui semblait pourtant avoir disparue revient en nous comme un boomerang. L'angoisse et la nostalgie qui nous détruisaient tant auparavant, et qui semblaient être partis reviennent en un fragment de seconde. C'est comme une coupure entre deux mondes : celui dans lequel on croit vivre et celui dans lequel on vit vraiment.
Je n'avais pas oublié maman, au contraire, mais tout cet élan de motivation que m'avait apporté Nolan m'avais finalement fait croire qu'il y avait plus d'espoir qu'auparavant. Evidemment, c'était faux. Car ce n'est pas en étant accompagné, aidé, qu'on répare une blessure. Les gens font qu'on croit la blessure estompée, mais dès que l'on se trouve à nouveau seul, on remarque que finalement, elle est toujours là, toujours la même qu'au départ, douloureuse et déchirante.
Et elle me manquait terriblement. Malgré toutes les pistes, toutes les avancées que nous avions fait, il n'y avait toujours aucune preuve qu'elle était vivante. Aucun pansement qui puisse combler le manque.
Quelques minutes avaient passées, durant lesquelles j'avais eu ce sentiment de vide. J'étais assise dans le canapé, et je fixais le plafond.
Lorsque je me suis relevée, j'ai senti une présence humaine proche de moi. J'avais le sentiment que quelqu'un était ici, chez moi, dans ma maison.
Je me suis tournée vers la table de salle à manger et je l'ai vu. Elle était là, sur la chaise, dos à moi,et elle fixait l'extrémité de la table. Je ne voyais pas son visage, mais je savais que c'était elle, je l'aurai reconnu parmi des milliers. C'était ma mère. Au bout de quelques secondes, j'ai finalement dis, les yeux remplis de larmes :
- Maman ?
Elle ne s'est pas retournée. Je me suis approchée et je l'ai appelée à nouveau.
Lorsque je me suis mise face à elle, pour voir son visage, une lumière blanche m'a aveuglée. Elle était forte. Je ne voyais plus rien autour de moi.
Dès que j'ai de nouveau ouvert les yeux, quelques secondes plus tard, elle n'était plus là. Je l'ai appelée, encore et encore, jusqu'à ne plus avoir de voix, j'ai crié son nom, mais rien n'y faisait. Elle avait disparu.
Foutue hallucination.
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