Jour 30 (partie 2)
- C'est bon ? Ok... 1,2...3 !
Je me suis appuyée sur l'épaule de Nolan et j'ai posé mon pied droit sur son genou gauche. Je me suis agrippée sur la bordure de la fenêtre et j'ai utilisé la force de mes bras pour tenter de m'asseoir. Après quelques secondes de tractions, j'ai finalement réussi à m'asseoir sur le rebord.
- Ca va ? - a chuchoté Nolan.
J'ai levé le pouce en l'air en guise de "oui", pour éviter de me faire remarquer. Dès le moment où je suis entrée dans la pièce, une pression dans l'atmosphère s'est installée, et j'ai senti l'angoisse m'envahir. J'étais chez des inconnus. J'avais pénétré chez eux de façon illégale. Ils étaient là.
Je me suis rapidement aperçue que j'étais dans la chambre d'un enfant, par les jouets mais aussi par la décoration. J'ai longé les murs telle une voleuse, et je me suis rendue vers la porte. J'ai inspecté discrètement les alentours. A gauche, il y avait une porte. A droite, j'ai compris qu'il s'agissait du salon, de par la lumière de la pièce, bleue, comme celle d'une télévision, mais aussi par le canapé, sur lequel était assise toute la famille : deux enfants et deux adultes. On pouvait les voir du couloir. Un homme, j'imagine le père dormait, en ronflant de façon peu discrète. Les deux enfants étaient couchés aux extrémités du canapé. Et une femme, que je devinais être la mère, était assise en tailleur au centre de celui-ci.
Je ne pouvais donc pas aller à droite. Il fallait que j'essaie par la gauche, mais je savais pertinemment qu'il y avait une forte chance que la famille me repère. Si ne serait-ce que l'un d'eux tournait le regard une fraction de secondes, il n'y aurait plus aucun espoir.
Je me suis avancée discrètement vers le couloir. Chaque pas que je faisais était un risque de plus de se faire repérer.
Je suis passée de l'autre côté de la porte de façon rapide mais discrète. J'étais désormais dans le couloir. Je me suis collée au mur telle une aventurière, et j'ai longé doucement celui-ci, en vérifiant à chaque pas que la famille ne me regarde pas.
Je suis finalement arrivée à la porte qui menait à l'épicerie. Je sentais mon coeur battre fort, mélange d'adrénaline et d'angoisse. Je me suis avancée vers le seuil de celle-ci, et j'ai lentement appuyé sur la poignée. La porte s'est entrouverte suffisamment pour que mon corps puisse passer.Je me suis glissée à l'intérieur sans regarder derrière moi, comme si la chose que je désirais le plus actuellement était d'atteindre cette stupide épicerie.
J'ai veillé à fermer la porte lentement derrière moi. En faisant cela, j'ai senti un léger regard se poser sur moi, puis disparaître, comme si quelqu'un m'avait remarqué, puis avait fait semblant de n'avoir rien vu.
J'ai allumé la lumière et j'ai descendu les escaliers. J'ai foncé directement vers la porte d'entrée de la boutique. La clé était dessus. Je l'ai tourné, elle s'est ouverte et Nolan est entrée.
- Super. Maintenant, on passe à la phase 2.
- Il va falloir qu'on se dépêche.
On s'est dirigé vers le genre de bureau, derrière la caisse, sur lequel étaient disposés tous les papiers importants ainsi que l'ordinateur. Nolan s'est assis sur la petite chaise de bureau et a allumé l'ordinateur.
- Bon, voyons voir... Où est ce qu'ils pourraient bien avoir accès à toutes les caméras ?
Il y avait des centaines de fichiers dans lesquels étaient répertoriés des milliers de documents. Cela nous aurait pris une éternité à tout fouiller.
- Essaye de voir si la marque figure sur les caméras.
Je me suis exécutée. Je suis montée sur le rebord d'un rayon et j'ai regardé sur le rebord de l'une des trois caméras qui surveillaient la salle.
- "Sollo".
- Super. J'ai trouvé.
Il a ouvert une application au même nom que la caméra. Il y avait cinq fonctions qui permettaient d'avoir accès à toutes les caméras de l'endroit. Les deux dernières étaient donc celles qui donnaient dehors. Nolan a appuyé sur une petite flèche située au dessus, qui permettait de voir ce qu'il avait pu se passer sur les quinze derniers jours. Il a donc fait reculer cette flèche vers la gauche, tandis que j'observais ce qu'il se passait sur les caméras extérieures.
- Là, il y a quelqu'un. Regarde.
Une personne était venue, de façon totalement naturelle, avec une bombe de peinture à la main. Malgré le qualité médiocre de la vidéo, je l'ai de suite reconnu. Nolan m'a regardé, et nous avons dis en même temps :
- Sara ?
- Comment ? Pourquoi elle aurait fait ça ? - ai-je dis.
- Eli, rappelle-toi qu'elle a le même signe que celui qu'elle a tracé. Ca doit sûrement être un signe.
- Je ne comprends pas...
- Moi non plus...
J'ai ensuite dis :
- Nolan, il faut qu'on ait la preuve que c'est elle qui la fait, ensuite on verra.
Il a sorti son téléphone et a filmé la scène qui se déroulait sur l'ordinateur.
- C'est bizarre... Regarde son visage... Elle a l'air triste et à la fois neutre, comme si elle n'avait plus aucune émotion.
- Comme si elle n'était pas elle même.
Elle est finalement partie, après avoir tracé le graffiti.
- Regarde la date...
- Vingt mai... C'était il y a deux jours...
Je restais toujours intriguée par la façon avec laquelle elle avait fait cela. Elle était venue, en pleine nuit, pour venir faire ça sur ce mur en particulier. Pourquoi ?
Il nous arrive à tous de se perdre dans nos pensées. De fixer le sol, sans réagir ni prendre part à ce qui nous entoure. De ne plus rien entendre. Juste de regarder le sol, quelques secondes, comme dans un autre monde.
Mais là, c'était différent. Sara n'était plus du tout la même que celle à qui j'avais adressé la parole la semaine dernière. Elle était totalement perdue, inconsciente de ses actes.
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- Il faudrait peut-être supprimer les séquences où l'on nous voit.
- C'est vrai, je n'y avais pas pensé.
- Comment on va faire ?
- Cache ta tête.
J'ai mis ma capuche, et Nolan a fait de même, afin que l'on ne voit pas notre visage.
- Ok, maintenant il ne me reste plus qu'à...
Il s'est gratté le coude. Et c'est à ce moment précis, pourtant si simple et ridicule, que tout à déraper. En faisant son mouvement, Nolan a renversé une tasse, qui était située juste à côté du clavier de l'ordinateur. Elle s'est cassée en dizaines de morceaux au sol, dans un bruit assourdissant.
Nous nous sommes regardé en silence, les yeux remplis de frayeur, tentant d'examiner la situation. Une partie de mon esprit, sûrement la plus optimiste me laissais croire qu'il y avait une chance que la famille n'ait rien entendu. Mais l'autre, la plus raisonnée m'hurlait de partir.
- Vite, vite ! - ai-je dis en brisant le silence.
Nolan a tapé sur les touches du clavier à une vitesse que je ne pensais pas possible. Il avait les yeux remplis de terreur et d'angoisse. Pendant ce temps, je ne cessais de regarder derrière moi, afin de vérifier qu'il n'y avait personne.
Soudain, la porte a grincé. Une ombre a commencé à descendre les escaliers, accompagnée d'une lampe torche. L'angoisse avait emparée tout mon corps.
- Aller Nolan... ils arrivent.
Il s'est relevée d'un seul coup de sa chaise tout en disant :
- C'est bon !
L'ombre a fini de descendre les escaliers et nous nous sommes retrouvés nez-à-nez avec l'homme qui dormait trente minutes plus tôt dans le canapé.
- On fait quoi maintenant ?
- On court !
Nous nous sommes mis à courir vers la porte d'entrée de l'épicerie, tandis que l'homme entamait sa poursuite vers nous.
- Revenez ici bande de morveux !
Il avait une voix grave, effrayante. La même voix que celle que l'on entend dans les dessin animés pour enfant, incarnant le méchant ogre.
On s'est dirigé vers nos vélos tandis que l'épicier n'était plus qu'à quelques mètres de nous.
Nolan a grimpé sur la selle de son vélo et j'ai fait de même. Puis nous avons pédalé à toute vitesse vers le reste du village. J'ai vu l'ombre de l'homme nous poursuivre sur quelques mètres, puis finir par s'arrêter.
- Vous allez me le payer !
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On a continué de pédaler jusqu'à la sortie du village, à partir de laquelle on est partie en direction de ma maison. On s'est arrêté quelques minutes pour boire.
- C'était moins une ! -ai-je dis en souriant.
- J'avoue avoir eu vraiment peur.
- Tu avais les yeux tous écarquillés ! Et tu tremblais comme je n'ai jamais vu quelqu'un trembler ! On aurait facilement pu croire que tu venais de voir un cadavre !
- N'importe quoi ! C'est plutôt toi ! "Vite ! Vite !" - il s'est mis à m'imiter en tapant du pied.
- Hé !
On a ri.
- Bon, maintenant qu'on sait que c'est Sara qui a fait ça, qu'est ce que l'on fait ? - ai-je continué, plus sérieusement.
- Il faut qu'on aille l'interroger.
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