Jour 24
Aujourd'hui j'ai décidé de retourner en cours. Je me sentais prête à revoir des personnes, sans avoir peur de leur jugement. Au final, plus rien de ce qu'ils pouvaient penser m'importais. J'avais découvert des choses, et ça, c'était le principal.
Nous étions donc mercredi. J'avais seulement 4 heures de cours le matin, ce qui me semblais être une bonne façon de répartir ma journée. "Le matin, je vais en cours, durant la pose de 10 heures je vais à la bibliothèque pour continuer mes recherches sur le SCL, je retourne en cours, je quitte, et je rentre à la maison pour à nouveau continuer mes recherches." Je répétais ce même enchaînement dans ma tête afin de ne rien oublier.
Bref, ma journée était déjà bien chargée, et je savais pertinemment qu'il ne fallait pas que je tente de faire autre chose que ce qui était prévu dans mon organisation. Il fallait que je suive tout étapes par étapes, pour avancer le plus vite possible.
C'est ainsi que j'ai pédalé, déterminée, vers le lycée. J'ai pris un bon petit déjeuner et je suis partie rapidement, comme si tout allait désormais mieux. Le fait d'avoir découvert autant de choses sur mon père et ce mystérieux homme aurait pu m'effrayer, mais non, cela m'avais rendu plus motivée qu'avant, plus forte, et avait renforcer en moi cette envie de tout découvrir.
Je souriais stupidement, j'étais "heureuse", du moins plus que quelques jours auparavant, car j'avais le pressentiment de bien faire, d'être sur la bonne piste. Je pensais que l'histoire de papa et cet homme pouvait où avait forcément un lien avec la disparition de maman.
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J'ai donc pédalé jusqu'à l'école. Je commençais par deux heures de mathématiques. Je déteste les maths. Mais bon, le cours est passé plutôt vite, ce qui m'a permis de pouvoir me rendre rapidement à la bibliothèque. En arrivant au lycée, quelques personnes de la classe étaient venues me demander si j'allais mieux. Je leur ai répondu que oui, et que j'avais sûrement fait une crise d'angoisse.
En arrivant à la bibliothèque, je me suis dirigée vers les livres scientifiques, qui pourraient évoquer par exemple des bâtiments comme le Conseil Scientifique de Londres.
Je suis tombée sur un magazine sur lequel était écrit : "Les scientifiques les plus populaires au Monde". Je l'ai pris et je me suis installée sur une table, seule, à l'écart des autres. Je ne pensais pas trouver le nom de cet homme par hasard, mais si je pouvais trouver la liste des scientifiques du conseil de Londres, je pense que cela pourra m'aider.
J'ai commencé à feuilleter les pages du magazine, tandis que mes yeux examinaient chaque nom un par un. Je passais les pages à une vitesse phénoménale. Je suis finalement arrivée à la ville de Londres, mon coeur a commencé a battre très fort, comme si quelque chose d'historique était en train de se passer.
- Salut Eli.
J'ai sursauté. Je me suis retournée et je suis tombée nez-à-nez avec Nolan. Il me regardait, avec un léger sourire au coin de ses lèvres .
- Salut Nolan.
- Ca va mieux ? La dernière fois tu avais vraiment l'air pas bien...
Le fait qu'il s'inquiète pour moi m'a fait assez plaisir. J'ai souri légèrement avant de répondre :
- Ca va mieux, merci. Et toi ?
- Ca va aussi.
Un léger silence s'est installé. Puis, quelques secondes après, la sonnerie a retenti, marquant la fin de la récréation.
- Tu veux qu'on aille ensemble en cours ?
Il a posé cette question sur un air bienveillant.
- Oui. Oui, bien sur.
J'ai refermé le magazine, je l'ai mis dans mon sac et nous sommes parti en direction du cours d'anglais.
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Durant les cinq premières minutes de cours, je suis restée attentive, mais, je ne sais pourquoi, après ces minutes d'attention, mon esprit s'est tourné vers d'autres pensées. J'étais angoissée, à l'idée de découvrir les noms qui étaient écris sur la liste de Londres. Et si, parmi eux, il y avait le mystérieux homme dont papa parlait lors de son interrogatoire ?
Mes yeux fixaient le sol, tandis que des milliers de questions tournaient dans ma tête. J'ai finalement changé la trajectoire de mon regard pour regarder Madame Smith, la professeure d'anglais faire son cours. Je voulais sembler la plus naturelle possible, et ne pas me faire remarquer, pas après l'incident de lundi.
J'ai tourné la tête vers la droite. Il y avait une fille blonde, du nom de Sara. On s'était mis à côté au début de l'année, puis elle s'était faite de nouvelles amies, et elle avait fini, comme les autres par oublier ma présence. C'était un peu la personne que tous les garçons désiraient. Elle était gentille, mais c'était tout. Malgré sa façon hautaine de regarder les gens, ce n'était pas une peste, elle était simplement "populaire". Je déteste cette façon d'attribuer des étiquettes aux gens, mais c'était ainsi que je la voyais. La fille que tout le monde connait, admire et apprécie. Le peu de fois où j'ai eu l'occasion de lui parler, elle était plutôt sympa, mais nous n'avions pas du tout la même façon d'être et d'agir. Je pense qu'au final, elle était assez hypocrite avec moi, car elle me parlait uniquement pour l'aider en cours.
Elle parlait avec son amie, située une table après la sienne. Elles parlaient toutes deux de garçons, ce qui ne m'étonne clairement pas. Sa main était posée sur son cahier, l'autre sur sa chaise. Elle portait un bracelet en or, d'une valeur probablement chère. Elle était riche.
Mes yeux ont continué de regarder sa main, comme si quelque chose d'important y était.
Soudain, Mme Smith s'est approchée de notre table, tout en disant, sur un ton ironique :
- Sara, pouvez-vous, par pitié essayer de vous concentrer ne serait-ce qu'une minute durant l'heure de cours ?
Sara s'est retournée rapidement, avec un air surpris, avant de dire :
- Excusez-moi Madame.
La professeure l'a regardée quelques secondes, puis est retournée à sa place.
Mon regard a continué de fixer sa main, puis a ensuite fini par descendre vers son poignet, et j'ai finalement compris pour quelle raison mon esprit était autant attirer par celui-ci. Sara avait le même symbole que moi dessiné sur son poignet. Au même endroit, de la même couleur, de la même forme... le symbole du conseil scientifique de Londres.
Je n'étais donc pas la seule.
Il fallait que je me rapproche de Sara au maximum pour savoir si elle possédait des informations supplémentaires. Je l'ai regardé et j'ai dis :
- Salut, ça va ?
Oui, je sais. C'étais ridicule de poser cette question et de lui parler ainsi, puisque cela faisait maintenant quinze minutes que le cours venait de commencer et que nous étions clairement côte à côte depuis le début de l'heure.
Elle m'a regardé. Elle semblait étonné, à vrai dire qui ne le serait pas ?
- Oh, heu salut. Ca va et toi ? Pourquoi tu me poses cette question ?
Il fallait que j'anticipe, que je trouve une excuse pour venir lui parler.
- Bien aussi. Et je posais cette question parce que je trouvais que tu n'avais pas l'air d'aller bien.
C'était totalement faux, puisqu'elle semblait aller pour le mieux ; elle était souriante, elle riait...
- Bien sûr que non, tout va bien ne t'en fais pas.
Son visage a commencé à se décomposer :
- Non, tu as raison, je ne vais pas bien.
Elle a commencé à pleurer. J'avais visé dans le mille. Je me suis approchée en lui disant :au
- Oh, ne t'en fais pas. Tu veux m'en parler ?
- Oui, je veux bien...
Elle a essuyé son visage, puis elle a levé la main, et lorsque Madame Smith l'a interrogé, elle a dit :
- Est ce que je peux aller aux toilettes s'il vous plaît ?
Elle m'a lancé un regard amical et j'ai directement compris qu'il fallait que je demande à mon tour :
- Moi aussi.
La professeure a soupiré, puis a fini par dire :
- Oui, mais pas plus de cinq minutes.
On s'est levé de nos chaises, en l'a remerciant, et nous sommes partie vers les toilettes.
En arrivant, Sara s'est assise sur le rebord de l'évier. Moi, je me suis assise face à elle. Elle a commencé :
- Bon, vu que tu dois probablement être la seule personne a avoir remarquer que je ne me sentais pas bien, je vais t'expliquer pourquoi, mais ça risque d'être long.
J'ai approuvé, même si je savais pertinemment que j'allais devoir entendre une adolescente se plaindre de ses problèmes minimes. Elle a sorti une cigarette de sa poche, l'a allumé, en m'en proposant une. J'ai tourné la tête en guise de "non". Elle a ensuite repris :
- Déjà, tu dois peut-être le savoir, je sors avec Jules.
Je ne savais pas, mais j'ai fais comme si j'étais au courant.
- Eh bien il m'a quitté hier. Voilà. Je l'aimais vraiment, alors qu'à ses yeux, je n'étais qu'un simple jouet.
Elle a éclaté en sanglot. C'est bien ce que je pensais, c'était un petit problème. Pour les filles comme Sara, les relations amoureuses ne duraient jamais plus de 2 mois. Elles changeait de petit ami tout le temps. Alors, j'avoue ne pas avoir réellement compris pourquoi elle avait eu cette réaction si superficielle...
- Oh, je suis désolée. Ca faisait combien de temps ?
- Demain , ça aurait fait un mois...
Un mois, un stupide mois, et elle se mettait dans de tels états ? Je ne comprenais décidément rien à l'amour.
- Et pourquoi il t'a quitté ?
- J'étais jalouse de sa relation avec Clara. Il disait qu'ils étaient juste amis, rien de plus. Mais je ne pouvais pas m'empêcher d'imaginer qu'il mentait. Alors je l'ai espionné pendant plusieurs jours, sur les réseaux sociaux comme dans la vraie vie, et dès qu'il l'a su, il a décidé de me quitter. Il disait que j'étais paranoîaque .
- C'est ridicule.
- Oui, de toute façon les mecs sont tous comme ça...
J'imagine qu'elle disait cette phrase à chaque fois qu'elle se faisait quitter. A vrai dire, je ne savais pas quoi en penser, car je n'avais jamais eu de petit ami. Je ne savais pas ce qu'était l'amour, ni ce que cela faisait ressentir. Mais là, il était clair que leur relation n'était qu'une pure et simple relation de lycée, sans réel amour. Une relation comme les adultes aiment dire "une amourette". J'ai donc fini par lui répondre :
- Ne dis pas ça, il doit sûrement y en avoir des bons. Tu es juste tombé sur un con.
- Ah oui ? Parce que tu en connais toi des bons ?
J'ai réfléchi. Je ne parlais pas vraiment aux garçons de la classe, ni à ceux du lycée d'ailleurs...
- Non pas vraiment, enfin, on va dire que je ne parle pas vraiment aux garçons.
- Tu n'as même pas un seul ami garçon ?
- Non...
Un léger silence s'est installé, et Sara a fini par dire :
- Attend... ne me dis pas que tu n'as jamais eu de petit ami ?
J'ai baissé la tête.
- Sérieusement?
Elle semblait choquée, comme si ce qu'elle venait d'apprendre était quelque chose de très grave.
- Il faut remédier à ça !
Elle s'est levée, a écrasé sa cigarette et a continué :
- On doit te trouver un petit ami !
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Nous sommes retournés en cours, car nous nous étions aperçus que nous avions largement dépassé le temps donné par Madame Smith. Sur le trajet, Sara n'a pas arrêté de me citer les noms de tous les garçons de la classe, en tentant de voir si l'un d'eux pourrait potentiellement me plaire.
C'était assez amusant, au final, de se sentir comme les autres adolescentes. De parler de garçons, d'amour, de relations...
Il restait encore une heure d'anglais, et nous devions nous mettre par groupe de quatre. Sara m'a proposé de se mettre avec elle et deux autres amies. Evidemment, elle leur en a parlé, et elles ont passé l'heure entière à chercher qui pourrait me correspondre.
C'était étrange, mais plutôt plaisant de se sentir entouré, même si il était clair que ces filles ne me ressemblaient pas du tout.
La sonnerie a finalement retenti, marquant la fin de la matinée. Sara m'a accompagné jusqu'à la sortie, comme si nous étions amies depuis toujours. Dans le couloir, elle n'a pas cessé de me parler de sa soirée de vendredi, en me donnant des centaines d'arguments pour y aller :
- Tu devrais venir. Et puis, c'est pas comme si tu faisais souvent des soirées...
- Oui, tu as raison, je ne suis jamais allée à une soirée, mais je ne viendrai pas, désolé.
- Pourquoi ? Tu vas voir, ça va être génial. En plus, il y aura des garç...
- Non, j'ai trop de devoirs.
- Aller... c'est la fin de l'année ! C'est l'occasion de bien la finir.
- Je vais y réfléchir.
- Super !
Je ne comptais évidemment pas m'y rendre. J'avais des recherches à faire, il fallait que j'essaye de retrouver maman.
J'avais passé tellement de temps à parler de ma situation amoureuse avec Sara que j'avais fini par oublier pourquoi je lui avais parlé. Elle commençait à s'éloigner. Je l'ai appelé :
- Sara, attend !
- Quoi ?
- Je voulais te demander, j'ai vu tout à l'heure que tu avais un genre de symbole noir sur le poignet ...
- Oh, heu ça ?
Elle m'a montré le symbole.
- Oui.
- Je ne sais pas, ça doit être une trace de stylo, ou alors une genre de tâche de naissance... Pourquoi ?
- Pour rien, je me demandais juste...
- D'accord. Bon, je dois y aller. Salut !
- Salut !
Elle s'est éloignée, et dès qu'elle a commencé à partir dans le bus, elle a dit une dernière fois :
- J'espère que tu viendras !
J'ai souri, même si je savais pertinemment que je n'irai pas.
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