Chapitre 27

On veut toujours décider seul.

PDV Kylie :

C'est la pause de 10h. Aujourd'hui on est mardi. Je divague pour trouver un coin isolé, au final je m'assois sur un banc perdu.

Perdue dans mes pensées, je sursaute lorsque j'entends quelqu'un dire assez fortement :

-Mais regardez qui voilà !

Je lève la tête et vois la bande de John se diriger vers moi. Je l'avais dis, je suis morte. Je me lève rapidement et commence à partir en sens inverse, j'accélère de plus en plus jusqu'à me retrouver dans le gymnase. Mon premier réflexe est de monter les escaliers, je gravis les marches jusqu'à la dernière et m'arrête à bout de souffle.

Devant moi se présente une grosse porte de fer avec un sigle "ATTENTION" cloué dessus. Je hausse les épaules et pousse la lourde porte.

Un vent glaciale vient balayer mes cheveux et je ne vois rien en face de moi. Juste une surface plane et le ciel. Je m'avance doucement et réalise que je suis sur le toit du gymnase. Je me retourne précipitamment pour vérifier que je puisse sortir et la porte contient une poignée extérieur. Heureusement.

Je m'assois en tailleur et écoute de la musique. Come as you are de Nirvana passe et je chante doucement, la voix éraillée de Kurt Cobain m'apaise et je ferme mes yeux fatigués. Ma tête se balance lentement et je pousse le volume à fond.

Les chansons passent et je sais pertinemment que je suis en train de sécher mes deux dernières heures de la matinée. Je sens une présence derrière moi mais n'y fais pas attention. Une personne se place à ma gauche, c'est une fille. Je ne l'ai jamais vue jusqu'à aujourd'hui, elle est rousse, des yeux gris et des lèvres fines. Elle paraît être grande.

Elle est tournée vers moi et j'ôte un écouteurs.

-Oui ? Demandai-je.

-Excuse moi de te déranger. Mais je ne t'ai jamais vue ici.

-Oh... J'y suis arrivée par hasard en fait...

-Comment ?

-On m'a en quelque sorte "coursée" et je me suis réfugiée dans le gymnase, ensuite j'ai montée les escaliers, et me voilà !

-Je vois...

Elle se tourne vers le ciel et contemple les nuages. Sa chevelure rouge virevolte au gré du vent mais ça n'a pas l'air de la déranger.

-Et toi, pourquoi es-tu ici ? Demandai-je.

-Moi ? Bah je viens ici tout le temps. Personne ne le sais car personne ne le remarque à vrai dire...

-Comment ça ?

-Je suis comme un fantôme.

-Tu me fais peur là.

-Ne t'inquiète pas, je suis bel et bien réelle ! C'est juste qu'au lycée, dans ma classe, on ne me remarque pas. Je suis toujours seule, toujours à la bibliothèque ou dans un coin du bâtiment. Ça m'arrive de sécher les cours, mais c'est pas grave puisque personne ne s'en rend compte...

-Moi c'est l'inverse, on me remarque beaucoup trop alors que j'essaie de m'effacer...

Elle se tourne brusquement vers moi et me demande :

-Mais pourquoi veux-tu t'effacer ?

-On va dire que les gens qui me remarquent ne sont pas mes amis, et ne me veulent pas du bien.

-Oh...

Je me lève et m'approche du bord, je m'assois sur la barre de sécurité, les pieds dans le vide, à environ dix mètres du sol.

Elle s'approche et s'assoie par terre.

-J'ai peur du vide, dit-elle.

-C'est ironique, tu es sur un toit. Tu es entourée de vide.

-C'est vrai, mais si je ne m'approche pas du bord, je ne le vois pas.

-Pas faux. Au fait, tu t'appelles comment ?

-Maïa et toi ?

-Kylie.

-Enchantée Kylie.

-Enchantée Maïa.

Et je remet mon écouteur, les pieds se balançant dans le vide. Personne ne peut me voir car c'est la façade arrière. Je ne vois plus Maïa, elle a dû partir.

Je ferme les yeux, consciente que si je bouge d'un millimètre, je m'écrase dix mètres plus bas. Une rafale de vent me percute et je contracte tous mes pauvres petits muscles pour ne pas tomber.

Tout est calme, le silence est total. Une nouvelle chanson commence, Fuck de BMTH, mais malgré cette musique violente, tout reste calme. C'est paradoxale, tout est calme, mais du métal passe dans mes oreilles, et le calme reste...

Ma tête se balance légèrement pour ne pas perdre l'équilibre, je réfléchis. Pour dire vrai, je pèse le pour et le contre. Le pour et le contre du suicide. Si je pars, je serai enfin tranquille, je ne serai plus harcelée, je n'aurai plus mal physiquement et psychologiquement. Mais si je pars, mes parents et Jack seront triste, si je pars ils auront gagnés.

Mais je n'y arrive plus. Je n'ai plus la force de lutter, j'en ai marre. Je baisse les bras, j'abandonne, après tout ils ont peut-être raison, je suis faible.

Je penche alors ma tête en avant, contemple le macadam en contrebas, prends une grande inspiration et mes pieds ne se balancent plus...

Mais quelque fois, nos choix seraient meilleurs avec un second avis...

______________________________________
Hey !

Ce chapitre est grave triste... Moi même j'ai eue les larmes aux yeux.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top