Le 23 Novembre

Ce matin, j'ai sorti ma boîte qui contenait mes douze tuques. Je n'ai pas ouvert toutes mes boîtes... oups. J'ai rencontré ma travailleuse sociale ce matin, donc je suis arrivée à l'école pendant la pause dîner. J'ai choisi ma tuque blanche et mis un peu de mascara. Mes mains sont moites, mon cœur bat vite. Il neige des petits flocons qui fondent en touchant le sol. C'est joli.

En arrivant, je vois Olivier et Sonia devant l'école. Oli fume, et Sonia grelotte de froid. Je m'approche d'eux, ce qui semble les surprendre.

— Salut, dis-je. Juste... vous savez où est Félix ?

Oli esquisse un sourire en coin.

— Il est à la caf', répond-il.

— Merci, dis-je en hochant la tête.

Je me détourne et entre dans l'école. Une bouffée d'air chaud me frappe le visage. L'odeur familière de la cantine flotte dans les couloirs, mélange de frites et de soupe tiède. Respire. Tu es capable, me répété-je. Mon cœur s'emballe. Astrid m'attend à mon casier, grignotant des jujubes. Elle me sourit.

— Salut ! dit-elle joyeusement.

— Astrid... dis-je, la voix tremblante.

Son sourire s'efface, et ses sourcils se froncent.

— J'ai une rose pour Félix.

Ses yeux s'écarquillent, pétillants d'excitation.

— Tu vas lui donner quand ?

— Maintenant.

Je prends une grande inspiration et me dirige vers la cafétéria. Je l'aperçois, assis au fond, dos à moi, entouré de ses amis. Chaque pas me semble interminable. Les conversations bruyantes se mêlent au cliquetis des plateaux sur les tables, mais tout me paraît lointain. Quand je suis assez proche, je me racle la gorge.

— Félix ? Est-ce que je peux te parler ?

Tous ses amis tournent leur regard vers moi. Félix lève les yeux, un peu surpris.

— Oui, répond-il simplement.

Il se lève et lance à ses amis :

— Je vous rejoins en cours.

Nous sortons de la cafétéria et nous arrêtons dans le couloir. Il évite mon regard. Mes mains moites serrent la tige de la rose. La texture rugueuse des feuilles contraste avec la douceur des pétales. J'hésite une seconde, inspire profondément et me lance.

— Hum... tiens, dis-je en lui tendant la rose.

Mon cœur bat si fort que j'ai peur qu'il entende. Ses yeux s'illuminent, et un énorme sourire éclaire son visage. Il a l'air sincèrement touché.

— Merci... dit-il doucement. Je suis désolé, vraiment. Je suis stupide. Je n'aurais pas dû réagir comme ça, peu importe si c'était vrai ou pas.

Il marque une pause, puis demande, hésitant :

— Tu veux venir à mon match de hockey vendredi ?

— Oui ! Vraiment !... Seulement, si je suis assise avec vous sur le banc des joueurs.

Il éclate de rire. Il n'est même pas surpris de ma demande.

— D'accord.

Nous nous sourions, un instant suspendu dans le temps.

— Tu es belle, dit-il doucement.

Mon cœur s'emballe encore plus, et mes joues s'empourprent.

— Merci... murmuré-je, incapable de soutenir son regard.

— Merci beaucoup pour la rose, ajoute-t-il.

Il a l'air de retenir son enthousiasme, mais je vois dans ses yeux qu'il est ravi.

— Tu viendras à mon spectacle de cirque de Noël ?

— Tu fais du cirque ?! s'exclame-t-il, surpris.

— Oui, mais pas du clown ou de la jonglerie. Je fais des acrobaties au sol et du trampoline.

— Ah, c'est pour ça la trampoline, dit-il avec un grand sourire. Tu vas pouvoir m'apprendre à faire un backflip !

— Ben oui ! dis-je en riant. J'ai même un matelas en mousse pour amortir les chutes. Ce sera super confortable.

— Cool. Texte-moi la date et l'heure de ton spectacle. Promis, je vais venir.

Mon cœur s'emballe. Je n'ai jamais été aussi heureuse de ma vie ! Je me retiens de sautiller sur place, mais ça semble se voir, car il éclate de rire. C'est un beau rire, chaleureux, qui me donne envie de fondre.

— À plus, Crépuscule, dit-il en s'éloignant.

— À plus, dis-je doucement.

Je reste là, le regardant retourner à la cafétéria, un sourire béat sur le visage. Astrid arrive en douce et murmure à mon oreille :

— Ton sourire fait peur.

Je sursaute ! Puis on éclate de rire toutes les deux.

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