Le 22 novembre

Je suis assise à la table en train de manger du gâteau au chocolat avec ma mère. La lumière douce du plafonnier illuminait notre petite cuisine. L'odeur sucrée du gâteau au chocolat emplissait la pièce. Elle se racle la gorge, visiblement mal à l'aise.
— Hmmm... chérie ?
— Oui ?
Elle se tortille les doigts et évite mon regard. Plutôt bizarre.
— Bon... J'ai entendu les élèves de ma classe parler de toi... Je me demandais... es-tu homosexuelle ?

Oh boy ! Pas encore ça !
— Non, maman.
— Ha.
Je lève un sourcil, un peu incrédule.
— Ben... j'ai toujours pensé que oui.
— What?!
— Ben... tu t'es-tu vue, Crépuscule ?
— Là, maman, tu rentres dans les stéréotypes, là.
Elle rigole, amusée.
— Ils ne sortent pas de nulle part, les stéréotypes !
— Maman !!
— Ok, ok, tu as raison.

Elle s'appuie sur la table et me fixe avec un sourire espiègle.
— Tu aimes un garçon ?
Je rougis.
— Heuu... non.
— Haaa ! Ma fille aime un garçon ! C'est qui ?
Oh, que ma mère est curieuse !
— C'est pas le beau garçon qui est venu l'autre fois ? Je l'ai pas dans mes cours.
— Félix. Il est en sport, c'est pour ça que tu l'as pas. Et aussi... il est en troisième.
Elle me regarde, un peu surprise.
— Il a un an de plus que toi ?!
— Oui, et ?
— Ben, je sais pas...
— Toi et papa, vous avez pas le même âge.
— C'est pas pareil, on est adultes.
Je lève un sourcil.
— Ah bon. De toute façon, lui aussi pense que je suis lesbienne.
— Et donc ?
— Ben, il a pris ses distances...
— Il est homophobe ?
— NON ! Je pense que comme il croit que je suis pas "accessible", il s'est éloigné pour ne pas se blesser.
— Donc, il t'aime.
— WHAT ?! Je dirais pas ça comme ça, quand même !
— Ohlala, mais vous êtes compliqués, dit-elle en secouant la tête.

Ma mère s'installe plus confortablement sur sa chaise, le sourire aux lèvres. Je sens qu'elle va continuer. Elle ne lâche jamais.

— Alors, qu'est-ce que tu comptes faire ?
Je soupire en poussant mon assiette de gâteau.
— Faire quoi ?
— Ben, lui dire que t'es pas lesbienne, voyons !

Je la regarde, un peu exaspérée.
— Maman, c'est pas comme ça que ça marche.
— Pourquoi pas ? C'est simple. Tu vas le voir et tu lui dis : "Félix, j'aime pas les filles, c'est toi que j'aime". Voilà !

Je me redresse, outrée.
— Maman ! Mais tu veux me tuer ou quoi ?

Elle éclate de rire, tellement fort que j'ai peur que papa débarque pour savoir ce qu'il se passe.

— Ben quoi, Crépuscule ? C'est honnête ! Et tu verras sa tête, ce sera drôle.
— Je vais mourir de honte avant de voir sa tête.

Elle reprend son sérieux, ou presque.
— Bon, d'accord. Mais sérieusement, tu l'aimes, oui ou non ?
Je détourne les yeux.
— Je sais pas, OK ? Je sais juste que ça me fait mal quand il s'éloigne comme ça.

Ma mère reste silencieuse. Ça m'étonne. Elle ne reste jamais silencieuse.

— Peut-être qu'il attend que toi, tu fasses le premier pas, murmure-t-elle finalement.

Je la regarde, sceptique.
— Félix, attendre que je fasse un pas ? C'est pas son genre.
— Et si tu te trompais ?

Je n'ai pas de réponse. Et c'est là que mon père entre dans la cuisine.

— Pourquoi vous êtes toutes les deux rouges comme des tomates ? Vous complotez quoi encore?

Ma mère secoue la tête avec un petit sourire.
— Rien du tout. On parle juste d'un garçon...
— MAMAN !
— Un garçon ? dit-il, en fronçant les sourcils. Qui ça ?

Et voilà. Maintenant, c'est papa qui s'en mêle. Je sens que la soirée va être longue...


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