Le 03 Novembre

Ça aurait été vraiment mieux d'attendre encore un mois avant de déménager. Je ne comprends toujours pas ce qui a provoqué ce changement de plans.

Heurk. Les jupes ne me vont vraiment pas bien. Ma mère a choisi 2 jupes noires, 2 bleues marines, et une carotte. Le papier où je devais indiquer mes préférences était pour l'uniforme. Moi en jupe, c'est vraiment laid. Je suis la fille qui va à l'école en skate avec des souliers Nike et une casquette. Pas des ballerines noires, une jupe et un polo. Je vais geler dans cette tenue ridicule. Celui qui a inventé les longs bas pour aller avec les jupes va le regretter. Je suis la fille la plus mal à l'aise ce matin.

Miriame va tellement se régaler de cette situation. J'ai vraiment l'air d'un garçon manqué.

L'école est à 10 minutes en skate. Le long du chemin, j'ai vu juste du monde marcher. Pour la discrétion, ce n'est pas mon fort. Des gens en planche à roulettes en décembre, ça ne court pas les rues, encore moins en jupe. La fille aux cheveux courts, nouvelle, qui arrive en planche à roulettes. Ça va aller Crépuscule, tu es bonne et forte. Je ne le laisse pas paraître, mais je suis HYPER stressée.

Wow ! Je n'ai jamais vu autant de monde habillé pareil. Je déteste être comme tout le monde. Je suis déjà venue visiter l'école lorsqu'il n'y avait pas d'élèves et donc mes affaires sont déjà dans ma case. Aujourd'hui, je me sens étrangère au milieu de cette marée humaine. Je me fraie un chemin à travers la foule, jusqu'à mon casier où je dépose ma planche et mon sac. Le bruit des conversations m'assourdit et l'odeur de differents parfums envahit mes narines.

Karma ! Les maths dès le début ! Comme au premier jour d'école. Local A-10, aucune idée où ça se trouve.

— Hey ! Euh, salut. Tu pourrais me dire où se trouve le local A-10 ?

— Au bout du corridor.

— Merci... bye !

Il est parti si vite, je ne pense pas qu'il m'ait entendu. Sauvage !

J'arrête aux toilettes en chemin. En sortant, devine avec qui je tombe face à face. Miriame !! Elle se trouve accompagnée de trois autres filles.

- Hé, bouge-toi ! Regarde où tu vas ! me dit la blonde avec une jupe si courte que je pourrais voir ses fesses.On dirait la meneuse du groupe.

- J'ai le droit d'aller où je veux. Ce n'est pas moi qui dois regarder où je vais, dis-je énervée.

- Ok ! C'est bon, fâche-toi pas. Ça te rend encore plus laide. Les quatre se mettent à rire et s'en vont.

- À plus, garçon manqué ! dit Myriame juste avant de disparaître.

Je me dirige vers ma classe. Je finis enfin par la trouver et je mets le pied au moment où la cloche retentit, son écho résonnant dans les couloirs.

- Ha, allo, tu dois être Crépuscule Planté ?

La classe se met à rire.

- Oui, monsieur. C'est moi. Et vous êtes ?

- Monsieur Ruby, dit-il fièrement. Je t'ai gardé une place à l'avant de la classe, juste là. La prochaine fois, arrive plus tôt.

- Ok.

Il va le regretter de m'avoir placée à l'avant.

- Crépuscule, sûrement que tu n'as pas encore vu la matière que je vais enseigner aujourd'hui. Je t'attendrai à la fin de la journée pour que tu sois à jour.

- Merci, mais non. Je suis correct.

Monsieur Ruby est offusqué et le groupe rit à voix basse.

Ce qu'il enseigne est vraiment facile. Il ne cesse de me poser des questions. Sûrement parce que je lui ai dit que je n'avais pas besoin d'aide. Après 20 minutes de cours, il me pose cette question :

- Crépuscule ?

- Oui... dis-je écœurée.

- Où est ton bandeau ou ta passe ?

- Quoi ?

- Ça fait partie de l'uniforme des filles.

- Monsieur, regardez la longueur de mes cheveux. C'est complètement inutile.

- La prochaine fois, tu vas au mètre un. Sinon, je ne te laisse pas entrer.

- Oh là, je suis désolée, mais non. Je me force à mettre une jupe même si ça ne me va pas bien et ces petits souliers inconfortables. Je ne vais pas mettre un bandeau alors que j'ai les cheveux plus courts que certains garçons dans la classe. Regardez celui-là, il a la même coupe de cheveux que moi. Il n'est pas obligé de mettre un bandeau, lui, pourtant. C'est sexiste !

- SORS DE MON COURS !

- Enfin ! Quelque chose auquel je suis habituée.

- Monsieur, il n'y a rien à faire, elle agit toujours comme un vrai garçon manqué !

La classe se met à rire. À l'autre école, Miriame ne pouvait plus dire cette insulte, plus personne ne riait. Elle l'avait trop dit.

J'ai duré 20 minutes dans un cours avant d'être sortie. Lol. Le corridor s'étire désert et silencieux. Alors je me mets à courir et enchaîner des figures. J'adore finir par un back-flip juste devant la porte de la classe ou courir à toute vitesse. Juste pour l'énerver. Par chance, personne ne voit ça. Je suis quand même en jupe. C'est vraiment agréable de courir, sauter, enchaîner une figure et continuer. Ça me procure un sentiment de liberté, de fierté et d'invincibilité.

- CRÉPUSCULE !

- Oui !

- Veux-tu arrêter ça s'il te plaît ?

- Oui.

- Le cours est presque fini. Je te laisse rentrer et commencer tes devoirs avant la cloche, en silence et j'espère que la prochaine fois, ça sera plus agréable comme cours.

Il m'ouvre la porte, tout le monde me regarde. Je reste silencieuse jusqu'à la fin du cours et termine les devoirs avant la cloche. En sortant, le prof me fait un sourire. Ce n'est pas avec ces sourires que tout va s'arranger.

Je lance mes cahiers dans ma case et traverse le corridor sur mon skate, malgré tous les élèves. De toute façon, ils me laissent passer quand je passe. Quand j'arrive à l'entrée, un homme bloque le chemin.

- Vous allez où comme ça, jeune fille ? me dit l'homme grand et fort, aux yeux bruns chocolat.

- Je prends ma pause dehors.

- Va dans la cour, les élèves peuvent sortir au déjeuner et à la fin de la journée.

Je remonte sur ma planche et pars dans la direction inverse. Je monte le volume de ma musique à fond. J'ai besoin de sentir le rythme vibrant dans mes oreilles pour calmer mes nerfs. Mes mains tremblent légèrement sous mes bras croisés.

Rendu à ma case, un gars blond (faux blond genre décoloré au bleach), costaud et aux yeux vert printemps, prenant de ses mains à la taille la bitch de tout à l'heure, m'attend.

- Allo... que je dis hésitante et stressée.

- Salut ! me répond-il enthousiaste. Je m'appelle Oli et voici Sonia, ma blonde.

Elle me fait un sourire calculé et forcé mais joli.

- Tout le monde parle de ce qui s'est passé en maths, dit-elle.

Mon cœur s'emballe, tambourinant dans ma poitrine, alors que je tente de comprendre la direction de cette conversation.

- Il était temps que quelqu'un le remette à sa place, dit Oli avec un sourire à faire fondre le cœur de toutes les filles (sauf moi évidemment, je ne suis pas dupe).

Je leur fais un sourire forcé et ouvre mon casier pour y déposer ma planche à roulettes, je sens le grain rugueux de ma planche à roulettes sous mes doigts alors que je la glisse dans mon casier.

- Bon, on va y aller. On se revoit bientôt, dit Sonia.

- À plus ! dit Oli.

- Bye.

Je ferme violemment la porte de mon casier et me dirige vers le local d'histoire.

Au début du cours, j'étais assise à l'avant. Après un moment, la prof m'a demandé ce qui était le mieux pour moi. Je lançais des boules de papier et ne cessais de faire des commentaires. Elle m'a donc placée au fond de la classe, sur le bord d'une fenêtre. Quand je regarde par les fenêtres, je me sens calme. Je regarde les voitures et les oiseaux. Des fois, je m'imagine sauter, pour voler, pouvoir être libre comme un dragon.

De cette façon, je dérange personne et j'écoute la prof en enregistrant tout sans vraiment m'en rendre compte.

Je joue avec un élastique, c'est mon anti stresse. J'ai  un trouble du déficit de l'attention avec hyperactivité et un trouble de l'opposition. C'est pas toujours facile, surtout aujourd'hui avec tout ce qui est nouveaux et les nouvelles interaction social et je regrette de pas avoir pris ma pilule aujourd'hui, ca m'aurais aidé.

...

Yees! C'est l'heure du dinner. Je vais chez moi. J'ai pas faim probablement le stress. Je vais donc sauter sur mon trampoline, même s'il fait froid. Je sais que mon père est fou ; dès le déménagement, il a insisté pour installer le trampoline dans le jardin, un appel à la liberté malgré le froid qui picote ma peau chaque fois que je saute. Il me connais trop bien.

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