27 Novembre
Les gradins résonnent sous les encouragements de la foule. L'odeur familière de la glace et des patins usés remplis l'aréna, et je serre ma veste contre moi, tentant d'ignorer le froid qui s'infiltre.
Comme promis, je suis assise avec les joueurs. Olivier trouvre l'idée très drôle. Le match est serré, et les joueurs de Félix domine, mais pas sans mal. À mi-chemin du deuxième tiers-temps, un des défenseurs adverses percute violemment l'un des joueurs de l'équipe de Félix, qui s'écroule sur la glace.
— Merde, pas encore, grommela le coach en tapant du pied.
Un autre joueur blessé est escorté hors de la patinoire. L'équipe est déjà à court de remplaçants. C'est la catastrophe, il manques un joueur, il sont automatiquement disqualifié si il ne trouve personnes pour jouer. Olivier, rouge de rage, fait peur à voir, tandis que le coach se tord de frustration.
Félix, de retour sur le banc, jete un coup d'œil vers le coach avant de tourner la tête vers moi. Un sourire espiègle se dessina sur son visage.
— Coach... j'ai une idée.
Le coach relève la tête, visiblement frustré.
— Quoi, Félix ?
Félix pointe dans ma direction.
— Elle peut jouer.
J'écarquille les yeux manquant de m'étouffer avec ma salive.
- Pardon ?! Crions moi et Olivier en même temps .
Le coach fronçe les sourcils.
— C'est une blague ?
— Pas du tout, répondit Félix en haussant les épaules. Elle a bloqué mon tir une fois, et je te jure, c'était pas de la chance. Elle a de bons réflexes.
— Félix... proteste le coach.
— Sérieusement, coach ! On n'a pas d'autre option. Si on veut finir le match, il nous faut quelqu'un.
Le coach soupire, visiblement à bout de patience. Il me regarde avec un mélange de doute et d'espoir.
— Tu sais patiner ?
Je ris nerveusement.
— Ben sur que je sais, dis-je. Je patine depuis que je sais marcher.
— Alors enfile ça, grogna-t-il en me tendant un maillot et une paire de gants.
— Attendez une seconde ! Je suis pas dans l'équipe ! protestai-je en reculant.
— Et tu crois que les autres équipes respectent les règles ? dit Félix avec un sourire. Allez, Crépuscule, fais-moi confiance.
Je le fusille du regard, mais quelque chose dans son expression me convaint. Peut-être son sourire, ou peut-être la lueur de défi dans ses yeux.
— Si je me casse quelque chose, c'est toi qui expliques ça à ma mère, marmonnai-je en attrapant le maillot.
Félix éclata de rire.
— Deal.
Dès que mes patins touchent la glace, une sensation familière me traverse. Ce n'est pas un terrain inconnu : c'est mon monde. Le crissement des lames sur la glace... tout me ramène à cette passion que je garde un peu secrète.
Je m'installe en défense, prête à jouer mon rôle. Félix me lance un regard intrigué en passant près de moi.
— Tu te débrouilles pas mal pour une remplaçante de dernière minute, dit-il en ajustant son casque.
Je lui réponds avec un sourire en coin.
— Pas besoin de me ménager, Félix. J'ai grandi à bloquer des tirs sur la patinoire.
Il rit en secouant la tête.
— J'espère que t'as pas rouillé, alors.
Le jeu reprend. La rondelle est mise en jeu dans le cercle de mise au jeu central, et l'action est immédiate. Les passes fusent, les joueurs s'élancent avec intensité. Mon cœur bat à l'unisson avec le rythme du jeu.
Un joueur adverse s'approche de notre zone défensive avec la rondelle, contournant un de nos attaquants. Sans hésiter, je patine à sa rencontre. Il tente de me déjouer en feintant un mouvement vers l'extérieur, mais je reste concentrée. Je pivote rapidement et intercepte la rondelle avec mon bâton, l'envoyant sur la bande pour un dégagement.
— Belle sortie de zone, Crépuscule ! crie Félix en patinant pour récupérer la rondelle.
Je n'ai pas le temps de répondre. Félix contrôle la rondelle, la remonte rapidement jusqu'à la ligne bleue adverse. Il me fait un signe, et je le suis de près. Quand deux joueurs adverses tentent de le bloquer, il me fait une passe en arrière.
Je réceptionne la rondelle et, d'un tir du poignet précis, la renvoie en direction de Félix, qui s'est positionné dans l'enclave. Il tire en direction du but... et marque !
Les gradins explosent, et je lève les bras en signe de victoire. Félix patine vers moi, hilare.
— Je retire ce que j'ai dit. T'es carrément une pro !
— Et toi, t'es lent, dis-je en riant. Si je t'avais pas donné une passe parfaite, on serait encore à égalité.
Sur le banc, le coach tape sur la rambarde avec enthousiasme.
— Bien joué, Crépuscule ! Si je savais que tu jouais comme ça, je t'aurais alignée dès le début.
Je sens mes joues chauffer, mais je garde mon assurance.
— Vous savez où me trouver, dis-je avec un clin d'œil en ramassant ma crosse.
- Pas mal dit, Olivier à contre cœur.
Le match continue, et je savoure chaque instant. La vitesse, l'intensité, la stratégie... Je suis dans mon élément.
Quand la sirène finale retentit, marquant notre victoire, l'équipe m'entoure pour célébrer. Félix me donne une tape sur l'épaule.
— Sérieusement, Crépuscule, tu devrais penser à rejoindre une vraie équipe.
Je hausse les épaules, un sourire aux lèvres.
— Peut-être. Mais pour ce soir, c'était juste pour vous sauver la mise.
Félix rit, mais je peux voir dans son regard qu'il est impressionné. Et, quelque part au fond de moi, je sens une fierté grandir. Pas seulement pour avoir aidé l'équipe, mais pour avoir partagé, ne serait-ce qu'un moment, cette passion avec Félix qui me fait vibrer depuis toujours.
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