Partie I. Chapitre 1.01
(Pdv Externe Adam, Paris 7eme Arrondissement, 21h30)
Assis en tailleur sur le toit d'un petit immeuble de quatre étages derrière une cheminée, une paire de jumelles en main, un carnet dans l'autre et un stylo rouge à la bouche, Adam surveillait les alentours. De son perchoir il pouvait apercevoir un regroupement d'entrepôts laissés à l'abandon dans un coin de la ville. Même si plus personne ne s'aventurait dans le coin, il avait remarqué les différents trafics qu'il pouvait y avoir depuis qu'il surveillait cette zone, lui même planqué au niveau des immeubles en constructions, donc déserts. Comme à son habitude, aux alentours de vingt et une heures, le jeune homme avait rejoint son coin d'observation et attendait patiemment que le camion-qui-venait-tous-les-deux-jours n'arrive. Celui-ci ne tarda pas à se pointer quelques instants plus tard, et comme les jours précédents, le chauffeur fut rejoint par deux-trois hommes qui s'occupaient de décharger la remorque tandis qu'un autre parlait avec lui, sûrement pour régler la note ou le contrat qu'ils avaient entretenu.
De nombreuses caisses en bois étaient alors transférées dans les entrepôts, on ne pouvait alors deviner leur contenu que s'y on s'aventurait sur le terrain, incognito. Ce qu'avait fait Adam afin de poser ses marques et ses repères pour passer à l'attaque au moment venu. Avant que le camion ne reparte, le chef de la bande, du moins ce qu'il paraissait, amena une valise à nouveau, le jeune homme savait très bien ce qu'elle contenait puisque grâce au zoom de ses jumelles à chaque fois il avait pu observer l'échange d'argent, en effet la valise contenait pas moins d'une centaine de liasses de billets.
Une fois l'échange terminé, Adam entoura au rouge le nom du groupe de voyous dans son carnet avant de fixer ce dernier. Cela faisait deux mois jour pour jour que son père avait été assassiné.
Il s'en souvenait comme si c'était la veille, il venait de terminer ses partiels et s'était hâté de rentrer chez lui. Il n'avait pas demandé de chauffeur ce jour là et avait préféré aller au lycée à pied, ce qu'il n'aurait pas dû faire même si cela lui avait permis de terminer ses examens l'esprit tranquille.
Sans perdre une seconde il s'était précipité chez lui mais en arrivant, le fait de trouver la porte ouverte l'avait inquiété. Il vivait dans une très grande demeure encerclée par des grilles et un portail noir ainsi que plusieurs gardes du corps, l'entrée était séparée par un somptueux jardin au milieu duquel figurait une fontaine entourée de rosier, une vision digne d'un conte de fée. Cependant, ce jour là, pas un garde ne surveillait la maison et il lui avait seulement fallut pousser le portail d'une main pour s'apercevoir qu'il était ouvert. À peine avait-il franchi les grilles qu'un étrange sentiment s'était emparé de lui. Il s'était donc mis à courir jusqu'à l'entrée, une fois encore la porte était grande ouverte et des papiers jonchaient au sol : ce n'était pas normal.
Adam s'était arrêté net en apercevant l'effroyable scène se déroulant sous ses yeux, n'ayant pas même eu le temps de gravir les marches de l'escalier menant au premier étage. La moquette du salon habituellement blanche, était imbibée de sang. De là où il se trouvait, il pouvait voir que la pièce était sans dessus-dessous. Il avait hésité un moment à y mettre les pieds, son mauvais pressentiment grandissant davantage en lui, son cœur battant à tout rompre et cette petite voix dans sa tête lui interdisant d'aller voir. Il avait fait le contraire et était donc entré dans le salon pour y trouver son père, étendu au sol et poignardé au niveau de la poitrine. Son sang n'avait fait qu'un tour et sans plus attendre il s'était précipité sur le corps encore chaud de celui-ci.
‒ Papa !! Avait crié ce dernier en prenant son poignet pour vérifier si il était encore en vie, son pouls était vraiment faible mais il vivait le peu de temps qu'il lui restait.
Aaron ouvra faiblement les yeux en entendant la voix de son fils l'appeler, il souffrait et la douleur se lisait sur son visage. Malgré sa vue de plus en plus floue et sa respiration saccadée, il parvint à distinguer les larmes qui coulaient sur les joues du jeune homme.
‒ J'appelle une ambulance, ne bouge pas ! Paniqua Adam en essuyant ses larmes.
‒ N-non... attends, il est trop tard pour moi !
‒ Ne dis pas n'importe quoi !! Et économise tes forces !!
Faiblement, l'homme attrapa le poignet du plus jeune pour le retenir et l'empêcher de partir. Il l'incita à écouter ce qu'il avait à lui dire.
‒ Il ne me reste pas beaucoup de temps, je ferais vite... Écoute- moi ! Ceux qui m'ont fait ça sont très dangereux, tu dois être extrêmement prudent ! Aaron agonisant, avait supplié entre deux quintes de toux. Ils vont certainement revenir, mais ne reste pas ici... Retiens bien ce que je vais te dire et là où tu dois aller...
Adam avait regardé son père mourir sous ses yeux, ne pouvant rien faire que boire les dernières paroles de l'homme qui l'avait élevé comme une eau acide qui lui brûlait la gorge et l'âme, tandis que ses larmes ruisselantes se mélangeaient au sang qui teintait le tapis.
Alors qu'Aaron rendait ses derniers soupirs, une explosion avait retenti au sous-sol de la maison, réveillant une poignée de gardes qui avaient été assommés. Ceux-ci rejoignirent aussitôt Adam au salon pour l'assurer qu'ils s'occuperaient de son père tandis que le jeune garçon prendrait soin de la tâche qui lui avait été confiée quelques minutes plutôt: la succession de sa mission.
Après cela, le manoir était parti en fumée et l'adolescent s'était rendu à l'endroit où il habitait actuellement, un lieu où il avait pu s'entraîner pendant deux mois et récolter les quelques informations qu'il avait pu dénicher : Le Silver Coffe. Un café assez connu au périphérique de la ville muni d'une salle d'entraînement et d'un sous-sol secret plutôt bien équipé. Le gérant n'était autre que son oncle, le frère de son père sur qui Adam avait pu compter durant tout ce temps, aujourd'hui encore.
Seulement le temps n'était plus aux souvenirs, il était temps d'agir et d'en finir avec cette histoire. Succédant à son père depuis peu, il agissait dans l'ombre dans le but de mettre derrière les barreaux tous les malfrats qui pourraient le ramener à ceux qui avaient causé la perte de son père, depuis trop longtemps ils bénéficiaient de la liberté. À présent il fallait mettre un terme à tout cela, peut importe si il devait y laisser la vie, il accomplirait sa mission jusqu'au bout, tel était son objectif.
Il se leva après avoir balayé toutes pensées nostalgiques de sa tête, afin de les enfouir au plus profond de son cœur, et il enfonça rapidement sa casquette sur sa tête, laissant quelques mèches bouclées dépasser de celle-ci. Il rangea son carnet et son stylo ainsi que sa paire de jumelles dans son sac, puis il s'empara de son masque, un masque noir possédant deux billes de verres lui permettant de voir, ainsi qu'un modulateur de voix pour camoufler la sienne. Puis il enfila sa paire de gants et jeta son sac sur son épaule et descendu de fenêtre en fenêtre du bâtiment où il se trouvait. Une fois au sol il enclencha le système de communication de sa montre, qui fonctionnait comme un talkie walkie.
‒ C'est bon, tu peux y aller.
D'un pas rapide mais certain, il se dirigea vers la zone d'entrepôt qu'il surveillait un peu plus tôt. La détermination se lisait dans son regard, droit et sans faille. Une fois encore il allait démanteler les larbins de l'organisation qui avait si longtemps traqué son père , en commençant par ses racines. Il mettrait le temps qu'il faudrait mais il vengerait son père et découvrirait la vérité qui l'avait poussé tout ce temps à travailler loin de sa famille, dans l'ombre et au cœur du danger, une sombre vérité qu'il se hâterait d'exposer au grand jour : le secret du vingt et unième siècle.
Se faufiler sans prendre le risque de se faire attraper n'était pas une mince affaire, surtout lorsque les lieux étaient bien gardés. Mais avec les dernières missions qu'il avait effectuées et la discrétion dont il était capable, Adam était parvenu sans difficulté à entrer dans la base ennemie. Puisque l'entrée semblait inaccessible, il ne lui était resté qu'à trouver un autre accès, ce qu'il avait fait en longeant les murs encore debout - malgré quelques endroits en ruines - avant de s'introduire par l'une des ouvertures causées par le temps et l'ancienneté des lieux, pour ensuite grimper à l'un des arbres les plus proches et de se cacher dans les feuillages. Il attendit que personne ne traîne dans les parages pour se faufiler en douce vers le premier entrepôt, heureusement, les arbres lui permettaient de mieux se déplacer sans être repéré. Il longea le mur et continua d'avancer jusqu'à atteindre la porte de derrière, là, il regarda par la petite vitre qui lui donnait une vue sur l'ensemble de l'intérieur de l'entrepôt et observa quelques minutes : ceux qui s'y trouvaient semblaient occupés avec plusieurs machines - qu'il ne sut identifier au départ - et à sa gauche se trouvaient plusieurs caisses en bois. Il attendit quelques instants avant d'y entrer en faisant attention à ne faire aucun bruit qui pourrait le trahir, il referma la porte et se glissa jusqu'aux caissons. Personne ne semblait l'avoir remarqué alors il en profita pour ouvrir l'unes des boîte : il n'y avait là que de la drogue. Il en ouvrit une autre et y trouva la même chose mais un peu différente : l'une était traitée et l'autre pas encore, de ce qu'il en lu sur les étiquettes que possédaient les boites. Qu'est-ce qu'ils comptent faire avec tout ça ? Songea t-il. C'est n'importe quoi...
Il sorti alors son carnet pour prendre quelques notes et se hissa ensuite derrière l'une des caisses et observa ce qu'il se passait de l'autre côté : les individus - vêtus de blouses blanches et de bonnets en tissu - renversaient le contenu de chaque récipient dans une sorte d'entonnoir géant qui émettait un boucan infernal et qui envoyait ensuite les substances illicites vers les drôles de machines qui la « traitaient ».
‒ Il y a encore des caisses ici, clama soudainement une voix derrière lui, ce qui lui fit lâcher le couvercle qui émit un claquement au sol.
Merde... !
Il grimaça et se leva pour mieux se cacher mais l'homme fut plus rapide et sans le vouloir, il tomba nez à nez avec lui. Surpris il resta un instant sans voix avant de crier et de sortir un taser de sa ceinture.
‒ Un intrus !!
Adam fit un bond en arrière avant de sauter sur les caisses, se mettant à la vue de tous les autres. En quelques secondes il fut encerclé, certains pointaient leurs armes sur lui, d'autres commençaient à le rejoindre sur les caisses. Il sourit - ce qu'ils ne purent remarquer à cause du masque - et à son tour il fut plus rapide qu'eux : il sortit de sa poches quelques billes à gaz et les jeta sur l'assemblée avant de tirer sur sa ceinture et de laisser le petit harpon et sa corde aller s'accrocher aux tuyaux du plafond. Tandis que ses 'ennemis' tentaient d'échapper au piège et de ne pas succomber au sommeil provoqué par le gaz soporifique, il se laissa tirer et glissa jusqu'à la fenêtre du toit qu'il brisa d'un coup de pied. Les éclats de verres qui tombèrent au sol alors qu'il s'échappaient attirèrent l'attention des autres qui se ruèrent dehors pour l'arrêter.
‒ À toutes les unités de sécurité, nous avons un intrus. Ne le laissez pas s'échapper et abattez-le s'il le faut. Il ne doit pas sortir d'ici vivant ! Ordonna l'un des travailleurs.
Adam se retrouva sur le toit de l'entrepôt. Il n'avait que faire du groupe de malfrats en lui-même, seules les informations secrètes qu'ils détenaient, l'intéressaient. Il remarqua que d'autres caisses étaient disposées dans un coin et sans hésiter il sortit une autre arme de sa ceinture et tira plusieurs fois dans leurs direction, y mettant le feu. Au sol, ayant reçu les ordres, les individus tiraient sur lui sans ménagement afin de le faire tomber. Il sauta alors par la fenêtre du toit qu'il venait de briser et se faufila à nouveau à l'intérieur. Comme il s'en doutait, le lieu était vide. Il sorti alors par la porte de derrière et se cacha dans les buissons.
‒ Retrouvez-le ! Et éteignez-moi ce feu, ça va ameuter les flics !! aboya une voix bien trop proche à son goût.
C'est vrai qu'ils ne vont pas tarder à venir... Hé hé !
Une fois qu'il eut le champ libre, il fonça sans perdre une seconde entre les entrepôts, se déplaçant telle une ombre invisible aux yeux de ses poursuivants et y jeta un coup d'œil rapide afin de trouver ce qu'il cherchait. Lorsqu'il trouva, il eut tout juste le temps de se planquer derrière un muret afin d'esquiver les projectiles qui fonçaient droit sur lui.
‒ On le tient ! Il est derrière ce mur !
Lorsqu'ils l'eurent encerclé, lui bloquant tout accès - même du côté arrière de l'entrepôt - l'un d'eux s'avança et leva le bras pour donner le signal : à l'instant où il le baissa en criant « chargez !! » , quatre hommes sautèrent de l'autre côté du muret pour maîtriser Adam. Mais ce dernier bondit en même temps qu'eux en entendant le signal et lança des billes cette fois-ci explosives aux pieds des porteurs de blouse. Une fois encore, ils lui tirèrent dessus et une ou deux balles vinrent traverser sa chair au niveau du bras gauche. Ignorant la douleur, il se débrouilla pour éviter le reste et en profita pour lancer ses billes tout autour de la cabane qu'il visait. Les premières empêchèrent les individus de faire un pas de plus en créant une barrière de feu, et lorsqu'ils voulurent contourner la bâtisse pour suivre leur proie, un énorme brasier se forma autour, ne laissant aucun accès à l'intérieur. Sans plus attendre, il longea les murs, laissant ses spectateurs bouches bées, se demandant comment de simples et minuscules billes pouvaient avoir un tel effet. Ils en oublièrent presque Adam qui était parvenu à s'introduire à l'intérieur.
‒ Ouf... c'est pas trop tôt, soupira t-il.
Sans perdre de temps - car les minutes lui étaient comptées à cause du feu - il fouilla les quelques tiroirs de la petite cabane tandis que l'ordinateur s'allumait. Il s'empara des quelques dossiers et les fourra dans son sac avant de sortir sa clef USB pour récolter les dossiers qui se trouvaient dans l'ordinateur, il ne trouva que des fichiers portants des noms de drogues, certains étant classés en « à garder » d'autres dans « inutilisable » ; il les copia sur sa clef et continua ses recherches tandis que la fumée commençait à pénétrer à travers les fenêtres et la porte ainsi que les bouches d'aérations, se mélangeant à l'air le rendant bientôt asphyxiant. Dehors, plusieurs criminels tentaient d'éteindre le feu tandis que d'autres surveillaient la sortie d'Adam pour l'abattre, seulement, leurs manigances furent interrompues par le retentissement du gyrophare de la police et des pompiers s'approchant des lieux.
‒ Qu'est-ce qu'on fait chef ?! Demanda l'un en paniquant.
‒ On s'en va ! Prenez ce que vous pouvez ! De toutes manières, soit il finira carbonisé, soit il sera arrêté !
‒ Mais on va se faire tuer si on laisse tout ici ! Cria un autre.
‒ Dans les deux cas, on est foutus ! Et puis c'est de votre faute ! Bande d'incapables même pas fichus d'attraper un gamin !
‒ C'est sûr et certain ça ! Ricana Adam en faisant irruption par la fenêtre du toit malgré les flammes qui l'entouraient avant de les rejoindre au sol.
‒ On peut l'attraper là !
Celui qui semblait être le chef donna un coup sur la tête de l'un de ses hommes avant de le tirer derrière lui pour qu'il le suive.
‒ Ferme-la toi ! Cria t-il avant de se retourner vers Adam, le fusillant du regard. Ne t'attends pas à ce que nos supérieurs soient clean avec toi après ce que tu viens de faire.
Le jeune homme haussa les épaules tandis que plusieurs voitures de polices faisaient irruptions sur les lieux.
‒ Dites à vos supérieurs que je les attends de pied ferme. Je ne compte pas non plus les laisser faire.
Et il repartit comme il était venu, sautant d'arbre en arbre, laissant derrière lui les flammes emporter toutes traces de son passage et toutes traces des manigances - ou du moins quelques unes pour laisser des preuves - de ceux qu'il venait de combattre sur leur propre terrain, les laissant à présent entre les mains de la justices et les condamnant bientôt - du moins, il l'espérait - à quelques années derrière les barreaux.
‒ Tu aurais pu évité de mettre le feu partout, le sermonna son oncle - qui l'attendait un peu plus loin - lorsqu'il monta dans la voiture.
‒ Je n'avais pas le choix, marmonna t-il d'un ton boudeur. Et puis il n'y a que la cabane et les caisses qui ont prit feu, le reste est intact.
‒ Hm...
Le reste des flammes se consumaient peu à peu sous le geyser d'eau, tandis que la voiture s'engouffrait dans les rues de la Capitale, berçant peu à peu l'adolescent qui, fatigué par la mission qu'il venait d'accomplir, ne tarda pas à s'endormir le temps du trajet. Il restait néanmoins de nombreux autres groupes à démanteler qui restaient cachés dans l'ombre, avant de pouvoir atteindre les véritables ennemis, ou « les supérieurs » comme l'avait laissé entendre l'inconnu. Mais ce n'était que partie remise, il pouvait déjà se satisfaire de ce qu'il venait de récolter. Qui sait, peut-être avait-il mis la main sur un indice crucial ?
à suivre ~
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Voilà pour le premier chapitre ! ^^
J'espère que ça vous a plu, dîtes moi en commentaires ce que vous en avez pensé !
Merci à @YukiCarey pour la correction <3 je te nem <3
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