Ses yeux la piquaient, son cœur la brûlait. Hermione, assise sur le petit tabouret sombre, tenait le verre dans ses mains, tremblante. Elle faisait danser nerveusement l'eau dans son verre ; elle ignorait si cela venait d'elle, mais le liquide transparent n'avait aucun goût. Elle grimaça légèrement en le buvant, comme répugnée.

- Tu ne devrais pas te laisser noyer par ton chagrin, dit Drago toujours à côté d'elle. Il ne mérite même pas que tu penses à lui.

- Merci pour tes conseils, Malefoy.

Il soupira, passant la main dans ses cheveux clairs. Elle tendit sa main vers la bouteille, mais il l'en empêcha ; tenant fermement son bras, il prit un air grave et autoritaire :

- Tu arrêtes l'alcool pour ce soir.

- Tu es qui pour me dire ça toi d'abord ?

Elle vit à son visage qu'il avait l'air désespéré.

- Demain tu te sentiras encore plus mal que tu ne l'es déjà, et tu regretteras.

- Je regrette déjà, dit-elle en hoquetant. Donne-moi ça.

Il secoua la tête :

- Tu as vu l'heure ? Tu es déjà minable, Granger.

- Arrête de faire celui qui s'inquiète et sers-moi un verre, Malefoy.

Il prit la bouteille et la porta à ses lèvres, sous le regard furieux d'Hermione. Rapidement, il finit le peu d'alcool qu'il restait à l'intérieur, reposant la bouteille vide sur le comptoir.

- Mais pour qui tu te prends ?

- Pour celui qui a payé cette bouteille. Bois un peu d'eau.

Il dit cela en prenant le verre qu'elle venait de reposer. Elle secoua la tête, s'appuyant contre son épaule :

- Non merci, je n'aime pas trop ça.

Et soudainement Hermione éclata en sanglots. Des flots de larmes perlèrent sur ses joues pâles, rougissant ses yeux. Elle grimaça, laissant sortir toute la peine qui l'affligeait. Drago, instinctivement, se redressa et la prit dans ses bras. La brune ne le repoussa pas, laissant son visage déverser toute sa haine contre la chemise blanche du garçon.

- Je le déteste.

- Moi aussi, répondit-il.

Elle rigola nerveusement. Il sourit. Elle passa sa main dans le dos du garçon, serrant le tissu de son vêtement fort dans ses poings. Hermione enfonça davantage son visage dans le creux du torse de Drago, comme pour se cacher dans ses bras. C'était étrange, de se tenir contre lui, alors que quelques années auparavant ce dernier était la raison de sa souffrance. Aujourd'hui, il essayait de la guérir d'une douleur encore plus mortelle. Fermant les yeux, Hermione sentit sa tête tourner un peu plus. Elle secoua la tête :

- Je le vois toujours.

- Pense à quelqu'un d'autre, quelqu'un que tu aimes bien, quelqu'un qui te fait sourire, et pas souffrir.

Elle serra les dents :

- Je ne vois personne.

- Laisse-moi te trouver quelqu'un, dans ce cas.

Elle fronça les sourcils alors que leurs corps se séparaient.

- Qu'est-ce que tu veux dire pas là ?

- Laisse-moi te montrer.

Il lui attrapa la main, l'entraînant hors du bar. Là, ils se mirent à courir, rapidement. Hermione trébucha quelques fois.

- Enlève tes talons, Granger.

- Si tu crois que seuls mes talons m'empêchent de courir, tu oublies vite le nombre de verres que j'ai bu, Malefoy.

Il rigola vivement, l'entraînant un peu plus dans sa course. Ils traversèrent les rues endormies, bruyamment, main dans la main. Mais ils ne se soucièrent pas des autres. Hermione se sentait légère, se sentait vivante. Bien que ses larmes mouillaient ses joues, la jeune fille se sentait heureuse ; elle dessina un large sourire sur ses lèvres rouges écarlates.

- Il faut que je fasse une pause, dit-elle essoufflée.

- Je t'ai connue plus courageuse que ça, fit-il remarquer.

Il croisa les bras sur son torse, scrutant la jeune fille à travers l'obscurité de la nuit. Elle posa ses yeux dans les siens : c'était étrange de se rendre compte à quel point il avait changé. Son regard n'était plus le même ; il ne fuyait plus le sien, au contraire, il cherchait à se noyer avec les siens, elle le sentait. Ses yeux se dirigèrent vers les lèvres du garçon, où un sourire apparaissait.

- Où tu m'emmènes, Malefoy ?

- Je ne sais pas.

- On court vers un lieu que tu ne connais pas ?

Il haussa les épaules :

- C'est ma manière de te faire décuver.

- Tu veux me faire vomir oui, dit-elle amusée en grimaçant.

Il secoua la tête, comme pour plaider son innocence. Elle se redressa, frottant sa robe noire à l'aide de ses mains.

- Je connais un parc sympa, au coin de la rue.

- Serait-ce un rencard ?

- Tu m'as kidnappée et tu crois que je te propose un rencard ? Rit-elle. Et après c'est moi qui ne vais pas bien...

Il haussa de nouveau les épaules.

- Allons-y.

Ils avançaient dans la pelouse humide, observant les lieux vides. Hermione sentait son cœur battre rapidement et se briser à la fois.

- C'est là qu'il m'a dit qu'il m'aimait pour la première fois, finit-elle par dire.

Sa voix s'était brisée. Drago l'observa un moment, ne s'approchant pas d'elle. Hermione se mit à trembler, serrant les mains dans l'herbe qu'elle arracha.

- On voit les étoiles, dit Drago.

Elle leva les yeux. Sa vision, rendue difficile à cause de l'alcool, peina à s'adapter à la noirceur de la nuit. Mais, quand elle vit enfin les nombreuses petites lumières qui ornaient le ciel, un large sourire se dessina sur ses lèvres. Elle s'allongea sur le sol mouillé.

- Granger, tu vas te tacher...

- C'est une robe qu'il m'a offerte, je m'en fiche.

Il sourit et la rejoignit.

- Et ton costume ?

- Ce n'est pas marrant de rester debout à te regarder sourire bêtement, alors autant qu'on soit deux imbéciles.

- L'un de nous l'est plus que l'autre, le taquina-t-elle.

Ils rirent en chœur. Pendant un long moment, ils regardèrent le ciel.

Hermione laissait défiler les souvenirs dans son esprit, tandis que Drago se laissait inonder par les émotions.

- Mon père nous battait, ma mère et moi. J'ai longtemps eu envie de le tuer, mais j'ai fini par me faire à l'idée qu'un jour il payerait. Et ce jour est arrivé.

- Comment va ta mère ?

- Bien, je suppose.

Elle l'interrogea du regard, mais il ne le vit pas.

- Ronald m'a trompée, je ne l'ai jamais pardonné, mais je croyais qu'avec le temps cette douleur passerait. Au final, il a eu ce qu'il voulait, et moi ce que je méritais.

- Tu ne mérites pas ça, dit-il.

- Suis-je en train de rêver ou Drago Malefoy vient de dire que je méritais quelque chose ?

- On ne doit souhaiter le malheur de personne.

Elle haussa les épaules.

- Tu dois avoir raison.