34. Ayden
La porte du studio se referme et je me sens tout de suite mieux. Après le bordel avec Chloe, j'ai vraiment besoin de me défouler. Non mais elle s'imaginait quoi ? Qu'en échange de son corps je l'accompagnerait à sa soirée débile ? Le pire, c'est qu'elle croyait vraiment que j'allais céder à son chantage de merde. Elle se prend pour qui ? Comme si j'avais besoin d'elle... Elle est complètement tarée. Rien que d'y repenser, j'ai envie de mettre mon poing dans un mur.
La vision de Mel dans l'embrasure de la porte me calme immédiatement. Mes yeux traînent sur les jolies courbes de son corps, puisque c'est la seule chose que je peux faire depuis qu'elle a insisté pour qu'on reste "amis". Quelle merde, ça aussi... J'espère que l'intimité du studio la fera changer d'avis. Je sais qu'elle me veut autant que moi, elle m'en a donné la preuve dans le taxi, mais je n'arrive pas à trouver la faille qui pourrait la faire basculer. Je la comprends, elle s'est vite rendu compte que je sais me comporter comme le dernier des enfoirés, elle ne me fait pas confiance et je n'ai rien fait non plus pour la détromper.
Mais depuis qu'elle a fait irruption dans ma vie, j'ai l'impression que le semblant de routine que j'ai essayé de me construire n'a plus de sens. Je n'ai plus envie de toute cette merde. Jusqu'à présent, j'ai passé mon temps à essayer de tirer un trait sur mon passé, en enchaînant les filles pour ne plus ressentir la douleur.
A la dernière soirée que j'ai faite, je n'ai pas réussi à me la sortir de la tête. Le regard triste d' Emily m' a rappelé notre prise de tête quelques jours plus tôt. Et pour une fois, je n'ai pas eu envie de jouer au connard. J'ai passé la soirée avec Zack, à imaginer ce que ça serait de l'avoir à côté de moi. J'avais même plus envie d'être là. Je sais pas comment elle fait, mais elle m'a rendu complètement accro. C'est flippant.
Perdu dans mes pensées, je fixe son visage attentif. J'aime ce regard qu'elle a, juste maintenant. Quand elle hésite et ne sait pas quoi faire de mon caractère de merde. La profondeur de ses grands yeux noirs, les questions qu'elle ne pose pas. Son calme apparent, qui cache une détermination à toute épreuve. Je ne suis même pas sûr qu'elle sache à quel point elle est sexy quand elle mordille sa lèvre inférieure comme ça.
Me forçant à détourner mon regard d'elle, je me dirige vers la cabine d'enregistrement, attrapant ma guitare au passage.
- Viens.
En souriant timidement, elle se décide à me suivre dans le petit espace qui me sert de bouée de sauvetage depuis plusieurs semaines. J'ai juste envie de partager avec elle ce que j'ai de mieux en moi. J'ai envie de revoir son visage concentré sur ma musique, et les émotions violentes qui la traversent quand je joue. Je préférerais crever que de le lui dire, mais j'ai besoin d'elle ce soir. Comme le soir du concert et comme ces derniers jours. Ça craint vraiment.
Et comme il ne faut surtout pas qu'elle sache à quel point elle me perturbe, je me pose sur le seul tabouret disponible, au centre de la pièce, en accordant ma guitare. Tout ce que je veux, c'est qu'elle pense que je suis concentré sur ce que je suis en train de faire. En face de moi, elle s'assoit contre le mur, les genoux relevés. Elle fixe mes mains qui font semblant de chercher des accords que je connais par cœur.
Je la sens tendue, et je suis incapable de dire pourquoi. Depuis que je lui ai dit que je voulais monter ici, on dirait qu'elle s'est renfermée. Merde, de quoi a-t-elle peur ? De moi ?
- T'es sûre que ça va ?
Elle acquiesce d'un geste vif, en souriant légèrement. Putain, elle est vraiment trop mignonne.
Ses yeux se ferment dès que je commence à chanter. J'enchaîne les morceaux, et plus je joue et plus j'oublie toutes les merdes qu'il y a dans ma tête. Mon père, ma mère, mes nuits d'insomnie, l'inutilité de ma vie, tout ça s'efface. C'est toujours la même chose, je me sers de ma voix pour faire le vide. Sauf que ce soir, je ne suis pas tout seul.
Elle réagit dans la seconde à chaque émotion qui me traverse, et putain c'est magnifique de la regarder souffrir et sourire en même temps que moi. Elle est magnifique. Je ne sais pas quoi faire de ce truc, c'est la première fois que je m'intéresse à quelqu'un d'autre que moi depuis très longtemps.
Au départ, c'était une sorte de jeu... comme de toutes les autres, j'en avais pas grand chose a foutre. Mais depuis que je l'ai embrassée, quelque chose a changé. Sa façon de se blottir contre moi, comme si elle avait un besoin vital de mon corps, est devenu ma priorité. Depuis ce jour, j'ai juste envie de ses lèvres sur ma bouche... et c'est infernal. D'habitude, c'est le genre de trucs qui me donne la gerbe, et pourtant je suis comme un con à essayer de gérer cette envie irrépressible de la serrer dans mes bras.
Elle ouvre subitement les yeux quand je me lance dans "Everything" de Lifehouse. Son regard s'accroche au mien et ne me lâche plus. Tout le long du morceau, je tente désespérément de rester concentré malgré l'intensité de ses yeux qui me dardent. Et là, un espèce de putain de miracle se produit : c'est elle qui m'emmène loin, très très loin de ma vie de merde. L'espoir qui se lit sur son visage traverse l'espace entre nous et me percute de plein fouet.
Dans le silence qui suit, je me lève pour poser ma guitare, enfin apaisé. Mel se lève doucement, comme pour ne pas briser le lien qu'elle vient de créer entre nous, et franchit lentement la distance qui nous sépare. A la fois timide et déterminée, elle me fixe gravement, comme si elle n'était pas sûre d'avoir pris la bonne décision. Elle se retrouve si près de moi que je peux sentir son odeur de caramel.
Ses deux mains se posent sur mon cou avec retenue. Quand elle se serre contre moi, la chaleur de son corps se propage si violemment en moi que ça en est douloureux. Putain, mais qu'est-ce qu'elle fout ?
J'observe une seconde son visage levé vers moi. Ses grands yeux me questionnent, hésitants. Alors c'est ça qu'elle veut, finalement... C'est tellement bon de la sentir enfin libérée que j'en tremble presque. Je pose mes mains sur ses hanches et l'embrasse doucement. J'ai tellement voulu ça que j'ai du mal à réaliser que c'est en train d'arriver.
Contrairement aux fois précédentes, notre baiser reste tendre et plein de douceur. J'ai tellement peur qu'elle change d'avis, je ne veux surtout pas la brusquer. Quelque chose a changé dans sa façon d'agir, je ne ressens plus aucune colère en elle. Comme si elle avait enfin fini de se prendre la tête.
Je ne peux pas m'empêcher d'attraper ses hanches pleines pour la serrer plus fort contre moi. Tout mon corps la réclame. Je sens sa respiration s'accélérer, elle passe une main sur mon torse et glisse l'autre dans mes cheveux pour rapprocher encore nos deux visages. Sa langue caresse la mienne, ses mains sur moi se font plus pressantes. Ses doigts tirent doucement mes cheveux. Ses lèvres glissent de ma bouche à mon cou, y déposant de petits baisers mouillés. Si elle continue comme ça, elle ne pourra plus ignorer le désir de plus en plus tangible que j'éprouve pour elle...
Elle me serre plus fort contre elle et niche sa tête dans mon cou en soupirant doucement.
Je souris dans ses cheveux et y dépose un baiser. Je suis tellement niais tout d'un coup... désespérant.
Sa main se déplace sur mon cœur, comme pour mesurer l'étendue de l'effet qu'elle a sur moi, et je l'entends murmurer doucement.
- Je ne peux pas...
Incrédule, je la questionne sur le même ton.
- Tu ne peux pas quoi ?
- Je ne peux pas me battre contre toi.
Je ne demande pas mieux... Soulagé, je relève son visage vers moi et je reprends ses lèvres, insatiable. Une fois de plus, l'atmosphère a changé. La tension qui nous lie depuis longtemps s'est transformée en une vague puissante de désir.
Quand elle glisse une main sous mon tee-shirt pour caresser mon ventre, la chaleur de son contact me fait perdre le contrôle et un gémissement sourd s'échappe de mes lèvres. Il faut qu'on s'arrête, sinon je ne répondrai plus de rien dans très peu de temps.
Je fais un effort surhumain pour m'écarter d'elle, en parsemant son beau visage de baisers. J'attrape sa main dans la mienne et la prévient :
- On ne peut pas rester là. Il y a des caméras ici.
La détresse qui se lit subitement sur son visage m'arrache un sourire. Ma main toujours dans la sienne, je poursuis :
- T'en fais pas. On a rien fait de mal.
- Mais Chuck...
Elle s'inquiète pour son stage.
- Chuck ne saura rien. Je m'en occupe. Viens, on y va.
Je l'attire vers moi pour l'embrasser encore, tout en reculant pour sortir de la pièce. Perdus dans notre étreinte, il nous faut un temps fou pour quitter le studio. Dans le couloir, entre deux baisers, Mel me prévient :
- Je ne veux pas retourner chez Cassie. Pas tout de suite.
Je ne demande pas mieux...
- J'habite pas très loin, si tu veux.
Elle ferme les yeux en prenant une grande inspiration. J'observe la bataille qu'elle est en train de se livrer, en priant pour la remporter. Quand elle acquiesce, je sens la tension quitter mon corps. Elle est toujours avec moi. Je ne sais pas combien de temps ça va durer, il faut que je profite au maximum de ces parenthèses d'oxygène qu'elle m'offre.
Je ne sais pas ce que ça veut dire pour moi, les choses que ça implique, mais ce que je sais, c'est que je vais avoir du mal à me passer d'elle. J'ai envie de tout connaître d'elle, la moindre de ses pensées, chaque parcelle de son corps magnifique serré contre moi.
Et ça me terrorise.
Désolée pour le retard, j'ai vraiment eu du mal à le sortir, celui-là... J'espère quand même qu'il vous aura plu !
Un énorme énorme énorme merci à tous les gens qui continuent de me lire... Vous me faites vraiment un bien fou !
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