TRENTE-SIX
Hailey sourit, et les autres aussi.
Je pousse un long soupir, passant mes mains sur mon visage. En silence, je parcours mon téléphone et atterris sur la page qui me permet de modifier l'heure de mon vol. En quelques clics, c'est terminé.
- Je pars ce midi, c'est bon, indiqué-je en relevant la tête. Il n'y avait pas plus tard.
Je remets mon portable dans la poche de mon sweat et accorde un regard perturbé à mes amis. Épuisée, je me laisse tomber de nouveau sur mon siège et leur fais face avec incrédulité.
- Vous... vous m'avez vu à la télé, alors ? bafouillé-je.
Ils hochent la tête. Joy agite sa main.
- Et on a vite compris qu'il fallait qu'on te parle. Je... on comptait ne plus te voir, mais...
- Mais on s'est rendu compte que ça faisait de nous des énormes cons, termine Connor en détournant les yeux.
Je hausse les sourcils, surprise par son intervention.
- Je ne vous en aurais pas voulu, avoué-je.
- Mais nous, oui, répond Hailey en s'asseyant à côté de moi.
Elle pose des yeux étincelants sur moi, un sourire désolé sur les lèvres.
- Je crois qu'on avait juste du mal à comprendre, fait-elle doucement. Enfin, on a toujours du mal, hein. Mais on veut pas être égoïstes. (Elle balaie ses amis du regard.) On t'a jugée parce que tu as menti, mais on ne réussissait juste pas à voir au-delà. On a pensé qu'à nous. Alors que l'histoire est bien plus importante que ça.
Elle soupire, passant une main dans ses cheveux châtains.
- Tout ce que tu nous a dit... on l'a compris un peu tard, poursuit-elle. Mais en te voyant raconter tout ce qui t'est arrivé...
- On est désolés, Angie, fait Ally. Vraiment désolés, pour ce que tu as vécu et de t'avoir abandonnée.
En entendant mon nom dans sa voix, je frissonne. Je sens les larmes monter dans ma gorge et peine à les réprimer en regardant les autres yeux qui me fixent avec sincérité.
- Je suis la première à devoir être désolée, rétorqué-je d'une voix tremblante.
Cameron écarte mes mots d'un geste évasif de la main.
- Tu as déjà bien assez souffert comme ça. Tu ne vas pas t'excuser mille ans. Tu as fait des erreurs, mais les circonstances étaient quand même... extrêmes.
- Je crois que beaucoup à ta place auraient choisi la facilité aussi, intervient Hailey. Et même si tu n'as pas su comment te débrouiller, je crois qu'on ne peut pas te limiter à des choix que tu as fait alors que tu étais au plus bas.
Je suis sans voix. Je dois avoir l'air complètement ahurie. Je tourne la tête vers Jason, qui observe la scène sans dire un mot avec un léger sourire. Quand nos regards se croisent, il hoche imperceptiblement la tête, comme pour me rassurer. Je me sens trembler.
- J'ai quand même fait n'importe quoi...
- Et alors ? intervient soudain Scott, m'arrachant un regard interloqué.
- Oui, et alors ? répète sa petite-amie en agitant sa tête blonde. Tu étais seule, perdue, détruite. Tu ne savais plus qui tu étais, tu as retrouvé un peu le sourire à nos côtés, mais tu as été rattrapée par ton passé quand tu t'es rendue compte que tu ne voulais plus nous mentir. On a tout compris à l'envers, Angie. Parce qu'on ne pouvait pas s'imaginer une situation pareille.
- Mais finalement, on a compris que ça n'avait pas vraiment de rapport avec nous, ajoute Ally, et qu'il s'agissait surtout de toi et de comment tu vivais ton deuil. Et, on ne l'avait pas vu avant, mais... mais le fait que tu acceptes de nous dire la vérité, ça voulait dire que tu commençais enfin à accepter la vérité de ce que tu as vécu, aussi.
Je hoche la tête, muette. Ils m'ôtent les mots de la bouche. Je n'en reviens pas.
- Tu n'es pas une mauvaise personne, finalement, marmonne Connor.
Ally lui tape l'épaule en lui lançant un regard courroucé.
- Ce qu'il veut dire, souligne-t-elle en me regardant, c'est qu'on sait que tu ne nous voulais pas du mal. Et que tu ne nous as pas utilisés juste pour te changer les idées. Ça allait bien plus loin que ça.
- Et... hésite Hailey. Quand tu as dit qu'on t'avait aidée à redevenir toi-même, on aurait dû comprendre tout de suite.
J'entrouvre les lèvres mais les referme aussitôt, incapable de trouver quoi dire, comment réagir. Je ne sais pas comment ils ont pu autant comprendre, autant deviner la réalité qui se cachait derrière tous mes secrets et mes mensonges. J'avais l'impression d'avoir perdu mes moyens la dernière fois, de ne pas avoir réussi à leur faire saisir le tourment qu'il y avait vraiment en moi. Je pensais qu'ils ne voulaient connaître que Malia et qu'ils ne voulaient rien avoir à faire avec Angie.
- Comment vous avez pu changer d'avis aussi vite... soufflé-je finalement.
- Ça fait trois semaines, quand même ! dit Cameron. On a eu le temps de réfléchir, depuis.
Je fronce le nez, admettant d'un hochement de tête qu'il a raison. Je n'aurais pas cru qu'ils se donneraient vraiment la peine de ressasser tout ça. Je pensais qu'ils m'éjecteraient de leurs conversations et de leur vie, aussi vite que j'y suis rentrée.
Je ris doucement. J'ai encore été complètement à côté de la plaque.
Enfouissant mon visage dans mes mains, je continue de rire silencieusement, puis sens peu à peu le rire fondre sous les sanglots. Je n'essaie pas de les repousser, cette fois. Je crois qu'il ne sert plus à rien de leur faire croire aux apparences.
Lorsque je sens la main de Hailey dans mon dos, je frémis et lève la tête vers elle, les yeux brouillés de larmes. Et quand je vois qu'elle pleure aussi, mon cœur me paraît s'arrêter. Je tremble de tout mon long, bouleversée.
- On te pardonne, Angie, chuchote-t-elle d'une voix presque inaudible. On te pardonne.
Je ferme les yeux, cachant mon visage de mes mains une nouvelle fois. À cet instant, toute la tristesse et les regrets qui emplissaient mon cœur sont inondés par un soulagement si intense qu'il me coupe la respiration, qu'il m'emplit la poitrine d'une douleur affreuse, que j'accueille pourtant avec plaisir. Mon cœur se compresse, pulse à une vitesse affolante, mais ne fait que grandir et s'enflammer encore plus. Mon corps entier est parcouru de fourmillements, et ma gorge me paraît brûler tant j'ai envie de hurler et de pleurer.
J'ai attendu ces mots si longtemps que je ne les espérais plus, que j'avais accepté de devoir supporter leur rancœur toute ma vie. J'ai cru qu'ils ne trouveraient jamais la force de me pardonner, qu'ils n'essaieraient jamais de me donner l'importance que je leur donnais. Je pensais partir en laissant les choses inachevées derrière moi, et je me forçais à ne pas regretter cela. Je me forçais à accepter que je ne pouvais pas être comprise, que je devais oublier cette vie gâchée.
Mais je ne devrai rien oublier. Je ne partirai pas en ayant tout détruit sur mon passage.
- Merci, m'étranglé-je dans un soupir.
Je relève les yeux vers eux, essuyant du revers de la main les larmes qui inondent mon visage. Et, pour la première, je leur souris vraiment, avec la plus pure des sincérités. Avec la plus réelle émotion, et la plus honnête reconnaissante. Je leur souris avec amour.
Hailey colle sa joue contre mon épaule en regardant ailleurs, et je devine qu'elle sanglote imperceptiblement. Lorsque je vois un sourire se dessiner aux coins des lèvres de Connor qui détourne les yeux, je suis encore plus sidérée, encore plus soulagée.
Je pousse un long soupir en me relevant. Je secoue la tête et pose la main sur mon cœur affolé, m'éloignant d'eux en quelques pas pour me calmer. Je tourne la tête vers les immenses baies vitrées qui éclairent tout le hall, et porte mon attention sur le mouvement extérieur et les ondulations du ciel. Silencieuse, je me concentre sur le soulèvement et l'abaissement de ma poitrine, appréciant la sensation du noeud qui se délie. Le poids qui s'envole est indescriptible. Je garde un sourire vague flotter sur mes lèvres, perdue dans des pensées brouillées.
Ce jour a pris une tournure tout à fait inattendue. Et, au fond de moi, j'admets avoir envie de rester. Oui, je pourrais retourner à leurs côtés, continuer de profiter de leur générosité et de leur amour. Je pourrais trouver en eux une véritable amitié, finir le lycée avec joie. Je pourrais faire demi-tour, c'est vrai. Mais je me suis promis d'arrêter de me voiler la face.
J'ai besoin de retourner sur mes traces, j'ai besoin de confronter mon passé avant d'avancer vers le futur. Rester ici reviendrait à dire que ce qui m'attend à New York n'est pas si important. Mais ça l'est, bien plus que tout le reste. Et si j'ai envie d'être heureuse, à leurs côtés comme aux miens, je dois avant tout supporter la douleur que j'ai si longtemps évitée.
Ils m'ont pardonnée. Et ils ne l'ont pas fait pour que je reste, mais pour que je parte plus sereine. La meilleure manière de les honorer a toujours été d'affronter la vérité, et cela ne changera pas. Je crois qu'ils le savent aussi, ils l'ont compris. Ils sont venus me dire au revoir. Pas adieu, je pense, je l'espère. Mais mon départ est inévitable.
- Tu vois, je te l'avais dit.
Je sursaute lorsque Jason apparaît. Ses yeux baissés vers moi brillent d'une malice assez inhabituelle chez lui. J'esquisse un sourire, relevant le regard vers les nuages.
- Je vous ai sous-estimés, admets-je. Je crois que peu de personnes auraient été aussi gentilles après un truc pareil.
Jason rit doucement.
- Non, pas forcément. Tu as juste tendance à te considérer comme la pire personne de l'univers.
Je fronce le nez, amère. Lorsqu'il se retourne, je suis son regard et capte celui de Connor, qui nous adresse un signe de main. Le soleil balayant ses cheveux blonds lui donne un air angélique, bien loin de la réalité. Et pourtant, sur son visage, je reconnais un apaisement surprenant, une satisfaction rassurante. Je n'essaierai pas de le déchiffrer, ce garçon. Mais je crois que pour une fois, j'arrive à le comprendre un peu. Il est soulagé, et, malgré tout, fier. De lui, de ses amis, de moi, je ne le sais pas vraiment. Mais peu importe.
Je lui rends son signe de main et lui adresse un sourire hésitant. Il y répond en plissant les yeux, puis se retourne vers ses amis. Je pouffe discrètement.
- Crois le ou non, mais je pense que tu vas lui manquer, me dit Jason avec un sourire.
- Oh, bien sûr, raillé-je. Vous aurez sûrement besoin de le ramasser à la petite cuillère après mon départ.
Il rit avec douceur, faisant perdurer mon propre sourire. Un court silence s'installe et je ferme les yeux, appréciant la chaleur du soleil qui perce les fenêtres.
- Je ne pourrai jamais te remercier assez, fais-je à mi-voix.
Jason ne répond pas, mais je sens soudain sa main frotter affectueusement le haut de ma tête.
- Tu n'en as pas besoin, finit-il par dire. Voir ton changement est bien suffisant.
Je lève la tête pour le regarder et souris, des larmes perlant aux coins de mes yeux. Je ne peux rien répondre à cela. Alors je n'essaie pas.
Je suis distraite par une ombre qui s'approche, et tourne la tête pour découvrir Hailey, avançant d'un pas hésitant. Elle s'enquiert d'un regard de Jason, qui acquiesce et m'adresse un dernier clin d'oeil avant de s'éclipser.
- Ça va ? interrogé-je Hailey alors qu'elle arrive à mon niveau.
Elle glousse, et les larmes séchées sur ses joues brillent un peu.
- On a dépassé le stade de ce genre de questions, non ? sourit-elle.
Je me sens rougir et hausse les épaules. Je me mords les lèvres, mal à l'aise. Heureusement, Hailey brise le silence qui pesait sur nous.
- Je suis désolée, j'ai toujours été trop violente avec toi.
Je lève les sourcils, ne trouvant que répondre.
- Je crois que ça m'a toujours énervée que tu arrives à appuyer là où ça faisait mal, avoue-t-elle avec un sourire peint d'embarras. Même si ce n'était pas ton but.
Je souffle du nez et secoue la tête.
- C'était pareil pour moi. Vous m'énerviez à cause de ça. Surtout toi, et... (Je balaie son nom d'un signe de main.) Enfin bref. Je pense que ça nous aura aidées toutes les deux, au final. Non ?
Elle acquiesce, me gratifiant d'un sourire honnête. Après un autre silence, elle soupire et regarde vers l'horizon à son tour.
- J'ai toujours senti que tu nous cachais quelque chose, confie-t-elle. Ça ne me dérangeait pas plus que ça, mais j'étais... enfin, j'avais envie de comprendre pourquoi tu avais l'air si... vide.
Je la considère d'un air interdit. Elle sursaute, l'air soudainement affolé.
- Oh, pardon ! Je ne disais pas ça méchamment. Oh là là, j'ai encore du travail à faire sur mon tact...
Je ris doucement, écartant ses inquiétudes en secouant la tête.
- Je ne le prends pas mal.
- Ouf, souffle-t-elle. Je... ce que je veux dire, c'est que tu étais vraiment intrigante. Tu voulais sûrement éviter ça, d'ailleurs, ajoute-t-elle. Mais en tout cas, je le voyais. J'aurais peut-être dû demander, ça aurait pu t'aider...
Je souris avec tristesse, attendrie.
- Non, ça n'aurait pas aidé. Vous avez fait ce qu'il fallait, je ne peux pas vous en vouloir de ne pas m'avoir suppliée d'expliquer pourquoi j'étais bizarre.
Avec un moue amusée, elle affaisse les épaules.
- J'ai envie de te remercier, Angie, dit-elle soudain avant de poursuivre après que je lui ai adressé un regard interloqué. Pour m'avoir montré que la vie était plus compliquée qu'on le croit. Pour m'avoir aidée à grandir et appris à aimer plus correctement les gens qui m'entourent.
Je tremble imperceptiblement. Pour seule réponse, je lui offre mes bras et elle n'hésite pas une seconde avant de me rejoindre dans une étreinte chaleureuse. Je serre les paupières, appréciant le contact frais de ses cheveux sur ma joue en sentant son cœur battre contre le mien. Je crois qu'aucune de nous n'arrivera à mettre des mots sur ce qui nous lie. Je ne sais pas si notre connexion est vraiment spéciale, mais je la ressens si profondément que je ne veux même plus essayer de la comprendre. La sérénité qui m'habite est tellement étrange qu'elle m'empêche de penser, d'avoir ne serait-ce qu'envie de réfléchir. Je ne sais pas si un jour dans ma vie auparavant, je me suis sentie comme ça.
Je sursaute quand soudainement, Joy et Ally se joignent à nous et nous sautent dessus pour nous envelopper de leurs bras. Hailey et moi rions sous la surprise, puis nous nous retrouvons à quatre, étouffées les unes contre les autres. Mon cœur se remplit d'une grande chaleur, si agréable que je ne veux plus lâcher aucune d'entre elles. Elles m'ont pardonnée. Elles m'ont acceptée. Elles sont vraiment mes amies, finalement.
- Moi aussi ! s'exclame une voix enjouée, et je reconnais la tête blonde de Cameron quand il se jette sur nous.
Il est très vite repoussé par Ally et titube en arrière, feignant d'être scandalisé.
- Ne viens pas polluer notre câlin avec ta testostérone ! cingle la jolie brune en le fusillant du regard.
Il s'esclaffe, et je croise ses yeux bruns lorsqu'il s'éloigne en souriant. Je crois que c'est sa spontanéité qui le rend aussi charmant.
- Tu vas nous manquer, tu sais, m'intime Ally en se retournant vers moi alors que nous nous nous détachons.
Je suis parcourue d'un frisson, soulagée qu'ils aient tous compris que je ne resterai pas.
- Vous aussi, soufflé-je. Mais...
- Mais notre histoire ne fait que commencer, finit Joy, les yeux pétillants.
Elle m'ôte des mots que je n'osais pas exprimer. Alors, elles aussi, elles veulent me revoir. Avec douceur, je souris et hoche la tête, des larmes coincées dans ma gorge.
- Tu es belle, comme ça, fait Hailey en croisant les bras. (Et, face à mes sourcils froncés, elle poursuit :) Sereine, je veux dire. Je crois qu'on ne t'as jamais vu sourire pour de vrai, avant. Ça fait plaisir. On a le droit à un peu de la vraie Angie, ajoute-t-elle malicieusement.
Je ne réponds pas, et laisse la conversation qui reprend avec plus de légèreté m'emporter. Elles parlent en agitant les mains et en appelant les autres. Elles décrivent parfois mes comportements en m'exposant à quel point elles comprennent maintenant. Elles me donnent des conseils pour la suite à la fois idiots et adorables, tel que « Si on te pose des questions et que tu ne veux pas répondre, dis qu'ils se trompent de personne » ou « Quand tu croiseras tes anciens amis, ne commence pas par t'excuser comme si tu étais un monstre », ironisant sur ce que je pensais ne jamais trouver drôle.
Leur enthousiasme, que je devine parfois être feint pour ne pas me montrer leur tristesse, me va droit au cœur et, au fond, me rappelle beaucoup ce que fait April. Elles se mettent de côté pour me donner le plus de courage, de chaleur, de soutien que possible. Elles ignorent les rancœurs gravées en elles pour me montrer qu'elles croient en moi, qu'elles ont espoir et que je ne dois pas regarder en arrière avec regret.
Mon sourire vague reste sur mon visage, et j'entends chacun des mots que tous me clament comme s'ils cherchaient à me faire passer pour la moins irréprochable d'entre nous tous. Je crois très peu de leurs paroles rassurantes, mais je ne veux pas en faire la remarque. J'écoute et j'accepte. Peu importe s'ils le pensent vraiment ou non, je sais qu'ils m'ont pardonnée, je sais qu'ils me soutiennent, et je sais que nous n'en avons pas fini. Que, chacun de notre côté, nous apprendrons à vivre avec tout ce que nous avons vécu, que nous grandirons et nous retrouverons, quand nous serons prêts. C'est tout ce qui compte.
Je reste près de la baie vitrée, les observant tous évoluer sous la lumière du soleil, discutant comme si rien n'était dramatique, comme si rien ne devait peser sur nos poitrines. Il règne une ambiance de sérénité si intense durant ce long moment que pendant quelques instants, j'oublie son enjeu réel.
À un moment, je vois Scott s'éclipser et ne me pose pas trop de questions. Les autres me distraient trop que pour que je réfléchisse. Je fais quelques pas en avant pour approcher les garçons qui sont assis et discutent avec les filles près de moi.
- Je propose qu'on aille à New York aux vacances, lance Cameron avec désinvolture.
- Laisse là un peu respirer avant, bon sang ! s'exclame Ally.
- Pourquoi tu t'énerves toujours, toi ? la provoque-t-il.
Elle fait la moue, exaspérée, et je vois Joy me couler un regard plein de sous-entendus. Je réprime un sourire moqueur.
- De toute façon, on a des examens, intervient Connor. On pourra toujours y aller plus tard.
Je hausse les sourcils. Même Connor a prévu de venir me rendre visite ? Non, ça doit être pour le séjour seulement. Le monde s'est-il retourné ?
Leur discussion divague et je la suis de loin, perdue dans des pensées incertaines. Le futur est encore plus flou, maintenant. Au moins, il y a deux heures, je me convainquais que je n'aurais plus d'avenir avec eux. À présent, je ne peux plus me convaincre de rien.
- Non, c'était hors de question, réponds-je lorsque Jason me demande si j'ai regardé mon interview. Je ne voulais pas voir ça !
- Pourquoi ?
- Parce que j'ai rien dit qui compte vraiment. Enfin, rien que les gens peuvent vraiment comprendre. À par vous, j'imagine, concédé-je avec haussement d'épaules.
- Tu passes plutôt bien à la télé, en tout cas, commente Joy.
Je m'apprête à lui répondre avec sarcasme, mais je m'arrête net. Figée, je sens mon souffle se couper alors que l'ombre que je distingue au sol dévoile une silhouette redoutable à côté de Scott. Je comprends alors pourquoi il était parti.
Je ne parviens pas à détourner les yeux, ni à fuir. Je ne peux rien faire d'autre que contempler son visage, qui, au fond de moi, m'avait manqué sans que je me l'avoue. Un visage aux yeux verts, dont la touche de gris m'a toujours absorbée. Un visage qui, même quand je veux l'en chasser, reste gravé sous mes paupières.
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J'espère que ce chapitre vous a plu !
On arrive à la fin, et le prochain sera en effet le dernier :( Et je le poste demain, et l'épilogue aussi sûrement !
Je vous remercie déjà d'avance, et j'ai hâte que vous découvriez la fin ♡
À demain ♡
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