Chapitre 8
Diane
La sonnerie annonçant la fin des cours me délivre enfin. Je m'empresse de quitter la salle de classe mais me fait arrêter par une pression sur mon épaule. Je me retourne et me trouve nez à nez avec Rakael.
- Diane, tu viens au Mouton frisé avec nous ?
Le Mouton frisé est un café très populaire chez les jeunes de Benevento. Je jette un coup d'œil à Marianne et Délio qui discutent derrière mon meilleur ami et secoue la tête négativement.
- Allez-y sans moi aujourd'hui, je dois retrouver ma mère au cimetière.
Rakael hoche la tête.
- D'accord, à plus tard !
Je fais un signe de main à mes amis et sors de la classe. Au moment où je sors du lycée, je me fais bousculer par le loup de Livia. Le choc fait tomber mon sac à terre. Le loup m'adresse un sourire mauvais tandis que je me baisse pour ramasser mes affaires.
- Tu ne peux pas regarder où tu vas ? S'indigne faussement Livia.
Son cercle de sorcière se met à glousser en se moquant de moi. La sorcière se baisse pour être à ma hauteur.
- Arrête de tourner autour de Rakael, chuchote-t-elle, il est à moi.
Puis elle se relève et avec sa magie éparpille les affaires que je viens de rassembler. Elle s'en va ensuite non sans me jeter un dernier regard noir.
Je déteste cette garce.
Et puis qu'est-ce qu'elle croit ? Que parce que madame s'est entichée de MON meilleur ami je vais le lui laisser ? C'est qu'elle ne me connaît pas.
Avec des pensés meurtrières je me dirige vers le cimetière de Benevento. Ce dernier se situe à une vingtaine de minutes du lycée, en retrait du village et en bordure de la forêt.
Quand j'y arrive, je suis accueillie par un silence irréel. C'est comme si ce cimetière de sorcières était coupé du monde. Mais ce n'est pas un silence effrayant, au contraire il est bienveillant et impose le respect des défuntes.
Je glisse en silence le long des pierres tombales et observe avec admiration le symbole des sorcières inscrit dans la pierre. Je fini par apercevoir ma mère, agenouillée devant un tombeau plus vieux que la moyenne. Un magnifique bouquet de roses blanches est posé dessus. Elles viennent de notre jardin.
Je m'approche doucement. Ses longs cheveux auburn me cachent son visage à la beauté singulière. Mais quand je ne suis plus qu'à un mètre d'elle, une légère brise vient soulever ses cheveux épais. Mon cœur se serre quand je vois une larme couler le long de sa joue. Je déteste voir ma mère pleurer et fort heureusement cela est très rare.
Je comble le dernier espace vide entre la sorcière et moi et l'enlace aussi fort que je peux, espérant lui réchauffer le cœur. Je sais que je ne peux rien contre sa douleur mais je tiens à lui montrer mon soutient.
Elle sursaute en sentant mes bras entourer son cou mais très vite elle me rend mon étreinte en posant doucement ses mains sur mes bras. Nous restons un moment comme ça. Moi derrière ma mère la serrant fort. Elle regardant d'un œil triste la tombe devant elle.
Je détaille à mon tour cette tombe à la pierre vieillie. Le symbole des sorcières inscrit en noir ressort sur le gris du tombeau, de même que l'inscription gravée juste au dessus :
Anna Selma
1969-2002
À mon incroyable maman
Ma grand-mère.
Maman ne parle pas beaucoup d'elle mais quand elle le fait je peux sentir tout son amour pour sa mère qu'elle a perdue trop tôt.
Je me dis parfois que je suis vraiment égoïste de me plaindre de ma vie. C'est vrai que je suis nulle en magie mais au moins j'ai eu une enfance des plus heureuses avec un père et une mère aimants, chose que ni l'un ni l'autre n'ont pu avoir.
C'est même très rare de voir une sorcière ayant un père, voilà encore une singularité de ma vie.
- Merci ma chérie, articule ma mère après un long moment de silence.
Pour seule réponse je resserre mes bras autour d'elle.
- Sa fleur favorite était la rose blanche, commence la sorcière, il y en avait un bouquet dans chaque pièce de la maison. Dès qu'on entrait on pouvait sentir leur parfum. C'est pour ça que la rose est devenue mon symbole de la vengeance. Tu sais j'en ai exterminé des Chasseurs mais j'ai fini par les trouver. Ils ont eu ce qu'ils méritaient.
J'écoute ma mère avec attention, buvant chacun de ses mots.
- Mais les Chasseurs ne sont pas nos ennemis Diane, plus maintenant en tout cas. Ce sont les vampires qu'il faut combattre, reprend ma mère d'une voix dure.
Son regard se porte sur les nombreuses tombes plus récentes. Je sais qu'elle repense à la bataille de la plaine des sorcières. Je n'ose même pas imaginer l'horreur qu'ils ont vécus.
Ses yeux s'arrêtent sur la tombe de l'aïeule Sophie. Sophie était la grand-mère de maman mais c'est elle qui l'a élevé. Elle est morte durant la bataille de la plaine, comme tant d'autres.
Je remarque alors une autre tombe juste à côté qui à une couleur un peu plus foncée que les autres. Je m'en approche et lis le nom inscrit dans la pierre :
Rebecca....
Étrangement, ce nom m'est familier, il me semble l'avoir déjà entendu dans une conversation entre Sarah, Callie et maman.
- Rebecca était une extraordinaire sorcière, me fait savoir maman, elle était très loyale et a toujours été là pour moi, même quand je la repoussais. On a combattu ensemble puis elle est venue me sauver à Venator. C'est à ce moment qu'elle s'est faite tuer par un vampire. C'est en quelque sorte ma faute. Elle a été ma première amie et je l'ai laissé mourir.
Ma mère d'habitude si froide déborde aujourd'hui de tristesse. Je suis désemparée. Elle ne m'avait jamais parlé directement de cette sorcière et ce n'est qu'aujourd'hui que je réalise le mal être qu'elle ressent au quotidien.
- Ce n'est pas de ta faute maman, fais-je au bout d'un moment. Et puis j'imagine que le coupable l'a payé de son sang.
Maman sourit amèrement avant de murmurer :
- Ils n'ont pas tous été punis.
Je la regarde étonnée. Qu'est-ce qu'elle veut dire ?
Avant que je ne puisse lui poser la question elle se relève et époussette sa robe longue.
- Rentrons, dicte-t-elle en me tendant la main.
Sur le chemin du retour elle ne dit rien et je n'ose pas briser ce silence. J'observe ma mère à la dérobée. Elle a l'air pensive et quelque peu anxieuse. Je me demande ce qui peut lui passer par la tête.
Lorsque nous arrivons au manoir, le soleil se couche tout juste.
- Papa est là ? Demandais-je alors que j'enlève mes chaussures dans le hall.
- Hum... Je croyais qu'il serait rentré à cette heure, déclare maman perplexe en se dirigeant vers la cuisine. D'autant plus que la famille d'Amarok vient dîner.
- Ils viennent tous ce soir ? M'écrié-je.
La sorcière me regarde un brin amusée.
Oups, je me suis peut être un peu trop emballée...
- Oui Rakael vient, fait-elle avec un clin d'œil.
Je me mets à rougir affreusement.
- Je demandais ça comme ça, tenté-je de me rattraper.
- Je sais trésor, je sais, répond-elle en éclatant de rire.
C'est dingue comment une mère peut lire en nous quand même !
Tout à coup un bruit sourd venant de la porte d'entrée nous fait toutes les deux sursauter.
Ma mère adopte tout de suite une moue concentrée et s'approche doucement de la grande porte. Je la suis sur le qui vive un tantinet inquiète. Je repère inconsciemment un gros couteau de cuisine qui traine sur la table.
"Les couteaux ne sont pas pour les sorcières Diane !"
Oui je sais les sorcières utilisent leurs pouvoirs pour se battre mais cela me demande bien trop d'efforts.
Maman murmure quelque chose et la grande porte s'ouvre en grand. Une masse imposante s'écroule alors par terre aux pieds de la sorcière. Je reste figée par la peur me demandant ce que c'est quand ma mère pousse un crie de surprise et de peur en se précipitant sur la chose inerte à terre.
- Tristan !
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Bonjour à tous ! J'espère que vous passez de bonnes vacances !! Voilà deux chapitres pour me faire pardonner cette très longue absence. Je vais essayer de continuer a publier régulièrement mais je ne promets rien.
N'oubliez pas de voter et de me dire ce que vous pensez des chapitres en commentaire !
Merci à vous 😁
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