Chapitre 7

Diane

Le soleil entame sa descente lentement dans le ciel allongeant les silhouettes. Je suis exténuée. Je regarde Rakael qui s'applique à donner les dernières coups de serpillère dans le hall pour le faire briller comme maman l'a exigé.

Nous nettoyons ce hall et le jardin de fond en comble depuis ce matin et autant dire que je n'en peux plus. Bien évidemment quand Rakael a fait mine d'appeler ses amis pour venir nous aider mon père l'a empêché en lui disant que ça lui servira de leçon. Résultat ce n'est qu'avec nos quatre bras que nous avons dû tout ranger. Et quand je dis quatre bras je devrais dire deux et demi, les miens sont tellement faibles que je n'ai pas été très efficace et ma magie a bien évidemment été inutile.

Affalée sur le ventre par terre j'observe les gros bras du loup-garou faire le ménage. Il se rapproche de plus en plus de moi avec sa serpillère mais je suis tellement bien là que je ne bouge pas. Je ferme les yeux et pose ma tête entre mes bras. Soudain je les rouvre d'un coup et me relève en quatrième vitesse en poussant un cri aigu. Je sens de l'eau froide dégouliner de mes cheveux et continuer sa route sous ma chemise.
Je regarde Rakael avec des yeux ronds. Il est mort de rire et tient dans une main un sceau d'eau, sa serpillère à ses pieds.

- Non mais ça ne va pas ? Explosé-je.

Rakael s'arrête un moment de rire, me regarde puis rit de plus belle.

- Si tu pouvais voir ta tête en ce moment Diane, toi aussi tu ne pourrais pas t'en empêcher.

- Pourquoi t'as fais ça ? Je sens trempée maintenant !

- Tu me gênais, je pouvais pas nettoyer. Trouve toi un lit pour dormir au lieu de faire le mollusque !

- J'avais la flemme de bouger, rétorqué-je.

Et voilà Raka qui explose de rire de nouveaux.

- Ça c'est bien toi !

Je croise les bras sur ma poitrine l'air boudeur.

- Aller fais pas cette tête de panda trop mignon.

Une idée surgit soudain dans mon esprit et je me lance vers Rakael un sourire sadique m'éclairant le visage. Avant qu'il ne puisse reculer, je saute dans ses bras et le serre fort contre moi laissant des traînées d'eau partout sur lui.

- Diane ! S'écrit-il, tu me mouille !

- C'est fait exprès imbécile ! Dis-je en essayant mes cheveux trempés sur son visage.

Il cherche à se débarrasser de moi mais je m'agrippe à lui encore plus fort. J'enroule mes jambes autour de son bassin et m'accroche à ses épaules en riant à en avoir mal. Désespérant de me faire lâcher prise, il commence à m'attaquer avec des chatouilles.

- Ah non ! Tu n'as pas le droit, c'est de la triche ! M'exclamé-je.

- Je ne joue pas à la loyale ma belle, me susurre Rakael à l'oreille.

Je frissonne au contact de son souffle sur mon oreille.
Je sens mes petits muscles lâcher prise sous ses attaques de chatouilles incessantes et je fini à terre pas très gracieusement. La grâce et moi ça fait dix.
Toujours en se marrant, Rakael penche son grand corps vers moi et me tend une main.

- Une trêve ? Propose-t-il avec un grand sourire.

J'attrape sa main et d'une simple pression de son poignet il me remet sur mes pieds.

- Une trêve, confirmé-je en souriant à mon tour.

À ce moment, un sifflement admiratif se fait entendre.

- Et bien dites-donc ! S'exclame mon père, ça brille !

- Et oui Tristan, quand je fais quelque chose, je le fais bien, fanfaronne mon ami avec un grand sourire.

Je lève les yeux aux ciel, il en manque pas une pour s'attirer l'admiration du Chasseur.

- Tu devrais faire des choses plus souvent alors, rétorque mon père un sourire dans la voix.

À la tête dépitée du loup-garou mon père et moi éclatons de rire. Mon paternel lance une tape virile sur l'épaule de Rakael qui retrouve son assurance.

- Beau travail les enfants, nous lance-t-il.

Puis il se tourne vers Rakael.

- Tu rentres chez toi Rakael ?

- Oui je ne vais pas tarder à y aller, je dois rejoindre la meute, affirme le loup en hochant la tête.

- Dans ce cas je vais te raccompagner, j'aimerais poser quelques questions à ton Alpha.

- À propos d'hier ? M'enquérais-je soudain intéressée.

Les deux hommes me regardent puis reprennent leur conversation comme si je n'étais pas là.

"Super, merci" Pensé-je amèrement.

Je regarde par la fenêtre pour éviter de laisser éclater mon énervement. Je vois un oiseau rejoindre son nid dans un arbre à dix mètres et malgré le fait qu'il fasse de plus en plus sombre dehors, j'aperçois des œufs dans le petit nid.

- Il commence à se faire tard, on devrait y aller, tranche mon père non loin de moi me faisant sursauter.

Je délaisse ma fenêtre et l'oiseau dans son nid et regarde mon père. J'ai l'impression de le voir en plus gros que d'habitude. Cela ne dur qu'une seconde avant que ma vue ne redevienne normale.
Celui-ci fonce les sourcils en me regardant dans les yeux.

- Diane tes yeux ! S'étonne-t-il.

- Qu'est-ce qu'il y a ?

- Tes pupilles étaient très dilatées, explique mon père.

Rakael me lance un regard d'incompréhension. Mais moi je hausse les épaules.

- Ce n'est rien.

Mon père me regarde avec insistance puis me fait un petit sourire.

- Allons-y Rakael.

Le loup-garou s'approche de moi et me serre amicalement dans ses bras avant de m'embrasser sur le front.

- A plus ma belle !

Je baisse les yeux pour ne pas le laisser voir le trouble qu'il me procure.

- Au revoir Raka, murmuré-je en le regardant s'en aller avec mon père.

***

Je me tourne et me retourne dans mon lit incapable de fermer l'œil. Je regarde par la fenêtre laissée ouverte. Le vent s'engouffre dans ma chambre en faisant onduler les longs rideaux blancs. Ce soir la lune n'est qu'un petit croissant qui n'éclaire pas grand chose. Un nuage la cache quelques instants mais je parviens à détailler tous les objets qui ornent ma chambre sombre.

Je me lève et me dirige vers mon grand miroir derrière la porte de ma chambre, en face de la fenêtre. J'observe mon reflet s'approcher du miroir en même temps que moi. Je tends la main et du bout des doigts j'effleure la surface froide. Le nuage qui cachait la lune disparaît et les faibles rayons de cette dernière rentrent par ma fenêtre et m'éclairent de dos. La douce lumière se réfléchie dans le miroir me donnant un air fantomatique.

Je fixe mes yeux vairons dont les couleurs s'accentuent. Mes pupilles sont extrêmement dilatés et je comprends mieux pourquoi je vois aussi bien. Je sens mon sang bouillonner dans mes veines mais je garde mon apparence calme.
Je continue de m'observer dans le miroir et je revois cette lueur. La même lueur que j'ai aperçu il y a quelques jours au fond de mes yeux bleus et noirs. Cette flamme qui reflète le comportement de mon corps, qui me pousse à être impulsive. Mais comme la dernière fois, elle s'éteint rapidement.

Je secoue la tête pour me changer les idées. Puis j'ouvre la porte, décidée à descendre dans la cuisine pour me servir un verre d'eau. Sans un bruit, je me glisse sur le parquet du couloir qui ne grince pas une fois. Je passe devant la chambre des mes parents et remarque que la porte est entre-ouverte. Je m'apprête à continuer mon chemin quand la voix de ma mère s'élève, me faisant stopper net.

- Tristan tout cela m'inquiète beaucoup.

- Je sais Ana mais je me suis renseigné auprès des meutes et d'après les loups il n'y avait que des vampires ce soir-là.

- Pourtant j'ai la sensation qu'elle était là.

- Ma chérie, je ne pense pas qu'elle aurait l'audace de venir à Benevento.

"Mais de qui parlent-ils ?"

Je risque un coup d'œil dans la chambre et je vois ma mère assise sur le grand lit à baldaquin en train de soupirer. Mon père, agenouillée devant elle lui prend la main.

- À mon avis elle est soit morte soit en train de se terrer quelque part loin d'ici.

Ma mère relève la tête et pose une main sur la joue de son mari.

- J'aimerais tellement que tu ais raison Tristan ! Mais je te le dis, j'ai un mauvais pressentiment.

Elle marque une pause puis reprend.

- J'ai peur pour Diane.

Ay l'entente de mon nom je tressaille.

- Qu'elle essaie simplement de toucher à un seul cheveux de notre fille ! Gronde mon père d'une voix dure.

Je ressens d'ici sa colère et je ne donne pas très cher de la vie de cette fameuse personne. Quand papa est en colère il vaut mieux ne pas être à porter de vue.

- On devrait demander au Conseil de faire des recherches sur elle. Ils nous le doivent bien.

Mon père approuve d'un hochement de tête.

- J'irai voir Théodore qand je serai à Venator.

- Très bien.

- Ne t'inquiètes donc pas Ana, Diane est bien protégée à Benevento. Et s'il le faut je traquerai cette traîtresse dans tout Aliumnos.

- Je sais, sourit ma mère en le prenant dans ses bras.

Papa attrape son visage dans ses mains et l'embrasse avec passion.

"Berk !"

Je détourne la tête. Je n'ai pas envie d'en voir plus. Sans faire de bruits je continue mon chemin et retourne dans ma chambre oubliant la raison de ma sortie. Cette conversation que j'ai surprise m'intrigue au plus haut point. Qui est donc cette femme ? Pourquoi me voudrait-elle du mal ?
C'est des interrogations pleins la tête que je m'endors soudain épuisée.

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