Je dédicace ce chapitre à mes lecteurs toujours au rendez-vous, en particulier @Miss_Paillettes et @AngelAndDarkness qui sont toujours là pour me soutenir. Merci les filles, j'espère que ce chapitre vous plaira !

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Diane

J'arrive en fin d'après midi au château. Mes parents et moi sommes au préalable passés dans notre nouvelle maison dans laquelle je me suis immédiatement sentie chez moi. C'est une petit cottage dans la campagne de Venator. Nos plus proches voisins habitent à plus de vingt minutes de voiture, nous sommes donc tranquilles. Nous avons une très grande propriété, avec une petite parcelle de la forêt qui nous appartient. La maison est de petite taille. Le rez de chaussée se compose d'une cuisine ouverte sur la salle-à-manger et le salon, ce qui forme une grande pièce, ainsi que d'une buanderie avec des toilettes et d'un bureau. L'étage se découpe en trois chambres, dont une chambre d'amis, et d'une salle de bain. Ma chambre est deux fois plus petite que celle de Benevento mais elle est très cosy. La maison est faite de pierres clairs et est recouverte de lierre et de glycine, ce qui lui donne un côté charmant. Nous avons aussi une terrasse dans le jardin où nous pourront languir au soleil. 

Une fois le tour de la maison fait et les cartons déposés et partiellement ouverts, j'ai fait un petit sac pour retourner au château. Je n'ai pas eu besoin de pendre grand chose puisque j'avais laissé toutes mes affaires à Venator. Quand je suis descendue dire au revoir à mes parents, ils ont eu toutes les difficultés du monde à me laisser partir. Avec tout ce qu'il s'est passé, ils ont constamment peur de me perdre, il leur faudra un peu de temps pour cesser de s'inquiéter dès que je sors de la maison. Papa voulait même m'accompagner au château, qui est à quarante minutes de route de la maison, mais j'ai rétorqué que j'étais une grande fille et que je pouvais me débrouiller seule. Il a fini par renoncer avec mauvaise grâce. 

Je gare ma voiture sur le parking du château et descends. C'est bizarre de revenir ici après tout ce qu'il s'est passé. Je suis partie d'ici il y a deux mois à une soirée en compagnie d'Héloïse et nous avons faillis ne jamais revenir. Pourtant, ici, rien n'a changé. Des Chasseurs sont morts mais le château reste le même, imposant et austère. Je souris en pensant à la première fois où j'ai vus ces tours immenses. Je me suis sentie tellement insignifiante et seule face à elles ! Je pensais que jamais je ne trouverai ma place ici, que je serai toujours "l'outsider". Et aujourd'hui, je suis heureuse de revoir le château, j'ai l'impression d'enfin retourner à la maison. C'est fou comme j'ai changé en l'espace de quelques mois. Je suis devenue plus forte, plus mature, plus sûre de moi. Et j'ai trouvé ma place. 

J'attrape mon sac et mon arc sur le siège passager et me dirige d'un pas déterminé vers les portes d'entrée. Nous sommes mardi soir donc les jeunes Chasseurs devraient être là, ils doivent sûrement finir l'entraînement du jour. Je me dirige d'abord vers ma chambre mais je suis arrêtée en chemin par Henri qui m'attrape au détour d'un couloir. 

- Diane, te voilà !

Le vieux Chasseur m'adresse un énorme sourire chaleureux qui me réchauffe le cœur. 

- Ton père m'a prévenu de ta venue, nous sommes tous très heureux de te retrouver !

- Merci, je suis moi aussi ravie d'être là, dis-je honnêtement.

- Allons parlez dans mon bureau, nous devons nous occuper de certains papiers administratifs. 

Je suis Henri tandis que nous discutons. Il me raconte que l'ordre des Chasseurs a fait une très belle cérémonie pour enterrer les Chasseurs morts lors de la bataille des rebelles. Mes pensées se dirigent immédiatement vers Antoine et Cloé. Henri semble lire dans mes pensées puisqu'il m'explique qu'eux aussi ont eu droit à un bel enterrement quelques jours après la découverte de leurs dépouilles sur la plage. La nostalgie s'empare de moi mais je la repousse en pensant à quelque chose.

- Henri, t'es-tu fait prendre par l'ordre des Chasseurs pour nous être venu en aide lors de la bataille de rebelles ? 

Le Chasseur ne me répond pas tout de suite et je comprends qu'effectivement il s'est fait prendre et qu'il s'est fait remonter les bretelles par ses supérieurs. 

- L'ordre a fini par le savoir en effet. Ils sont passés outre le comportement de Lucas et d'Héloïse puisqu'ils sont venus parce que je le leur ai demandé. Le conseil des Chasseurs a jugé qu'ils ne faisaient qu'obéir à l'ordre de leur supérieur. Pour ma part, j'ai été rétrogradé. Je ne fais plus parti du conseil et je se serai plus chargé d'aucune mission de terrain. Je m'occuperai désormais de tout ce qui touche à la gestion du château. Heureusement, ni Lucas ni Héloïse n'ont trouvé la mort, sinon ma punition aurait été plus lourde.  

La culpabilité, une émotion avec laquelle je vis depuis un mois, m'envahie. C'est ma faute tout ça. C'est moi qui ai demandé à papa d'appeler Henri et les Chasseurs en renfort bien que c'était interdit par l'ordre. 

- Je suis sincèrement désolée Henri...

- Pourquoi ? Ce n'est pas de ta faute, c'était ma décision, comme c'était la décision de tes camarades. Si c'était à refaire, je ferais de même encore et encore sans hésiter, et je pense que tes amis pensent pareil. Et puis, cette rétrogradation n'est pas si mal finalement, je pensais à prendre ma retraite, je sais que ça ne se voit pas mais je commence à me faire vieux !

Sa dernière phrase nous fait tous les deux rire. Nous arrivons à son bureau et nous nous y installons. Il m'explique ensuite comment l'entraînement va se dérouler maintenant que je souhaite devenir une Chasseuse à part entière. Il me fait signer quelques papiers d'inscription à l'entrainement intensif, ainsi que la pension pour ma chambre. 

- Si tu progresses vite et que tout ce passe bien, tu pourras faire partie de l'ordre des Chasseurs d'ici deux ans. 

Avec cet espoir, je quitte son bureau. Sur le chemin de ma chambre, je croise Éléonore et Aurore. Je suis très heureuse de les retrouver. Nous discutons et je constate avec joie que la Chasseuse va mieux. Elle m'indique qu'elle va vivre au château quelques temps, ne voulant pas se retrouver seule. 

- Si tu as besoin de quoi que ce soit, lui dis-je, je suis là ! Je peux garder Aurore aussi si tu as besoin !

- Merci Diane, tu es un ange, répond-t-elle en n'embrassant le front. 

Nous parlons encore un peu, puis fatiguée elle s'éclipse. De mon côté, je rejoins ma chambre. Je suis en train de ranger mes affaires dans l'armoire quand la porte s'ouvre dans mon dos. 

- J'ai entendu que tu étais arrivée.

Mon cœur fait un bond dans ma poitrine au son de sa voix. Je me retourne et fais face à Théo. L'émotion me submerge alors que l'on se contemple mutuellement en silence. Il semble aller beaucoup mieux que lorsque l'on s'est quitté. Son visage ne porte plus les stigmates de notre kidnapping, je ne peux pas en dire autant de sa main droite. Il ne reste plus que la première phalange de son index qui a entièrement cicatrisé. 

- Ce n'est pas très beau, hein ! Fait-il en voyant mon regard dévier sur sa main.

Il soulève sa main comme pour étayer ses propos. Je dégage alors ma frange pour le laisser voir mes propres cicatrices sur mon front. 

- Moins que ça, je réponds. 

Nous nous sourions tristement, puis d'un mouvement commun nous avançons l'un vers l'autre. Nous nous tombons dans les bras et je ne peux m'empêcher de soupirer de contentement. Cela faisait trop longtemps que je rêvais de me retrouver dans ses bras à nouveau. Je niche mon visage dans sa nuque et respire son odeur qui m'avait tant manqué. Il me caresse les cheveux, le dos, je ferme les yeux sous son toucher. 

L'avoir tout contre moi, c'est exactement ce dont j'ai besoin pour reprendre une vie normale. Ce que je ressens pour lui en ce moment est tellement fort que je veux le lui dire. Alors, d'une voix tremblante, je murmure : 

- Je t'aime.