Chapitre 49

Diane

Nous restons tous choqués par cette annonce. Maman affirme avoir perdu ses pouvoirs. Mais cela n'est pas possible, si ? Une sorcière ne peut pas perdre ses pouvoirs, c'est ce qui fait d'elle ce qu'elle est. La magie est l'essence même des sorcières, c'es leur raison de vivre. Maman est l'Ensorceleuse, elle ne peut pas perdre ses pouvoirs. Si elle n'arrive pas à faire de la magie maintenant c'est parce qu'elle sort de convalescence, parce qu'elle est trop fatiguée et choquée par les événements. Avec un peu de repos tout redeviendra comme avant. 

Mais maman ne l'entend pas ainsi. Désespérée, elle s'habille en hâte et sort en coup de vent de la maison. Mon père enfile en vitesse un t-shirt et lui coure après. Hébétée, je les suis en pyjama. Dehors, le village se réveille. Les oiseaux chantent et les volets s'ouvrent. Ma mère traverse Benevento comme une furie et ne s'arrête qu'à l'orée de la forêt, devant la maison de l'aïeule Aricie. Elle s'y engouffre tel un ouragan sans même frapper. 

A l'intérieur, notre aïeule est assise à la table de la cuisine en train de manger son petit déjeuner. Étrangement, il y a quatre assiettes sur la table, alors qu'elle vit seule. Lorsque la vieille sorcière nous voit débouler ainsi chez elle, elle nous sourit, pas le moins du monde surprise. 

- Entrez mes enfants ! Je vous ai préparer le petit déjeuné.

Je serai toujours étonnée par les dons de certaines sorcières. Nous prenons place autour de la table. Ma mère semble s'être calmée quelque peu mais est toujours bouleversée. 

- Ma mère, commence-t-elle en s'adressant à notre aïeule, sais-tu ce qu'il m'arrive? 

La vieille sorcière prend un temps pour considérer les yeux blancs de l'Ensorceleuse ainsi que son tatouage devenu noir. 

- Tu aurais fait une bonne aïeule. 

- Pardon ? 

Tout comme moi, maman est troublée par les paroles de la sage.

- Je suis désolée mon enfant mais tu ne pourras pas devenir l'aïeule des sorcières. Tu n'es plus des nôtres. 

Un silence de mort suit sa phrase. Plus des nôtres ? Qu'est-ce que ça veut dire ? Ma mère regarde l'aïeule estomaquée. 

- Tu veux dire que je ne suis plus une sorcière ?

La vieille femme acquiesce l'air grave. 

- Tu as commis l'irréparable. Tu as utilisé ta magie pour tuer l'une des nôtres. Ce que la nature t'a offert, elle te le reprend pour avoir commis ce crime. Tes pouvoirs sont le prix à payer pour avoir utiliser ton don pour cet acte contre nature. Tout ce qui fait de toi une sorcière a disparu à ce moment. 

Maman se bloque dans un mutisme horrifié face à cette révélation. Je pose donc les questions à sa place.

- Mais comment est-ce qu'elle a réussi à tuer une sorcière ? Je croyais que c'était impossible. 

- La nature a fait en sorte qu'une sorcière ne puisse en tuer une autre, c'est vrai. Mais pour ce cas, il semble qu'Anastasia possédait une force tellement grande qu'elle a réussi à se séparer de sa magie pour l'envoyer sur son ennemie. Sa haine et sa rage ont découplé sa puissance lui permettant de se dissocier de son essence magique. 

- J'aurais préférer mourir, murmure maman. 

Sa phrase me glace le sang. Je repense au moment où je pensais l'avoir perdue. Non, jamais je ne veux ressentir ça une nouvelle fois. 

- Ne dis pas ça, intervient mon père. 

- Si ! Hurle-t-elle. Si ! J'aurais préférer mourir que de ne plus être une sorcière ! Ma magie, c'est tout ce que je suis, tout ce que j'ai, tout ce que je connais. Je ne peux pas vivre sans mes pouvoirs. Je suis l'Ensorceleuse, l'une des sorcières les plus puissantes de notre siècle, je ne peux pas être autre chose. Que suis-je si ce n'est l'Ensorceleuse ?

- Tu es ma femme, tu es une mère, tente de la résonner mon père.  

- J'ai l'impression que la nature m'a marquée du signe de la honte, reprend maman en sanglotant.

Cette vue me brise le cœur. Je me lève et la serre dans mes bras, pleurant avec elle. Mon père se joint à notre étreinte et lui murmure qu'elle s'en sortira, que nous seront toujours là nous. Maman fini par nous enlacer en pleurant dans nos bras. 

Soudain, elle se relève et plante ses yeux blancs dans ceux de mon père. 

- Amarok ?

La chagrin se reflète sur le visage de mon père tandis que les souvenirs affluent dans l'esprit de ma mère. 

- Il est vivant n'est-ce pas ? Il s'en est sorti pas vrai ?

Mon père secoue tristement la tête. 

- Je suis désolé mon amour...

Cette fois s'en est trop pour maman. Elle s'effondre, pleurant toutes les larmes de son corps. Elle a des difficultés à respirer en proie à une crise de panique. Repenser à Amarok me serre ma poitrine. Je m'étouffe avec mes propres sanglots. Mais je dois être forte pour aider maman. Elle vient de tout perdre en quelques heures. 

L'aïeule Aricie se lève et passe dans une autre pièce. Elle revient ensuite, une fiole bleue dans les mains. Elle approche la potion des lèvres de maman et lui fait avaler tout le contenu de la fiole. L'effet est immédiat, elle se calme immédiatement avant de s'endormir, appuyée contre papa. Celui-ci remercie la vieille sorcière et emporte maman chez nous. Je marche à ses côtés en silence. Je n'arrive pas à réaliser que maman n'est plus une sorcière. Elle va avoir du mal à l'accepter mais nous serons là pour elle. 

Nous passons devant la maison d'Amarok et je réalise que je ne suis toujours pas aller voir Rakael. 

- Papa, je vais passer voir Rakael.

Il hoche la tête et m'embrasse sur la joue. 

- Ne rentre pas trop tard, ta mère aura besoin de toi.

- D'accord.

Je tourne les talons et m'engage sur la propriété des loups-garous. Quand j'arrive à l'entrée de la maison, je remarque que la porte d'entrée n'est pas fermée. Je rentre donc en m'annonçant. Je me retrouve dans leur salon et je tombe sur Éléonore. La Chasseuse a le visage tiré par la fatigue et la tristesse. Ses yeux sont rouges d'avoir pleuré et cernés à cause de nuits blanches. Elle semble à bout. Elle est habillée de noir et porte un bébé dans les bras. 

- Diane, c'est gentil d'être passée !

Je m'approche d'elle et la prends dans mes bras. Elle est tellement frêle que j'ai peur de la casser. 

- Je suis tellement désolée Éléonore...

- Merci, répond-t-elle en reniflant. 

Je lui souris tristement et porte mon regard sur le bébé qu'elle serre fort contre elle. Il ne doit avoir que quelques jours mais est déjà adorable. Bien que normalement les bébés n'ont pas beaucoup de cheveux à la naissance et que leurs yeux sont noirs, celui-ci a déjà une grande pilosité du fait de son origine animale. Il a les yeux jaunes, comme Amarok. Comme Rakael. 

- C'est une fille, m'annonce la Chasseuse. Elle s'appelle Aurore. 

- Elle est très belle, elle fera une fière Chasseuse !

Tout comme seule une fille peut-être une sorcière, seul un garçon peut devenir un loup-garou. Ainsi Aurore sera une Chasseuse. 

- Oui, si seulement son père avait pu la rencontrer...Mais j'imagine que tu es ici pour voir Rakael. Il est dans sa chambre. 

Je la remercie, je la serre encore dans mes bras et embrasse Aurore. Je prends ensuite le chemin de la chambre de mon meilleur ami, chemin que j'ai déjà emprunté des milliers de fois. Mais aujourd'hui, je ne peux me départir d'un sentiment d'angoisse.  



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