Chapitre 40

Diane

Le silence qui s'est abattu dans la forêt à la fin de l'attaque se brise sous les questions des créatures surnaturelles qui fusent. Tout le monde s'agite autour de moi mais je reste cachée dans le creux sécurisant du cou de ma mère. Dans mon dos, j'entends Amarok se lamenter sur le sort de Rakael. Je comprends vaguement que mon ami s'est fait mordre par un vampire et qu'il se bat contre le venin de la sangsue. J'entends aussi Marianne et d'autres sorcières, dont notre aïeule Aricie, s'affairer autour de Délio pour le soigner. Je suis surprise que la meute de la lune rouge, meute dont Rakael est le bêta ne soit pas présente. Puis j'apprends que l'alpha a refusé de mettre toute sa meute en danger pour une simple sorcière. Sympa... Mais dans une certaine mesure je comprends. 

Un pas lourd se rapproche de nous et je sens soudain des bras musclés nous entourer maman et moi.

- Ma princesse, ma princesse, répète en boucle mon père, la voix tremblante.

Mes parents m'enlacent très fort et je me rends compte à quel point ils m'ont manqué. Je me retourne alors et les attrape tous les deux de mes petits bras et les serre de toute mes forces contre moi. Dieu, ce que ça fait du bien de les revoir. Les prunelles si bleues de ma mère sont remplies de larmes. Je passe un pouce sur sa joue pour essayer une larme qui a coulé. Elle me lance un sourire plein d'amour et m'embrasse avec force. Un rire où je perçois de la peur, du soulagement et du bonheur s'élève de sa gorge.
Quant à mon père, il me murmure a quel point il m'aime.

- Je suis si heureuse, chuchoté-je, je pensais ne plus jamais vous revoir. Je vous aime tellement !

- Moi aussi mon bébé, j'ai eu tellement peur ! Me dit maman.

- Mais comment avez-vous su que nous avions besoin d'aide ?

- Nous avons entendu Délio hurler, explique mon père, Amarok l'a tout de suite reconnu et nous avons accouru dans la direction d'où provenaient les bruits de la bataille.

- En tout cas tu es saine et sauve et c'est tout ce qui compte, ajoute la sorcière.

Nous nous faisons encore un câlin, ravis d'être simplement ensemble comme avant mais notre charmante réunion est interrompue par Mme Major qui essaie d'organiser la suite.

- Bien maintenant que Diane est là, nous n'avons plus besoin de continuer, rentrons à Benevento.

Tout le monde commence à se lever et à aider les blesser. Marianne s'occupe de son loup qui cicatrise et Amarok et un autre loup soutiennent Rakael. Mais avant que tout ce beau monde ne fasse mine de s'en aller, j'interviens.

- Attendez ! On ne peut pas partir maintenant !

Certaines créatures froncent les sourcils ne comprenant pas bien. Je m'empresse alors de m'expliquer.

- Mon ami Théophile est toujours là bas, il faut aller le sauver !

Un grand silence s'abat sur notre groupe. Tout le monde paraît incommodé mais personne ne pipe mot. Au bout de cinq minutes de ce silence je commence à m'énerver.

- Et bien quoi? Qu'est-ce qu'on attend ? Je sais où ils se cachent, suivez moi !

Je me fait stopper net dans mon élan par ma mère qui me retient par le bras.

- Diane...

Elle semble hésiter quelques instants puis reprend.

- Diane, parlons en d'abord, on ne peut pas aller là bas sans plan et sans rien savoir.

- Pourtant tu étais prête à le faire pour me sauver.

Elle ne dit rien et baisse les yeux visiblement mal à l'aise. Callie Major vient à sa rescousse.

- Ce que veut dire ta mère Diane c'est que nous sommes venus ici pour te sauver, maintenant que tu es là, nous n'avons plus de raison de se jeter dans une bataille qui semble perdue d'avance.

Je la regarde, horrifiée par ses paroles. Je tourne ensuite les yeux vers ma mère qui évite mon regard, puis je fixe un à un tous les surnaturels présents mais pas un ne contredit Callie.

- Vous m'avez entendu quand j'ai dit que Théo était toujours là bas ?

Ils restent tous silencieux. Je suis choquée par tant d'indifférence. Je n'abandonne pas pour autant et continue mes arguments.

- Mais si on ne fait rien, il risque de mourir ! C'est grâce à lui si j'ai pu m'échapper, on ne peut pas le laisser !

- Qui est-ce ? Me questionne mon père curieux.

- C'est un ami Chasseur qui s'est fait prendre par les vampires par ma faute.

Quand les sorcières apprennent qu'il s'agit d'un Chasseur, elles semblent encore moins partantes pour secourir mon ami.

- Je suis désolée, déclare l'aïeule Aricie, je ne peux pas risquer la vie de mes filles pour un Chasseur alors que les chances de survie sont aussi faibles. Je n'enverrai pas les sorcières se faire massacrer.

- Quoi ? M'étranglé-je pas sûre d'avoir compris. 

- Notre aïeule a raison, je ne mettrait pas en danger la vie de mon loup et de ma fille, indique Callie sans émotion.

Je suis déboussolée, dégoûtée. Entre la meute de la lune rouge et les sorcières, les créatures surnaturelles se montrent très sectaire. J'avais pensé que la paix entre les espèces avait réussi à éliminer ces rivalités futiles. Il faut croire que non, quand les difficultés se pointent, c'est chacun pour soit.

Je suis abattue. Je me tourne vers ma mère, si quelqu'un peu changer l'avis des sorcières c'est bien elle. Mais l'Ensorceleuse me regarde d'un air désolé. Je sais déjà ce qu'elle va dire.

- Diane ma chérie, je suis désolée, mais il est probablement déjà mort de toute façon.

Ses paroles me font l'effet d'une bombe. 

- Je ne savais pas que tu étais sans cœur ! Explosé-je hors de moi.

C'est un comble ! Elle était prête à se sacrifier, à sacrifier tout le monde pour me sauver, mais elle ne fait rien pour celui qui compte pour moi. Comment peut-elle parler de sa mort de cette manière ? Ce n'est pas possible je refuse qu'il soit mort.

Au fond de moi, je sais que ma mère résonne de manière logique mais mon cœur refuse de l'écouter. D'un coup, la rage m'envahie et je me mets à insulter ma mère de tous les noms. Je deviens complètement folle. 

Je ne sais même pas exactement quelles insultes sortent, mais peu importe. Tout ce que je sais c'est que je lui en veux, parce que si il existe un espoir pour que je revoie mon Chasseur, elle vient de le briser. Je veux la blesser tout comme je le suis.
Je sais que j'ai atteins mon but quand je vois le visage parfait de ma mère se déformer sous la douleur.

Mon père me soulève et m'emmène un peu plus loin pour me calmer. Mais je me débats comme un petit démon et je m'égosille pour insulter tous ceux qui m'entourent.

- Diane ! Diane arrête ! Me gronde mon père.

Mais je ne l'écoute pas.

- Diane, écoute, je suis avec toi, d'accord ? Jamais je ne laisserai dernière moi l'un des miens.

A ces mots je me calme immédiatement. Papa ne me laisse pas tomber, papa va m'aider à sauver Théophile.

- C'est vrai ?

- Oui, c'est un Chasseur, il fait parti de ma famille, alors calme toi maintenant.

- D'accord, merci, murmuré-je.

- Va t'excuser auprès de ta mère, elle ne mérite pas tout ce que tu lui a dis, elle a tout fait pour te retrouver.

- Jamais. Elle veut laisser mourir Théo, je la déteste.

- Elle veut simplement te protéger.

Je croise les bras, bornée. Mon père souffle, exaspéré, mais n'insiste pas. Nous retournons vers les autres et mon père explique qu'il va tenter de délivrer Théophile.

L'aïeule Aricie, Callie, leurs loups et quelques autres sorcières décident de rentrer à Benevento. Quels lâches ! De toute façon nous n'auront pas besoin d'eux. Je sais que c'est faux et que toute aide est la bienvenue mais j'ai trop d'orgueil pour les supplier de rester. 

Blessé, Délio doit aussi reboucher chemin, Marianne ne voulait pas partir et me laisser mais sa mère ne lui laisse pas le choix. Et puis, elle doit s'occuper de son loup, aussi je lui ai dis de renter, ce qu'elle a finalement accepté, à regrets. 

Quant à Rakael, il doit rentrer impérativement et se reposer pour vaincre le venin du vampire. Un loup garou qui est mordu par un vampire peut soit survivre si il est assez fort en luttant contre le venin mortel, soit il en décède après une longue agonie.

Finalement, il n'y a que Sarah, deux autres sorcières, mon père, Amarok et ma mère qui restent avec moi. Ma mère a bien essayé de me faire rentrer avec les autres mais je n'ai rien voulu entendre. Toujours fâchée contre elle, je l'ignore.

Amarok dit au revoir a son fils, lui commandant d'être fort et de se sauver. Je sais qu'Amarok a été lui aussi mordu une fois par un vampire et a fini par s'en sortir. Il exhibe souvent la cicatrice de la morsure avec fierté. Aujourd'hui, il prie pour que son fils s'en sorte à son tour.

J'embrasse mes amis. Marianne me supplie de faire attention et je lui promets de revenir et de lui présenter Théo. Nous nous quittons en souriant tristement, échangeant des promesses qui risques d'être brisées. Je m'approche ensuite de Rakael et le prends dans mes bras. Le venin l'a déjà beaucoup affaibli et la souffrance ne lui laisse pas l'opportunité de s'exprimer. Dans quelques heures il commencera à délirer. Je lui chochotte d'être fort et que je reviendrai pour lui. Il semble comprendre ce que je lui dis puisqu'il me transmet son affection à travers ses yeux. Il me presse la main, puis deux loups-garous l'emmènent loin de moi.


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