Chapitre 4

Il est vingt heures et les premiers jeunes commencent à affluer chez moi. Cela fait deux heures que Rakael et deux loups-garous de sa meute ont envahis mon manoir pour préparer leur fête. En réalité ils n'ont fait qu'apporter de l'alcool et un peu de nourriture comme des chips. Je leur ai cependant fait promettre de faire en sorte que les invités n'aillent pas autre part que dans le hall du manoir et le grand jardin. Je n'ai vraiment pas envie qu'ils saccagent le salon ou même les chambres à l'étage.

Pour le moment, tout se passe bien, les lycéens sont plutôt respectueux et me remercient de les accueillir. Je m'amuse même et rigole avec d'autres sorcières.
Je perds vite la notion du temps en dansant, chantant et buvant avec Marianne.

La nuit est déjà bien entamée lorsqu'un loup-garou m'accoste, un verre à la main.

- Salut Diane, ta fête est parfaitement réussie !

- Merci hum..., dis-je en hésitant à la recherche de son prénom.

Puis comme il ne me revenait pas je finis par lâcher un "toi".
Oui quand je suis un peu pompette je me permets de vexer les gens.
Mais loin d'être vexé, le loup-garou rigole.

- Faolan, m'informe-t-il en me tendant son verre.

- Et bien merci Faolan !

Je porte le verre à ma bouche tout en songeant à mon père qui me tuerait s'il savait que je buvais de l'alcool.
Faolan m'entraîne sur la piste de danse improvisée dans le hall du manoir. Une chanson rock sort des basses installées par les loups-garous et c'est dans un rock effréné que Faolan m'entraîne.
Je tournoie et rigole dans ses bras jusqu'à en avoir la tête qui tourne. Alors que Faolan me fait tourner une fois de plus, nos deux mains se lâchent et je perds l'équilibre. Cependant c'est dans des bras musclés que j'atterrie.

- Tout va bien ? Me chuchote la voix de Rakael dans l'oreille.

Je le regarde et hoche la tête en souriant. Le loup-garou me redresse et lance un regard courroucé à Faolan qui se tient devant nous.

- Tu pourrais faire attention Faolan !

La voix de Raka est posée mais une pointe de colère est perceptible. Faolan s'excuse précipitamment puis tourne les talons pour s'enfoncer dans la foule des lycéens en délire.
Je me tourne vers mon ami qui me fait un petit sourire.

- Tu danses ma belle ?

En rigolant, je lui attrape la main pour la poser sur ma hanche tandis que je pose la mienne sur son épaule. Nous dansons comme ça un moment avant que le slow  ne laisse place à une musique plus entraînante. Une bande de loups viennent chercher Rakael et Marianne me pousse un peu plus loin pour danser avec elle.

Au bout d'un moment, la chaleur a raison de moi et j'indique à Marianne et aux autres sorcières qui dansaient avec nous que je vais me rafraîchir quelques instants.
Je traverse le hall où résonne la musique et sors dans le jardin. L'air frais me fait du bien mais le bruit est toujours omniprésent. Trop de personnes sont dehors, c'est pourquoi je me dirige vers les portes fenêtres qui donnent sur le salon. J'entre dans la pièce et referme la double porte vitrée derrière moi.

Le bruit s'estompe immédiatement. Seule la lumière du feu dans la cheminée éclaire le salon d'une lueur faible et projette des ombres sur les murs.

J'avance au milieu des fauteuils en soie puis me fige d'un coup. J'observe avec effroi Livia, le dos contre la tapisserie représentant l'une de mes aïeules et son loup-garou, les mains posées sur les épaules de Rakael lequel l'enlace et l'embrasse langoureusement. À cet instant, une douleur me déchire le cœur et des larmes me montent aux yeux. Mon arrêt soudain me fais me cogner contre la table basse et un juron s'échappe de mes lèvres.

Surpris par le bruit, le couple que je viens de surprendre se retourne vers moi. Je vois d'abord la lueur moqueuse et victorieuse qui danse dans les yeux de la sorcière, puis l'air surpris du loup-garou.
Nous restons pendant quelques secondes comme ça à nous observer tous les trois en chien de faïence, avant que je ne me décide à m'en aller me sentant trahie et blessée.

Je repasse précipitamment les portes vitrées du salon et m'enfonce dans le jardin. J'entends mon nom être crié alors que je me faufile entre les fêtards mais je ne me retourne pas. Je ne veux ni le voir ni lui parler tout de suite, je n'y arriverai pas sans verser une stupide larme de toute façon.

Bientôt j'arrive à un endroit désert, derrière la roseraie où se dresse un petit cabanon en pierre grise. Mes yeux me brûlent à cause des larmes que je retiens. La colère et la douleur semblent avoir pris possession de tout mon être. Très vite, mon corps s'échauffe. Ma colère semble brûler chaque partie de mon corps et j'éprouve le besoin de la diriger hors de moi. Alors, avec un cri de rage je frappe le cabanon de mon poing droit.

Je ferme les yeux en attendant que la douleur s'empare de mon poing mais rien ne vient. Étonnée, j'entrouvre mes paupières humides avant de les écarquiller de surprise. Sous mon poing, la pierre dure du cabanon s'est fissurée. Lorsque je retire lentement mon bras, j'aperçois une empreinte dans la pierre de la taille de mon poing.

"Wow, c'est moi qui vient de casser la pierre ?"

Je ne me connaissais pas une telle force.
Haussant les épaules, j'appuie mon dos contre la pierre désormais fissurée et souffle. Je me sens vidée à présent.

J'en ai plus que marre de cette soirée, tout ce dont j'ai envie c'est que tout le monde parte pour que je puisse m'emmitoufler dans ma couette et laisser cette journée derrière moi.

Des pincements au cœur me reprennent en repensant à Rakael embrassant Livia. Cela a toujours été comme ça de toute façon. Je dois me résigner, je ne suis et ne serai toujours que sa meilleure amie. Je dois arrêter d'espérer être plus un jour, ça ne peut que me faire du mal.

Je sens soudain une main m'attraper le bras ce qui me fait hurler de peur.

- Shut, c'est moi Diane !

Je reconnais la voix de Rakael et je me calme immédiatement. C'est fou l'influence qu'il peut avoir sur moi !
Cependant, je me dérobe sans ménagement à son emprise et le foudroie du regard.

- Tu es fâchée parce que j'ai embrassé Livia ? Me demande-t-il car je ne parlais pas.

Je lève les sourcils d'un air moqueur, l'air de dire "non tu penses ?".
Il baisse les yeux et fait une petite moue boudeuse trop mignonne.

- Diane, tu sais que ce n'est pas contre toi, elle est juste...

Rakael semble chercher les bons mots, mais, quoi qu'il dise, cela me blessera de toute façon.

- ...Très attirante, fini par lâcher le loup-garou.

Je laisse échapper un petit ricanement sans joie. Je sais bien que Livia est mieux que moi à tous points de vues, pas besoin de me le rappeler.
Raka me lance un regard exaspéré.

- Écoute, je sais que Livia ne se montre pas très gentille avec toi et qu'à cause de ça tu dois penser que je te trahis, mais je vais lui parler et elle arrêtera de t'importuner.

Je le regarde ébahie.

- Tu es sérieux là ?

Cette fois c'est lui qui me regarde avec égarement.

- Tu penses que je t'en veux parce que tu as embrassé mon ennemie ?

- Et bien, pour quoi d'autre ? Demande-t-il en fronçant les sourcils.

- En fait tu ne comprends rien ! Explosé-je.

Je suis outrée ! Il ne comprend rien de mes sentiments, il ne s'en soucie même pas.

- Qu'est-ce que tu veux...

Mais Rakael est coupé par le long hurlement d'un loup qui transperce la nuit. Il se fige et semble écouter la plainte qui reprend de plus belle, bientôt accompagnée par d'autres hurlements stridents. L'air se charge d'énergie alors que le loup-garou devant moi se tend. Puis il me jette un coup d'œil à la fois désolé et anxieux.

- Je dois y aller, déclare-t-il en me dépassant pour aller s'enfoncer dans la forêt noire qui borde le manoir.

- Qu'est-ce qu'il se passe ? Crié-je derrière lui.

- Ne t'inquiètes pas, juste un problème à régler, lance mon beau brun sans se retourner.

Je le regarde sauter le portillon qui donne sur la forêt avant de disparaître entre les sapins sombres. Quelques secondes plus tard, un nouveau hurlement, très proche cette fois-ci, me parvient et je devine que Rakael s'est transformé.

"Ne t'inquiètes pas". Ses mots résonnent dans ma tête tandis que je reste plantée là, au fond de mon jardin.

Pourtant j'ai bien vu son regard inquiet.

Quelque chose d'important doit être en train de se passer, sinon la meute ne s'agiterait pas de la sorte.

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