Diane

Je hurle à me briser la voix dans le tunnel sombre. Mes mains raclent les parois du souterrains en tentant désespérément de s'y accrocher. Alors que j'ai réussi à implanter mes doigts dans le creux d'une pierre ressortant de la paroi, Kratos me tire d'un coup sec m'arrachant les ongles. Du sang ne tarde pas à s'échapper de mes ongles retournés. La douleur n'est rien comparé à la terreur qui s'est emparée de moi. Si je le pouvais je me couperais un bras pour échapper au loup-garou. Mais la poigne de celui-ci est trop puissante et m'entraîne de force dans un salle qui me fait frémir d'horreur.

Je me tais d'un cou en découvrant l'intérieur de la pièce. Une planche en bois surélevée se dresse au milieu de la salle. Des chaînes sont disposées de part et d'autre de la planche. Il y en a cinq: une pour le coup, deux pour les mains et deux pour les pieds. Divers objets de torture sont entreposés sur une roche formant une sorte de table. Plusieurs armes sont accrochées au mur à côté des torches illuminant la pièce d'une lumière sordide. Au fond de la salle, Mélanie et la sorcière qui la sert, m'attendent.

- Le garçon a été plus courageux que toi, se moque la vampire. Il n'a commencé à crier qu'au bout de quinze minutes.

Sa cruauté me sidère. A-t-elle seulement une limite ? A en juger par son expression, non, elle est prête à tout pour nous faire souffrir, elle ne s'arrêtera pas avant de s'être vengée. 
Tout en me regardant me faire accrocher sur la planche encore crasseuse du sang de Théophile, Mélanie prend un plaisir malsain à me raconter en détail le supplice qu'elle a infligé à mon ami.

- Comme il n'a pas voulu me livrer le nom des dirigeant du conseil du Jour et de la Nuit, j'ai dû employer la manière forte. J'ai commencé par faire des petits trous dans sa peau avec ceci.

La vampire me montre un objet au bout pointu couvert de sang.

- Ça s'enfonce tout seul dans la chair, je n'ai même pas besoin d'y mettre de la force. Et puis comme il ne parlait toujours pas, Circé lui a envoyé des vagues de souffrance mentale, continue la vampire en désignant la sorcière à ses côtés. Mais ce n'est que lorsque Kratos lui a arraché le doigt qu'il a craqué. Grâce à lui nous connaissons désormais l'identité du seigneur de l'ordre des Chasseurs. J'aurais bien voulu continuer l'interrogatoire, je suis sûre qu'il avait encore plein de choses à nous raconter mais il est tombé dans les pommes. Il n'y a pas à dire, les Chasseurs sont des êtres faibles.

Mélanie a une petite moue de dégoût. Impossible d'imaginer que ce monstre ait pu être un jour une un fervente défenderesse de l'ordre des Chasseurs. 

Kratos fini de m'attacher les pieds sur la planche en bois. Je n'ai pas eu la force de ma débattre plus longtemps. Mon cou est prisonnier de même que mes pieds. Mes mains restent attachées par les menottes bloquant mes pouvoirs.  

- Bien, commençons à présent.

Pendant l'heure qui a suivi, Mélanie s'est donnée un malin plaisir à me torturer. Elle m'a d'abord posé quelques question mais elle a très vite compris que je ne savais rien d'intéressant sur l'ordre des Chasseurs et encore moins sur le Conseil du Jour et de la Nuit. Cependant, elle a fait durer mon supplice pour satisfaire un désir malsain. La vampire m'a percée la peau des centaines de fois avec son objet pointu. Etant moi-même une sorcière, Circé ne peut pas user de sa magie sur moi. En effet, les sorcières étant censées être des femmes solidaires, leurs pouvoirs ne peuvent en atteindre une autre.

Puis Mélanie s'est mise à me sucer le sang, m'affaiblissant totalement. Le sang des sorcières est pur et empli de magie. C'est un sang souvent considéré comme le "Graal" chez les vampires. Il leur donne une force nouvelle, un regain d'énergie, qu'il ne pourrait pas trouver dans les sang humain. Je redoutais fortement ce moment, je m'étais persuadée qu'elle n'oserait pas me faire ça. Comme je me trompais ! 

La langue de la traîtresse lèche le sang qui s'écoule de mes multiples blessures. Elle fait tout de même attention de ne pas me mordre, une petite morsure me condamnerai. Or la vampire a besoin de moi vivante, du moins pour le moment. Sa langue rappeuse m'entaille encore plus.

Je me sens violée. 

Je me sens partir, je n'arrive même plus à voire distinctement ce qui m'entoure. La souffrance physique et morale est telle que plus aucun son ne peut sortir de ma bouche. De toute façon j'ai trop hurlé, j'ai dû perdre ma voix. Mon esprit s'est comme détaché de mon corps pour ne plus avoir à subir cette torture. Et puis au milieu de cet abîme, la voix aiguë de Mélanie s'élève soudain dans mes oreilles en feu :

 - Tu n'es qu'une abomination ! Tu n'aurais jamais dû naître. Tu es contre nature ! La progéniture infâme d'un Chasseur et d'une sorcière ! C'est répugnant, pas étonnant que tu sois si nulle en tout !

Avec un couteau, elle s'approche de moi et le presse contre mon front. 

- Je vais te marquer, comme ces enfoirés m'ont marquée, susurre-t-elle dans mon oreille.

Je sens alors une douleur fulgurante me lacérer au niveau du front. Un liquide chaud coule de mon front, au coin de mes yeux, le long de ma joue et finit sa route dans mon cou. Je vois rouge, je deviens aveugle alors que mon sang se glisse sous mes yeux. J'ouvre la bouche pour hurler mais seul un faible gémissement sort de ma gorge. 

Je suis à bout. 

Je ne peux plus l'endurer. 

Je veux mourir.