Chapitre 3

Les heures de cours s'ensuivent dans une lenteur désespérante. J'aimerais tellement pouvoir sécher, me réfugier dans mon endroit secret loin de tous ces surnaturels qui me jugent de leurs regards hautains. Mais malheureusement mon père l'apprendrait d'une manière ou d'une autre et me ferait la morale comme quoi c'est important d'aller en classe. C'est n'importe quoi !

Et me voici donc en cours de science des humains à essayer de ne pas m'endormir tandis que notre prof loup-garou nous explique de quelle manière les humains vivent. Mais qu'est-ce qu'on en a à faire à la fin ? Nous vivons séparés d'eux désormais, ça ne sert à rien de connaître leur espérance de vie ou leur absence de toute forme d'intelligence !

La sonnerie annonçant la fin de la matinée me libère de mon ennui et c'est avec empressement que je quitte cette maudite classe pour retrouver ma meilleure amie à notre table habituelle dans la cafétéria.

- Je n'en peux plus, soufflé-je en me laissant tomber sur une chaise.

Marianne laisse échapper un gloussement et se retourne vers moi en souriant.

- Déjà !

- Et oui, que veux-tu mon organisme ne supporte tout simplement pas les lundis.

Marianne enfourche un morceau de son croque monsieur dans sa bouche et prend tout son temps pour le mâcher.

- Arrête de te plaindre ! Profite plutôt des belles choses. Regarde comme il fait beau dehors, ça ne te donne pas envie de chanter et de danser ?

Je regarde mon amie interloquée. L'optimisme de Marianne me ferait presque peur. Cependant, j'éclate de rire avec elle.

- Peut-on savoir ce qui vous met de si bonne humeur ? Demande une voix grave dernière nous.

- Il fait beau ! S'exclame la sorcière rousse.

Rakael nous regarde comme si nous étions folles ce qui nous fait encore plus rire. Puis il secoue la tête en souriant avant de s'assoir sur la chaise en face de moi. Il pose ses coudes sur la table ronde et se penche vers moi d'un air de conspirateur.

- Toi tu as quelque chose à me demander ! Deviné-je en posant à mon tour les coudes sur la table.

- Diane, ma sorcière préférée, tu as bien dis que tes parents n'étaient pas là ce soir ?

- Oui...

- Tu vois je devais faire une fête chez moi mais le problème c'est que ma mère n'est pas partie en mission. Du coup est-ce qu'on peut la faire chez toi s'il te plaît ! Me supplie le loup-garou.

- Quoi ? Non mais tu délires ! Tu ne vas pas faire une fête avec tout le lycée chez moi !

- Ne t'inquiètes pas, j'installerai tout et rangerai tout, tes parents n'en sauront rien, promis !

- Non mais Raka, ce n'est même pas ça le problème. Je te rappelle que la moitié du lycée me méprise et que l'autre a pitié de moi ! M'énervé-je.

Franchement, pourquoi me demande-t-il ça ? Il sait très bien que je n'aime pas me mêler aux autres sorcières.

- Au contraire ! Faire une fête ne peut que montrer aux autres à quel point tu es géniale ! Les gens pourront enfin apprendre à te connaître un minimum. Et puis je te promets que tout se passera bien et que si quelqu'un ose émettre le moindre commentaire stupide à ton égard il aura à faire à moi !

Sa dernière phrase me fait sourire. J'aime l'idée qu'il soit protecteur envers moi.

- Rakael si elle n'a pas envie, laisse tomber, intervient Marianne.

Cette dernière me soutient du regard. Je suis sur le point de donner raison à mon amie quand je croise le regard suppliant du beau brun. Avant que je ne réalise pleinement les conséquences de mes paroles, les mots sortent tout seuls de ma bouche.

- Bon c'est d'accord, mais tu as intérêt à tout ranger.

Le sourire lumineux du loup-garou me réchauffe le cœur.

- Génial ! Tu es la meilleure Diane, s'exclame Rakael en me faisant un bisou sur la joue, je vous retrouve vers dix-huit heures pour préparer la fête chez Diane.

Et pendant que mes joues se couvrent d'une fine pellicule rouge, le loup se lève et part retrouver sa meute. Ce n'est que lorsqu'il est parti que je me rends compte de la grosse erreur que je viens de faire. Sentant le regard de la sorcière rousse sur moi, je tourne la tête dans sa direction.

- Quoi ? Demandé-je innocemment.

Elle me fait les gros yeux avant de répondre.

- Tu n'aurais pas dû accepter.

- Raka a raison, il faut bien que je me socialise un peu si je veux me faire accepter par la caummunauté et quoi de mieux pour ça qu'une fête ?

- Arrête Diane ! On sait toutes les deux que tu n'en as rien à faire de te socialiser ! Il faut vraiment que tu arrêtes de tout lui céder.

Je hausse les épaules en signe d'indifférence.
Bien sûr elle a raison. En vérité je suis tout simplement incapable de dire non à mon beau brun aux yeux jaunes.

Sans gros appétit, je mange ma salade composée sous les yeux soupçonneux de mon amie.

- J'espère juste que cette fête va se passer sans aucun incident, poursuit la sorcière, et que tes parents n'en sauront jamais rien !

Mince ! Mes parents ! Si jamais ils apprenaient que je profite de leur absence pour semer le chaos dans le manoir ils me tueraient !
Je relève les yeux et fixe mon amie avec des yeux horrifiés.

- Bon ne t'inquiètes pas, ça va bien se passer, essaie-t-elle de me rassurer.

Je hoche la tête même si un mauvais pressentiment me serre le cœur.
La sonnerie retentit annonçant l'arrivée du pire cours de la journée. C'est donc la boule au ventre que je me lève avec mon amie et que nous partons en classe de pratique de la magie.

Le cours de pratique de la magie regroupe toutes les sorcières de la même année. C'est le cours préféré des sorcières car il y règne une ambiance de fraternité et de solidarité.
Mais dans mon cours c'est différent. Les sorcières s'entraident pour progresser tout en me laissant de côté. Même les encouragements de Marianne ne parviennent pas à réduire l'impression de ne pas être une sorcière que j'éprouve toujours dans ce cours. Je ne me sens jamais aussi seule que lorsque je suis dans cette salle de classe entourée de toutes ces sorcières. Voilà pourquoi c'est le cours que je déteste le plus.

Avant de rentrer dans la classe, Marianne me serre l'épaule en signe de soutient puis elle va s'installer à sa place à côté de Livia.
Les tables sont positionnées en arc de cercle autour du bureau de notre professeur. Dans cette classe, les places nous sont attribuées en fonction de notre classement. Aussi Marianne étant la meilleure élève, elle est à la première table, le plus près de notre prof, tandis que moi, la sorcière retardée, je suis placée à la dernière table. 

- Bonjours mes filles, nous salut notre professeur.

- Bonjours mère Halile, répondons-nous en cœur.

- Aujourd'hui vous allez apprendre un sort qui peut paraître bien anodin mais qui pourrait se révéler bien utile : le sort qui dévoile les choses cachées.

La sorcière blonde aux yeux violets s'approche d'une table vide au milieu de notre arc de cercle.

- Montre moi ce qui a été caché, murmure-t-elle tandis que ses yeux violets prennent une teinte plus foncée.

Aussitôt, une multitude d'objets plus ou moins grands apparaissent sur la table. Plusieurs sorcières expriment leur étonnement et leur ébahissement. Pour ma part, je ne suis pas étonnée. Ma mère utilise souvent ce sortilège donc je le connais plutôt bien. Pour autant je me sais incapable de le réaliser. Ce sort demande une bonne maîtrise de son pouvoir que bien évidemment je n'ai pas.

- Ce sort peut vous paraître simple mais détrompez-vous, il exige beaucoup d'efforts et une grande concentration, poursuit Sarah Halile. Bien qui veut se lancer ?

Marianne lève la main.

- Fille Major, nous te regardons, indique la sorcière blonde en faisant disparaître de nouveaux tous les objets d'un mouvement de main.

Mon amie se lève et s'approche de la table sous les regards attentifs de toutes les sorcières. Elle prend une grande inspiration et un pli se dessine entre ses sourcils, signe de son intense concentration. Au bout d'une trentaine de secondes elle répète les mots de notre professeur. Trois objets de taille moyenne se dévoilent sur la table.

- Bien, très bien Fille Major ! La félicite mère Halile. C'est un excellent début.

Marianne lui adresse un large sourire et retourne à sa place avant que Livia ne la remplace. La sorcière réussit à faire apparaître quatre objets de petite taille et se fait à son tour féliciter.

Les sorcières défilent tour à tour, certaines font apparaître deux objets tandis que d'autres n'en font apparaître qu'un seul plus ou moins gros. Toutes réussissent à en faire apparaître au moins un. Cependant aucune ne réussit à égaler les deux meilleures élèves.

Bien trop vite à mon goût, mon tour arrive.
Les mains moites et le corps tendu par le stresse, je me lève. Je reçois un regard d'encouragement de la part de Marianne et de notre professeur alors que les autres sorcières me regardent un brin moqueur.
Je me place devant la table sur laquelle je ne vois absolument rien. Je prends une inspiration tremblante et tente de rassembler mon pouvoir.

Je le sens à l'intérieur de moi. J'essaie de le regrouper dans mes mains mais quelque chose le retient. C'est une véritable lutte qui se déroule en moi. La température de mon corps augmente vertigineusement me faisant transpirer.
Sentant mon pouvoir s'agenouiller devant cette autre force en moi, je redouble d'efforts. Je ne peux pas laisser cette chose en moi gagner. Il faut que je réussisse, il fait que mon pouvoir vainc.

Une perle de sueur dégouline le long de ma tempe et j'entends les ricanements de Livia. L'humiliation et la rage que j'éprouve alors me font redoubler d'efforts et je finis par sentir ma magie se glisser dans mes mains. Alors je répète la formule et laisse mes pouvoirs s'échapper de mes doigts. Une bague apparaît sur la table puis disparaît. Je me concentre sur cette bague et projette dessus le peu de pouvoirs encore présent dans mes doigts. Au bout de plusieurs secondes où la bague oscille entre visible et invisible, elle finit par totalement apparaître.

Je relâche alors toute la pression que j'ai accumulée dans mon corps et laisse la force à l'intérieur de moi dominer ma magie qui retourne s'enterrer au plus profond de mon être. Mon corps retrouve une température normale tandis que les battements de mon cœur ralentissent. Je relève la tête vers l'assemblée des sorcières. Seule Marianne me sourit.

- Tout ça pour une pauvre petite bague ! Se lamente faussement Livia.

Des gloussement lui répondent. Je me sens rougir de honte. Elle a raison, j'ai dû prendre cinq bonnes minutes pour ne faire apparaître qu'une simple bague.

- Ça suffit Livia, la réprimande mère Halile. C'est bien Diane, tu t'es bien débrouillée.

J'adresse un sourire forcé à notre professeur. Sarah est une bonne amie de ma mère, je sais qu'elle me dit ça pour ne pas me blesser. Mais j'imagine qu'elle aussi pense que je n'ai pas ma place dans son cours, que je ne fais que ralentir sa classe.

Ne supportant plus les regards insistants des sorcières sur moi, je prends mes affaires et m'en vais.

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