Je claque la portière de mon Audi et avant que je ne puisse faire un pas, Rakael m'accoste.

- Sympa ta nouvelle voiture !

Je souris au loup-garou avant de le serrer dans mes bras en guise de bonjour.

- Bonjour à toi aussi ! Et c'est un cadeau de mon père pour mes dix-sept ans. Dis-je toute fière en montrant ma voiture de la tête.

Rakael siffle, impressionné.

- Et bah, le Traqueur ne fait pas les choses à moitié !

Sa remarque me fait rire. Rakael a toujours été intimidé par mon père au grand damne d'Amarok, son père, qui s'évertue à lui dire qu'il n'y a pas de quoi être impressionné par le Traqueur. Les dîners amicaux entre nos famille qui ont lieux au moins une fois par semaine sont toujours ambiancés par les piques que nos deux paternels se lancent.

- Arrête de te foutre de moi Diane ! S'énerve faussement mon ami.

La tête qu'il tire me fait rire de plus belle. Il est vraiment trop chou !

Secouant la tête, il me prend par les épaules et, ensemble, nous quittons le parking pour nous diriger vers le lycée. En chemin, tous les étudiants saluent Rakael et il leur répond par un signe ou un sourire.

Rakael est du genre populaire. Tout le monde le connaît et l'admire. En même temps c'est le bêta (le second de l'alpha) de la meute de la lune rouge et il a tout pour plaire. Brun aux yeux jaunes comme son père, il possède un corps d'Apollon que s'arrachent toutes les sorcières du village.

Au contraire, je suis la fille avec laquelle on évite d'être ami. Bien sûr, moi aussi on me connaît bien ici, mais les élèves ont plutôt tendance à me rejeter. Après tout, je suis la petite sorcière ratée. Si je ne suis pas le souffre douleur de ce lycée c'est d'abord à cause de mon nom de famille et ensuite parce que je suis l'amie de Rakael.

Nous entrons dans le bâtiment principal du lycée de Benevento et je me dirige vers mon casier, Rakael sur les talons.

- Alors tes parents sont retournés en mission ce week-end ? Me demande le loup-garou.

- Oui, le CJN (abréviation du Conseil du Jour et de la Nuit) les a lancé dans une chasse aux vampires pour changer, expliqué-je en sortant de mon casier mon livre d'Histoire de la Nuit, mais tes parents n'y sont pas allés ?

- Si, mon père doit sûrement être avec ta mère, répond mon ami accoudé sur le casier voisin du mien, mais il n'a pas voulu que maman parte aussi, même si elle mourrait d'envie de participer à la mission avec tes parents. Elle lui criait que ce n'était pas parce qu'elle était enceinte qu'elle ne pouvait plus se battre. Mais tu connais papa, il n'a rien voulu entendre et l'a laissée à la maison.

Je rigole doucement. C'est tout Amarok ça ! Depuis qu'Eléonore est enceinte il agit en vrai papa poule ! Mon père le charrie d'ailleurs beaucoup là-dessus. Le loup-garou de ma mère fait tellement attention à sa femme que cette dernière risque d'exploser d'énervement à tout instant. Mais cette fois, Amarok a eu raison : à sept mois de grossesse, Eléonore doit se ménager.

- Salut Rakou ! S'élève une voix mielleuse que je ne supporte pas.

Je lève les yeux au ciel exaspérée devant ce surnom ridicule avant de me retourner vers celle qui vient de nous interrompre.

- Hey Livia ! S'exclame mon ami en lui servant un de ses sourires charmeurs.

Livia lui rend un sourire aguicheur avant de s'approcher de lui et de lui chuchoter quelque chose à l'oreille qui devait être drôle à en juger par son éclat de rire. Puis, tout en m'ignorant, elle lui lance un clin d'œil avant de s'en aller en se déhanchant sur ses talons hauts, ses longs cheveux blonds se balançant en rythme sur ses hanches. Qu'est-ce que je déteste cette sorcière !

Je lance un regard courroucé au loup-garou.

- Quoi ? Demande-t-il d'un ton innocent.

Avant que je ne puisse parler, la sonnerie résonne dans l'établissement annonçant le début des cours. Je secoue la tête et pousse un soupir.

- Bon allez on y va ou on va être en retard.

Je suis mon ami dans les couloirs qui nous mènent vers notre cours en commun : Histoire de la Nuit.
Je me dépêche de rentrer dans la classe avant que la prof ne me remarque. Comme je l'ai déjà souligné, je déteste me faire remarquer.

Une petite sorcière rousse aux yeux verts assise au dernier rang me fait un signe, m'invitant à prendre la place libre à ses côtés. Un rang devant, Délio, son loup-garou, est complètement retourné vers elle et lui parle à voix basse. Rapidement, je prends place près de la fille rousse tandis que Rakael s'installe à côté d'un loup-garou de sa meute.

- Tout va bien ? Me demande Marianne, Tu fais une tête de déprimée.

Marianne fille Major est ma meilleure amie et est d'ailleurs la seule amie que j'ai avec Raka. Elle a un an de moins que moi mais est tellement intelligente et douée en magie qu'elle a sauté une classe.

- Oui j'ai juste croisé miss "parfaite sorcière", dis-je en roulant des yeux en faisant référence à cette peste de Livia.

- Laisse tomber, elle est grave, chuchote ma meilleure amie.

Délio approuve d'un hochement de tête avant de se retourner vers la prof qui commence son cours.

- Bonjour à tous, aujourd'hui nous allons étudier la Nouvelle ère, l'ère de Paix, commence mère Irfane, une sorcière. Sortez vos livres d'Hidtoire de la Nuit à la page 105.

Au même moment, Livia fait son entrée. Avec un bref salut à notre professeur elle s'installe à côté de son loup-garou Zac.

- Bien puisque fille Maher nous fait l'honneur d'être présente aujourd'hui, nous allons commencer, reprend la sorcière. Il y a 21 ans, les sorcières et les loups-garous ont formé une alliance avec les Chasseurs : la grande Alliance, notamment grâce aux actions d'Anastasia, mère Selma et de son époux Tristan Arcanus plus connu sous son nom de Chasseur : le Traqueur.

À ces mots, tous les élèves présents se retournent vers moi.
Voilà pourquoi je déteste attirer l'attention : à chaque fois je reçois des regards méprisants et moqueurs. Je sais ce qu'ils pensent tous : "comment une femme et un homme aussi forts que mes parents ont pu engendrer une moins que rien comme moi ?"

L'embarrassement et la honte que j'éprouve me colorent les joues de rouge.
Vous pourriez penser qu'être la fille de deux stars est super, mais pour moi il n'en est rien car je suis loin d'être à la hauteur de mes parents.

- Dommage que leur descendance ne soit pas capable de jeter le moindre sort, se moque Livia.

Des ricanements dans la classe lui font échos. Normalement, la communauté des sorcières est très solidaire et unie mais je suis une exception. Les sorcières ne me perçoivent pas réellement comme l'une des leurs.

- Laisse-la tranquille, me défend Rakael.

Je lui lance un regard de remerciement.

- Comment Diane ? Tu n'es pas capable de parler pour toi-même ? Continue la peste blonde.

- Ca suffit Livia ! Gronde notre professeur.

- Ne fais pas attention à elle, me glisse Marianne dans l'oreille.

Mais malgré tout, les piques quotidiennes de Livia viennent encore un peu plus détruire ma confiance en moi et briser mon cœur.

- Bien, comme je le disais, reprend mère Irfane, suite à l'Alliance, de nombreux changements dans la communauté de la Nuit se sont opérés. À présent, par exemple, pour honorer le traité de l'Alliance qui interdit aux créatures de la Nuit d'utiliser les humains, Benevento n'abrite plus aucun humain susceptibles de devenir un caste-croûte ou un sujet d'expérience. Le village aux loups-garous n'est donc plus un traquenard pour humains mais une ville où les membres de l'Alliance n'ont pas à se cacher. Désormais, les humains et les créatures de la Nuit vivent séparés. Il reste cependant un problème que l'Alliance s'efforce de régler. Quelqu'un pourrait me dire quel est-t-il ?

À mes côtés je sens Marianne lever la main. D'un signe de tête, la prof l'interroge.

- Les vampires. Le Conseil du Jour et de la Nuit chasse les rebelles. Ceux qui n'ont pas voulu se soumettre à l'autorité de l'Alliance, explique mon amie.

- Exactement. En ce moment même, des membres des trois races : sorcières, loups-garous et Chasseurs chassent les vampires rebelles.

Je ne peux m'empêcher de penser à mes parents. Tout est tellement simple pour eux.
Ce sont des héros, ceux qui ont apporté l'Alliance.
Tout le monde les respecte et les admire.
Ils réussissent tout ce qu'ils entreprennent.

Je suis leur exacte opposé.