9. Pas le bout du monde


Quand Rémi arriva au premier étage, il tomba sur Vincent qui discutait avec un vieil homme plutôt sale sur lui.
Ce dernier portait des vêtements de plusieurs jours, et une longue barbe emmêlé. Son crâne était dégarni, et ses yeux bleus clairs brillaient d'une étincelle de malice. 

« Elle vous a vraiment viré de votre appartement pour ça ?
demanda t-il à l'Alien qui venait de lui expliquer sa situation.
Heureusement qu'il ne passe jamais chez moi sinon ça ferait belle lurette que je ne serais plus dans cet immeuble ! Cette vieille sorcière a dû oublier que j'étais toujours en vie ! »
rigola t-il pendant que Rémi priait intérieurement pour que la propriétaire ne soit pas dans les parages.

– Bonjour.

– Ah voilà votre ami ! Bonjour jeune homme !
répondit le vieil homme, jonglant, de son regard espiègle, entre les deux rappeurs sur son palier.

« Ce serait possible de vous emprunter votre camion ? Seulement pour une journée ? » 
demanda Vincent.

– Aucun problème mon garçon ! Vous êtes mignons ! Je vais même, dans mon infinie bonté, vous aider à tout embarquer !

– Ne vous inquiétez pas, on y arrivera tous les deux sans problème !
fit l'Alien en se rendant compte de l'âge de l'homme devant lui.

– Allons ! Pour qui est-ce que tu me prends ? Un de ces paresseux de maisons de retraite ? Je retire ses chaussons et je viens vous prêter main forte sur le champ, un point c'est tout !

Les deux rappeurs se regardèrent en souriant devant l'excentricité de ce voisin.

Ils étaient tous les trois montés dans l'appartement de Vincent, et avaient vite commencé les cartons.
Rémi était dans la cuisine, pendant que Vincent et son voisin s'occupaient de sa chambre.

« Où est-ce que tu vas aller habiter mon petit Vincent ? » 

– Chez Rémi. Monsieur ?

– Appelle moi Fred. Ou Capitaine.

– Capitaine ?
se moqua gentiment L'Alien.

– C'est comme ça que mes enfants m'appelaient. J'ai des enfants tu sais. Je leur disais que j'étais pirate, que le matin, quand j'allais au travail, j'allais naviguer sur la Méditerranée à bord de mon bateau, et qu'un jour je les emmènerais. Tout ce que je conduisais c'était mon camion, et on est même pas aller une seule fois à la plage...

Vincent baissa les yeux devant le triste récit de cet homme.

– Et aujourd'hui ils sont où vos enfants ? Si je peux me permettre...

– Tu peux, tu peux. J'aime bien les curieux. Le jour où leur mère est décédé d'un cancer, on s'est beaucoup éloignés eux et moi. Ils ont profité de l'excuse des études pour partir dans des plus grandes villes que Nîmes, mener des plus grandes vies que la mienne. J'aurais dû me réjouir de les voir réussir, je me suis réjouis. Mais ils ont coupés tous les ponts avec moi. On ne s'appelle plus. Et les fêtes de fin d'années en famille... Je peux me les flanquer dans le cul...

– Je suis désolé.

– Pourquoi ? Tu n'y es pour rien. Il y a dix minutes tu ne connaissais même pas mon nom.

Vincent reporta son attention sur les cartons.

– Petite question indiscrète jeune homme. Ça se passe bien avec ton copain ?

L'Alien releva brusquement la tête.

– Qui ?! Rémi ?!

– Oui.

– Euh... oui, oui ça va... Je ne suis pas sûr de comprendre...

– Déménager avec la personne qu'on aime c'est un grand pas en avant !
fit Fred avec un clin d'œil.

– Rémi et moi on est juste potes ! Je déménage chez lui parce que je n'ai nul part ailleurs où aller !

– Alors comme ça vous n'êtes pas en couple ?
demanda le vieil homme avec un sourire faussement innocent.

– Absolument pas ! On est comme des frères ! On n'est pas du tout en couple !

– Pas encore.
marmonna Fred, que Vincent n'entendit pas.

Ils finirent les cartons, et Fred amena le camion pour qu'ils commencent à charger. Bien sûr, il y avait plusieurs étages à descendre à pieds dans l'étroit escalier, ce ne fut pas une mince affaire.

Vincent était resté surveiller le camion pendant que Rémi et Fred étaient remontés chercher ce qui restait.

« Rémi, c'est ça ? »

– Oui.

– Vous êtes un groupe à ce que j'ai compris ?

– Ouais, on est quatre.

– Un groupe de quoi ? Rap ?

– Nous on appelle ça de la murder pop !
rigola le bouclé.

– Hé bien, hé bien... Moi aussi j'avais un groupe quand j'étais jeune. Un groupe de rock.

– C'est vrai ?

– Bien sûr ! Les Fretful qu'on s'appelait. J'étais bassiste. Mais on s'est séparés.

– Pourquoi ?

– Une accumulation de beaucoup de choses, en grande partie des flops... Mais ce qui nous a vraiment séparé, c'est quand notre chanteuse, qui sortait avec le guitariste, l'a largué. Une histoire d'amour au sein d'un groupe de musique... Il faut faire très attention.

– Ah...
répondit Rémi, ne comprenant pas vraiment pourquoi il lui disait ça.

Une fois les derniers cartons chargés, les deux rappeurs montèrent dans le camion, saluant le vieux Fred de la main, après lui avoir promis de lui rapporter son camion au plus vite.

« C'était la première fois que je lui parlais vraiment... Il m'a toujours un peu effrayé. »

– Je l'aime bien.
répondit le plus grand en regardant l'Alien avec un sourire.

Ils arrivèrent chez Rémi, et grâce à l'adrénaline courant toujours dans leurs veines, ils eurent le courage de déballer une bonne partie des affaires de Vincent dès qu'ils arrivèrent.

Il était 19 heure quand ils finirent, ils étaient exténués et n'avaient même pas mangé le midi, ayant perdu la nourriture, qu'ils étaient allés s'acheter, dans les cartons.

Les deux rappeurs se mirent d'accord pour que Vincent aille leur acheter un bon Mcdo, pendant que Rémi ramènerait le camion. 

Ce dernier, une fois arrivé, se gara à quelques rues de l'immeuble, n'oublions pas que c'était un camion volé !
Il sonna chez le vieil homme.

– Ah ! Rémi mon grand ! Vous avez déjà fini ?!

– Oui, on a été rapide.
répondit-il en rigolant.

– Tant mieux ! Est-ce que je pourrais te donner un petit conseil avant que tu partes rejoindre ton ami, mon grand ?

– Euh... Oui, je vous en prie.
fit Rémi intrigué.

– Je vais être cash, j'ai le droit je suis vieux. Tu devrais lui parler de tes sentiments, je suis sûr que c'est réciproque.

– De... Quoi ? À qui ?

– À ton avis, tête de nœud ! Vincent !

– Je... Je... n'ai aucun sentiment pour lui ! Je ne sais pas ce qui vous fait dire ça !
s'exclama Rémi soudainement gêné.

– Je ne suis pas né de la dernière pluie mon garçon. Prends le temps d'y réfléchir. Vous avez des petites étoiles dans les yeux quand vous vous regardez tous les deux.

Rémi resta sans voix devant le manque de tact du vieil homme. 

Il lui donna les clés du camion, et retourna chez lui, blanc comme un linge.

« T'en a mis du temps ! Tu viens bouffer ? Ça va être froid ! »

Rémi s'assit sur le canapé, devant lui, sur une petite table, le Mcdo. Assis à côté de lui, Alien qui le regardait, curieux.

Ce qu'il ressentait pour Vincent ? Merde, il n'en savait rien !
Et il n'avait pas vraiment envie de le savoir...

Nemmo

Petit chapitre de transition ;)
Hésitez pas à donner vos avis !

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