Ils avaient terminé la journée devant Netflix accompagnés de pizzas et de bières, le pack complet des branleurs de l'extrême en gros.

Commençant à bailler vers le milieu de la nuit, ils déplièrent le canapé pour Vincent, et Rémi partit rejoindre son lit.

Mais il avait beau se tourner dans tous les sens, compter les moutons, ou essayer de faire le vide dans son esprit, Pex n'arrivait pas à trouver le sommeil, et son ventre gargouillait de manière suspecte.

Il attendit quelques minutes, puis se leva en direction de la cuisine, fouillant dans son frigo, à la recherche de n'importe quoi pouvant le rassasier.

« Faut vraiment que j'aille faire des courses... »

Surtout si Vincent comptait rester là. C'est qu'on ne le soupçonne pas avec sa petite taille, mais ce mec bouffe comme quatre !

Rémi prit des tranches de jambons, et se servit un grand verre de lait.

Accompagné de son étrange repas, il se posa sur un fauteuil, à coté du canapé-lit dans lequel Vincent dormait paisiblement, étendu en étoile de mer sur le dos.

Rémi continuait de manger ses tranches de jambon, tout en regardant son ami dormir.

Sa respiration soulevait son torse à intervalle régulière, ce qui haussait légèrement les pans de son t-shirt blanc, presque transparent.

Un mince filet de bave s'échappait du coin de sa bouche grande ouverte, et les gouttes coulaient le long de sa joue, venant s'échouer sur le coussin qui lui servait d'oreiller.

Il portait un vieux short en coton un peu trop grand pour lui, que Rémi lui avait prêté, et seuls ses pieds étaient recouverts par la couverture à moitié tombée par terre.

Voyant ainsi les jambes nus de Vincent, le bouclé, qui entamait sa dernière tranche de jambon, se demanda comment son coloc improvisé faisait pour ne pas avoir froid.

Comme réponse à sa question muette, Vincent frissonna, et se replia sur lui même, toujours endormi.

Rémi ramassa la couverture et le borda correctement.

L'Alien se pelotonna paisiblement contre la couverture qui lui tenait chaud, un sourire bienheureux aux lèvres.

Pex passa une main dans ses cheveux bruns désordonnés.

« Ils sont bien aussi, courts. »
se dit-il dans un souffle.

Ce qu'il s'était passé l'autre soir, leur escapade dans les rues de Nîmes en pleine nuit, leur baiser... Tout ce qu'il s'était passé semblait hors du temps...

Pourquoi l'avait-il embrassé ? Pourquoi avait-il embrassé son meilleur ami ?

Est-ce qu'il était vraiment bi ?

Rémi n'avait jamais eu de problème avec l'homosexualité, en vérité, il s'en foutait complètement. Chacun est libre d'aimer qui il veut.

Mais se rendre compte après tant d'années que l'on l'est peut-être aussi... Oui ça laisse une sensation méconnaissable dans le ventre.

Il savait qu'avec ses amis il n'y aurait aucun problème, ils avaient la même façon de penser. Mais pour le reste, les gens, leur public... Tout ça devenait très flou.
Il n'était pas obligé de leur dire...

Un soupir de Vincent le fit sortir de ses pensés, le plus petit frissonnait encore.

Rémi allait lui chercher une deuxième couverture, quand il aperçu la fenêtre du salon grande ouverte. Il la ferma, ainsi que les stores, pour que le dormeur ne se réveille pas trop tôt le lendemain à cause du soleil.

Il but son verre de lait, et retourna se coucher, et contre toute attente, il tomba facilement dans les bras de Morphée.

———

Ce fut un vent violent contre sa fenêtre et une série d'éternuement qui le réveillèrent dans la matinée.

Il se leva de son lit, enfila un jogging et ouvrit ses stores en se frottant les yeux, dehors il pleuvait à torrent, et un fort vent venait faire danser les branches des arbres.

Les éternuements dans son salon redoublèrent. Il alla voir.

« Salut. »

– Salut. Ça va ? T'es enrhumé ?

– Ouais, un peu je crois.
fit Vincent qui s'était enroulé dans la couverture en position fœtale.
Heureusement j'ai trouvé des mouchoirs !
dit-il fièrement en sortant une main de son cocon pour désigner la boite bientôt vide à côté de lui.

– Tu veux que je te prêtes de quoi t'habiller ?

– Ouais s'il te plaît mec ! Ça serait hyper cool de ta part.

– Je vais voir ce que j'ai de plus petit.
fit Rémi avec un sourire en retournant dans sa chambre.

– Ta gueule !

Un petit moment plus tard, habillé et ensommeillé, Vincent était planté comme un piquet dans la cuisine, immobile.

– Ça va, pas trop grand ?
fit Rémi en arrivant à son tour dans la pièce.
Mais qu'est ce que tu fais ?

– J'ai fait des revers.

– Non je veux dire, qu'est ce que tu fais planté là ?
demanda le plus grand en rigolant.

– J'ai faim.

– Et... ?

– J'attendais que tu arrives pour que tu sortes de quoi manger des placards.

Rémi ricana gentiment devant la petite bouille endormi de son ami. Entassé sous plusieurs pulls trop grands, et le bout du nez rouge de s'être trop mouché. Comme ça, il était vraiment mignon.

– Tu veux manger quoi ?

– Comme tu veux.
répondit Vincent avec un sourire en coin, se rappelant de ce fameux épisode de Bloqués.

Rémi soupira.

– Il doit rester du pain de mie, du beurre, du lait, et peut-être même des bananes... Mais faudrait vraiment qu'on aille faire les courses...

– Bah c'est parfait ! Tu nous prépares tout ça ?
dit Vincent en repartant s'échouer sur le canapé-lit dans le salon.

– Je sens que je vais détester vivre avec... cette larve qui me sert de meilleur pote.
soupira le bouclé.

Il rapporta le tout sur un grand plateau qu'il posa entre Vincent et lui, sur le canapé toujours déplié.
Au moins, le plus petit avait fait l'effort de jeter tous ses mouchoirs usagés à la poubelle.

– J'ai vraiment la poisse.
fit Vincent après un nouvel éternuement.
Je voulais déménager mes meubles de l'appart' aujourd'hui.

– Dans ton état tu ferais mieux d'aller chez le médecin.

– Non t'inquiètes, c'est rien.

Le bouclé se pencha vers lui.

– Qu'est-ce que tu fous Rém' ?

Il eut la réponse quand son hôte posa une main bienveillante sur son front.

– T'as pas l'air d'avoir de la température.
lui dit Rémi après un instant, en lui arrangeant quelques mèches rebelles sur son front.

– Mmh.

Ils se regardèrent un instant, juste comme ça, sans même penser. Rémi avait retiré sa main.

L'Alien vint couper leur petit silence.

– On met la télé ?

– Ok.

Et c'est comme ça qu'ils passèrent leur deuxième journée, à regarder la télé affalés sur le canapé-lit.

« De toute façon, je vais dormir là ce soir alors ça sert à rien de le replier. »

Pelotonnés l'un contre l'autre pour se tenir un peu plus chaud, à critiquer les gens à l'écran.

« Non mais Vincent t'es frigorifié ! Je te laisse mon lit, moi je dormirais là. »

– T'es sûr ?

– Ouais ! Allez Al', bonne nuit !

– Bonne nuit Jaquí !

Vincent s'étendit sous les chaudes couvertures du lit de son ami.

Rémi avait insisté pour qu'il dorme dans son lit où il aurait plus chaud.
Ce gars était vraiment beaucoup trop gentil...

Il faisait tellement bon, qu'il avait pût enlever tous ses pulls, et il était resté comme la nuit dernière, en t-shirt et short.
Il s'endormit rapidement, entouré par l'odeur plutôt agréable de Rémi.

Il fut réveillé quelques heures plus tard par un bruit suspect, dans la chambre plongé dans l'obscurité.

« Rémi, c'est toi ? »

– Ouais.

– Putain mec tu m'as fait peur ! J'ai cru que c'était genre un voleur, ou un tueur... ou un violeur !

– Excuse, je cherchais un pull, il fait vraiment trop froid dans le salon.

– Mais au pire Rém, ... Pex t'es toujours là ?

– Ouais.

– Il fait sombre je te vois pas.

– Tu voulais dire quoi ?

– Au pire viens, on dors tous les deux ici.

– Mec, t'es malade.

– Pourquoi ?

– Non je veux dire, t'es vraiment malade. J'ai pas envie d'attraper ton rhume

– T'es sérieux ? On a passé la journée l'un contre l'autre !

Le plus grand soupira.

– Ok.

Vincent sentit le drap épousant son corps qui se soulevait, et une masse aux cheveux bouclés s'allonger à ses côtés.

– On est carrément mieux ici.

– Ouais, ton salon a vraiment un problème de chauffage.

– Je verrais ça plus tard.

La lumière de la lune passant soudainement par les stores permit à leurs yeux de se rencontrer.

– Bonne nuit.

– Bonne nuit.

Vincent s'endormit rapidement, fatigué par sa maladie. Mais Rémi n'arrivait pas à dormir, encore.

Allongé sur le ventre, les mains derrière la tête,il regardait le plafond, soupirant intérieurement.

Sylvain avait raison, c'était super intéressant les plafonds.

Il sentit le petit Alien remuer dans son sommeil, à côté de lui.
Il hésita à se lever pour aller chercher à manger comme il l'avait fait la veille, mais il se ravisa bien vite quand d'un coup il sentit une petite tête se loger contre son aisselle.

Jusque là, ça allait encore, mais quand il sentit le souffle de Vincent contre son torse nu, il ne pût réprimer une vague de frissons.

À ce moment-là, Rémi sentit un vent de solitude le couvrir. Que faire ?
Il se sentait soudainement seul, seul avec ses pensées qui lui criait de sortir de là. Que s'endormir dans les bras de son meilleur ami, qu'il aimerait considérer comme un peu plus, ce n'était vraiment pas une bonne idée.

Alors, dans une tentative un peu foireuse, Rémi, essaya de gentiment repousser Vincent.

Évidemment ce fut un échec cuisant, et le plus petit vint se serrer encore plus contre lui, comme un bébé koala. Ou une sangsue, mais c'est moins mignon.

Rémi réfléchit longuement, et il en vint à la conclusion qu'il lui restait deux options.

La première était de juste rester là, et de s'endormir comme si de rien n'était. De toute façon, s'était Vincent qui était venu se coller à lui, alors ce serait à lui d'assumer leur position au réveil !

La deuxième option était de prétexter une soudaine envie de pisser et de s'enfuir lâchement du lit.

« Rémi... »

La petite voix de Vincent le sortit de ses pensées.

« Rémi... »

– Oui ?

Vincent émit un petit grognement et replongea dans les limbes du sommeil.

Le premier plan n'était peut-être pas une si mauvaise idée se dit Pex en s'endormant lui aussi, ignorant la petite voix dans sa tête qui lui répétait que ce n'est pas quelque chose de normal entre amis.

Nemmo

♥️