3. Face au ciel qui brille
Arrivé devant l'immeuble de son ami, il sonna à l'interphone.
« Oui ? »
– Rémi, c'est moi.
Vincent entendit le plus grand soupirer à travers le combiné.
– Je t'ouvre.
Un claquement, la porte s'ouvrit.
Il n'y avait pas d'ascenseur et le bouclé habitait au sixième étage.
C'était un immeuble assez vieux, gris, qui aurait pût paraître maussade si la cage d'escalier n'était pas parsemée de larges fenêtres de part et d'autre qui renvoyaient la lumière magnifiquement, créant une ambiance paisiblement magique.
Arrivé au deuxième étage il regarda l'heure.
9h51
L'heure où le soleil entame véritablement sa course vers la hauteur et la chaleur.
Vincent inspira un grand coup, et continua de gravir les marches en colimaçon.
Les escaliers de l'immeuble de Rémi...
Qu'est-ce qu'ils en avaient vécu des soirées ici...
Il se souviendrait sûrement toute sa vie d'une soirée, ou plutôt d'un matin, en particulier.
La tournée Southcoaster était presque terminée, et lors de leur retour à Nîmes, ils avaient eut l'idée de se réunir dans l'appartement de Rémi pour une petite soirée, juste entre eux.
« Il est où Martin ? »
« Et il est où Pex ? »
« Et il est où Anli ? »
« T'es con toi ! Anli ça fait une heure qu'il est partit retrouver sa meuf ! »
« Putain ce beau gosse... »
« Les gars vous vous rendez compte que Jaquíto nous a laissé son appart' ? »
« Non attends, il ne peut pas être bien loin... »
« Il doit être en train de faire des bébés avec Martin ! »
Un rapide passage dans la chambre du bouclé anéanti cette hypothèse.
Commençant à fouiller chaque pièce de l'appartement, les trois amis se posaient de plus en plus de questions, quand enfin, la voix de Maxence stoppa les recherches.
« Les gars ! Je les ai trouvé ! »
Assis dans les escaliers sur une petite parcelle entre deux étages, Martin jouait de la guitare et Rémi chantait.
« Qu'est-ce que vous foutez là, bande de pédé ? »
« Ta gueule... »
« Non mais sérieusement, vous faisiez quoi ? »
« On était un peu nostalgique de Southcoaster alors on les chantait.
Les chansons. »
répondit Martin.
« Je reste avec vous. »
avait décidé Max.
« Moi aussi alors... »
Et au final, ils s'étaient tous retrouvés, tous les cinq, à chanter dans la cage d'escalier. Sylvain, Rémi, Maxence, et Vincent, accompagnés par les doux chuchotements de la guitare de Martin.
Vincent avait le regard fuyant par les larges fenêtres. Les seuls minuscules faisceaux de lumière qui leurs permettaient de voir étaient les lampadaires et les étoiles.
Ils finirent par Merci, qu'ils recommencèrent plusieurs fois, refusant de mettre un terme à ce moment magique.
Néanmoins, les voix du vaisseau s'estompèrent, et ils restèrent là, assis en tailleurs sur les escaliers écoutant les doux murmures de la voix de Maxence et des cordes de la guitare.
Puis s'enchaîna un long silence.
Il n'était pas gênant ni même pesant.
Il était plus apaisant.
Vincent et Maxence éternuèrent presque simultanément.
« On rentre ? Il commence à faire froid ? »
Il retournèrent dans l'appartement, complètement sonnés et soudainement fatigués.
« Tiens Max. T'avais froid. »
dit Sylvain en passant son pull à Maxence.
« Hé, tiens l'Alien, t'avais froid ! »
se moqua Rémi en balançant une épaisse couverture dans la gueule de Vincent qui lui fit un affectueux doigt d'honneur.
Il s'apprêtait à se débarrasser de la couverture, mais tout compte fait, elle était assez moelleuse et portait chaud.
Alors il l'arrangea sur ses épaules, et se pelotonna dedans.
« On dirait un petit chaton. »
« Oh ta gueule Martin ! »
répondit-il devant le sourire moqueur de son ami.
Ils s'installèrent sur le canapé pour certains, par terre pour d'autres, et discutèrent un peu.
« Hé les gars, si vous restiez dormir ? »
lança Rémi.
« Ouais pourquoi pas ! »
« Ah on devait partir à la base ? »
Ils ramenèrent tout les coussins, les plaids, les couvertures, qu'ils trouvèrent, et les installèrent dans le salon, formant une sorte de tente avec les chaises.
« On dirait les soirées pyjama des meufs dans les films ! »
« Bah, on peut essayer nous aussi, au moins une fois ! »
« Moi j'en ai déjà fait une cabane comme ça. »
intervint Maxence.
« Ouais moi aussi, quand j'étais gosse. »
— Ah non moi c'était l'autre jour avec Squeezie !
continua Maxence en riant à ce souvenir.
Ils rentrèrent dans leur cabane et replièrent les draps pour être confinés.
« Les téléphones ! »
Ils les avaient laissés sur le canapé.
« Pas grave. »
Ils avaient eux, et c'était le plus important.
Trouvant tous, plus ou moins facilement, une place pour dormir, Vincent et Rémi se retrouvèrent côte-à-côte.
– Salut toi.
– Hey beau gosse.
Soudain, ils se firent interrompre par des ronflements provenant de leurs pieds.
– Putain ! Ça c'est Sylvain !
Les petites têtes interrogatives de Maxence et Martin dépassèrent de derrière Vinsi.
« C'est Syl' qui ronfle comme ça ? »
demanda le chanteur.
– Il dort sur le dos en plus... On dirait Totoro.
rajouta Martin, ce qui fit rire les autres, qui se contenaient de faire trop de bruit pour ne pas réveiller le ronfleur.
Vincent et Rémi se regardèrent. Quelle fine équipe ils faisaient, là, sous une tente, tout les cinq...
– Bon, bonne nuit frérot.
– Bn l'Alien.
Ils fermèrent les yeux, bercés par la respiration de Sylvain qu'ils imitèrent inconsciemment pour sombrer dans les doux bras du sommeil.
Ce ne fut pas les rayons du jour qui réveillèrent Vincent quelques heures plus tard. Non, quand il ouvrit les yeux il faisait encore nuit.
Ce qui l'avait sorti du sommeil c'était des petits cris étouffés.
Il reconnut rapidement la voix de Maxence.
Vincent se releva doucement dans la tente, essayant de ne réveiller personne.
Les petits cris continuèrent. Il se pencha vers le chanteur pour mieux le voir, Maxence tournait la tête de droite à gauche, en plein milieu d'un mauvais rêve. Vincent le secoua gentiment et l'autre sortit de son cauchemar.
– Tu faisais un cauchemar Max ?
– Mmh...
– Ok, rendors toi, tout va bien.
– Merci.
fit Maxence en replongeant aussitôt dans un sommeil, plus calme cette fois-ci.
L'Alien se rallongea à sa place. Il avait manifestement dût faire trop de bruit, car les yeux de Pex, en face de lui, s'ouvrirent.
– Vincent ? Qu'est-ce qu'il se passe ?
– Rien t'inquiètes, Max faisait un petit cauchemar.
– Ok...
Rémi continuait à garder les yeux ouverts, alors Vincent demanda :
– Tu ne te rendors pas ?
– Non.
répondit-il catégorique.
– Pourquoi ?
demanda l'Alien
– Je voulais te parler. Tu m'inquiètes. Tu n'as pas l'air d'aller bien Vincent... Ça va ?
– Oh... Ouais... Rien de grave. Juste un petit coup de blues...
– Un peu Bordeaux-Lilas ?
– Ouais...
fit Vincent avec un petit sourire.
– Faudra vraiment que tu l'enregistres un jour cette chanson...
– Pour que tout le monde lisent dans mes pensées ? Jamais.
– Non... Plutôt pour t'exorciser de ce démon...
– Le démon Bordeaux-Lilas ?
– Ouais !
Ils rirent dans un chuchotement.
– Qu'est-ce qu'on peut en dire des conneries... Je te jure...
Vincent eut un long bâillement.
– Fatigué ?
– Ouais.
– Je vois ça... Dors.
– Toi aussi.
Ils fermèrent les yeux. Le souffle de l'un inspiré par l'autre, ils étaient bien là, côte-à-côte, sous les chaudes couvertures, entourés des draps et des gars.
Vincent y repensa une dernière fois avant de s'endormir. S'exorciser de Bordeaux-Lilas...
C'était peut-être pas une si mauvaise idée...
C'est sur cette pensée qu'il s'endormit, guidé par le son des paroles de Rémi qui résonnaient dans son esprit torturé.
Nemmo
Chapitre plus court que le précédent mais j'espère qu'il plaira autant ;)
Ah oui et désolé, ça doit sûrement vous frustrer ces flashbacks non ?
Vous inquiétez pas, l'histoire en temps réel va avancer.
♥️
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top