20. Ton sourire me manque
Quand Rémi se réveilla le lendemain matin, il était seul.
Il se leva d'un bon, ayant soudainement un mauvais pressentiment, et se précipita dans la cuisine en criant son nom.
« Vincent ?! »
Il trouva Sylvain, attablé devant un petit-déjeuner peu équilibré.
– Il est au toilettes.
Rémi se passa une main sur le visage, soulagé.
– QUOI ?!
retentit la voix de Vincent en provenance des cabinets.
– Non rien t'inquiètes !
Rémi prit une chaise en face de Sylvain, et se versa des céréales dans un bol qui semblait l'attendre.
« Qu'est-ce qui t'arrives ? »
lui demanda Vinsi, suspicieux.
Alors qu'il s'apprêtait à se confier, Vincent le coupa en sortant des toilettes.
– Je vais faire un petit plongeon, vous voulez venir ?
Ses deux amis refusèrent.
Quelques secondes plus tard, ils entendirent l'eau de leur piscine éclaboussant le jardin. L'Alien avait dû particulièrement bien réussir sa bombe.
– Explique moi tant qu'il n'est pas là.
demanda Sylvain.
Rémi se gratta la tête, avalant ses céréales.
– Tu sais ce qu'il lui est arrivé hier ?
– Non il n'a rien voulu me dire.
– Moi non plus...
Les deux amis baissèrent le regard, inquiets.
– Depuis ce matin, il a l'air très joyeux, il sourit beaucoup, plus que d'habitude. Mais c'est...
Ça parait faux, comme si...
Son sourire est froid, comme polaire.
Rémi acquiesça silencieusement.
Dans quelques jours ils devaient partir à Marseille pour travailler sur Adrénaline.
« On a quelques idées, quelques thèmes, mais rien de bien concret. »
Toutes les nuits Vincent rejoignait Rémi dans son lit. C'était seulement là, bien calé contre son torse, qu'il se laissait aller, et se permettait de pleurer.
Pex lui caressait le dos, lui murmurant des mots doux. Des mots légèrement éclairés par la lumière bleutée du soir.
Des mots bleus.
Vincent pleurait parfois toute la nuit, poussant des petits gémissements de douleur. Alors, Rémi restait éveillé lui aussi. Veillant sur le plus petit, le protégeant des souvenirs de la nuit.
Son sourire lui manquait, leurs sourires lui manquait.
Il n'avait pas encore abordé avec lui le sujet, mais Rémi se demandait toujours, est-ce qu'il s'était fait violé ? Ou peut-être agressé ?
Il aurait tué le premier gars que Vincent montrerait du doigt.
De son côté, pendant la journée, L'Alien restait souriant, joyeux.
Mais ses deux amis le connaissait trop bien, ils savaient que ce n'était qu'un masque. Au fond de ses pupilles on plongeait dans un néant froid et morne.
Il allait de plus en plus dans leur piscine. Y passant des heures à sauter, nager, ou juste s'étendre sur le dos et penser. Rêvassant à on ne savait quoi.
Il écrivait beaucoup aussi. Refusant catégoriquement de laisser ses deux amis lire ses textes. Il n'écrivait plus sur son téléphone, qu'il avait d'ailleurs un peu abandonné. Vincent avait ressorti des carnets encore neufs qui traînaient, et en avait noirci les lignes.
Alors un jour, où la fatigue avait prit le dessus sur notre Alien, et qu'il s'était écroulé pour une petite sieste, Rémi s'était infiltré en silence dans sa chambre, et avait ouvert une page au hasard de son cahier du moment.
La page était parsemée de lettres bleues, et de petits dessins dans la marge.
" J'essaie de réanimer
Quelque chose déjà laissé pour mort
Des amis à qui je raconte aujourd'hui
Que je vais mieux genre
J'ai vécu une expérience
Et c'est bien fait pour moi
C'est sûr
J'y repense aussi fort que je pense à respirer
J'ai toujours envie de la mort
La tristesse à ses raisons
Un sourire dans les pleurs, plus d'air dans les poumons "
Rémi, ne pouvant s'arrêter là, avait continuer de feuilleter le carnet.
" Ces moments de démence quand j'y repense
Mais j'sais qu'en parler ça s'fait pas, ça s'fait pas
Ça s'fait pas, ça s'fait pas "
" Dis-moi pourquoi les étoiles m'ont jamais parues si loin
Pourquoi au fond, j'ai si mal ? Pourquoi ça me va si bien ?
Pourquoi j'ai des tourments et j'ai tout écrit dans un texte ?
Je me demande si j'ai assez d'énergie pour encore un round "
" T'as les ailes brûlées
La télé est allumée tu la regardes même pas
T'as arrêté d'arrêter de fumer
T'as le jean et t'as les veines trouées
T'oses même pas te regarder le bras
Je sais que t'as mal moi, mais n'espère pas qu'on te comprenne
Couché sur le carrelage, avec des rêves XXL "
Rémi reposa précipitamment le carnet. Sortant rapidement de la chambre de Vincent, il partit s'enfermer dans la sienne, cachant de justesse ses émotions.
Depuis le retour du petit brun, il retenait ses larmes. Il devait veiller sur Vincent, il n'avait pas le droit de craquer, pas le droit de pleurer.
Il devait être fort, un mur, un roc, sur lequel son petit Alien pourrait se reposer.
Il se mit en boule, dos à la porte fermée, face à sa chambre vide et légèrement ensoleillée.
Il ne pleurerait pas. Non.
Il essuya rageusement quelques gouttes, se moucha, et partit prendre une douche, gommant son visage triste.
Il fallait qu'il soit là pour Vincent, pour le groupe. Il fallait qu'il soit un pilier, un soutien.
Son cœur battait la chamade.
Mais il fallait qu'il soit là.
Nemmo
Encore un court chapitre, je m'en excuse !
Mucho Love,
et attention, pour le prochain chapitre :
Buvez avec modération ;)
♥️
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