15. Réparer la pluie
« Mais ils s'aiment ? »
– Rémi, ouais.
– Et Vincent ?
– Aucune idée.
– Comment tu sais toi pour Rémi ?
– Il m'en parlais le soir où on a fait brûler l'immeuble. Comme on était vachement bourré, il avait trop peur de craquer et d'embrasser Vincent si on rentrait, c'est pour ça qu'on est allé chez moi. Et toi ?
– Je l'ai entendu parler avec Martin.
– Oh... Et du coup tu me disais ?
– On pourrait leur donner un petit coup de pouce tu ne crois pas ?
– Je ne sais pas Max... On pourrait aussi les laisser se débrouiller seul...
———
Le tonnerre retentit, comme s'il frappait aux murs et au plafond de sa chambre.
Couché dans ses draps, il écoutait la pluie tombant contre la vitre, éclairée par la lune.
Les yeux fixés sur un poster d'eux, et sans s'en rendre compte, plus précisément sur Rémi.
« T'es pas un pédé mon fils, t'es pas un peureux ! »
retentissait la voix de son père.
Y'a sa voix dans sa tête.
Qui l'embête, qui se répète, qui n'arrête.
Ce n'était pas que Vincent avait peur de l'orage dehors, bien qu'à Nîmes on ne connaissait seulement que cinq jours de pluie sur 365, c'était que cette pluie trouvait un écho dans son corps ce soir.
En d'autres termes, il avait un coup de blues, une petite déprime.
Il jeta un œil sur sa guitare endormi dans un coin de sa chambre, mais il n'avait pas le cœur à jouer ce soir.
Puis il regarda son réveil qu'il ne regardait jamais.
4 H 13
D'habitude il consultait l'heure sur son téléphone, mais le pauvre engin avait glissé par terre il y a déjà une bonne heure, vide de batterie.
Il se sentait seul et malheureux.
Vincent hein ! Pas le téléphone.
Il jeta à nouveau un regard vers le poster accroché au mur de sa chambre, et y croisa le regard d'un certain grand brun bouclé.
Sans peser le pour du contre, Vincent décida de se lever.
Il sortit de son lit, marchant pieds nus sur le sol froid, en direction de la chambre de Rémi.
Sans prendre la peine de toquer, il entrouvrit la porte, juste assez pour distinguer dans la faible lumière que laissait passer les rideaux, une masse endormi sous une couverture.
Il entra dans la pièce, prenant soin de refermer la porte derrière lui, et marcha à pas de loup vers le lit.
Rémi était là, dormant.
Vincent s'assit sur le bord du lit, faisant face à la fenêtre, et dos à son ami.
Il commença à méditer sur sa vie, sur lui, en regardant les gouttes d'eaux dévalaient le long de la vitre.
Depuis combien de temps était-il assis ici à penser ?
Aucune idée !
Le bruissement de la couette sur laquelle il avait posé ses fesses, le sortit de sa méditation.
« Vincent ? Qu'est-ce que tu fais là ? »
lui demanda la voix rauque du bouclé dans son dos.
– J'arrivais pas à dormir.
– Viens là !
dit-il en soulevant le drap.
Le petit brun vint se loger à l'intérieur, frissonnant quand il sentit le corps de Rémi contre le sien.
Le bouclé se mit sur le dos, et attira Vincent sur lui, l'entourant de ses bras.
L'Alien sentait chaque mouvements, chaque respirations, chaque battements du cœur de Rémi.
Le propriétaire du lit s'était d'ailleurs rendormi aussi vite qu'il s'était réveillé.
Vincent observa le visage de son ami très près du sien.
À cette distance là, il pouvait embrasser chaque minuscule morceau de sa peau du regard.
La respiration de Rémi et ses bras protecteurs, apaisèrent Vincent qui ferma à son tour les yeux, se laissant aller.
Mais le marchand de sable n'avait pas l'air décidé à lui rendre visite ce soir, car il n'arrivait toujours pas à trouver le sommeil.
Il rouvrit les yeux, et continua à étudier le visage du bouclé.
Passant de son front, à ses paupières fermées et détendues, à son nez inspirant doucement l'air, à ses pommettes, et finalement sa bouche, légèrement ouverte, expirant l'air par ses deux lèvres tentatri...
Tentatrices ?!
Ses lèvres tentatrices ?!
C'est vraiment ce qu'il pensait quand il voyait les lèvres de son ami ?!
N'importe quoi...
La nuit le faisait vraiment délirer.
Il reprit son observation, passant de la bouche, au menton, puis au cou.
Il prit une inspiration, respirant l'odeur de Rémi, une odeur dont il aimait être englobé.
Vincent gigota un peu, prenant une meilleure position, il sentit les bras du bouclé se resserrant autour de lui.
« Tu dors toujours pas ? »
Le petit brun releva la tête, et tomba dans les yeux de Rémi qui le regardait, interrogativement.
– Non.
Pex lui caressa les cheveux d'une main, et de l'autre, lui enserra le bas du dos.
– Pourquoi ?
demanda t-il avec un petit sourire attendri.
– Je ne sais pas, je n'y arrive pas.
Un agréable silence comblait le vide.
Rémi poussa un petit gémissement ensommeillé.
– Tu veux que je te chante une chanson ?
demanda t-il en plaisantant.
– Pourquoi pas...
fit Vincent, pressant affectueusement son nez contre la mâchoire de son ami.
Rémi rigola légèrement, un peu bêtement, ce qui fit vibrer son torse, et trembler Vincent, toujours allongé dessus, puis il s'éclaircit la gorge et murmura :
« J'ai un mensonge pour chaque cicatrice
Une excuse pour chaque situation
Un mot doux pour une idée précise
Un mur blanc pour chaque dépression
Y'a pas de soucis quand j'suis en dessous d'elle
J'vole temps pis qu'elle ait pas de sur-
-prise tant qu'elle est pas sur terre
Je dis pas "Je t'aime" temps que j'suis pas saoul
Je suis devenu fragile à cause des cassures d'merde
Mais mes sentiments me prennent tous pour -
- Cible, ça met du plomb dans me tête
Mais y'en a toujours plus dans les cartouches
La nuit j'réflechis autrement
J'ai moins l'occasion d'faire le fou
Même si j'ai mentis beaucoup d'fois
J'me retrouve a en perdre les mots
C'était bien quand dehors c'était froid
Même si il restait rien de nous
Peut-être que l'or c'était toi ?
Peut-être que rien c'était tout ? »
Quand il eut finit son couplet, il sentit le visage de Vincent fondre dans son cou et respirer longuement sa peau.
Le petit brun devait repenser à son couplet à lui, repenser à sa mère.
Et sur le coup Rémi se maudit de ne pas avoir chanté Toréador, ou un autre de leur son qui aurait été plus joyeux.
Vincent devait sûrement le détester de lui avoir rappelé ça dans son insomnie.
Le pauvre petit Alien allait à coup sûr y penser toute la nuit à s'en torturer l'esprit, anéantissant toute ses chances de trouver le sommeil.
Rémi ferma les yeux, furieux contre lui-même, et resserra encore plus ses bras autour du plus petit.
Et alors qu'il s'apprêtait à se rendormir, il sentit les lèvres de Vincent embrasser son cou, et entendit un petit chuchotement :
« Merci Rémi. »
Le chant du bouclé lui avait réchauffé le plexus, et lui avait déclenché des frissons dans tout le corps.
Pex sourit face à ce remerciement, et répondit avec affection :
« Bonne nuit petit Alien. »
– BN Rém'.
Le bouclé s'endormit peu de temps après, rapidement suivit par Vincent, se pelotonnant contre le torse du plus grand, dont il suivit les respirations.
Ils dormaient enfin, dans les bras de l'uns de l'autre, comme avant.
Bercés par la pluie et la chaleur du lit et du corps à leur côté.
Nemmo
Petit chapitre que j'espère vous avez apprécié :)
♥️
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