10. Mais be mine

(petit jeux de mot nul dans le titre)

« Donc maintenant vous habitez ensemble ? »
demanda Sylvain.

– Ouais.

– Bossez pas trop, je vais me sentir exclu après !
fit-il en rigolant.

– Oh t'inquiètes pas pour ça !

– Vous manquez !

– Bah c'est ça de partir sans nous en vacance à l'autre bout du monde !

–  Vous êtes juste jaloux ! Non sérieux, avec Marie on avait besoin d'un peu de temps tous les deux.

– Je comprend, je comprend. Mais dès que tu reposes les pieds à Nîmes, on se fait un restau.

– T'inquiètes Pex. Bon, je vais raccrocher. Prenez soin de vous, et faîtes pas brûler ta baraque !

Ils rigolèrent.

– Compte sur nous. Allez, tchao.

–  Tchao.

Ils raccrochèrent.
Rémi soupira. Ça faisait trop longtemps qu'il n'avait pas vu Vinsi, et il lui manquait beaucoup.

Il se posa sur le canapé à côté de l'Alien.

– Qu'est-ce que tu fais ?

– Bah à ton avis, je joue à Fifa, trouduc.

Le grand écran de télévision affichait des joueurs en train de courir en short derrière un ballon.

– Depuis quand j'ai Fifa ?

– Depuis que je vis aussi ici.

Rémi regarda avec un sourire attendri, son petit coloc dont les yeux étaient rivés sur l'écran.

La remarque du Captain lui avait pas mal tourné dans la tête au début, ce qui l'avait légèrement dérangé.
Mais maintenant il se contentait d'ignorer la petite voix de Fred dans son esprit, qui l'avait tourmentée.

Ces derniers temps, il appréciait de plus en plus embêter Vincent.
Il aimait lui poser des petites questions inutiles, comme celle qu'il venait de lui poser.
Il aimait ses petites insultes à son égard, qui derrière une vraie réprimande, cachait au fond un peu d'affection.
Il aimait voir sa petite tête endormi le matin. Surtout ses grands yeux peu ouverts qui le fixait, quémandant un café qu'il n'arrivait pas à se faire tout seul.

Il aimait tout simplement le regarder. Ses pas, ses gestes.

Son visage se crispant devant une défaite à un jeu.
Détendu, quand ruisselant, une serviette autour de la taille, il sortait de la douche sans avoir vraiment prit le temps de se sécher véritablement, il avait même encore souvent, quelques gouttes d'eau qui perlaient dans ses longs cils.
Et finissant la journée, son visage dans le noir, endormi et serein à ses côtés.

Évidemment, Rémi s'était posé des questions.
Mais il était profondément convaincu de ne rien ressentir de plus qu'une puissante amitié envers Vincent.

Depuis toujours ils s'appréciaient tous les deux beaucoup.

Ça lui rappela quelques chose.

« Tu te souviens du jour où on s'est rencontré ? »

Vincent venait justement de finir son match.
Et la réponse était oui, il s'en souvenait.

———

C'était un beau jour d'été dans la ville de Nîmes.

Le ciel bleu, le soleil brûlant les épaules, le béton ombragé par les passants marchant de ci et là.

Vincent enchaînait les petit jobs, sans trop savoir où ça le mènerait.
Mais il n'était pas stressé pour autant. Intérieurement il rêvait du jour où un producteur friqué le repérerait par hasard, l'emmènerait devenir une star, et graverais sa main sur une étoile à son nom d'Hollywood Boulevard.

« Les rêves c'est bien beau, mais se ne sont pas ces conneries qui te payeront une belle baraque ! »

Depuis qu'il était gosse tout le monde lui répétait des trucs comme ça.

Depuis qu'il avait 10 ans, et enfin toutes ses dents, pour être plus précis.

C'est à cet âge là qu'il avait eu sa première petite copine. Élise.
Il n'avait appris que plus tard que la petite était en réalité une vraie surdouée, un petit génie d'intelligence.

À 10 ans on lui avait juste dit qu'elle devait partir pour une autre école qui serait « plus adaptée pour elle ».

Avant de partir ils s'étaient embrassés, avec la pureté innocente qui caractérise les enfants.
Il lui avait dit que son plus grand rêve n'était plus d'aller habiter sur Jupiter, mais de pouvoir la revoir un jour.

Et elle lui avait répondu des mots qu'il n'oubliera probablement jamais :

« Ne rêves pas trop vite Vincent. Les rêves n'ont pas été créé pour être réalisable. Ce sont... des rêves. »

Le petit garçon était resté bouche-bée. Élise parlait souvent en proverbe, et elle disait toujours des choses intelligentes.
Mais quand il fut rentré chez lui, avant d'aller se coucher, il pria tout les dieux en lesquels il ne croyait même pas forcément, pour que Élise n'ait pas dit encore une fois la vérité.

Des rêves, il en avait pleins, des milliers.
Tellement, que ça débordait souvent de sa tête et que ça venait s'échouer sur ses cahiers.

Vincent essayait souvent d'écrire des petits textes par-ci par-là.
Grand fan de rap, il avait quelques fois tenté de les raper à ses potes, qui, beaucoup plus calés sur le rock, finissaient généralement par en avoir assez.

Cette semaine il s'était mis en congé.
Aujourd'hui était un jour de feria pour Nîmes, et il avait décidé de s'y rendre.

L'ambiance était à la fête, et le monde souriait autour des Arènes.

Il allait se mêler à la grande foule, quand il aperçu un petit attroupement de jeunes de son âge un peu à l'écart de l'effervescence de la fête annuelle.

Vincent savait reconnaître des mordus de rap quand il en voyait, et ces types en avaient tout l'air.

Il s'approcha, et effectivement, un grand groupe, uniquement composé de mecs, balançaient leurs punchlines, les uns à la suite des autres, tous hypers chauds.

Assez hésitant au début, le petit brun forma quelques phrases d'abord déstructuré dans sa tête, puis il eut une poussée d'adrénaline, et il rentra dans le cercle.

C'était la première fois qu'il rappait comme ça, et surtout qu'il improvisait, devant des gens qu'il ne connaissait pas, mais qui semblait tout aussi fans de la culture hip-hop que lui.

Il finit son impro, et fut acclamé par un tonnerre d'applaudissements et d'exclamations.

Le sourire de Vincent s'étirait des deux côtés de son visage, jusqu'aux oreilles. Il resplendissait.

Il sortit du cercle, décidé à aller voir la corrida, quand une main insistante se posa sur son épaule, le retenant.

« Excuse moi ? »

Vincent se retourna et tomba face à un gars de son âge, assez grand, dont le style vestimentaire laissait à désirer.

– J'avais jamais vu personne poser comme ça ! Tu viens vraiment de poser le seize de ta vie ! C'était une impro ?

– Euh, oui.
répondit Vincent, gêné mais pas peu fier pour autant.

– T'es un rappeur ?

– J'écris quelques trucs, mais non, je ne suis pas vraiment rappeur.

– Waouh... Bah en tout cas mec, ce que tu dégages en rappant c'est juste ouf !

– Euh... merci.

– Comment tu t'appelles ?
lui demanda le grand avec un sourire.

– Vincent. Et toi ?

– Rémi.

Ils se tapèrent dans la main.

– Ah, et lui c'est Sylvain.
fit Rémi, désignant un gars plus petit à casquette à côté de lui.

Ce Sylvain était louche... un sorte de Russe asiatique ?
Remarque, le Rémi aussi était étrange. Comment est-ce que c'est possible d'être aussi grand, mais pourtant aussi peu intimidant ?

Vincent et Sylvain se saluèrent.

– Nous aussi, avec plusieurs potes on « écrit des trucs », on aime rapper.
Ça te dirait de venir avec nous ?

Le petit brun réfléchit quelques secondes.
Peut-être qu'elle était là, la chance de sa vie.
Peut-être que c'était maintenant...

Ou alors ces gars faisaient juste partie d'une bande de gogoles qui prétendaient rapper quand ils arrivaient à faire une rime...

Il les jaugea du regard rapidement.

Ils n'avaient pas l'air bien dangereux.

Ils étaient plus débraillé, deux gueules d'anges trop jeunes qui surplombaient des corps de lâches...

Ils semblaient assez ringards.
En tout cas à première vue...

Mais de toute façon il n'avait rien à perdre.

– Ouais je suis chaud !

———

Des années plus tard il se retrouvait vautré sur un canapé, en compagnie de Rémi, à bord du VSO, et connu des fans sous le nom d'Alien.

Et Pex, Vinsi, et Obi étaient, sans aucun doute, les meilleures personnes qui lui avait été donné de rencontrer.

– Notre rencontre ? Ouais... je m'en rappelle vaguement...

Rémi se tourna vers lui.

– Je t'avais trouvé tellement cool ce jour-là !

– C'est pour ça que vous m'aviez embarqué.

– Dans le vaisseau !

– Vroum vroum !

Ils rigolèrent bêtement.

« On met un film ? »

– Go.

Nemmo

Je les ai légèrement défoncé...
oups 😬
m'en voulez pas...

♥️

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