1. Nuit lumière
La sonnerie stridente de l'interphone le sortit de sa somnolence.
Il soupira, écrasa sa cigarette, espérant que ce ne soit pas encore son ex, qui serpent qu'elle était, s'amusait à sonner chez lui la nuit.
« Oui ? C'est qui ? »
– C'est moi, débile. Tu viens ?
Il reconnu la voix de Rémi.
– Pex ?
s'assura t-il.
– Ouais.
– Venir où, ducon ?
– Descends de ton appart' déjà !
– J'espère que ce n'est pas encore un de tes coups foireux mec !
dit-il avant de raccrocher l'interphone.
Le petit brun attrapa une paire de baskets, un sweat, ses clés, son téléphone, et claqua la porte.
Il dévala les marches de son immeuble quatre par quatre sans allumer les lumières de la cage d'escalier.
« Tu veux qu'on fasse quoi ? »
Ils marchaient dans la nuit noire de Nîmes depuis une bonne dizaine de minutes déjà, et Vincent commençait à s'impatienter, attendant une réponse de son collègue.
– Bah je sais pas... Les concerts me manquent, et je me faisais chier tout seul.
Le plus petit soupira devant la futilité de leur promenade nocturne.
– Et tu pouvais pas aller déranger quelqu'un d'autre ?
– Je savais que toi tu serais réveillé.
Ils continuèrent à marcher.
– Et du coup, où on va ?
– Nulle part, on se balade.
Vincent s'arrêta brusquement de marcher.
– Tu viens me chercher à 5 heure du matin un mardi pour... se balader tu ne sais pas où ?!
– ...Ouais !... Allez viens !
Continuant leur marche dans les rues vides d'un Nîmes encore endormi, d'abord sans dire un mot, mais les langues se délièrent sur les grands trottoirs, discutant paisiblement d'un peu de tout mais surtout de rien.
Le jour se levait peu à peu alors qu'ils étaient complètement perdus, et se serraient l'un contre l'autre, frissonnant de froid.
« L'heure ? »
L'Alien sortit son téléphone de sa poche.
– 7 heure 03...
– Ah ouais quand même...
répondit le plus grand dans souffle.
– On va où ?
demanda Vincent après un silence.
Ils regardèrent autour d'eux, en continuant de marcher.
– C'est pas un parc là-bas ?
Ils s'approchèrent un peu.
"Parc" était un bien grand mot pour désigner le petit terrain de jeux d'enfants devant lequel ils arrivaient.
En un regard ils eurent la même idée débile, et ils sautèrent par dessus le minuscule grillage.
« Viens, on dit que je suis un pirate. »
Rémi éclata de rire.
– Putain mais quels gamins... Ok Captain Marco Polo Parano !
– Et toi tu serais mon ennemi, le sanguinaire Jaquíto !
Les deux hommes jouèrent alors, finissant par se rouler par terre en se battant, riant aux éclats.
– Je vais te tuer !
– Et moi je vais t'enculer !
– Pédé va !
– Trouduc !
Les gens passant derrière le grillage, allant travailler ou amener leurs gosses à l'école, les regardaient désespérés.
Les deux hommes riaient aux éclats.
Vincent finit par plaquer Rémi à terre, le surplombant, ils étaient tous les deux essoufflés, deux sourires jusqu'aux oreilles.
–On fait quoi maintenant ?
– J'ai faim, pas toi ?
– Ouais, si.
L'Alien se redressa et tendit sa main au plus grand pour le relever.
– Mcdo ?
– J'ai pas d'argent sur moi.
– Je te le paye.
répondit Rémi avec un clin d'œil.
Après quelques minutes de marche, ils arrivèrent à un Mcdo vide, venant d'ouvrir.
– Faudra que tu me rembourses mec.
fit remarquer Rémi en entamant son burger, quelques minutes plus tard.
– C'est combien ?
demanda Vincent, la bouche pleine.
Le plus grand eut un petit rire.
– Non allez, je t'invite !
– Arrête mec, c'est pas la première fois ! T'es trop gentil, combien je te dois ?
demanda Vincent dans un sourire en essayant d'attraper le ticket de sa main libre.
– Non non non ! J'ai dis que je t'invitais alors je t'invite.
insista Rémi en attrapant le ticket et le mettant hors d'atteinte de son ami.
– Je t'en dois une au moins.
– T'iras jeter les déchets à la poubelle et ranger les plateaux.
– Ça me va.
répondit-il avec un petit sourire.
Une fois leurs petits-déjeuners improvisés terminés, Vincent partit "s'acquitter de sa dette", l'aurait dit Maxence, ce poète, avec les plateaux.
Sur le chemin, une jeune femme, aux cheveux châtains foncés remontés en chignon, portant un uniforme Mcdo passait le balai.
« Bonjour. »
lâcha Vincent en jetant les détritus dans leurs poubelles attitrées.
– Ça se fait beaucoup les dates à 8 heure du matin chez les gays ?
demanda t-elle.
Vincent la regarda éberlué, sans comprendre.
– Quoi ?
– Vous avez compris. Alien, c'est ça ? De VSO ? Allez rejoindre votre petit copain ! Il va être jaloux s'il nous voit discuter.
continua t-elle avec un clin d'œil en s'en allant.
Le rappeur resta quelques instants bloqué sur place, stupéfait. Puis se résolu à rejoindre Rémi, qui lui n'avait pas conscience de la scène qui venait de se dérouler à quelques pas de lui.
– Bon, on y va ?
– Ouais, go.
Ils marchèrent encore un peu.
– On va où là en fait mon alien ?
Vincent rigola.
– Moi je rentrais chez moi. Toi, je crois que tu me suivais.
Rémi fit mine de réfléchir.
– Ça te dérange si je squatte un peu ton appart' ? J'ai plus de pâtes chez moi.
– Mi casa es tu casa Jaquíto !
rigola le petit brun.
Ils arrivèrent devant la porte de l'immeuble de Vincent, mais avant que ce dernier ne puisse seulement sortir ses clés, une main lui tira doucement le bras.
– Attends, Alien !
Celui-ci se retourna vers son collègue derrière lui.
– Quoi ?
Rémi eut une, ou peut-être deux ou trois, le temps s'allonge tellement dans ces moments là, deux ou trois secondes de doutes, avant d'attraper les deux joues de Vincent de ses deux mains, et de coller délicatement ses lèvres contre les siennes.
Cette faculté du temps à s'étirer dans ce genre de moment inoubliable mais tellement flou, est folle...
Le temps est long. Mais c'est comme si les pensées, la course du sang, nos battements de cœur, et même la vie toute entière, s'arrêtaient en un instant.
Rémi se recula, séparant leurs lèvres, et Vincent prit une grande gorgée d'air pour ne pas mourir.
– Je vais rentrer chez moi, il doit me rester du riz finalement.
Sur ces mots, dits difficilement, Rémi se détourna sans attendre de réponse, et fila du perron de son ami.
– Merde.
Nemmo
La suite est déjà écrite et elle arrive bientôt ;)
♥️
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