Chapitre 4 : Va t'en
Aucun mot ne pouvait sortir de ma bouche. Je ne pouvais décrire ce qui se passait en ce moment. Je me demandais seulement par quels moyens il avait pu venir jusqu'ici mais sa présence me comblait de joie.
-Qu'est-ce qui se passe ? dit-il. Ma beauté est-elle si transcendante ?
-Tu ne peux pas être là !
-Ah oui ? Dans ce cas, comment pourrais-je être là devant toi, Alice ?
-Tu... tu n'es pas ici.
Il se recula et soupira en croisant ses bras sur son torse.
-Alice, je vais tout t'expliquer.
-Dis-moi !
-Tu as bien raison, je ne suis pas vraiment là. Ce que tu vois devant toi, c'est ta folie grandissante. Ta rage et ta conscience te font voir des choses auxquelles tu aimerais te rattacher dans un moment comme celui-ci. Dis-moi de partir et je partirai. Tu n'auras qu'à fermer les yeux et me dire "va t'en". Mais saches que même si je ne suis pas là physiquement, je suis avec toi pour toujours. Souviens-toi, je ne peux pas t'oublier.
J'étais en larmes. Je ne comprends pas. Il est devant moi, je ne peux pas le toucher, poser mes lèvres sur les siennes. Il est loin de ce pays, loin de moi. Ça me fait plus de mal de le voir que de le laisser partir.
-Jefferson, suis-je devenue folle ?
Il s'approcha de moi et posa sa main sur ma joue mais je ne la sentais pas se fusionner avec les fibres de ma chair.
-Oui, j'en ai bien peur. Mais je vais te dire un secret : la plupart des gens biens le sont.
Ma conscience. Il n'est que ma conscience. Il n'est pas là abrutie ! Je fermai mes yeux, jetant un dernier regard sur Jefferson.
-Je serai toujours là pour toi. Et je ne t'oublierai pas.
-Va t'en ! criai-je.
Je rouvris mes yeux enflés et je vis la chaise tristement vide en face de moi. Et moi qui pensait que j'allais pouvoir passer la fin de mes jours avec lui. J'ai été terriblement sotte et naïve.
-Je t'aime.
Je ne fis pas un pas vers mon lit que la porte s'ouvrit en un vacarme.
-Certains veulent dormir !
Un petit bonhomme se tenait à ma porte, un ours en peluche rapiécé à la main. Il devait avoir dix ans voire même moins.
-Ah, soupira-t-il, t'es la nouvelle, hein ? T'es pas encore habituée à notre mode de vie mais arrête de beugler comme un veau en plein milieu de la nuit, merci.
-J'y veillerai. Quel est ton nom ?
-Flint.
Je lui souris puis il ajouta :
-Pas mal, la raclée que t'as tenté de mettre à Peter tout à l'heure.
Sur ce, il ferma la porte et sortit, faisant raisonner ses pas sur le plancher de la cabane. Cette rencontre me fit esquisser un sourire. Je fus intriguée par cette grande armoire qui se trouvait à côté de la porte. Je me dirigeai vers celle-ci et ouvris les portes massives : une armoire vide, sans rien à l'intérieur. Je me rappelai des mots de Peter et commençai à m'imaginer une armoire pleine d'habits. Je rouvris mes yeux et vit que l'armoire était maintenant remplie. Je constatai avec stupéfaction que ces vêtement étaient tous les miens - ceux que j'avais au pays des Merveilles.
J'enlevai ma robe blanche tachée et fatiguée par cette journée. Il ne faisait pas froid, ici.
Je mis une chemise de nuit blanche et me mis sous les draps blancs. Je m'endormis très rapidement et mon sommeil fut long, sans aucune interruption.
*******
Quelqu'un toqua à ma porte et je soupirai violemment. La personne entra par effraction dans ma chambre et me criai :
-Debout, Alice !
Je levai la tête, éblouie par les rayons du soleil encore levant.
-Personne ne me donne d'ordres, surtout le matin !
Peter était devant moi, les mains sur les hanches et un sourcil levé.
-Pourtant, ajouta-t-il, tu vas bien devoir te soumettre à mes ordres même si tu t'y opposes catégoriquement.
Je fis le sourire ironique qui pouvait m'attirer tant d'ennuis et me levai difficilement du lit.
-Qu'est-ce que t'attends, Peter ? Sors !
-Oui, pardon, répondit-il en souriant.
Pour qui il se prend ? Une fois de plus, je ne peux pas le supporter. Il sortit et je mis des habits blancs qui étaient rangés dans la grande armoire. J'entendis une voix qui m'appelait de dans mon dos. Je me retournai d'un coup et vit encore Jefferson assis sur mon lit.
-Je t'avais dit de me laisser !
Il soupire.
-N'as-tu pas compris que je peux apparaître à n'importe quel moment sans que tu t'en rende compte ? Bien que tu n'ais pas l'air folle, tu commences à l'être. Je te manque, n'est-ce pas ?
-Tu n'es pas réel, combien de fois dois-je le répéter ? Il n'aurait jamais dit ça sur ce ton.
-Très bien, répondit-il avec un petit sourire.
Je levai les yeux vers le ciel avant de sortir de la cabane et de descendre l'échelle qui menait sur un chemin. Je suivis celui-ci jusqu'à un camp avec une grande tente sous laquelle se trouvaient des tables et des bancs. Quelques garçons avaient leurs gentils fessiers posés sur ceux-ci. Je distinguai Flint du regard et allai m'asseoir à côté de lui.
-T'es pas matinale, la nouvelle, dit-il sans lâcher des yeux sa nourriture.
-Pas du tout, dis-je en posant ma tête sur ma main, arborant une moue que j'adoptais souvent au réveil.
Peter fit son entrée dans la tente et toutes les têtes se tournèrent vers lui, même celle de Flint qui ne se délectait plus de son bol de céréales pourtant si appétissant.
-Je vous salue tous.
Tout le monde fit un signe de la main à Peter, sauf moi, bien entendu. Il reprit en souriant de manière machiavélique :
-Aujourd'hui sera une journée bien chargée pour tous et en particulier pour notre nouvelle arrivante. Alice, tu vas découvrir qui habite ici et de quel bois ils se chauffent.
Tout le monde criai à l'unisson avec un soupçon de choc :
-Le capitaine Crochet !
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