Chapitre 32 : Rendez-vous à Atlantic Ave

J'ouvris lentement les yeux et tournai ma tête vers le lit de Blake. Elle n'était plus là. Le silence si apaisant régnait enfin. "J'ai fait tout cela pour toi, Peter Pan" pensais-je "Je ne sais pas si j'aurais la force de continuer encore longtemps. Nos cas sont désespérés. Peut-être que nous ne sommes pas destinés à nous retrouver." 

Je me mis à lâcher un flot de larmes chaudes qui me détruisaient. Ses larmes disent ma propre histoire, cet énorme gouffre que je suis à l'intérieur. Tu me disais autrefois que tu ne voulais plus jamais voir de larmes sur ce visage, et pourtant. "Pourtant", ce mot est si triste.

La porte s'ouvrit en un fracas et Blake se montra, tout sourire, ce qui contrastait très fortement avec mon visage.

-Alice ? Est-ce que ça va ?

Elle s'assit à côté de moi tandis que je me relevais dans le lit.

-Oui, génial. 

J'esquissa un sourire faux qu'elle remarqua tout de suite.

-Il n'y a pas de honte à pleurer. Ca arrive à tout le monde.

Elle remit une mèche de cheveux derrière mon oreille et me sourit. 

-Qu'est-ce qui ne va pas ?

Je la pris dans mes bras en pleurant encore plus.

-Rien ne va ! Je suis bien trop faible pour vivre ce genre de choses. Pourquoi est-ce que cela n'arrive qu'à moi ?

-Tu n'es pas toute seule, Alice. Nous avons tous perdu notre famille, qu'ils soient morts ou non. 

-Je l'ai vu ! Je lui ai même parlé ! Oh Blake, pourquoi n'est-ce pas plus simple ?

-Si tout était simple, ce monde serait bien trop ennuyeux pour des gens comme nous, n'est-ce pas ?

-Tu as raison, annonçais-je en m'éloignant d'elle et en séchant mes larmes, il faut que je me batte pour lui. C'est ce qu'il aurait voulu que je fasse.

-Eh bien, tu sais ce qu'il te reste à faire à présent. Viens avec moi, on va manger un petit quelque chose et on ira s'entraîner aux armes, parce que je vois en toi un énorme potentiel.

Nous nous levâmes, je mis des vêtements propres et je m'en allai avec elle pour commencer cette nouvelle journée. Je salua Norman, et les autres et le jour suivit son cours. La nuit je retrouvai Wilson toujours assis à la même place, scrutant le ciel parsemé de milliers d'étoiles.

Les jours se suivirent, tous similaires : la journée, Blake participait à mon apprentissage au niveau des techniques de défense en cas d'attaque, la nuit, Wilson me montrait les choses de ce monde.

Oui, ces journées étaient toutes semblables, mais chaque chose que je faisais, je les accomplissais pour Peter Pan. Et pour lui seul.

*****

Six mois étaient passés depuis l'incident du miroir et il était tard dans l'après-midi quand j'entrai dans la chambre afin de me reposer un peu. Quelqu'un frappa à la porte. Je me levai du lit pour voir qui était derrière celle-ci mais je m'aperçus que personne n'était là. Croyant avoir mal entendu, je m'allongeai sur le lit en contemplant le plafond gris. 

-Nous savons que tu es là, très chère Alice.

Je sortis mon revolver de ma poche et le braqua je ne sais où.

-Qui est là ? Montrez-vous !

-C'est plutôt à vous de vous montrer, espèce de lâche !

Je m'aperçus alors que les voix et les coups ne venaient pas de la porte mais du miroir abîmé de la chambre. Je rangeai alors le pistolet dans ma poche, sachant que je ne risquais rien.

En m'approchant du miroir je vis deux types en costard et un autre gars assis sur une chaise dont le visage était emmitouflé dans un sac poubelle noir. Il était attaché de cordes qui lui serraient les poignets. Un homme me regardait avec un sourire narquois. 

-Qui êtes-vous ?

-Je me présente, déclama l'homme en s'avançant, je suis Ryan Juno. Je suis le chef de notre... petite entreprise.

-Quelle entreprise ?

-Les gens qui ont besoin de vous en temps qu'armes. Tu as des pouvoirs, tu es au-dessus des autres, nous l'avons remarqué de par tes capacités.

-Pourquoi faites-vous ça ? les interrogeais-je en gardant calme et diplomatie.

-Eh bien, comme tout le monde, nous avons des ennemis et nous voulons les exterminer.

-Et puis, comment faites-vous pour parler à travers ce miroir ? il vous faut des pouvoirs, pour ça !

-Nous l'avons, lui.

Il retira le sac poubelle du type assis.

-Peter ! Mon dieu !

Il avait des hématomes partout dans son visage et sur ses bras. Son teint était pâle à faire pleurer un mort. Il semblait être à deux doigts de mourir. Mon cœur se déchira en mille morceaux à la vue de celui pour qui je me battais dans un état pareil. Ils devaient le torturer en secret, sans que je le sache, ce qui me brisa.

-Alice...

Sa voix était cassée mais il esquissa tout de même un sourire.

-Peter, que t'ont-ils fait ?

-Je... vais... bien.

-Relâchez-le ! Je vous en prie...

-Je le relâcherai si tu viens nous retrouver sur l'Atlantic Ave à Brooklyn cette nuit. Nous pourrons parler affaires, à ce moment-là.

-J'y serai.

-Pan ! Fin de la transmission.

Peter fit un mouvement de sa main attachée pour arrêter celle-ci et l'image partit en un brouillard. 

 Je savais que c'était risqué d'accepter une demande pareille et puis, je ne voulais pas risquer la vie de mes camarades pour cette mission. Mais ce qui est sûr, c'est que je ne laisserai pas Pan se faire torturer plus longtemps.

Il est temps pour moi de partir en mission solo.

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