Chapitre 23 : Absolem
Je ne sentais plus aucun de mes membres, je ne sentais plus mon cœur ni mon âme, d'ailleurs. Les ténèbres étaient bel et bien là. Absolem posa ses gros bras sur ma poitrine, à l'endroit où se trouvait mon cœur. De l'énergie entra en moi mais la douleur n'en fut pas réduite.
-Je ne vais pas y arriver seul, s'exclama la chenille, Peter, il faut que tu m'aides.
Juste avant que Peter n'aille me secourir, Félix lui souffla :
-Je t'en prie fait ce qu'il faut pour qu'elle vive.
-Je te le promets, mon ami.
Quatre mains étaient désormais posées sur moi, m'insufflant de l'énergie visant à expulser la noirceur de mon être. Je hurlais encore plus fort. Félix vint et prit ma main dans la sienne. Je le regardai en pleurant, souffrante de le voir dans cet état. Je commençais à me sentir partir et mes hurlements stoppèrent. Je pouvais entendre l'écho des paroles sanglotées de Felix :
-Alice, tu as les armes. Tu es plus forte. Un jour, tout sera fini et je suis certain que ce jour approche. Je t'aiderai. Je t'aiderai à débarrasser ce monde du chaos qui y règne. Pour toi.
On ferme les yeux quand on s'embrasse, rêve, pleure et imagine. Parce que les plus belles choses de ce monde sont invisibles. Le silence. Enfin.
***************
J'ouvris mes yeux. Quelqu'un me caressait les cheveux. Ma vue était trouble mais je parvenais à distinguer le visage de Felix.
-Est-ce que c'est le paradis ? Parce que si ça l'est, ça me va.
-Tu es à la maison.
-Je ne comprends pas.
-Tu es chez toi, tu n'es pas au paradis.
Lorsque ma vue fut enfin nette, je me redressai dans le lit et quelque chose avait changé : j'avais toujours mal dans la poitrine mais la douleur était bien différente. C'était comme si on avait ouvert mon corps en deux. Je regardai soudain à l'intérieur de ma robe et constata un énorme bandage qui faisait tout le tour de mon tronc.
-Qu'est-ce que c'est ?
-On a dû t'ouvrir la poitrine et te transplanter un autre cœur.
Je voyais le pire arriver.
-Le cœur de qui était-ce ?
Sans enlever la main de mes cheveux, il me répondit sans changer d'air :
-Ça n'a pas d'importance.
-Oh que si !
Il enleva sa main de mes cheveux et se leva du lit pour contempler la fenêtre par laquelle on pouvait voir qu'il y avait un ciel crépusculaire. Je cria, constatant qu'il ne répondait pas :
-Tu fais le muet ? Dis-le moi !
-Absolem.
-Absolem ?
Il hocha la tête de haut en bas. Pourquoi aurait-il fait une telle chose pour quelqu'un qu'il déteste autant que moi ? Il répondit :
-Il a fait ça et a pensé que tu comprendrais. Il voulait faire ça pour que tu puisse, je cite, "trouver une solution aux créatures des ténèbres, aux monstres de la nuit".
-Je ne comprends pas ce qu'il voulait dire.
Je tentai de me lever du lit mais je tenais à peine sur mes jambes. Félix vint tout de suite me rattraper avant que je ne m'écroule au sol.
-Veille à ne pas casser le sol, j'aimerais qu'il reste en bon état.
Je me mis à rire en lui lâchant une petite insulte sympathique avant d'ajouter :
-C'est étrange de rêver de toi même quand je suis bel et bien éveillée.
Nos fronts se collèrent et il m'embrassa tendrement.
-Je n'ai pas essayé de t'aimer. Ce fut le plus bel incident de toute ma vie, et je peux te dire qu'elle dure depuis bien longtemps, ma vie. Tu es la plus belle chose qui me soit arrivé.
-Je t'aime.
-Je t'aime aussi.
-C'est facile d'aimer quelqu'un d'heureux. Ce qui est difficile, c'est d'aimer quelqu'un qui pleure à deux heures du matin parce que tout le monde s'est écroulé en une fois. Tu as commis l'impossible.
Un long silence agréable s'installa entre nous.
-Absolem était quelqu'un de mauvais toute sa vie, dis-je en perçant le silence, je ne comprendrais jamais pourquoi il s'est sacrifié pour moi.
-Il a mentionné que tu trouverais la réponse par toi-même, il a dit qu'il est sûr que tu parviendras à accomplir ta mission.
-Je n'ai pas de mission.
-Peut-être que si, finalement.
La porte s'ouvrit et Peter entra en criant mon nom, soulagé. Il vint vers moi et me pris dans ses bras.
-Oh, Alice ! Je croyais que tu n'allais jamais t'en sortir. Tu nous as fait peur, tu sais.
-J'en suis consciente. Il faut que j'aille au repère d'Absolem. Maintenant.
-Tu as encore besoin de te reposer après le traumatisme et l'opération que tu as subis, répondit Peter.
-Peter a raison, intervint Felix, tu arrives à peine à tenir debout, Alice.
-Je veux y aller. Maintenant. Et si quelqu'un s'y oppose, je l'explose.
Ils se regardèrent, curieux de ce que je venais de dire. On obéit à mes ordres, c'est comme ça et personne ne se mettra au travers de mon chemin.
-Qu'il en soit ainsi, dit Peter en levant un sourcil. Nous irons en volant parce que tu ne peux pas marcher.
J'acquiesçai avant qu'il ne me prenne par la main avant d'ajouter en regardant Félix qui semblait inquiet :
-Tu ne peux pas venir avec nous, je ne peux pas faire voler deux personnes avec moi, et tu le sais. Je te la rendrai sans encombres, je te le promets.
Il vola et sortit par la fenêtre. Je vis le Pays des Merveilles sous mes pieds qui était coloré et joyeux, comme il ne l'avait jamais été. La mort d'Absolem y était peut-être pour quelque chose. Nous arrivâmes et Peter me déposa calmement à terre. Je tenais difficilement debout.
-Il doit y avoir quelque chose ! Un message, un mot, une lettre ou ne serait-ce qu'un simple parchemin.
Je me mis à réfléchir avant de conclure :
-Un parchemin ! L'Oraculum !
Je me mis à chercher partout pour le trouver mais rien.
-Là un parchemin ! cria Peter avec ce qui semblait être le fameux Oraculum.
Je me précipitai vers lui en boitant et lui arrachai des mains le précieux artefact qui résoudrait peut-être certains de mes doutes. Je le déroula sur un champignon en guise de table et vit des images de choses qui se sont déroulées ; de la mort de Jefferson jusqu'à celle d'Absolem et plus loin encore.
-Tu...Est-ce que tu es sur le point de savoir de quoi le futur sera fait ?
-Le futur dépend de ce que l'on fait dans le présent.
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