Chapitre 22 : Les Ténèbres
Tout le monde veut être le soleil pour faire briller la vie de tout le monde, mais pourquoi ne pas être la Lune, pour briller dans les plus sombres heures ?
Nous continuâmes notre route jusqu'à enfin arriver à la maisonnette. Je l'invitai à entrer avant qu'il ne se précipite à la fenêtre.
-Regarde !
Je courus vers celle-ci puis me pencha par-dessus le rebord. Je ne vis rien.
-Hein ?
-Tu ne regardes pas au bon endroit. Regarde le ciel.
La Lune formait un croissant et semblait changer de couleur, et s'agitait dans tous les sens. Je savais ce que cela signifiait : le Pays des Merveilles était plongé dans la nuit noire et le ciel ne redeviendra pas clair au matin. Le sourire paralysant mon visage s'était évanoui.
-Le jour ne va plus revenir, commençais-je.
-Quoi ? Qu'est-ce que tu racontes ?
-J'en avais entendu parler, déjà. C'est un phénomène extrêmement rare ici que je n'ai jamais vécu. J'ai su ça à travers les légendes que me racontaient toujours Gin : "La Lune devint brillante et agitée, et, en un éclat, laissa apparaître un ciel des plus ténébreux. Un espoir, une lumière ou même une simple lueur ne seraient plus jamais permis. Les ténèbres arrivent, les ténèbres viennent et les créatures de la nuit deviennent maîtres. Ils expulseront la moindre étincelle d'espoir, comme on écrase une simple fourmi."
-Les ténèbres ?
Gin entra dans la maison en un fracas, cognant la porte contre le mur de sa force maigre.
-Alice !
-Oh, Gin ! Que va-t-on faire ?
-Nous devons parler à Absolem. Lui seul sait comment se débarrasser de cette menace. Il faut faire vite, avant que les créatures des ténèbres ne viennent semer le chaos.
-Elles sont déjà là. Elles sont en moi.
Mes yeux brûlaient et mon corps tout entier se mit à palpiter et à me détruire.
-Gin, continuai-je en pleurant de douleur, j'ai mal.
-Ce n'est pas possible.
Je mis mon visage à la lumière que laissait entrevoir la faible Lune. Gin fut choquée par mon visage.
-Tes yeux... sont...
-Noirs, je sais. Mon cœur commence à être atteint, lui-aussi, je le sens et c'est affreux, poursuivis-je en sanglotant. Prépare-toi, Gin, on va rendre visite à Absolem, maintenant, avant qu'il soit trop tard.
-Bien.
Elle partit en courant et je me retournai vers Félix. J'avais mal, et en même temps, je ne sentais plus rien. Peut-être suis-je devenue complètement folle. Peut-être pas. Si. Un fracas qui venait de derrière la porte d'entrée me fit réagir et je fis signe à Félix de rester en place tandis que j'allai voir se qui se tramait dehors. Je poussai la porte, et, juste au moment de la refermer, quelqu'un me poussa contre un des murs de la cabane, mais pas assez fort pour qu'on puisse l'entendre depuis l'intérieur : le démon était en face de moi, un couteau placé sous ma gorge.
-Qu'est-ce que tu as fait, Peter ? Je sais que c'est toi qui a tout manigancé.
-Et moi qui allait te dire la même chose après ce qui est arrivé tout à l'heure, Alice.
-Peut-être que c'est à cause de toi que les ténèbres sont là, dis-je, une douleur traversant ma poitrine.
-Les ténèbres ne sont pas un endroit, mais un état d'esprit dont tu fais preuve.
-Retire ce couteau de sous ma gorge ou je te tue directement, Pan.
Il l'enleva en ne bronchant pas, malgré son envie, ce truand râleur. Je continuai :
-Je te hais.
-C'est assez ironique, tu ne trouves pas ? s'exclama-t-il en lâchant un petit rire.
-Qu'est-ce qui est ironique ?
-Je me souviens à quel point tu as chassé mes démons. Comment tu me souriais comme une enfant avant de passer un sale quart d'heure. Et maintenant tu es là, comme une ombre dans la nuit qui a peur des "ténèbres". Tu ne peux pas juste jeter les pétales décolorées des roses que tu as choisi de faire radier.
Il fit une brève pause avant d'ajouter :
-Les ténèbres t'ont atteinte, n'est-ce pas ?
-C'est pas tes oignons.
Il rit avant d'ajouter :
-T'as pas perdu ton sens de l'humour, à ce que je vois.
-T'as pas perdu ta face de rat non plus, imbécile. Pars d'ici, j'ai pas besoin de toi. J'ai pas besoin de toi. Pas besoin. De toi.
Je sentais mon cœur me brûler, de plus en plus fort. Je hurlais de douleur. C'était comme si quelqu'un me plantait un poignard au travers de la poitrine. Felix sortit de la maison et constata mon état en ignorant la présence de Pan, jusqu'à ce qu'il l'accusât.
-Tu lui as fait quoi ? Dégage !
-Je ne lui ai rien fait ! Cesse de m'accuser ! Je ne lui ferais jamais de mal !
Je ne pus argumenter sur ce sujet, je ne pouvais pas parler tant la douleur me rongeait. Je criais toujours, mes hurlement se mêlant à des larmes chaudes qui se formaient au creux de mes yeux noirs.
-Il faut qu'elle aille voir Absolem, conclut Peter en examinant mon état critique, c'est la seule solution pour qu'elle ne meure pas.
-Mais... je ne peux pas la laisser entre les mains de ce monstre !
-Est-ce qu'on a quelque chose à faire d'autre à part la voir souffrir et frôler la mort à chaque instant ?
-Tu as raison.
Félix me porta et se mit à courir en suivant Peter qui courait vers le repère d'Absolem.
-Je te promets que je te sortirai de là, je t'aime bien trop pour te perdre, me chuchota Félix.
La nuit fut bercée par mes cris de douleur. Le marteau piqueur continuait de fendre mon cœur et de le laisser le noircir. Je ne pouvais plus supporter toute cette douleur qui me faisait de plus en plus mal.
Une fois que nous fûmes arrivés chez Absolem, Gin était déjà là, contemplant mon corps malade et souffrant. Félix déposa ce qui semblait presque être mon cadavre aux pieds de la chenille bleue.
-Absolem, s'écria Peter, tu dois nous aider à la guérir, je t'en supplie.
-Je ne vous promets rien.
Aujourd'hui était le premier jour où cette affreuse créature m'aidait.
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