Chapitre 2 : Moi ? Effrontée ?

Je me levai en furie :

-Absolem ! Ramène-moi tout de suite !

-Eh ! Arrête de hurler comme ça et suis-moi, ce serait plus judicieux que de t'agiter comme un ver.

-T'es qui pour me donner des ordres, tu ressembles à un plumeau avec tes cheveux en bataille. Tu t'appelles comment ? 

-Felix. Tu te tais et tu viens.

Je lui mis un bon coup de pied dans ses bijoux de famille et courus dans la forêt, pensant m'enfuir je ne sais où. Je m'arrêtai, pensant à mes amis que je laissais derrière moi. Je le tuerai, un jour, ce Absolem.  Je m'appuyai sur un arbre plein de mousse, respirant à pleins poumons après ma course endiablée. Mes mains devinrent humides et couvertes de terre. Je les essuyai à ma robe blanche sans même m'en rendre compte. Je n'avais même pas le temps de recommencer à courir qu'un type habillé tout en vert me barra le chemin.

-Pourquoi n'as-tu pas suivi les ordres que l'on t'a donné tout à l'heure ?

-Pourquoi suis-je ici ? Où est Jefferson ? J'exige qu'il vienne tout de suite !

-Jefferson ne viendra pas. Tu es au Pays Imaginaire maintenant.

J'étais dépitée à l'idée de ne plus jamais le revoir de toute ma vie. Je lui frappai sur le torse avec mon poing, pensant le faire chanceler mais il ne bougea même pas le petit doigt et m'attrapa le bras en arborant un sourire terriblement moqueur et narquois. Il était vraiment repoussant.

-Tu penses pouvoir me vaincre ? Je ne perds jamais, retiens-le.

-T'es qui toi?

-Dis-toi juste que maintenant, tu m'appartiens et tu es à mes ordres, comme tous les autres de ce pays.

-Les autres ?

-Suis-moi, je vais te montrer.

-Qu'est-ce que ça fait si je te suis pas ? Tu vas me transformer en un animal ? Tu vas me tuer ?

Il rit, son sourire s'étirant encore plus sur son visage démoniaque. Il partit et je le suivis, malgré mes principes mais j'étais tout de même curieuse de voir les habitants de cette endroit maudit. Il faisait nuit et sombre, ce qui me rappela le visage de ce gars qui se permettait de donner des ordres à Alice, sa supérieure. J'entendis au loin des rires et vis un feu autour duquel des gens étaient assis en cercle en train de manger je-ne-sais-quoi. 

-Ces gens sont tous des enfants ?

-Tout comme toi, ma jolie.

-Cesse de m'appeler comme ça ! Tu te prends pour qui ?

Il se mit devant moi en levant un sourcil comme pour montrer qu'il était supérieur à moi. En vain.

-Je me prends simplement pour ce que je suis : un magicien puissant que tu écouteras pour toujours.

Je roulai des yeux pour lui montrer à quel point il était pathétique.

-Quel est ton prénom, au fait ? me demanda-t-il, et d'où viens-tu ?

-Tu sais même pas deviner ça, monsieur le magicien ? M'exclamais-je en me moquant de lui.

Il rit et me mit un coup de coude dans les côtes qui me propulsa au sol. Je pris quelques secondes à me relever en l'observant d'un regard noir.

-Dis-le moi maintenant ou tu auras droit à un autre coup comme ça, voire même un peu plus fort.

Pour qui il se prend celui-la ? Je vais lui mettre une droite et il rira moins ! Étant en position de faiblesse, je me ravise de paroles incisives. 

-Alice, je viens du Pays des Merveilles.

Il acquiesça et avança encore plus vers le feu de camp.J'ai réussi à trouver quelqu'un d'aussi impétueux et insupportable que moi. Ça relevait de l'impossible. Je détestais ses manières de petit prince alors qu'il n'était rien, je ne le connaissais ni d'Adam, ni d'Eve. Il me laissa passer devant lui comme pour montrer mon visage aux autres à la lueur des flammes. C'était là un portrait redoutable de moi-même, et ça ne me déplaisait pas du tout. Il n'y avait que des enfants, que des garçons qui me dévisageaient comme si j'étais un extra-terrestre venu pour les dévorer, eux et leurs repas.

-L'ombre a ramené UNE nouvelle camarade.

Il avait insisté dur le fait que j'étais un individu de genre féminin, comme si cela avait une importance pour le groupe. 

-Elle est un peu timide mais elle s'habituera vite à notre mode de vie.

-Je ne suis pas timide, abruti. Je parle simplement quand je veux, à qui je veux et c'est pas un gamin comme toi qui me dira quoi faire !

-"Gamin" ? rit le type en souriant niaisement. Tu as quel âge ?

Je ne réponds pas.

-Te souviens-tu de ce que je t'ai dit tout à l'heure ? dit-il en basculant la tête, ne laissant apparaître qu'un œil.

-J'ai 17 ans.

-Vois-tu, tu es autant une "gamine" que nous. 

Je croisai les bras, fixant le sol.

-Bref, poursuivit-il, cette jeune fille s'appelle Alice et nous vient tout droit du Pays des Merveilles.

-Je ne comprends pas pourquoi l'ombre a ramené une fille, c'est tellement inhabituel, se demanda un enfant qui devait avoir à peu près 10 ans avec un bonnet rouge sur la tête.

-C'est vrai ça ! répondit toute la foule d'enfants.

-Quel sexisme ! J'ai jamais vu ça de toute ma vie ! C'est pas parce que je suis la première fille que vous ayez vue depuis un bon bout de temps que vous avez le droit de...

-Tu es bien trop effrontée, me coupa le démon, viens par ici.

Je dirigeai mon point vers son sourire malicieux qu'il contra directement en me saisissant le bras et en le tordant, si bien que je me mis à sangloter bruyamment et sans larmes comme une enfant. Il se mit à rire d'un ton machiavélique et me regarda dans les yeux avec un regard insistant à glacer le sang à un mort puis il ajouta :

-Personne ne fait face à Peter Pan.

                                                                             

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