Chapitre 19 : Rouges ou Blanches

Felix se leva de sa chaise et prit un chapeau qui se trouvait sur l'une des étagères.

-Tu as une sacrée collection de couvre-chefs ! Ils sont vraiment bien faits ! Tu les a faits ?

-Non. C'est un ami qui me les as tous fait.

-Tu lui diras de ma part que je les trouve magnifiques.

-Il... il est mort il y a quelques semaines.

-Oh ! Je suis désolé, je ne voulais pas...

-C'est bon, tout va bien maintenant. Je vais mieux.

Il s'approcha de moi et posa une main réconfortante sur mon épaule.

-Tu sais, les gens viennent et repartent. J'ai moi aussi connu des gens qui m'ont laissé là, des gens qui sont partis parmi les étoiles, des gens dont je me rappelle chaque sourire, chaque encouragement et chaque étreinte qu'ils m'ont fait. Il ne faut pas les oublier, il faut simplement se remémorer les bons moments en souriant.

Je lui souris avant de lâcher une larme.

-Allons, allons, dit-il en me prenant dans ses bras, pleure un bon coup et après ne pleure plus jamais parce que c'est con de gaspiller du temps pour ça. Et puis, on est pas beau quand on pleure.

Il y eut cinq secondes de blanc avant qu'il ne continue en chuchotant :

-Toi t'as pas de chance, t'es moche presque tout le temps.

Je ris avant de prendre la parole :

-Tu crois que t'es mieux, Félix l'affreux ?

-Déjà mieux que toi, Alice l'hideuse.

Il sentait le cassis et la cerise, putain ce que ça sentait bon. Il me laissai partir avant que je ne m'essuie mon nez avec les mains.

-Félix, est-ce que tu as faim ?

-Je n'ai pas mangé depuis trois jours, donc on peut dire que oui.

-Suis-moi, dans ce cas.

Je sortis de la maisonnette mais je ne courus pas vers le buffet, cette fois parce que je ne voulais pas brusquer ce pauvre petit Félix qui ne savait pas courir à mon rythme.

-Est-ce que tu penses que je suis quelqu'un de mauvais ? demandais-je avec stupidité.

-Non, tu n'es pas une mauvaise personne... et je ne suis pas une mauvaise personne. Nous sommes simplement des personnes, et les personnes font parfois des choses stupides.

-Tu vois, Peter fait aussi des choses stupides, sans être forcément mauvais.

Il s'arrêta de marcher et enleva sa capuche. Je me mis bien en face de lui avant qu'il m'avoue :

-Tu veux vraiment savoir ce que je pense ? Je pense que Peter est un gosse pourri qui ne pense qu'à lui. Je ne pensais pas avoir besoin de te le dire pour ne pas te blesser mais la vérité blesse, c'est comme ça.

-Quelle vérité ?

Je le regardai avec les sourcils lourdement froncés et un air des plus inquiets.

-Je suis le sous-fifre de Peter, tu le sais. Il me dit aussi tout ce qu'il pense. Pendant que tu n'étais pas là, il m'a révélé qu'il avait simplement besoin de toi pour pouvoir comme toujours trouver une bonne raison pour attiser les tensions entre le Capitaine Crochet et lui. C'est un gamin et un fauteur de troubles, il a besoin de compétition et tu étais la bonne occasion pour lui de continuer à s'attirer les foudres de Crochet.

-Pourquoi est-ce qu'il serait revenu, alors ? criai-je. Tu penses que c'est toujours pour une raison aussi pourrie ? Tu sais quoi ? Va te faire foutre, Félix !

J'étais sur le point de partir pour le faire taire jusqu'à ce qu'il ne m'attrape par le bras.

-Alice, écoute-moi, je t'en prie.

Quel abruti ! Je fais ce que je veux, je suis chez moi, ici.

-Je pars si je veux Félix ! Tu n'arriveras pas à me faire changer d'avis sur Peter. 

Je me débattus un long moment pour qu'il puisse me lâcher.

-C'est lui qui m'a fait cette cicatrice !

Je stoppai le combat, sciée par ses mots.

-J'ai tenté de défendre la fée Clochette lorsque Peter planifiait de lui arracher ses ailes et je l'ai défendue jusqu'à ce qu'il me feigne le visage en deux.

-C'est...

-Alice. Ne sois pas contrariée qu'il préfère les roses rouges aux roses blanches comme toi.

-Pour être honnête, je pensais qu'il m'aimait.

Ces mots sortirent de ma bouche comme un gigantesque lapsus venu de nulle part. Il fit un geste comme si j'étais le plus désespéré des cas.

-Sais-tu ce que c'est l'amour, au moins ? fit-il en riant ironiquement. Regarde-toi, tu es bien trop naïve pour savoir ce qu'est l'amour.

-Je sais ce que c'est, l'amour ! Tu n'as pas quoi que ce soit à me dicter sur ce principe-la ! Félix, l'amour est bien plus fort que tu le crois.

-Tu crois que je n'ai jamais aimé ? Tu crois que je ne sais pas ce que ça te fait ?

-Qu'est-ce qui t'es arrivé pour que tu sois si borné ?

-Tu tiens vraiment à le savoir, Alice ?

-Oui, dis-je en me calmant. Qu'est-ce que tu caches, Félix ?

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