Chapitre 17 : Déloyal

Du sang, des larmes, des pleurs, des cris, la mort. 

Je m'éveillai en sursaut en hurlant, ce qui attira Peter en moins de 10 secondes. Toujours ce cauchemar. Je me vois, tuant Absolem puis tuant tous ceux autour de moi. Prise d'une folie meurtrière, je me met à rire, le couteau ensanglanté à la main, les yeux rougis par la haine.

-Alice ! Que se passe-t-il ?

-Je...j'ai encore fait ce cauchemar.

-Quel cauchemar ?

-Je ne peux pas te le raconter, tu croiras que je suis devenue folle. 

Il s'assit sur le lit et prit ma main dans la sienne en me regardant dans les yeux.

-Alice, jamais je ne te croirais folle.

-Qu'importe, je ne veux pas revenir sur ça. Je ne saurais pas bien te le raconter, de toute façon.

-Très bien.

Il se leva en m'inspectant de son regard inquiet. Je ne voulais pas être seule. Je voulais que quelqu'un soit là, une présence chaude et enivrante, comme un feu dans une cheminée. Lorsque le chaos pénètre mes pensées, j'ai besoin d'un autre. Dans ce cas, je n'avais malheureusement que Peter Pan, un être que je me suis promis de ne jamais apprécier. Mais je préférais cela que de demeurer dans la froideur de ma peine, seule. Il fallait me décider. Je pensai à une nuit glaciale de songes, mais en réalité, il me fallait ce feu, dans la cheminée, peu importe son origine.

-Peter, reste.

-D'accord.

Il revint vers moi et s'allongea à côté de moi. Il me prit dans ses bras puis me glissa à l'oreille :

-Je serai toujours là pour toi, Alice.

Sa présence, dans cet hiver de pensées, n'était plus un feu, mais un brasier. Insurmontable. 

                                                                                      *******

Le lendemain matin, je me retrouvai seule dans la pièce. J'avais si bien dormi après avoir fait ce maudit cauchemar. Je me levai du lit, me changeai puis enfila un chapeau sur ma tête avant de sortir de la maisonnette. Je me demande où il a bien pu aller ; il ne saurait pas retrouver le chemin entre les champignons. J'allai vers le banquet et une tasse vide manqua de m'éclater en pleine tête.

-Qui vient de me lancer ce truc ?

Le lièvre de Mars toussa et leva timidement le doigt. Mouahaha je suis crainte par tous.

-T'as de la chance que je sois de bonne humeur, sinon je t'aurais déjà rendu ta tasse mais le truc, c'est que moi, je sais viser. Alors fais attention à toi.

-Ouais.

-Vous n'auriez pas vu un type inhabituel traîner dans le coin ? demandais-je à tout le monde.

-Non, répondirent-ils tous en chœur.

Je soupirai avant de me diriger vers la forêt, pensant le trouver, perdu, comme ce qu'il est. Je me mis à crier son nom :

-Peter ! 

Il n'y a jamais de réponse à ce genre de questions, en général. Génial, je venais de perdre Peter Pan l'enfant perdu. C'était le comble.

-Peter Pan ! 

J'arrivai dans la clairière, celle où Jefferson reposait. Je me dirigeai vers la motte de terre qui dépassait du sol. Un choc soudain envahit ma poitrine. C'était la deuxième fois seulement que je voyais sa sépulture. La douleur n'avait pas disparu. Puis c'est là que je me souvins. Le Chapelier Fou n'était pas morose, il était en réalité tout l'inverse. Il me fallait changer d'air, il fallait que je vive. Jamais il n'aurait voulu que sa mort soit la fin de ma vie, il aurait voulu que je continue à sourire. C'était encore difficile. Mais j'allais y arriver, en prenant mon temps.  

Je fis un sourire avant de repartir à la recherche de Pan. Je me mis à chercher derrière chaque arbre, au-dessous de chaque misérable champignon, entre les branches de chaque sapin, au milieu des roses malpolies mais rien, toujours rien. Je décidai de demander aux arrogantes roses si elles avaient des informations :

-Vous auriez pas vu un type inhabituel ?

-Personne d'inhabituel, Alice, me dit une rose jaune. La manière dont tu es vêtue est... disons, singulière.

-Ne parlons pas de ma tenue vestimentaire, merci, mauvaise herbe.  

Elle leva les sourcils (si on peut appeler ça de cette manière) comme si on lui avait sorti la pire de toutes les insultes. Je suis dangereuse, prenez garde !

-Moi, dit la rose rouge, j'ai vu quelqu'un.

-Par où est-il parti ?

-Je te le dirais seulement si tu me rends un service : donne-moi ton chapeau, j'en aurais grandement besoin.

-Tu rêves ? 

-Très bien, je ne te dirais pas par où et vers où il est parti.

Je soupirai et lui lançai le chapeau qu'elle positionna sur sa "tête" avec ses feuilles. Elle commença :

-Il s'appelle Peter Pan ? 

-Oui, c'est ça !

-Eh bien, il nous a demandé où trouver Absolem. Il est parti vers son repère et c'est tout ce que je sais.

-Quand vous a-t-il dit ça ?

-Je voudrais autre chose en échange de cette information supplémentaire.

-Linda, coupa la rose bleue, laisse cette pauvre enfant tranquille. 

Linda soupira avant d'ajouter :

-Très bien. Il était là il y a environ une vingtaine de minutes mais c'est la dernière chose dont je suis au courant.

-Merci.

Je courus vers la planque d'Absolem en leur faisant un clin d'œil aguicheur. Je lui avais pourtant dit qu'il fallait élaborer quelque chose avant de passer à l'action. Et puis, comment a-t-il pu savoir que celui que je voulais tuer était Absolem ? Je ne comprends plus rien. 

Lorsque je fus près du repère du monstre, j'entendis des voix  qui venaient de ce même endroit. Je me cachai derrière des buissons pour pouvoir entrevoir une scène : Peter Pan qui parlait à Absolem. Un tableau que je ne pansais jamais voir arriver. Ils n'ont pas l'air de se frapper l'un et l'autre. Je tombai à la renverse, perdant mon équilibre. Ils se retournèrent tous deux vers moi et je laissai échapper un petit "Merde !".

-Alice ! s'exclama Absolem. Nous t'attendions, justement.

Je m'approchai d'eux avant d'ajouter.

-Qu'est-ce que tu fous ici, Peter ? Et comment tu savais son nom ?

-Eh bien, je suis là pour arranger les choses. Quant à son nom, disons que tu parles dans ton sommeil.

-On ne peut pas négocier avec ce monstre. On ne peut pas. Il veut... il veut faire le monde à sa manière mais il ne sait pas que des gens sont impliqués ! 

-Mais Alice, me dit Peter, as-tu au moins déjà essayé de parler avec lui sans le brusquer et le menacer ou le traiter de tous les noms ?

-Non. Mais ce n'est pas ça qui va me faire changer l'avis que j'ai de lui.

-Il m'a raconté des choses qui lui sont arrivées que tu n'imagine même pas. Je pense que tu as tort de t'en prendre à lui.

-Peter, pas toi, ne m'abandonne pas pour lui. Ma cause est bien plus juste que la sienne. Je t'en prie, tu m'as dit que tu serais toujours de mon côté et maintenant tu me trahis comme si je n'étais qu'une vulgaire mauvaise herbe ? Je te croyais loyal, mais tu n'es qu'un pauvre lâche.

                                                                             

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